Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Prospective et Europe

Pour changer DE monde ...

Le monde est hanté par cinq tendances de fond (qui, toutes, s'amplifieront en 2013).

  1. Les économies brésilienne, russe et arabes vivent du pillage des ressources naturelles qui sont entrées en pénurie.
  2. Les économies indienne et chinoise vivent du pillage de leurs ressources humaines qui entrent en rébellion.
  3. L'économie américaine vit de pillage monétaire et boursier - c'est-à-dire du pillage des économies réelles du reste du monde, minées de récession et de décroissance définitives.
  4. L'Afrique et - dans une moindre mesure - l'Amérique du Sud s'effondrent à petit feu.
  5. Il ne reste que l'Europe pour continuer de refuser et le pillage, et l'effondrement.

 

Il faut sortir d'urgence de ces politiques de pillage systématique : la Terre ne peut porter durablement, au maximum, que deux milliards d'humains ; nous seront dix milliards en 2050, soit huit milliards de trop ! Si l'homme ne prend pas ses responsabilités, la Nature s'en chargera, aveuglément, brutalement, sauvagement.

 

Il faut sortir aussi d'urgence des modèles économiques que l'américanisme a imposés au monde après la seconde guerre mondiale.

Sortir de son modèle macroéconomique basé sur le cercle vicieux "endettement, investissement, croissance, surproduction, surconsommation, endettement" … qui ne profite, en fin de compte, qu'aux marchands d'endettement, c'est-à-dire aux marchés financiers.

Sortir de son modèle microéconomique basé sur la standardisation, la massification, l'industrialisation, la marchandisation, la financiarisation, la déqualification, etc.

L'entreprise de demain sera petite, réticulée, pointue, excellente, artisanale, qualifiante, locale, visant la marge et non le volume, visant la valeur d'usage et non la valeur d'échange.

Le commerce et le travail, demain, seront déconcentrés, numériques et locaux.

Nous vivons la fin des dinosaures gigantesques et écrasants, et l'émergence des petits lémuriens agiles et rapides.

 

Il faut que l'Europe tienne bon, cesse d'écouter les agences américaines de notation qui évaluent tout selon le modèle … américain ; fasse taire ses médias, ses politiques et ses économistes qui reproduisent, à l'envi, ce même modèle ; mette ses banques au pas et les ramène à leur seul métier : le dépôt et le crédit ; cadenasse toutes ses Bourses ; et comprenne que l'avenir de l'Europe est en Europe et nulle part ailleurs.

Mais il faut pour cela que l'Europe renonce à ses mauvaises habitudes de riche. Il faut que les ménages, les entreprises et les administrations entrent dans une logique drastique de frugalité. Il faut que les Etats cessent leur assistanat généralisé, sortent de leurs logiques jacobines et fonctionnaires, et facilitent l'émergence de solutions locales et libres pour promouvoir l'intelligence, la formation et l'autonomie individuelles.

Il faut enfin que la démocratie au suffrage universel entérine ses échecs et sorte des démagogies clientélistes et partisanes où elle s'enlise depuis deux siècles.

Marc Halévy, 1 janvier 2013.