Une approche cosmologique non mécaniste
L'univers est un objet autonome, fermé sur lui-même et possédant quatre dimensions polaires : l'une radiale, mesure son âge, les trois autres, angulaires, mesurent son étendue. La surface de cet objet quadridimensionnel est le présent. L'en-dehors de cette surface n'existe pas. L'en-dedans de cette surface contient toute l'accumulation du passé.
Chaque instant qui passe, ajoute une mince pellicule de durée sur toute la surface de l'univers. Cette durée s'accumule et constitue l'intérieur de l'objet quadridimensionnel qu'est l'univers ; elle en constitue la mémoire accumulée depuis son centre qui correspond à l'âge "zéro" de l'univers. Rien ne s'efface de cette mémoire ; elle contient la trace réelle de tous les états successifs que l'univers a connu au fil du temps. Toute l'activité de l'univers se concentre à sa surface (à laquelle appartient chacune de nos consciences) ; sa mémoire (dont la nôtre participe), elle, est inactive.
L'activité périphérique de l'univers est très inégalement répartie sur sa surface qui, à un moment donné, présente de large zones inactives que l'on nomme le "vide" intergalactique, parcouru seulement de quelques faibles frissons lumineux, et des myriades de zones d'intense activité que l'on nomme des galaxies. Ces galaxies se regroupent en amas qui ont l'allure de troupeaux peu structurés, s'éloignant les uns des autres.
Chaque galaxie est un objet quasi-autonome dont la forme est variable mais qui possède toujours deux caractéristiques : celle d'avoir un noyau sphéroïdal de haute densité et de haute activité, entouré d'un halo fait de milliards de systèmes stellaires organisés entre eux selon différentes structures (disque, nuage, bras), et celle d'être en rotation autour d'un axe passant par son noyau.
Chaque système stellaire est également en rotation autour d'un axe traversant son étoile centrale (parfois, mais rarement, un système stellaire est composé de deux étoiles en rotation l'une autour de l'autre). L'étoile est le noyau central de l'activité du système stellaire : elle est un immense réacteur de fusion nucléaire qui transforme une purée énergétique, extrêmement chaude, en noyaux atomiques d'abord légers puis de plus en plus lourds au fur et à mesure que l'on s'éloigne du centre chaud.
Il ne faut pas concevoir ces noyaux atomiques comme des assemblages de protons et de neutrons (eux-mêmes intime "assemblage" d'un proton et d'un électron) ; il faut les voir comme des gouttes denses d'énergie concentrée qui, lorsqu'on les casse, produisent des éclats divers, instables et éphémères, qui, peu à peu, se recomposeront en fragments stables notamment sous forme de protons, de neutrons, d'électrons, de photons lumineux. Ces noyaux atomiques, en se refroidissant loin du centre stellaire, capturerons des électrons libres pour former tous les éléments chimiques connus.
Les réactions nucléaires se déroulent dans l'étoile alors que les réactions chimiques se déroulent à sa périphérie, dans des nuages gazeux qui, peu à peu, sous l'effet de la gravitation et de la rotation du système, forment des ondes de matière autour de l'étoile, ondes qui, elles-mêmes, sous l'effet de la gravitation et de la rotation, se coagulent en planètes, le plus souvent gazeuses, mais parfois liquides en leur centre chaud et solides en leur croûte externe froide. C'est dans et sur cette croûte périphérique que la chimie pourra inventer tous ses miracles.
Il ne faut pas voir le noyau central d'une galaxie ou d'une étoile comme "composé" d'électrons et de protons, mais bien plutôt comme une purée énergétique, indifférenciée et extrêmement active, dont émergent des structures matérielles d'autant plus complexes et stables que l'on s'éloigne de la torride fournaise centrale. Chaque système stellaire, par rapport à la galaxie, est une telle structure émergente et périphérique, siège, en son centre stellaire d'un immense réacteur nucléaire qui produit des nuages atomiques, et en sa périphérie planétaire de vastes réacteurs chimiques qui produisent des conglomérats moléculaires sous forme de gaz, de liquides plus ou moins visqueux, de solides cristallins … ou de cellules vivantes.
Ce n'est pas le microscopique qui "compose" le macroscopique ; c'est le macroscopique qui "crache" le microscopique.
Ces intenses activités galactiques et stellaires ébranle le "vide" alentour sous la forme de rayonnements lumineux qui parcourent l'immensité de la surface de l'univers à une vitesse c caractéristique de la substance universelle (la hylé) et qui apportent au loin des informations sur leur source effervescente.
Un dernier mot sur le temps …
Le présent qui passe, engendre le présent qui vient.
Le présent produit du nouveau présent avant de s'agglomérer au passé sous lui. Il n'y a pas de futur. Le futur n'existe pas. Il n'est qu'une pure vue de l'esprit, qu'une projection et une extrapolation, purement intellectuelles et imaginaires, sans aucun fondement réel. Le Réel est un processus en marche ; il contient tout le passé et s'arrête au présent qui en est, l'espace d'un instant, la limite, la frontière ultime au-delà de laquelle il n'y a strictement rien.
L'axe du temps est fini et s'arrête net, maintenant. Au-delà de maintenant, il n'y a plus de temps, il n'y a plus rien.
Le Réel s'engendre constamment dans le présent, lieu de l'activité, et s'accumule perpétuellement dans le passé, lieu de la mémoire. Et ce Réel s'engendre sempiternellement selon une logique processuelle qui lui est propre. C'est cette logique qui donne l'illusion d'un futur prévisible, donc quasi réel ; il ne faut pas s'en laisser abuser. Cette logique est floue et ouverte, créatrice d'inédit et d'imprévisible. Si l'on veut illusoirement croire le futur "prévisible", il ne pourrait l'être que dans les situations et circonstances les plus rudimentaires, les plus fermées, les plus pauvres.
Marc Halévy, 2 septembre 2014.