Ethique et équité économiques
Le Nobel d'économie en 1976, Milton Friedman (conseiller économique de Ronald Reagan jusqu'en 1988) et son école de Chicago (portés par la "culture" américaine du "first of all, make money") ont théorisé, légitimé et propulsé la financiarisation de l'économie. Ils ont mis l'économie au service de la finance c'est-à-dire des profits, des dividendes, de la spéculation et de la capitalisation boursières.
Une fois de plus, il faut tempêter : ce financiarisme n'a rien à voir avec le libéralisme qui, lui, refuse seulement de mettre l'économie au service de l'Etat.
Et revient la sempiternelle question irrésolue : au service de quoi l'économie (en général, au niveau "macro") et l'entreprise (en particulier, au niveau "micro") doivent-ils être mis ?
Autrement, cette demande revient à fonder une axiologie et une éthique économiques.
Tout système économique repose sur six ressources qui doivent être dûment et justement rémunérées si l'on veut atteindre une certaine pérennité : la ressource matérielle (matières, matériaux, énergies, fluides, matériels fournis en amont), la ressource financière (capital, dettes et les risques y afférents), la ressources commerciale (clients, prospects, renommée, image, visibilité, notoriété), la ressource humaine (talents, compétences, engagements, courage), la ressource informationnelle (accès aux données et informations contextuelles ou ) et le ressource technologique (systèmes mécaniques et numériques d'appui à la production et à l'optimisation).
Mais, en arrière-fond de ces ressources immédiates, il existe deux ressources "médiates" qui doivent aussi être rémunérées : la Nature (qui fournit les ressources primaires) et la Société (qui fournit des infrastructures : des réseaux de communication, des systèmes éducatifs et de recherche, des systèmes de santé ; et qui garantit la paix intérieure et extérieure nécessaire pour que l'économie puisse produire de la richesse (pas seulement financière) en toute sérénité).
Il y a donc huit sources à rémunérer équitablement, et non une seule comme le préconisent les idéologies simplistes comme le sont le socialisme (l'Etat), le mercantilisme (le Marché), le gauchisme (les "Travailleurs"), le financiarisme (les Financeurs), le numérisme (le Data-Business), le technologisme (les Inventeurs-Ingénieurs), l'écologisme (la Nature), etc.
Il y a enfin une neuvième et dernière ressource qu'il faut nourrir à longueur de temps : la Joie intérieure … c'est-à-dire la capacité, pour chacun des membres du système, qu'il soit macro- ou microéconomique, d'y trouver du plaisir, de la fierté, de l'accomplissement personnel, du lien communautaire, de l'enthousiasme et de la passion.
A tout cela, il faut encore ajouter la "poire pour la soif", la "liasse sous le matelas", bref : la "réserve" pour faire face aux coups durs …
Face à ces dix dimensions, toute aussi nécessaire les unes que les autres, il faut sortir impérativement du OU exclusif et opter pour le ET inclusif. Il ne s'agit pas de faire des choix ou de privilégier ceci ou cela ; il s'agit de mettre en place un système vivant d'équité optimisée.
La grande question qui reste est celle-ci : qui va décider des clés de répartition ? Il y a deux réponses possibles : l'Etat par la Loi collective (l'étatisme avec ses diverses variantes idéologiques) ou chaque système par son éthique propre (le libéralisme).
Partout où l'étatisme a sévi, partout ce fut catastrophique pour une raison simple : la propension naturelle de tout étatisme est le totalitarisme c'est-à-dire la mécanisation de l'économie et, donc, son blocage face à des mondes complexes.
L'option libérale est donc la seule possible … tout en sachant qu'il y aura des tricheurs, des menteurs, des voyous, des arnaqueurs, etc. … mais moins qu'en politique où les courses aux pouvoirs sont bien plus terribles et sans foi ni loi !
Marc Halévy
Le 13/03/2018