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A propos de la Laïcité

Redéfinir le Laïcisme ...
La funeste voie du laïcisme procède d'une confusion radicale entre spiritualité intérieure et idéologie extérieure, entre mystique personnelle et religion mondaine.
Le problème n'est pas de séparer l'Eglise et l'Etat : ce sont deux idéologies comme les autres.
Le problème est d'interdire à l'Etat de s'immiscer dans les dimensions spirituelles et religieuses, idéologiques et militantes tant que celles-ci ressortissent de la sphère intérieure ou, du moins privée, et ne perturbent en rien la quiétude et la neutralité de l'espace public.
Prenons deux exemples …
D'un côté : une grandiose célébration chrétienne dominicale dans Notre-Dame de Paris sous la forme d'une grande Messe chantée, réservée aux catholiques et à leurs invités, qui se terminent, après le ite missa est, par le retour en paix de chacun chez soi ; cela ressortit pleinement de la sphère privée, ne nuit en rien à quiconque et ne regarde en rien ni l'Etat, ni la Laïcité : il s'agit d'une pure manifestation religieuse communautaire pacifique et sans nuisance extérieure.
De l'autre : une manifestation urbaine de la CGT avec grève des transports en commun, blocages des rues et avenues, au nom de leur idéologie surannée et débile, dans la fureur et la violence militantes, avec dégâts collatéraux, salissures, graffitis, collages intempestifs, bagarres, injures, etc … ; voilà bien un envahissement de l'espace public par une minorité psychotique, aveuglée par ses croyances et superstitions idéologico-religieuses que les lois sur la laïcité vont tolérer alors qu'elle manifeste l'immixtion violente d'une foi religieuse ultra minoritaire en plein cœur neutre de la sphère publique.
L'occupation des rues de la ville par la CGT pendant des heures pour protester contre un quelconque dispositif social au nom des sacro-saints "droits acquis" est laïquement tolérable … Alors que l'occupation des mêmes rues de la ville par des musulmans pour y faire leurs prières sera considérée, à juste titre, comme une intolérable atteinte aux valeurs de la laïcité.
Or, ces deux cas sont aussi intolérables l'un que l'autre, et doivent être interdis et punis au nom du simple fait que l'espace public doit être et rester totalement neutre vis-à-vis des croyances privées.
On veut interdire les signes extérieurs d'appartenances religieuses : voile, kippa, burkini, … mais pas les soutanes des prêtres traditionnalistes, ni les habits monacaux … C'est absurde ! Mais, en revanche, on tolère les drapeaux rouges, les faucilles et marteaux, les tee-shirts "Che-Guevara", les déguisements rastafariens, etc …
On a raison de combattre toutes les résurgences de l'idéologie nazie au nom de la démocratie et des droits de l'homme ; mais alors pourquoi ne mène-t-on pas le même combat contre toutes les résurgences marxistes, communistes, maoïstes, trotskistes, guévaristes et gauchistes qui ont faire mourir dix fois plus d'êtres humains que le nazisme  sur la même période ?
On l'a compris, l'idée de laïcité ne pourra être crédible qui si elle se définit comme la défense de l'espace public contre tous les envahissements, contre toutes les attaques et atteintes, au nom de croyances idéologiques et religieuses quelles qu'elles soient.
Mais la Laïcité restera risible tant qu'elle se cantonnera, comme elle le fait encore à présent, dans un combat d'arrière-garde contre les religions chrétiennes (surtout catholiques) au nom d'un anticléricalisme suranné, d'un athéisme militant (l'athéisme étant une religion et une idéologie comme les autres) et d'une antireligion obsessionnelle.
Pour le dire tout autrement : la "laïcité", si l'on veut encore user de ce mot-là, établit la séparation nette entre espace public et espace privé, et vise la protection de l'espace public contre les intrusion de l'espace privé, mais aussi, la protection de l'espace privé contre les envahissement de l'espace public.
 
Marc HALEVY, 9 novembre 2017