D'un "rêve américain" à l'autre …
Les Etats-Unis d'Amérique ont été construits, entre 1800 et 1965 par de gens qui n'avaient plus rien à perdre et, donc, avaient tout à gagner. De plus, ces gens étaient profondément habités par l'idée du Salut et la devise : "In God we trust", traduit invariablement cette indestructible foi en un avenir radieux. Ils étaient aussi suffisamment incultes et inintelligents pour passer outre tout sens critique et toute projection à long terme : l'avenir devait être indéfiniment opulent puisque c'était le leur ! Il ne fut pas opulent … il fut seulement obèse.
Comme l'islamisme, l'américanisme est une religion facile et radieuse pour ceux qui ne pensent pas. Cela explique leur conquête époustouflante et rapide d'une bonne partie du monde connu, le premier aux 7ème et 8ème siècles, le second aux 19ème et 20ème siècles.
Cependant, le "rêve américain" auréolé de fortune rapide, de surconsommation effrénée, de vide existentiel, de plaisirs artificiels et de confort obsessionnel, a très vite suscité une contre-culture, dès le 19ème siècle (avec les transcendantalistes Emerson et, surtout, Thoreau), qui ne cessa de s'amplifier durant le 20ème siècle (avec la Beat Generation, le lutte pour les droits civiques, la contestation de la guerre du Vietnam et les mouvements hippies).
Aujourd'hui, les bandits californiens tentent de récupérer, à leur profit, cette image de contre-culture pour masquer leurs cupidités insatiables et leurs manipulations à grande échelle : l'idéologie transhumaniste, la robotisation débilitante, l'algorithmisation simpliste, la dictature de la connexion, la mise sous tutelle de toute recherche médicale, le pillage des données personnelles, le financiarisme le plus violent, la spéculation boursière la plus outrancière et mensongère, etc … voilà ce qui se cache derrière les tee-shirts juvéniles et les regards allumés, derrière le faux libertarisme des pilleurs d'intimité …
En fait, ce sont ces crapules siliconées qui incarnent désormais le "rêve américain", bien plus que le trumpisme qui n'est, au fond, qu'un populisme archaïque et nostalgique d'un autre "rêve américain" désormais révolu (celui du "go West", des cow-boys, des "Chevy 1956", de la Route 66, etc …) : un rêve américain en discount pour l'immense masse des paumés, zombifiés, décérébrés et lobotomisés qui peuplent les villes et les campagnes paupérisées et banqueroutières de la vraie "Amérique", de l'Amérique profonde qui s'effondre depuis Ronald Reagan, Milton Friedman et les Chicago boys.
L'économie américaine est devenue boursière et spéculative, sans rien grand' chose de solide derrière. Elon Musk en est le prototype : aucune de ses entreprises ne gagne de l'argent par des revenus techniques, mais il fait fortune grâce à des capitalisations boursières, uniquement fondées sur des effets d'annonce et la crédulité des gogos d'une nouvelle croissance messianique. Apple, Google, Amazon, FaceBook, Instagram, Netflix, Twitter, Snapchat, … qui ne vendent plus que du ludique sans la moindre valeur d'utilité, ne font pas autre chose.
Marc HALEVY, septembre 2017