Crises sociopolitiques
La Gauche cadavérise le corps social, la Droite le robotise.
L'individu autonome, la personne privée, les associations libres, les activités bénévoles ou spontanées n'y ont aucun crédit puisque suspectes, d'office, de désordonnance et de subversion.
Face à cet immobilisme paranoïde, notre époque voit l'émergence d'ordres organiques, fondés sur des myriades de réseaux autonomes, protéiformes et vivaces, en constante interférence mutuelle, où les notions de Gauche et de Droite sont déjà relégués aux oubliettes, au titre de vestiges surannés et dérisoires de rudimentaires sociétés archaïques.
Nous allons bientôt entrer dans la phase sociopolitique (après les phases financière et économique) de la mutation paradigmatique actuelle qui signe la fin de la Modernité et l'entrée dans l'ère noétique (la société de la connaissance et l'économie de l'immatériel).
Emeutes sociales et effondrements institutionnels arrivent au galop.
L'enjeu en sera le combat titanesque entre la vieille vision sociétale (Gauche et Droite réunies autour de la notion d'ordre mécanique et hiérarchique fondé sur la citoyenneté) et la nouvelle vision communautaire ou communaliste (autour de la notion d'ordre organique et réticulaire fondé sur l'autonomie).
Les masses n'y joueront que le rôle de boutefeu, excitées par les extrémistes de tous bords - les nostalgiques des idéologies d'antan - qui espèreront encore une fois, comme toujours, pouvoir installer leur dictature idéalisée sur les ruines encore fumantes des sociétés moribondes.
La vieille alliance entre la force politique (les institutions étatiques) et la force économique (les grandes entreprises capitalistes) a été rompue par la crise financière et économique. Le politique triomphe, mais il en sort exsangue et impuissant.
En lui, se réveillent tous les courants extrémistes qui espèrent pouvoir exploiter la faiblesse immense des partis démocratiques en excitant l'imbécillité des masses déstabilisées et insécurisées.
Face à lui, se dressent des constellations de communautés noétiques déjà entées sur demain, mais singulièrement désorganisées. Leur seule force est leur intelligence, leur habileté à créer et à mobiliser cette indispensable connaissance, si vitale pour tout le système humain et donc pour le politique et l'économique.
Au dessus des masses lobotomisées, et face au pouvoir de la loi (la force politique) et au pouvoir de l'argent (la force économique), se dresse désormais le pouvoir de l'intelligence (la force noétique).
L'ancienne alliance politico-économique s'est effondrée rongée par une finance folle, la force économique est vidée et découragée, et la force politique est en faillite et en discrédit.
Il ne reste rien de l'ordre politico-économique "moderne", mais tout conspire à laisser croire aux masses qu'un sauvetage de cet ancien paradigme est encore possible. Il n'en sera rien !
Marc HALEVY, pour une interview du quotidien "La DH" (1/6/2010)