Trois catégories de vérité
Il y a les vérités de perception ou d'expérimentation, comme : "je vois le soleil briller dans le ciel bleu", ou comme : "l'eau bout à 100°C". Les vérités d'expérimentation, munies d'opérateurs de structuration comme l'équivalence, la comparaison, la récurrence, la corrélation, etc … permettent aussi de mettre en évidence de vastes systèmes empiriques. Tout ceci engendre une physique.
Il y a les vérités de transception ou d'intuition, qui surgissent et donnent une consistance, une cohérence et une cohésion globales, comme : "Tout est Un", ou comme : "L'évolution du Tout a un sens", ou comme le : "Deus sive Natura" de Spinoza, précisément. Un petit nombre de ces vérités d'intuition suffit généralement à engendrer une vision globale du monde. Tout ceci engendre une métaphysique.
Procédons en trois étapes.
- La première étape consistera à construire et à continuer d'enrichir en permanence les trois systèmes axiomatique, physique et métaphysique.
- La seconde étape revient à comprendre que l'homme n'a pas accès au noumène, au réel en-soi, mais est condamné au phénomène, le réel pour-soi. Ainsi, s'il se contente du seul système physique, il n'aura aucun possibilité de validation (toute validation naît d'une comparaison, d'une confrontation à autre chose que soi, mais de même nature que soi). Il faut donc confronter le système physique et le système métaphysique qui sont deux représentations d'un même réel qui nous échappe, mais qui forgent leur représentation selon des voies radicalement étrangères l'une à l'autre (l'expérimentation sensitive et l'intuition résonante). Si ces deux représentations convergent bien, il est probable que l'on soit sur la bonne voie.
- Troisième étape : pour assurer au mieux cette validation (provisoire et relative), les systèmes axiomatiques peuvent intervenir pour formuler les deux représentations (selon un langage adéquat, ce qui n'est pas le plus simple) afin de "valider la validation" au moyen d'un principe de cohérence interne fourni par la nature même du système axiomatique.
On comprend mieux, alors, pourquoi la science actuelle est une impasse : elle cherche à organiser la validation du système physique par le seul système axiomatique qui en est incapable puisqu'il est totalement déconnecté du réel. En devenant axiomatique et en récusant toute métaphysique, le système physique a perdu tout contact avec le réel.
Marc Halévy
Le 28/12/2012