Dénonciation radicale du transhumanisme.
Le transhumanisme et les délires qui l'accompagnent, sont le pur croisement de l'orgueil technologique et numérique, d'une part, et de l'inculture et de la bêtise américaines, d'autre part. Les gens de chez Google, Amazon ou FaceBook sont probablement doués en ingénierie et en marketing, mais ils sont nuls en philosophie, en éthique et, surtout, en sciences fondamentales.
Ils ne comprennent pas que tous les artéfacts humains sont du niveau zéro de complexité et que la Nature a déjà accompli, depuis des milliards d'années, des prouesses techniques (une "simple" cellule vivante, par exemple) dont ils sont et resteront totalement incapables. Les artéfacts humains sont des bricolages mécaniques, certes parfois compliqués, mais puérils face aux œuvres naturelles et, surtout, sans aucune possibilité de propriété émergente.
Le concept ancien d'intelligence artificielle est un horrible abus de langage : un ordinateur ne sera jamais intelligent. Il peut seulement être programmé par une intelligence humaine à simuler une certaine intelligence logique et rudimentaire. Du code est incapable de générer du code inédit par lui-même. Les prouesses d'auto-apprentissage de certains ordinateurs ou robots ne sont que des applications, à très grande vitesse, d'algorithmes de boucles et de critères de sélection issus de la pensée de leurs concepteurs..
Rêver, par exemple, d'un interfaçage entre un ordinateur, mécanique et séquentiel, et un cerveau humain, organique et holistique, relève de la charlatanerie la plus arrogante. Il n'y a rien de commun entre un ordinateur et le cerveau. Ils ne relèvent pas de la même logique, le cerveau étant un comparateur analogique et holistique alors que l'ordinateur est un calculateur logique et analytique. L'ordinateur est un objet qui calcule, la pensée est un processus qui crée. Les signaux électriques que capte une électrode ne sont pas des pensées, mais des manifestations mécaniques du fonctionnement électrochimique d'une infime parcelle du "hardware" de la pensée.
Chez l'homme, ce n'est pas que le cerveau qui pense, c'est le corps tout entier ; et cette pensée et ce cerveau ne sont ni linéaires, ni binaires, ni arithmétiques, ni algorithmiques, ni programmatiques, ni câblés, etc …
De plus, l'effroyable propension des transhumanistes à rêver d'immortalité bio- et nanotechnologique relève, non seulement de l'absurdité technique, mais surtout du cauchemar philosophique.
Tout cela est absurde, mais participe bien du chant du cygne d'un américanisme au bord du gouffre, dans une nation qui, comme le disait Einstein, est passée directement de la barbarie à la décadence sans passer par la civilisation.
Marc Halévy, 16 octobre 2014