Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Le ressentiment

La racine de tous les maux humains est le ressentiment..

Plus il y a de foyers purulents de ressentiment dans une société, plus celle-ci se gangrène (c'est bien le cas de quelques pays aujourd'hui, dont la France). La première mission du politique, dans ce cas, est de diagnostiquer (d'accepter et d'assumer) l'existence du ressentiment (et de ses multiples formulations et modalités), et de traiter cette maladie contagieuse avec la plus extrême efficience.

Le ressentiment est le carburant qui alimente tous les rétro-activismes (islamisme, homosexualisme, hyperféminisme, décolonialisme, racialisme, gilet-jaunisme, …)

Nietzsche qualifie le ressentiment de "rumination vindicative", une "passion négative faite d'envie et de haine" ; il en fera un des thèmes centraux de la "Généalogie de la Morale".

Gilles Deleuze disait : "Le ressentiment est la montée de la mémoire dans la conscience" : une blessure narcissique de l'ego, personnel ou collectif, une plaie entretenue, réelle ou imaginaire,  … une réactivation permanente de "l'offense" (réelle ou imaginaire, encore une fois) qui pourrit tout au départ de germes purement émotionnels primaires.

Le ressentiment est la haine absolue de la puissance que l'on n'a pas et dont on croit certains autres, dépositaires. C'est dans cette double croyance que s'enracine le ressentiment : celle (le plus souvent imaginaire) en la puissance de l'autre et celle (le plus souvent réelle) en sa propre médiocrité.

Au fond, le ressentiment est la haine de soi et de sa propre médiocrité, et la culpabilisation haineuse de l'autre qui sert de bouc émissaire.

Ce ressentiment est d'autant plus toxique et virulent, qu'il est le fait de minorités et de marginalités insignifiantes.

Parce qu'il est purement émotionnel et violemment agressif, le ressentiment est toujours mauvais, nocif, condamnable et exécrable ; s'il veut être entendu et apaisé, il doit être exprimé et reformulé au niveau factuel et rationnel.

Tant qu'il n'est pas factuellement reformulé, le ressentiment demeure un remugle pestilentiel et relève de la psychiatrie individuelle ou collective.

Le ressentiment est une forme pernicieuse de déresponsabilisation de soi : "si  je suis médiocre, marginal, écarté, regardé d'un mauvais œil, évité, isolé, … ce n'est évidemment pas de ma faute à moi, puisque je suis "moi". C'est donc la faute aux autres".

C'est oublier un peu vite que chacun est fondamentalement et intégralement responsable de ce qu'il est, veut, devient et paraît.

 

Marc Halévy

Physicien, philosophe et prospectiviste

Le 10/2020