Tisserand de la compréhension du devenir
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Les sagesses anciennes et leurs héritiers

Entretien avec Marc Halévy par le magazine Krisis.
  1. Les sagesses antiques adoptaient dans leur ensemble une perspective naturaliste, qui déniait toute réalité aux arrières-mondes métaphysiques. Ce naturalisme est-il cependant réductible au matérialisme athée ? Qu’est-ce qui différencie les sagesses antiques du pragmatisme désenchanté ? Et pourquoi ces sagesses débouchaient-elles sur des religions, ou au moins sur des spiritualités et des pratiques rituelles, alors qu’elles refusaient toute idée de Dieu créateur et surnaturel ?

 

Toute la pensée grecque et, partant, toute le philosophie grecque forment un arbre luxuriant aux multiples branches, qui s'enracine dans les grands récits mythologiques, en général, et dans la "Théogonie" d'Hésiode en particulier. Cette théogonie qui raconte la naissance des dieux, est aussi une cosmogonie qui raconte la naissance du Réel.

Ces naissances procèdent par émanation, par émergence et jamais par création ex nihilo.

Ce que l'on appelle ici naturalisme revient au fond à affirmer que le Réel c'est-à-dire le Tout de ce qui existe, n'a qu'une seule source et que celle-ci est immanente. Il n'y a aucun deus ex machina qui interviendrait du dehors du Réel, du dehors de la Nature.

D'ailleurs, l'étymologie latine du mot Nature est très claire : natura est le participe futur du verbe nascor qui signifie "naître" et peut se rendre par : "ce qui est en train de naître, ce qui est en cours de naissance". La Nature, c'est ce qui advient d'elle-même sans intervention de quoique ce soit qui pourrait être extérieur à elle.

Dans la mythologie grecque, même les dieux sont des créatures qui émanent des engendrements originels.

D'ailleurs, selon Hésiode, tout commence avec un ternaire essentiel. Il y a d'abord Chaos qui personnifie ce qui n'a pas encore de Forme, ce qui est une promesse de forme à venir, ce qui est une forme potentielle mais qui ne peut en être une réellement avant que ne s'enclenche le processus des engendrements, émanations et émergences. Ensuite vient un couple constitué de Gaïa et du Tartare qui est sous elle ; Gaïa, la Terre, la Nature, le Réel visible, est la "couche" supérieure et superficielle du Tartare qui symbolise, très généralement, la Substance sans fond, porteuse de tout ce qui existera et prendra forme en elle et par elle. Et puis, il y a Eros qui personnifie le Désir, moteur immobile de toute chose, de tout processus, de toute histoire des mondes.

Le Réel est donc la rencontre de ces trois potentialités natives, originelles, cosmogoniques : la Substance, la Forme et le Désir. Aristote ne dira pas autre chose trois siècle plus tard.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ces trois piliers de la cosmogonie grecque sont des principes spirituels, donc immatériels. Tout ce qui est matériel est second car engendré par eux. Il faut donc parler d'un naturalisme spiritualiste tout à l'opposé d'un matérialisme athée, pour reprendre votre mot.

Le matérialisme pose la matière comme fondement premier et unique de tout ce qui existe. La pensée grecque autant que la physique d'aujourd'hui savent que la matière est seconde et non première. La physique contemporaine nous apprend que ce que nous appelons "matière" n'est qu'une modalité, parmi d'autres, de concrétion, plus ou moins stable, d'activités quantiques immatérielles sous-jacentes ; les ondes électromagnétiques (dont la lumière), ou les ondes gravitationnelles, ou les "particules élémentaires" qui ne sont ni des particules, ni élémentaires, en sont d'autres formes irréductibles à la notion de "matière".

Quant à l'athéisme, ou bien on le définit comme la révocation de toute forme de Divin ce qui impliquerait de d'abord définir ce que le Divin est ou n'est pas - ce que ceux qui se prétendent athées ne font jamais -, ou bien on le définit - comme je le fais - comme un mot imparfait pour désigner l'antithéisme c'est-à-dire le refus d'un Dieu personnel, créateur et maître de l'univers, mais étranger à celui-ci, ou bien on le définit, plus métaphysiquement, comme la foi en l'idée que le hasard est le moteur ultime de tout ce qui existe et que, par conséquent, rien de ce qui existe n'a ni sens, ni valeur (on sait aujourd'hui que le hasard pur est incapable d'engendrer de la complexité).

Le naturalisme spiritualiste grec n'est donc ni matérialiste, ni athée. Mais il n'est pas non plus théiste, au sens des monothéismes. Parce qu'il est spiritualiste, il pose le Logos comme socle ultime du Réel, comme force et puissance qui font tout émaner et émerger selon des règles et des logiques qui lui sont propres.

La mentalité grecque ancienne est encore superstitieuse et emprunte de pratiques magiques : il faut se concilier les bonnes grâces de l'Esprit cosmique par des rites, des sacrifices, des jeux, des orgies, des Mystères. Cela préfigure une idée essentielle : celle de la résonance entre les esprits des hommes et l'Esprit cosmique, la résonance de l'esprit humain avec le Logos du Réel, avec l'Âme de la Nature. Cette idée de résonance spirituelle, issue des chamanismes primitifs, est, au fond, à la source de toutes les expériences mystiques ou extatiques ou numineuses.

 

  1. Là où les religions monothéistes reposent sur ce qu’on appelle le dualisme, c’est-à-dire la séparation du Ciel et de la Terre, les spiritualités antiques adoptaient au contraire une perspective moniste, c’est-à-dire unificatrice. Héraclite, en Grèce, fut peut-être le plus pur représentant de cette vision du monde. Comment définiriez-vous cette conception moniste du réel, et en quoi vous paraît-elle plus pertinente que la conception dualiste ?

 

La métaphysique montre assez clairement qu'il n'existe que deux attitudes ontologiques cohérentes : le monisme et le

 dualisme (auquel tous les pluralisme finissent par se réduire).

Le monisme est la position la plus simple, la plus radicale, la plus élégante … et la plus ancienne dans l'histoire de la pensée humaine, tous continents confondus : il affirme tout simplement que Tout est Un, que tout le Réel est une unité indissociable, que tout ce qui existe forme un grand Tout unique où tout est interdépendant de tout.

Le dualisme pose l'existence de deux natures, de deux mondes, de deux univers parallèles, distincts, irréductibles l'un à l'autre ; dans la tradition occidentale, le dualisme a triomphé depuis Pythagore, le premier "dualiste" qui posait, d'un côté, notre monde imparfait, changeant, instable, plein de fureurs et de souffrances, de turpitudes et de malheurs, et, de l'autre côté, le monde parfait, immuable, idéal des nombres et figures mathématiques. Platon généralisa le dualisme ontique de son maître Pythagore et élargit le champ des formes mathématiques (nombres et figures) à l'ensemble de toutes les formes parfaites (Eidos en grec) qu'il appela les Idées, gouvernées suprêmement par l'Idée de Bien à laquelle, in fine, se réduisent toutes les autres. Le christianisme naissant reprit Platon et substitua à l'Idée de Bien suprême, l'idée de Dieu, ce que l'Islam reprit à son tour sous le nom d'Allah.

Le problème de fond du dualisme est de construire un pont entre ses deux univers irréductibles l'un à l'autre, car, puisque nous, les humains, sommes parties prenantes de l'univers de l'imperfection, l'hypothèse d'un autre univers n'a d'intérêt que si ces mêmes humains ont, d'une façon ou d'une autre, un lien quelconque avec ce monde de la Perfection.

Deux chemins - parfaitement complémentaires - sont envisageables et ont été investigués : soit le monde de la Vie est issu du monde de la Perfection (c'est le "créationnisme"), soit l'humain, dans le monde de la Vie, est le réceptacle d'une parcelle du monde de la Perfection sous la forme d'une âme immortelle qui retournera au monde de la Perfection, après la mort au monde de la Vie.

Derrière ce dilemme métaphysique entre monisme et dualisme, se place la question de fond : pourquoi le monde de la Vie qui est celui de notre existence humaine, n'est-il pas parfait, c'est-à-dire conforme à nos vœux, à nos désirs, à nos rêves, à nos phantasmes ?

Car c'est bien de cela que nous parlons, lorsque nous parlons de la Perfection ou de l'Idéal, du Bien, du Beau, du Vrai absolus : ce ne sont que de purs phantasmes humains qui refusent et récusent la réalité du Réel tel qu'il est et tel qu'il va.

Là est la question essentielle qui divisera si profondément les traditions spirituelles d'occident et d'orient : celle de la relation au Réel tel qu'il est et tel qu'il va.

D'un côté, à l'occident, on constate que le Réel n'est pas au service de l'humain et ne satisfait pas tous ses caprices (dont ceux, fondamentaux, de la joie perpétuelle ou de la vie éternelle) ; il doit donc exister un autre monde (parfait et idéal) qui, en parallèle ou plus tard, satisfera tous ces phantasmes : là, dans cette croyance puérile, naissent tous les idéalismes, toutes les idéologies et tous les arrière-mondes.

De l'autre côté, à l'orient, on constate que l'humain est un enfant capricieux et qu'il ne pourra atteindre la sagesse, la sérénité, la délivrance, la liberté, la paix et la joie qu'en acceptant et en assumant pleinement le monde tel qu'il est et tel qu'il va.

Cette option dite "orientale" - même si elle a toujours été pratiquée, comme courant minoritaire, en occident (notamment par les présocratiques ioniens ou les mystiques rhénans, par Spinoza, Schelling, Hegel, Nietzsche, Bergson ou Teilhard de Chardin) - n'a pas besoin d'inventer une dualité ontique : le monisme radical lui va bien. Tout est Un et l'homme doit trouver sa juste place en harmonie avec ce Tout-Un qui lui donne, tout à la dois, sens et valeur.

Une vieille métaphore éclaire bien le dilemme …

L'homme est-il un être en soi, victime de la souffrance et de la mort individuelle que son orgueil ne parvient pas à accepter et à assumer … ?

Ou l'homme n'est-il, comme tout ce qui existe, qu'une vague à la surface de l'océan Un, et n'a-t-il d'autre existence en soi que sa participation à l'éternité et à la paix du grand Tout, pourvu qu'il parvienne à sortir de la prison de son ego ?

 

  1. La Chine antique semble avoir adopté le même genre de cosmologies que la Grèce présocratique. Jusqu’à quel point peut-on dire dès lors que le taoïsme, qui privilégiait la logique du devenir contre la logique de l’être, constituait une sorte d’« héraclitéisme oriental » ?

 

Dès lors que l'on adopte la vue du monisme et que l'on constate que, dans le Réel, tout est Un, certes, mais aussi que tout évolue et devient, il faut donc conclure, toujours métaphysiquement, que le Un est vivant, qu'il est le monde de la Vie et que, puisqu'il est en devenir, cela signifie qu'il n'est pas dans un état achevé, qu'il est toujours et encore en voie d'accomplissement. Rien, jamais, n'y est achevé. La Perfection est un achèvement ; mais elle est le contraire de la Vie : elle est immuable et définitive, donc morte !

Le monde de la Perfection est le monde de la Mort. Le monde de la Vie est, lui, le monde du perpétuel inachèvement, du perpétuel accomplissement.

Depuis Parménide d'Elée, contre Héraclite d'Ephèse, l'occident s'est enlisé dans des métaphysiques de l'Être, toujours en recherche de l'Immuable, derrière les "mouvements" et les "accidents", en recherche de ce qui ne devient ni n'advient, de ce qui est, de l'Être inaltérable, qui reste éternellement inchangé. L'homme occidental n'accepte par le devenir perpétuel. Il veut de l'immuable. C'est peut-être le Dieu de Perfection. Ce sont peut-être les atomes. C'est peut-être l'Idée de Bien. Peu importe, pourvu que ce soit du permanent.

Le Taoïsme, lui, comme Héraclite d'Ephèse, a opté pour la métaphysique du Devenir. Il n'y a pas d'Être. Rien n'est immuable. Tout est impermanent. Tout ce qui existe naît, croît, culmine, décline et meurt. C'est cette logique de cycles éternellement recommencés à neuf, qui est la logique de la Vie éternelle.

La mort n'est pas l'opposé de la Vie. La mort est l'opposé de la naissance. La Vie, elle, est éternelle ; elle est cosmique ; elle est le moteur du Réel.

Elle est le Tao, pour la pensée chinoise. Le Tao, c'est le perpétuel processus cosmique d'émanation de tout ce qui advient, s'accomplit et retourne pour recommencer, encore et encore. Comme les vagues à la surface de l'océan. La Tao est cet océan vivant dont les vagues, toutes impermanentes et éphémères, donnent vie au monde de la surface. Chacun de nous est une telle vague à la surface de l'océan du Tout-Un.

Les mots-clés occidentaux sont immuabilité, stabilité, permanence, équilibre, continuité, idéalité, repos, … autant d'hérésies - et d'idioties - pour la pensée chinoise.

Héraclite avait bien compris qu'une métaphysique du Devenir n'était envisageable qu'après avoir spécifier le moteur de cette évolution perpétuelle du Tout. Tout devient, certes, mais devient quoi, et pourquoi (causalité) ou pour quoi (finalité) ?

Héraclite avait nommé ce moteur du Devenir le polémos : le conflit, la guerre entre sympathies et antipathies, entre Feu et Eau, entre Ciel et Terre, etc …

La pensée chinoise n'a pas échappé à cette question du moteur du Devenir et a proposé une autre réponse : celle du Yin et du Yang à l'intérieur même du Tao. Mais le couple Yin-Yang n'est pas une dualité, un dualisme tels que l'occident les affectionne. Le Yin-Yang n'est pas une dualité, mais une bipolarité, comme le nord et le sud d'un aimant : brisez cet aimant en deux, il en résultera deux aimants possédant chacun un pôle nord et un pôle sud. L'un ne peut exister sans l'autre. L'un et l'autre active la moindre parcelle du Réel. L'étymologie des mots Yin et Yang est révélatrice. Ils signifient, respectivement, l'ubac et l'adret d'une montagne. Le Yin est à l'ombre alors que le Yang est à la lumière ; mais le jour passant, le Yin devient Yang et le Yang devient Yin. C'est tout le sens du symbole nommé t'aï-chi-t'u : ce cercle formé de deux larmes égale, en tête-bêche, qui, chacune, possède, en son cœur, le germe de l'autre.

La physique contemporaine n'est pas en reste et sait qu'une évolution quelconque implique, quelque part, une différence de potentiel, une tension indispensable à l'émergence de structures dissipatives.

 

  1. Les anciens percevaient le monde comme une nature animée et vivante, écartelée entre des polarités à la fois contradictoires et complémentaires, telles que le Yin et le Yang. L’idéal d’harmonie servait de plateforme équilibrante entre ces forces fondamentales. Quelles sont les implications concrètes de cette conception, en termes de morale, de conduite de vie, etc. ?

 

Tout ce qui existe est mû par une seule et unique vocation ou intention : celle de s'accomplir en plénitude, de réaliser tous les potentiels que l'on porte en soi, d'aller au bout de soi-même et de ses talents.

Cela est vrai pour l'atome d'hydrogène qui recherche, avec violence parfois, un atome complémentaire, comme celui d'oxygène, qui puisse partager avec lui un de ses électrons périphériques afin de compléter, enfin, sa couche électronique externe.

Cela est vrai pour cet arbre qui cherche à pousser de l'intérieur et à atteindre sa plénitude dès que l'eau, la lumière et la terre lui en donnent les ressources.

C'est vrai aussi pour chaque humain qui ne demande qu'à pouvoir se réaliser ; le terme à la mode, pour cela, s'appelle "développement personnel".

Tout ceci est vrai, aussi, pour le Tout-Un, pour le Réel pris comme un tout.

Le problème qui se pose, est celui-ci. Chaque processus qui existe, fait partie d'un processus plus grand qui l'englobe et est constitué de processus plus petits qui le constituent ; de plus, chaque processus, à son niveau, entre en interaction avec les processus qui l'entourent.

Tous ces processus interfèrent entre eux. Et, bien souvent, même si leur vocation et leur intention d'accomplissement sont identiques pour tous, les modalités de celles-ci différent et, éventuellement, entrent en conflit.

Ce qui est bon pour mon accomplissement, n'est pas nécessairement bon pour le vôtre. Et nos deux accomplissements personnels ne sont pas nécessairement en phase avec l'accomplissement du groupe dont nous faisons partie. Et l'accomplissement de ce groupe n'est pas nécessairement bon pour l'accomplissement de la société qui l'englobe. Etc …

Tout le problème éthico-moral vient de là.

La Nature a inventé bien des stratagèmes pour régler ces tensions. Mon atome d'hydrogène veut voler un électron à celui d'oxygène pour se "compléter" électroniquement ; mais l'atome d'oxygène veut faire exactement de même : l'accomplissement de l'un, par "vol" d'électron, nuit à l'accomplissement de l'autre. La Nature s'en est sortie en inventant la molécule d'eau qui allie, dans une nouvelle entité inédite, les atomes d'hydrogène et d'oxygène. Tout le monde est content et cette nouvelle molécule d'eau est un exemple de stabilité et de fertilité.

De tels stratagèmes, la Nature en a inventés énormément. Ces organisations destinées à dissiper les tensions entre des entités en en inventant une nouvelle qui intègre harmonieusement les entités originelles antagoniques, il y a en des exemples partout, de la molécule d'eau aux galaxies en passant par un cristal de quartz, une amibe, une pâquerette, une mésange, un humain, une famille, une tribu, une communauté de vie, etc …

Ce que les humains appellent l'éthique ou la morale, est, à leur niveau, ce que la science appelle les règles de l'équilibre stable ou de l'homéostasie, différentes sur chaque niveau de complexité, des règles nucléaires, atomiques, chimiques, cristallines, cellulaires, organiques, stellaires, galactiques …

Chaque niveau de complexité invente ses propres règles pour constituer des structures dissipatives originales (des organisations, des lois, des règles de fonctionnement) afin de dissiper les tensions trop fortes entre les entités qui le constituent.

La pensée taoïste appelle la totalité de ces solutions dissipatives du beau nom de "loi d'harmonie". La science parle d'homéostasie.

L'occident parle plus volontiers de morale. Confucius, lui, parle de devoir.

Bref : il faut que se mettent au point, dans un monde donné, des règles de comportement (éthos en grec, d'où éthologie animale et éthique humaine) qui permettent de dissiper, le plus rapidement possible, le plus efficacement possible, le plus paisiblement possible, les tensions entre les entités de ce monde-là. Mais aussi des règles de comportement pour harmoniser le comportement de ce monde-là au sein de son environnement, avec son milieu et des autres mondes qu'il côtoient.

Au sein du monde humain, sont ainsi apparues, d'abord, des règles morales (du latin mores : les "mœurs collectives") et des règles éthiques (du grec éthos : le "comportement personnel"). Des normes collectives et des principes personnels. Des lois et des valeurs.

Puis, l'humain s'est rendu compte qu'il devait aussi rendre des comptes à la Nature qui l'accueille et que le nourrit : en sus des règles morales et éthiques, sont apparues des règles écologiques. Celles-ci sont, aujourd'hui, plus que jamais, de brûlante actualité.

Mais revenons aux règles morales et éthiques pour constater, une fois encore, que le monde de la Perfection et le monde de la Vie s'opposent. D'un côté, il y a des idéologies concernant la "société idéale" qui veulent toutes façonner un moule dans lequel la réalité humaine devrait entrer : l'homme idéal, l'homme nouveau, l'homme parfait. De l'autre côté, il y a l'anti-idéologie libérale ou libertaire qui refuse de définir ce que serait cette chimérique "société idéale" et ce non moins chimérique "homme idéal", et qui, plus modestement, mais plus doucement et pacifiquement, tient compte de la nature et de la diversité humaines pour ne jamais enfermer l'homme dans un moule, toujours trop étroit, et pour rechercher, pragmatiquement, des solutions intelligentes et constructives à chaque cas particulier, au mieux des intérêts de chaque partie concernée.

On voit là s'affronter les tenants des droits codifiés (Droit romain, Code Napoléon) et ceux des droits coutumiers (Common Law), par exemple.

 

  1. On sait que Nietzsche fut profondément influencé par la pensée présocratique, et par celle d’Héraclite en particulier, sans parler de son intérêt pour les philosophies orientales. Dans quelles grandes thématiques nietzschéennes retrouve-t-on le plus directement certaines des idées empruntées aux sagesses traditionnelles ?

 

Lorsqu'on aborde Nietzsche, il ne faut jamais oublier qu'il se place dans la continuité des philosophes romantiques allemands (Fichte, Schelling, Hegel, Novalis, Herder, …) par l'intermédiaire de son premier "maître à penser" : Arthur Schopenhauer (lui-même très influencé par la pensée indienne).

Tout ce petit monde s'est insurgé contre l'impasse kantienne qui voulait que l'abîme entre le sujet et l'objet fût absolument et définitivement infranchissable, et que le noumène (la réalité du Réel) fût absolument et définitivement hors de portée de la pensée humaine : celle-ci était condamnée, sans recours, à devoir se contenter des apparences, de phénomènes et des illusions qui les accompagnent.

Nietzsche se fera le champion du retour au Réel, à la lutte à mort contre toutes les illusions et contre tous les idéaux, tous les idéalismes et toutes les idéologies (spécialement contre le christianisme et contre sa prolongation laïque, le socialisme).

Nietzsche est l'héritier philosophique de la première grande révolte contre la Modernité, contre les "Lumières", contre Galilée et Descartes. C'est en cela qu'il fut et reste le grand précurseur de notre époque qui voit cette Modernité et ses "idéaux" s'effondrer un à un dans toutes les dimensions politique (les idéologies), économique (les doctrines) et noétique (les modèles, notamment en physique théorique).

Nietzsche reprend les trois questions de Kant et en ajoute une quatrième.

Que puis-je connaître (épistémologie) ? Que puis-je faire (éthique) ? Que puis-je espérer (sotériologie) ? Et Nietzsche ajoute : que puis-je aimer (téléologie) ?

Que puis-je connaître ?

L'Eternel Retour, répond Nietzsche ! L'Eternel Retour est la plus pure négation de la religion du Progrès qui était professée et proférée par les "modernes", les kantiens et les "Lumières". Nietzsche s'insurge avec raison : le monde ne progresse pas, il s'accomplit par cycles successifs, en repassant toujours par les mêmes moments (au sens de Hegel), par le génie, puis par le délire, puis par la catastrophe … avant un nouveau coup de génie … et ainsi de suite. Tout ce qui existe, vit. Et tout ce qui vit naît, croît, culmine, décline et meurt. C'est la loi intime de la Vie même. Il n'y a pas de "progrès" linéaire, indéfini, illimité. Tout ce qui arrive, a son prix. L'entropie est condamnée à croître … et tout "progrès" se paie par un regrès. Le progrès matériel et technique de la modernité a été accompagné par de terribles regrès spirituels, éthiques, communautaires, affectifs, esthétiques.

Quel progrès ? Et pour qui ? Interroge Nietzsche. Tout cela est illusion. Tout cela est chimère. La Vie évolue, mais l'humain ne progresse pas ; il se déguise autrement.

Que puis-je faire ?

La Volonté de Puissance, répond Nietzsche ! Nietzsche aimait, par provocation, à se proclamer lui-même "l'immoraliste". Car la seule morale, loin de toutes les "moralines" bien-pensantes, est de cultiver sa propre Volonté de Puissance. Mais qu'entend Nietzsche derrière cette expression si souvent incomprise ou dévoyée ? Il ne s'agit en aucun cas de cultiver la force brutale, le pouvoir d'asservissement ou la violence guerrière. Nietzsche était un homme doux et pacifique, extrêmement courtois et discret. La Volonté de Puissance est une expression qui se raccroche à Schopenhauer qui parlait de la puissance du "vouloir-vivre", cet élan vital, cette force de vie qui pousse tout ce qui existe et vit, à vivre encore, à vivre plus, à désirer la vie. Et Schopenhauer, gavé de bouddhisme, y voyait la cause profonde de toutes les souffrances humaines. Nietzsche reprend l'idée, mais l'inverse radicalement. Car la Volonté de Puissance, c'est le "vouloir-vivre" schopenhauerien au carré, au cube.

Deux mots constituent l'expression ; Volonté et Puissance.

La Puissance (Macht en allemand) n'est ni force, ni pouvoir : elle revient à la racine latine qui indique le potentiel, la potentialité, le possible. Cultiver sa propre Puissance revient à révéler et à développer tous les potentiels que l'on porte en soi afin de "devenir ce que l'on est et de faire ce que soi seul peut faire". La Puissance dont il s'agit, est tout intérieure, spirituelle, intellectuelle, imaginative. On pourrait aussi évoquer, sur une racine grecque cette fois, le mot Génie : cette capacité à engendrer, à générer, à créer.

Aux côtés du mot Puissance, il y a le mot Volonté (Will en allemand). Le Vie n'est pas affaire de soumission, de fatalité, d'asservissement ; elle exige la volition. Vouloir, c'est affirmer une liberté essentielle. Il ne suffit pas d'inventorier  passivement les puissances que l'on porte en soi, encore faut-il vouloir activement qu'elles germent et poussent et deviennent des arbres puissants, fructueux, féconds.

La Volonté de Puissance est tout entière incarnée dans le Dieu Dionysos, le Dieu vivant, le Dieu de Vie, le Dieu des bacchanales, le Dieu ami d'Artémis, le Deux-fois-né, l'Initié autrement dit.

Que puis-je espérer ?

Le Surhumain, répond Nietzsche ! Le Surhumain, c'est ce qui dépassera l'humain, au sein même du monde de la Vie. L'humain doit être surpassé, dit Nietzsche. Tout ce qui est "humain, trop humain" doit être dépassé. L'humain est un pont entre l'animalité et la surhumanité. Un pont au-dessus d'une abîme. Comme un saut évolutionniste, comme un effet de seuil, comme ce saut immense réussi par l'algue bleue qui franchit le gouffre séparant le minéral du végétal, séparant l'inerte du vivant, la Matière de la Vie.

Le gouffre qui est ouvert sous l'humain, est du même acabit : il sépare l'animal du mental, le vivant du pensant, la Vie de l'Esprit. Là, Nietzsche rejoint Hegel et anticipe Bergson et Teilhard de Chardin qui lui doivent beaucoup.

De quelle nature sera ce saut qualitatif immense dans l'histoire de la Vie sur Terre ? Sera-ce une mutation génétique ? Sera-ce une mutation épigénétique ? Sera-ce une mutation paradigmatique ? Qui peut le dire ?

Mais qu'importe : le chemin est là, tracé, incontournable : l'animal humain, pour devenir pleinement homme, doit dépasser l'humain et préparer le Surhumain. Le nietzschéisme est un antihumanisme, en ce sens que, au contraire de Protagoras d'Abdère qui décréta que : "l'homme est la mesure de toute chose", Nietzsche expose que l'homme n'est la mesure de rien et ne prend sens et valeur qu'au service de ce qui le dépasse. En l'occurrence, l'avènement du Surhumain.

Cette mission est éminemment aristocratique. Elle ne concerne que le petit nombre. La populace ou la plèbe - pour user du vocabulaire nietzschéen - ne sont pas concernées par cette mission aristocratique. Leur seul moteur est le Panem et circenses, la médiocrité de l'animal humain, incapable d'assumer l'homme qui est peut-être en lui.

Que puis-je aimer ?

L'Amor Fati, répond Nietzsche ! L'Amour du Destin. En une phrase lumineuse, inspirée par Pindare, Nietzsche résume la chose : "Deviens ce que tu es et fais ce que toi seul peux faire" ! Il ne s'agit pas de fatalisme. Il n'y a aucune fatalité. Mais tout n'est pas possible ! Chacun porte en lui une petite provision de potentialités. Et rien d'autre. Celui qui devient ce qu'il est c'est-à-dire qui réalise ses potentiels, au gré des rencontres avec les opportunités de la Vie, celui-là est libre et joyeux, possesseur du "Gai Savoir". Le Destin est ce que l'on porte de possibles en soi. Il faut aimer son Destin. Il faut aimer, assumer, cultiver la seule chose qui soit notre réelle identité, notre réelle vocation :  accomplir tout ce que l'on porte en soi. Cette liberté-là est un devoir. C'est le seul devoir. Tout le reste n'est que "moraline" et bien-pensance bourgeoise. On ne choisit pas son Destin - ni son identité, ni sa vocation profonde -, mais on peut et doit choisir de l'assumer et de l'accomplir bien. On ne choisit pas le rôle dans la pièce, mais on choisit le jeu d'acteur. Peu importe ce qu'il y a à faire, pourvu qu'on choisisse de le faire bien, de le faire pleinement, de le faire impeccablement.

Refuser son Destin, c'est refuser ce que l'on est et ce que l'on devient et peut devenir. C'est choisir le phantasme et l'illusion. C'est choisir de vivre une vie qui n'est pas la sienne. C'est choisir d'être un autre, d'essayer de devenir un autre. C'est choisir de se détruire soi-même au nom de chimères. Et ces chimères, précisément, ce sont les idoles des idolâtres. Ce sont les faux dieux : les idéaux. "Idole" et "Idéal" sont le doublet d'une même racine grecque : Eidos, l'apparence.

Et au-delà de l'Amour du Destins, se cache l'Amour du Réel, c'est-à-dire de la Vie. La Vie réelle. La Vie du Réel. La Vie telle qu'elle est et telle qu'elle va. Chacun devrait hurler le "Grand Oui à la Vie !", le grand Evohé des dionysiaques. La Vie ! "Dieu est mort", dira Nietzsche. Mais le grand Pan n'est pas mort ! Mais Dionysos ressuscite. Ce Dieu qui est mort, c'est le Dieu du christianisme, le Dieu des monothéismes, le Dieu personnel, créateur et maître du monde de la Vie, enfermé et prisonnier dans son monde de la Perfection. C'est cette idée de Perfection qui est morte. Alors, il ne reste plus que ce monde-ci, sans arrière-mondes, sans idéalité, sans idéalisme, sans idéologie. Il ne reste plus que le monde de la Vie !

De la Vie vivante qui vit et qui se vit. Car Nietzsche est aussi le philosophe de l'antiphilosophie, le philosophe qui dit que rien n'est à dire et que tout est à vivre. "Vis la Vie en vivant ta vie", pourrait aussi être une expression du cri nietzschéen. Nietzsche a pourfendu tous les systèmes philosophiques et métaphysiques, non qu'il ne soit point philosophe ou métaphysicien même,  mais parce qu'il refuse d'enfermer la Vie dans un discours, quel qu'il soit. La Vie se vit et ne se dit pas. Et lorsqu'on prend la risque d'en dire quelque chose, que ce soit alors selon les modes de l'aphoristique et du poétique, loin des ratiocinations académiques. La Vie ne se raisonne pas ; en revanche, il faut résonner avec la Vie.

Les langages humains sont bien trop étroits pour prétendre enfermer la Vie dans leurs discours. En cela, Nietzsche, mine de rien, se rapproche aussi des grands mystiques !

 

  1. La Franc-Maçonnerie n’existe souvent plus aujourd’hui qu’à travers des loges laïques, athées et matérialistes qui rassemblent en fait des membres influents de la société désireux de former un lobby plus ou moins occulte. Mais c’est oublier à quel point la Franc-Maçonnerie traditionnelle était (ou est encore dans certaines loges) imprégnée du patrimoine culturel antique, et forma des personnalités aussi diverses que Goethe ou Proudhon, tous inscrits dans une filiation qui remonte en fait d’Héraclite à Nietzsche. Là encore, pouvez-vous nous dire quels aspects de la Franc-Maçonnerie puisent le plus directement à vos yeux dans les sagesses anciennes ? Quelles convergences peut-on établir entre ces corps doctrinaires différents, mais néanmoins apparentés ?

 

Il faut d'abord faire une mise au point cruciale pour sortir - je l'espère, définitivement - de l'impasse maçonnique franco-française. De quoi s'agit-il ? Du principe de Régularité maçonnique universelle. Sans trop entrer dans les détails historiques, pourtant essentiels si l'on veut y comprendre quelque chose, disons ceci. La Franc-maçonnerie moderne est née au 17ème siècle dans le dernier pays où les corporations de bâtisseurs étaient encore vivantes : les îles britanniques, spécialement en Irlande, en Ecosse et à York, avec quelques Loges moribondes de ci de là, notamment à Londres et Westminster où se fonda, par désespoir et désir de résurrection, la Grande Loge de Londres entre 1717 et 1723. Cette Grande Loge de Londres s'établit sur des principes "modernes" (les Moderns) qui furent rapidement combattus et éliminés par les Loges traditionnelles d'Ecosse, d'Irlande et de York (les Ancients), mais qui essaimèrent très vite en France et Belgique, puis en Allemagne, en Suisse et en Suède. En gros, les Ancients préservaient la vision spirituelle et rituelle héritée des constructeurs de cathédrales, alors que les Moderns cultivaient les valeurs mondaines de ce qui deviendra les "Lumières". En Grande-Bretagne, ces innovations modernes furent assez vite tuées dans l'œuf. Mais le mal était fait et la "voie substituée" avait déjà contaminé d'autres pays.

En France, la révolution parisienne de 1789, força la majorité des Francs-maçons français (presque tous des nobles ou de riches bourgeois) à fuir et à se réfugier qui en Allemagne, qui en Angleterre, où ils réintégrèrent la Franc-maçonnerie traditionnelle.

Tout dérapa avec Napoléon Bonaparte qui, constatant que les élites françaises avaient fui la "révolution", fit revenir les Francs-maçons en leur promettant la liberté de réunion en échange d'une allégeance totale au pouvoir impérial. Une part des Francs-maçons français acceptèrent et vinrent faire amende honorable devant le pouvoir sous la férule d'un "Grand Maître" de pacotille, frère de l'Empereur et d'un laquais de l'Empire : Cambacérès. Le Grand Orient de France, à la botte de la dictature napoléonienne était né. L'union sacrée entre la pseudo maçonnerie française et la politique était ainsi scellée. De là, les organisations pseudo maçonniques qui sévissent encore : le Grand Orient de France, le Droit Humain et quelques autres "obédiences" qui ne sont reconnues par personne et qui sont officiellement désavouées par toutes les Grandes Loges régulières du monde. Pour les vingt millions de Francs-maçons dans le monde, les membres de ces organisations irrégulières, rongées de politique, de laïcisme, d'humanisme, d'idéologie et d'affairisme, ne sont pas des Francs-maçons. C'est aussi simple que cela.

La Franc-maçonnerie traditionnelle, régulière et universelle a une vocation exclusivement spirituelle et initiatique, et ne peut ni ne veut accepter la moindre interférence avec les mondes religieux, politiques ou économiques. La Franc-maçonnerie régulière et traditionnelle, en France, s'incarne exclusivement dans la Grande Loge Nationale Française (GLNF) ; tout le reste n'est pas de la Franc-maçonnerie. Dont acte !

 

D'un point de vue spirituel, la Franc-maçonnerie régulière universelle est l'héritière, en droite ligne, des Sociétés des Maçons libres qui naquirent sur les chantiers romans et fleurirent sur ceux des cathédrales gothiques. Elle possède des racines essentiellement chrétiennes qui se sont enrichies, chemin faisant, d'inspirations kabbalistes, rosicruciennes, templières, etc …

La Franc-maçonnerie traditionnelle, régulière et universelle pratique exclusivement des rituels qui ont été mis en forme et début du 18ème siècle (sur la base de catéchismes beaucoup plus anciens) et qui constituent le fil rouge initiatique de la progression spirituelle des Francs-maçons. Il ne se passe rien d'autre, en Loge : ni conférences, ni débats, ni résolutions. Laissons cela aux officines partisanes, aux cafés du commerce ou aux écoles du soir.

L'essence profonde de la Franc-maçonnerie, c'est-à-dire la logique interne qui régit l'accomplissement de l'Ordre maçonnique, partout dans le monde, est la reconstruction spirituelle et intérieure du Temple de Salomon, selon les plans décrits dans la Bible hébraïque qui doit donc se trouver au centre de la Loge et de ses travaux. Cette reconstruction se fait "à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers" qui symbolise non pas un principe d'autorité qui gouvernerait l'univers, mais bien le principe de cohérence, transcendant et immanent, qui engendre cet univers vivant dans lequel travaillent les initiés. L'architecte garantit la cohérence de l'édifice et du travail sur le chantier.

L'écossisme du Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui est une des branches spirituelles de la Franc-maçonnerie, est probablement la plus proche d'un naturalisme spiritualiste tel qu'évoqué plus haut. Le Rit (sic) Ecossais Rectifié, lui, est plus christique et théiste.

Tous ces rites cohabitent en parfaite harmonie et fraternité.

La Franc-maçonnerie régulière universelle veut se placer, spirituellement et philosophiquement, au-delà et au-dessus des diverses traditions spirituelles et religieuses, laissant à chaque initié la totale liberté d'aller s'abreuver aux sources de son choix. L'initiation maçonnique pose le Divin au-delà de l'humain (elle n'est donc pas un "humanisme"), mais laisse à chacun la totale liberté de "définir" son Divin. Ce qui rassemble les Francs-maçons, ce n'est pas la définition du Divin, mais le cheminement initiatique et rituel vers ce Divin, quel qu'il soit. Les rites maçonniques sont le balisage d'un chemin vers le Divin, vers la divinisation de l'homme initié.

On le comprend donc facilement : la Franc-maçonnerie traditionnelle, régulière et universelle se définit comme une aristocratie initiatique et spirituelle qui n'a que faire des gesticulations sociétales et mondaines, politiques et économiques, qui animent tant le monde profane.

Mars 2017