Pouvoir, Autorité et Foi : pour reconstruire l'Europe
Hannah Arendt (in : "La crise de la culture") a eu raison de revivifier la distinction romaine entre potestas et auctoritas, entre le Pouvoir et l'Autorité.
On détient un Pouvoir, mais on fait Autorité.
On le sait par ailleurs, pour que la gouvernance d'un système complexe puisse être complète, il faut un troisième pilier : celui de la Foi (en un avenir voulu et construit).
Le malheur de nos sociétés européennes actuelles veut que l'Autorité et la Foi en aient disparu, par volonté nihiliste de la Modernité, et qu'il ne reste plus qu'un Pouvoir de pacotille qui tourne en rond autour de son nombril.
Le Pouvoir pour le Pouvoir (c'est le moteur de la carrière politicienne des pitres qui nous gouvernent) est une absurdité aussi ridicule que l'Argent pour l'Argent, que la Religion pour la Religion, que l'Etat pour l'Etat ou que l'Homme pour l'Homme.
L'Europe doit se reconstruire une Foi c'est-à-dire un Projet supérieur au principe duquel chacun puisse s'identifier et au service duquel chacun puisse se dédier (sauf une sempiternelle minorité d'environ 23% qui, quel que soit le Projet, s'y opposera, voire le sabotera - aujourd'hui, en France, ce sont les bobos socialo-gauchistes qui lisent le Monde ou Libé et adulent Mediapart et consorts).
Quel Projet ? Celui de construire une Europe fédérale et intégrée, débarrassée de tous les nationalismes (mais non des cultures nationales), qui puisse vivre librement, selon ses propres principes et valeurs, qui puisse offrir la joie et la paix pour tous ses ressortissants, qui puisse construire une prospérité frugale et une fécondité intellectuelle, respectueuses de la Nature, au service de la Vie et de l'Esprit.
L'Europe doit se reconstruire une Autorité c'est-à-dire un socle de Valeurs spirituelles et éthiques (dérivées d'une Identité retrouvée), incarné par quelques textes ou personnages au-dessus de tout soupçon auxquels chacun puisse se référer et se ressourcer.
Ce socle est, historiquement et sociologiquement, un judéo-helléno-christianisme aujourd'hui quasi totalement laïcisé et très éloigné, pour la plupart, d'un quelconque Dieu personnel globalement moribond, … Mais ce socle est solidement ancré dans les principes bibliques, dans les philosophies grecques et dans les préceptes évangéliques, épurés de toute considération religieuse. L'Europe est l'héritière de Moïse, de Socrate et de Jésus.
A ces deux conditions, l'Europe pourra reconstruire ses outils de Pouvoir au service de sa Foi et sous le contrôle de son Autorité.
Elle pourra alors s'affirmer pacifiquement et sereinement, face au monde et tisser, avec lui, des relations utiles (du point de vue du Pouvoir), vraies (du point de vue de l'Autorité) et pures (du point de vue de la Foi).
Marc HAVELY, 7/2018