Pourquoi je hais tout psychologisme …
Distinguons la psychologie comme discipline de savoirs, la psychothérapie comme discipline d'interventions et psychologisme comme état d'esprit, comme attitude.
Je combats les trois avec la plus extrême force.
La psychologie (ni personne, d'ailleurs) ne connait RIEN au fonctionnement réel de la psyché humaine ; elle colporte seulement les fantasmes et les délires de ses bricoleurs-fondateurs, Freud et ses successeurs en tête ; la psychologie n'est pas une science (au sens de l'épistémologie actuelle) ou, alors, la cartomancie et l'astrologie le sont aussi.
La psychothérapie est un fond de commerce d'apprentis-sorciers, au mieux, de charlatans, au pis (les psychiatres ne connaissent que les drogues psychotropes et les psychanalystes sont des fous furieux qui font, partout, d'immenses dégâts en "jouant" avec le feu des mémoires et des fantasmes) ; si certains "psychothérapeutes" réussissent parfois, c'est grâce à leur bon sens et à leur empathie, et non grâce à leurs "savoirs" ou "techniques" aussi vides que leurs discours ; le "métier" de psychothérapeute ou de thérapeute ou de "coach" (c'est le dernier né de la famille des psys) n'est d'ailleurs pas reconnu et n'importe qui peut visser sa plaque à sa porte.
Le psychologisme est une mode ambiante où, pour être reconnu et considéré dans les salons, il faut "être à l'écoute de l'autre", "être empathique", "penser positif", "n'être pas dans le jugement", et autres fadaises ; tous nos systèmes éducatifs vont à vau-l'eau depuis que les psys s'en mêlent, depuis que des "psychopédagogues" ont décrété qu'il fallait d'autres méthodes (d'où ces calamités de "méthode de lecture globale", de "math moderne", d'enseignement rénové, d'accompagnement psycho-scolaire, de conseil de classe, etc …), qu'il ne fallait plus "traumatiser" les chérubins en leur demandant de l'effort (apprendre en s'amusant : quelle ineptie !), en les évaluant par cotation, en pointant les "situations d'échec", etc …
Philosophiquement, ce qui me pose problème dans tous les psy-quelque-chose, c'est l'attitude paternaliste de celui qui entend "aider" ou "accompagner" l'autre en le déresponsabilisant (tout est la faute des parents, de la société, du système, des traumatismes passés, etc …), en le traitant en enfant qu'il faut aimer et dont il faut tenir la main. J'écrivais, il y a quelques jours ceci : "Eduquer un enfant, ce n'est pas le rendre heureux, c'est le rendre adulte". On pourrait paraphraser en remplaçant "enfant" par "faible d'esprit" ou "faible de caractère" ou "faible de volonté", bref : par "faible" au sens de Nietzsche.
Dans tout ce monde psy, il y a un culte de la faiblesse, une jouissance à se croire fort face à un faible, un orgasme mental à se prendre pour le maître des esprits face à l'esclave de ses fantasmes. Beaucoup de médecins, au fond d'eux-mêmes, connaissent le même travers : le mythe et le symbole de la blouse blanche, le droit de vie et de mort, etc …
Il y a derrière tout cela un orgueil démesuré et une ignorance (personne ne maîtrise, aujourd'hui, la complexité réelle d'une simple cellule vivante - que dire alors d'un organe, d'un corps, d'un cerveau, d'un psychisme ?).
Talleyrand rappelle que tout ce qui est excessif est dérisoire : c'est exactement ce que je pense du psychologisme qu'il faut combattre comme ont été combattues toutes les superstitions obscurantistes.
En y regardant de plus près, on verrait d'ailleurs que, comme le communisme naguère, le psychologisme a toutes les caractéristiques d'une religion sectaire avec ses prophètes, ses grands prêtres, ses gourous, ses rites, ses schismes (Freud/Jung), ses excommunications, ses anathèmes, ses dogmes … Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le communisme soviétique cultivait tant les hôpitaux psychiatriques et les lavages de cerveau.
Toutes les grandes mutations de l'histoire, par la perte de repère et la peur de l'incertitude qu'elles induisent, font surgir des pratiques magiques exorcisantes. Le psychologisme est la superstition chamanique (rassurez-moi sur mon être) et mantique (rassurez-moi sur mon devenir) de notre époque, si troublée et déboussolée par la grande bifurcation paradigmatique que nous y vivons.
Marc Halévy, Le 02/02/2012