Billet de prospective sociétale ...
Il faut revenir sur cette tripartition fondamentale de toutes les sociétés humaines :
- les masses qui visent leur confort et leur satiété (panem et circenses),
- les élites démagogiques qui visent le pouvoir, la fortune et la gloire, en s'appuyant sur les masses par les trois voies du politique, de l'économique et du noétique,
- et les élites aristocratiques qui visent l'accomplissement.
Tout le jeu sociétal résulte de la dialectique entre les masses et les élites démagogiques. Les élites aristocratiques n'y participent pas.
Mais aujourd'hui - et c'est cela la "crise" -, ce jeu dialectique est rompu : les masses se détournent de leurs élites démagogiques, elles ne veulent plus jouer leur jeu. Et les élites démagogiques, à présent orphelines et sans terreau, sont condamnées à tourner en rond et à s'entredévorer dans leur microcosme artificiel.
La société civile a divorcé d'avec ses élites démagogiques et elle ne s'y intéresse encore que par goût du spectacle sanglant donné dans la petite arène du cirque des "notables".
Elle a divorcé d'avec la classe politique par le rejet de la loi, d'avec la classe patronale par le rejet du travail, et d'avec la classe académique par le rejet des savoirs : délinquance, parasitisme et inculture sont déjà au rendez-vous.
Ce divorce est irrémédiablement consommé avec deux conséquences : les élites démagogiques anciennes sombreront dans l'insignifiance et le dérisoire, et les masses entreront en déshérence jusqu'à susciter, en leur sein, de nouvelles élites démagogiques mues par la haine et la violence.
Et les élites aristocratiques pleurent déjà sur cet immonde gâchis …
Marc Halévy, 22 janvier 2014.