Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

La crise

Balivernes. Non pas une crise mais la fin d'un modèle.

Nous ne vivons pas une crise.  Nous vivons la fin d'un modèle économique et donc la fin d'un modèle sociétal et culturel. Ce modèle moribond est américain, capitaliste, industriel, spéculatif et anthropocentrique. Voyons ces cinq caractéristiques.

  • Américain : le rêve américain s'achève ; le dollar ne vaut plus rien et, maintenant, tout le monde le sait ; la machine hollywoodienne de propagande est en panne ; les USA ont prouvé leur arrogance autocentrée et leur inefficacité tant économique que militaire.
  • Capitaliste : notre époque signe la fin de l'argent-roi et du tout-marchandise ; la qualité de vie prend le dessus sur la quantité de revenu ; l'économie et la croissance cessent d'être un but en soi et sont remis au service de l'homme.
  • Industriel : la fragmentation extrême des marchés et l'émiettement des sociétés en "tribus" jettent bas les fondements de l'économie de masse et des effets d'échelle ; l'entreprise qui monte est artisanale, à haute valeur ajoutée, immatérielle et non salariante.
  • Spéculatif : la finance s'effondre et reprend sa place de servante discrète et zélée du dynamisme entrepreneurial ; les projections sur d'hypothétiques futurs, de plus en plus incertains, cèdent le pas à la vie réelle, ici et maintenant ; l'économie réelle reprend la main et la valeur d'échange se soumet à la valeur d'usage.
  • Anthropocentrique : le règne de l'homme-roi, maître de la Nature, prend fin ; la Terre s'épuise et ne parvient plus à compenser les prélèvements humains ; les logiques de pénurie s'amplifient ; l'écologie n'est pas une idéologie, elle est une nécessité vitale.

Nous vivons une mutation de paradigme. La bifurcation majeure actuelle (la "crise") est :

  • Inéluctable : toute gesticulation politique, syndicale ou financière est inutile, vaine et illusoire.
  • Irréversible : l'ancien "monde" est mourant et tout acharnement thérapeutique est absurde et contre-productif.
  • Indispensable : la survie (partielle) de l'humanité passe nécessairement par un changement radical de ses modalités d'existence.
  • Incertaine : rien n'est écrit, tout doit être inventé et le temps presse car plus l'enfantement de l'humanité nouvelle tarde et plus l'accouchement sera difficile, douloureux et dangereux.

Elle sera douloureuse et durera encore une dizaine d'années. L'humanité vivra l'avenir qu'elle se construira sinon elle subira le sort qu'elle méritera. Et il ne faudra pas compter sur les institutions qui, par définition, ne visent qu'à perpétuer leur propre logique obsolète.

Comprendre la "Crise" à travers la physique complexe

Le processus économique mondial vit, sous nos yeux, une bifurcation majeure qui illustre, à merveille, la puissance des modèles issus de la physique de la complexité. Pour comprendre la profonde "crise" mondiale actuelle, il est nécessaire de faire retour aux fondamentaux de la dynamique des systèmes complexe. L'humanité est un tel système elle n'échappe en rien aux lois qui président aux évolutions systémiques. Notre "crise" n'est en fait qu'un processus de rupture parfaitement analysable et compréhensible en termes de physique complexe. Séminaire et livre à l'appui sur ce thème.

Marc Halévy, février 2009.