La cause et l'effet
Pour les systèmes mécaniques, la cause détermine l'effet. Soit. Mais pour les systèmes complexes, les choses s'inversent, en quelque sorte : le "terrain", s'il est propice à recevoir cette "cause", va donner, peut-être, cet effet. C'est le "terrain" qui est déterminant, bien plus que la "cause" qui n'est qu'un déclencheur éventuel de l'effet.
Soit une "cause" : tel microbe. Soit un effet : telle maladie. La cause réelle de la maladie est la faiblesse du "terrain" ; le microbe n'en est que le déclencheur.
Quelqu'un attrape un rhume non pas parce que le virus du rhume est là - si tel était le cas, tout le monde attraperait ce rhume -, mais bien parce que sa faiblesse physiologique le rend vulnérable à ce virus.
En conséquence, ce n'est pas le virus qu'il faut combattre, mais bien la vulnérabilité des systèmes ; c'est là, par exemple, une grande différence entre la médecine occidentale (qui attaque les maladies) et la médecine chinoise (qui renforce préventivement les êtres tant physiologiquement par la diététique et la gymnastique, que psychologiquement par l'art et la concentration).
On peut aisément transposer ces vues à n'importe quel système complexe en parlant de vulnérabilité intrinsèque (ou faiblesse), de déclencheur (ou agent pathogène) et de dysfonctionnement global (ou maladie).
Ainsi, le terrorisme (la maladie) porté par des déclencheurs (les salafistes) n'affectent une société (le système) et n'y prolifèrent que si le terrain de cette société (sa physiologie) est minée par des faiblesses endogènes et intrinsèques.
Ainsi, le djihadisme est présent et actif partout dans le monde, mais seuls quelques pays - dont la France - nourrissent sa prolifération pathogénique du fait de ses propres tares (le socialo-gauchisme, le social-étatisme jacobin, le remord colonialiste, le boboïsme, le laïcisme, etc.).
Ce n'est donc pas le salafisme qu'il faut combattre (il n'est qu'anecdotique et ne "pèse", en fait, que quelques centaines de crétins fanatisés), mais c'est la bonne santé socioéconomique du pays qu'il faut rétablir, en éliminant ses faiblesses endémiques.
La bonne santé est endogène. Celui qui est faible est lui-même responsable de sa propre faiblesse. S'il tombe malade, ce n'est pas la faute du microbe ; c'est la sienne.
Marc Halévy, Le 20/02/2017