Histoire d'un siècle : Le nihilisme du 20ème siècle (1918-2050)

L'histoire humaine est aussi - mais pas seulement car elle a d'autres dimensions - une concaténation de cycles.

On y trouve des cycles civilisationnels d'environ 1650 années : le cycle antique de -1250 à 400 et le cycle chrétien de 400 à 2050.

On y trouve aussi des cycles paradigmatiques d'environ 550 ans : hellénité (-700 à -150), romanité (-150 à 400), chrétienté (400 à 950), féodalité (950 à 1500) et modernité (1500 à 2050).

Et on y trouve, enfin, des cycles conjoncturels qui sont des séries de trois cycles de 11 années (cette durée de 11 ans correspond au cycle de l'activité solaire et des éruptions chromosphériques).

Ces trois cycles liés se succèdent toujours dans le même ordre : le premier est "génial", le deuxième est "délirant" et le troisième est "catastrophique".

Par "génial" il faut entendre qu'après un cycle catastrophique qui le précède, ce cycle nouveau cultive l'inventivité et la créativité dans tous les sens : il en sort, en général, une belle quantité d'innovations (pas toujours de très belle qualité …) qui enclenchent de nouvelles tendances, un nouvel art de vivre, de nouvelles grilles de lectures du monde.

Par "délirant", il faut entendre que, systématiquement, une euphorie liée aux succès du cycle "génial" qui précède, amène les humains se prendre pour le phénix et continue sur la lancée "géniale" mais dans la démesure, dans l'orgueil, dans le n'importe-quoi …

Enfin, par "catastrophique", il faut entendre que les délires accumulés pendant le cycle qui précède, engendre des tensions de plus en plus insoutenables qui induisent des crises de diverses natures ; il faut alors "digérer" ces tensions et "manger les couleuvres".

Si, avec les historiens, nous faisons de la fin de la première guerre mondiale le vrai démarrage du déclin de la modernité et de l'installation du nihilisme comme fondement du 20^ème siècle, ce long siècle de 132 ans qui va de 1918 à 2050, se subdivise en douze cycles de 11 ans et donc en quatre triples cycles de 33 ans.

Les quatre tableaux suivants reprennent cette structure typologique de l'histoire du 20^ème siècle.

Les trente Fumeuses.

Les trente Fumeuses représentent, globalement, une période de "libération" des normes politiques, sociales, scientifiques et artistiques de la modernité. En gros, l'ennemi, c'est le bourgeoisisme du 19^ème siècle.

Cet anti-bourgeoisisme alimentera, à la fois, dans la perspective politique, les idéologies socialistes (socialisme, communisme, nazisme, fascisme) ; dans la perspective noétique, la remise en cause fondamentale des cadres, normes et modèles classiques ; et, dans la perspective économique, la démocratisation de l'entrepreneuriat et des activités boursières.

Les trente Glorieuses.

Les trente Glorieuses voient le triomphe progressif du modèle américain (méthodes, "culture", technologie, management, business, "valeurs", "any way, make money", fast-food, "Déclaration universelle des droits de l'homme", …) qui, étape par étape, conquiert le monde entier à coups de dollars, d'audiovisuel (musique, cinéma, radio, télévision, publicité, …) et de GI (Corée, Vietnam, Afghanistan, …).

Cette période voit aussi, en suite aux décolonisations, l'émergence d'un tiers-monde qui, en Afrique au moins, s'effondre rapidement et s'enlise dans l'inefficience, la corruption et la vente des patrimoines naturels aux plus offrants, et qui consacre la montée du salafisme musulman, financé par l'Arabie saoudite grâce à l'argent du pétrole.

Les trente Piteuses.

Les trente Piteuses voient l'explosion de la révolution numérique qui, peu à peu, gagne tous les terrains de l'activité humaine, avec des puissances de calcul, de traitement de données et de connexion inimaginables ... mais aussi avec une évident propension à amplifier la crétinisation du monde humain, notamment au travers de ces poubelles de l'esprit que sont les "réseaux sociaux".

Mais cette révolution numérique (avant tout américaine, mais rapidement mondialisée) ne doit pas occulter d'autres mouvements essentiels : l'européanisme (et la radicalisation progressive de ses opposants), l'écologisme (malheureusement phagocyté par des idéologies gauchistes), le libertarisme (sous différentes formes toutes plus ou moins communalistes et anti-étatistes) et l'insurrectionisme plus ou moins violent (retro-activismes).

Les trente fumeuses.

Ce qu'il est dit ici concernant la période des trente Ruineuses est évidemment conjecturel. Il convient, néanmoins, de justifier l'appellation de "ruineuses".

En fait, non seulement, la mutation paradigmatique "ruinera" (enfin et heureusement) le paradigme de la modernité, ses "idéaux", ses "valeurs", ses "idéologies", ses "modèles" et ses "méthodes". Mais, surtout, cette période sera ruineuse du fait de l'effondrement écologique et des pénuries en ressources matérielles qui en résulteront. Cette ruine écologique ne sera que la conséquence directe et quasi inéluctable du crétinisme humain qui, par stupide auto-aveuglement, refusera, jusqu'à la dernière minute, de sortir de ses addictions consommatoires.

Il sera bien difficile de croire qu'un changement radical des modes de vie soit possible à l'échelle planétaire. Pourtant, tous les éléments en sont connus : passage au "moins mais mieux", passage du quantitatif au qualitatif, passage de l'extériorité à l'intériorité, passage de la "croissance économique" à la "santé économique".

Marc HALEVY,  10/2/2019