Dignité humaine ?
Paul Ricœur définissait la dignité humaine comme étant cette « exigence plus vieille que toute formulation philosophique » qui tient à ce que « quelque chose est dû à l'être humain du seul fait qu'il est humain ». Désolé, monsieur Ricœur, rien n'est dû à l'homme du seul fait qu'il est humain. Ou alors, il faudrait mettre dans l'adjectif "humain" tout autre chose que le seul fait d'appartenir au genre homo sapiens demens . Et si tel devait être le cas, bien peu d'animaux humains se pareraient d'une quelconque dignité.
Kant fonde la dignité sur la valeur absolue des personnes : « l'être humain est infiniment au-dessus de tout prix ». Comme personne ne désire ni l'acheter, ni le racheter - hors lui-même, peut-être -, la définition ne tient pas.µ
Pour Aristote et Platon, c'est l'intelligence qui fonde la dignité humaine. Augustin et Pascal, ensuite, iront aussi en ce sens. Mais qu'est-ce donc que cette intelligence dont on parle ? Est-on si sûr que l'homme soit intelligent ? Ou, tout au moins, plus que tout ce qui l'entoure ou le contient ? Car si l'on restreint le concept d'intelligence à la seule intelligence humaine telle que la pratique les homo sapiens demens, avec les infamies que l'on sait, alors la tautologie est flagrante et ignoble.
La dignité humaine n'aurait un sens que dans la reconnaissance que l'autre en aurait : elle relève donc du nombrilisme collectif.
Non ! Une fois encore : l'homme n'a de valeur - toute relative - que par ce qu'il fait et devient, et non parce qu'il est tel. La dignité de l'homme est dans ses œuvres, et non en lui.
Marc Halévy, janvier 2010.