Vous avez dit démocratie ?
La démocratie grecque est une gouvernance POUR le peuple, exercée soit par un tyran, soit par une oligarchie aristocratique désignée par cooptation ou par tirage au sort.
La démocratie moderne est une gouvernance PAR le peuple, qui est soit directe, soit représentative c'est-à-dire élective au suffrage sélectif ou au suffrage universel.
Lorsqu'en Europe - sauf en Suisse -, on parle de "démocratie" sans plus, on ne parle en fait que d'une démocratie moderne, par le peuple, représentative et élective au suffrage universel ; on ne parle donc que du seul type de démocratie qui ne fonctionne pas et qui, inéluctablement, dégénère en démagogie électoraliste, clientéliste, étatiste, népotiste et court-termiste !
Seuls 27% des Européens (Eurobaromètre - automne 2012) font encore confiance à cette démocratie-là et aux gouvernements qui en sont issus.
Aujourd'hui, en 2017, ce taux doit être encore beaucoup plus bas.
Nos contemporains rejettent massivement l'establishment politique et ses caciques professionnels (et, plus encore, les partis qui les promeuvent).
L'idée centrale est celle-ci : quels que soient les votes exprimés (et il y en a de moins en moins), on prend les mêmes et on recommence la même chose, ad nauseam … on recommence les mêmes guéguerres hystériques, les mêmes faux débats, les mêmes tricheries statistiques, les mêmes tambouilles médiatiques, les mêmes magouilles nauséabondes, les mêmes "petits meurtres entre amis", les mêmes prébendes et passe-droit, les mêmes gabegies financières, les mêmes copinages avec les uns et les autres, les mêmes incuries incompétentes, les mêmes mépris pour les citoyens, les mêmes dénis de réalité, etc …
Les deux grands critères qui portent la vie politique sont l'efficacité dans l'action et la légitimité dans la représentation. Ces critères de bonne santé politique sont aujourd'hui tous deux gravement et irréversiblement bafoués depuis que la démocratie théorique est devenue, inéluctablement, une démagogie pratique.
Si l'on ajoute à tout cela que les idéologies qui s'affrontent dans les urnes, à gauche comme à droite ou ailleurs, sont toutes des momies héritées de la fin du 19ème siècle … et que l'on est dans un 21ème siècle où les enjeux réels et les clivages réels des sociétés n'ont plus rien à voir ni avec la lutte des classes : le bourgeoisisme ou le socialisme, ni avec les doctrines économiques : le capitalisme ou l'étatisme, ni avec les agitations névrotiques : l'anarchisme ou le cléricalisme, ni avec les crispations nationalistes ou internationalistes.
Tous ces débats sont singulièrement obsolètes face au monde numérique, pénurique, psychotique et mosaïque qui est le nôtre.
Alors ?
Alors, il est temps de faire face à cette mutation paradigmatique qui est là et qui réclame la fin des Etats-nations, la fin des appartenances géographiques, la fin des bureaucraties, la fin des pyramides hiérarchiques, la fin du fonctionnariat, du salariat, des syndicats, du patriarcat.
Marc Halévy, veille des "élections" présidentielles françaises.