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Les mystères et chemins de la Mézouzah …

Le méditation zoharique du jour …

A l'extérieur de ma mézouzah, est écrit le mot trilitère ShaDaY (valeur guématrique : 314 à le Huit de l'Alliance) qui signifie "champêtre" ou "démonique" et qui renvoie, sur ces deux chemins, aux forces de la Nature. El Shaday est le nom de Dieu qui correspond au Fondement de l'Arbre de Vie et qui fonde, précisément, le sens de la Vie : l'Accomplissement. El Shaday nourrit, à lui seul, le Royaume de la Présence immanente du Divin dans le monde de la manifestation et de l'apparence où se débattent les esprits humains profanes. Dans ce Royaume de la manifestation et de la Présence divine, rien ne prend sens sans la claire conscience que tout ce qui existe, n'existe que comme contribution à l'accomplissement en plénitude du Divin, par l'accomplissement de soi et de l'autour de soi. Shaday symbolise toutes les forces qui contribuent à l'accomplissement des parties au service de l'accomplissement du Tout-Un.

A l'intérieur de la mézouzah, sont glissés deux parchemins (ou deux extraits du texte deutéronomique sur le même parchemin). Pourquoi deux extraits ? Pour rappeler les deux Tables de la Loi. Pour rappeler la déchirure de l'Unité au deuxième jour de la Genèse : la séparation des eaux d'en-haut d'avec les eaux d'en-bas introduit une bipolarité modale (et non une dualité ontique) au sein de l'Unité essentielle originelle (que l'on peut assimiler, en physique complexe, à la bipolarité entre la propension entropique et la propension néguentropique ; les deux moteurs de l'évolution cosmique).

Le premier extrait (Deut.:6;4-9) commence par : Sh'm'a Isra'ël, "Entends Israël" … et il parle de la suprême et radicale Unité divine. L'unité s'entend, mais ne se voit pas. Elle s'entend au sens musical : l'unité musicale d'une œuvre se traduit par son harmonie : chaque son a sa juste place en relation et interaction avec tous les autres. L'unité divine est un symphonie cohérente où tout résonne en cohérence avec tout le reste. L'image vient alors d'un Réel non pas comme une chose matérielle, mais comme une masse vibrante où tout interfère et résonne avec tout, selon les règles de l'harmonie ; cette image assez proche de celle que se font certains quanticiens.

Petit intermède sémantique pour mieux comprendre le commentaire suivant : les verbes "être" et "avoir" n'existent pas en hébreu. Par exemple, pour dire : "J'ai ce livre", on dit : "Ce livre est pour moi". Quand à la copule, elle n'apparait pas ; pour dire : "Je suis un homme", on dit : "Moi homme". En revanche, l'idée d'une "existence" existe bel et bien car le mot Ysh signifie : "existence, réalité, il-y-a" et a donné, précédé d'un alèf non prononcé, 'Ysh (valeur 311 donc 5 : vérité) qui signifie la personne humaine masculine et Yshah (valeur 315 donc 9 : accomplissement), qui signifie la personne humaine féminine. La Femme est l'Accomplissement de la Vérité enfouie dans l'Homme.

Le second extrait (Deut;:11;13-21) commence par : "Et il advint, si entendre vous entendez …". A nouveau il s'agir d'entendre et non de voir. Et d'entendre l'énoncé des treize délices de la Terre promise, du Jardin d'Eden retrouvé, de l'accomplissement de la Promesse. Mais c'est le premier mot "Et il advint" qui nous intéresse ici. Ce premier mot hébreu est : WHYH, qui est le parfait anagramme du Nom divin, du tétragramme YHWH. Ces deux anagrammes proviennent du même verbe trilitère HYH qui signifie "devenir, advenir" (et non pas "être" comme certaines traductions s'obstinent à le dire).

Par exemple, la grande révélation métaphysique faite devant le buisson ardent (Ex.:3;14) est : "Je deviendrai ce que je deviendrai" ; affirmation de totale liberté, créatrice continûment de soi, sans plan ni finalité, éternel présent construit sur les mémoires du passé, selon des lois de cohérence qui ont pour mission, non de brider les audaces et les inédits, mais d'empêcher l'édifice global de s'effondrer.

Mais revenons à l'anagramme entre YHWH et WHYH …Il est facile de calculer que ces quatre lettres, dont deux sont identiques, sont susceptibles de 12 combinaisons différentes ; ce qui, immanquablement, renvoie aux douze mois de la année, aux douze maisons zodiacales et aux douze tribus profanes (la treizième tribu des Lévy étant sacerdotale et n'ayant pas droit à quelque patrimoine matériel que ce soit) …

Ce tétragramme renvoie aussi vers un autre : celui de la grande révélation métaphysique : "Je deviendrai", 'AHYH (ahyèh) qui est un autre Nom tétragramme du Divin. Entre ces deux tétragrammes qui contiennent tous deux les deux le H et le Y, une seule différence : le A se mue en W et réciproquement.

  • A ('alèf) possède la valeur 1 qui pointe vers l'unité absolue, l'Un ; dans la révélation mystique, le Divin se pose d'abord comme Unité. L'Unité est la Couronne (Kétèr) tout en haut de l'Arbre de Vie, première (1) Séphirah.
  • W (waw) possède la valeur 6 qui pointe vers la Beauté et l'Harmonie (symbolisée par les six sections de la Mishnah et du Talmud, censées piloter l'harmonie de la vie dans les communautés juives de la diaspora). L'Harmonie est la Beauté qui est la sixième (6) Séphirah de l'Arbre de Vie.

Si l'on prend les deux tétragrammes divins : YHWH et AHYH, que l'on ne garde que les quatre lettres différentes qui les composent, et qu'on les classe par ordre alphabétique, on obtient le Nom de Dieu réputé être le plus secret, le plus mystique : la vraie Parole perdue, en somme … Ce tétragramme nouveau est : AHWY dont la valeur guématrique est 22 soit les 22 lettres de l'alèf-beyt hébreu. Ce nombre 22 pointe lui-même vers le chiffre 4 (2+2 et 2x2) qui propose deux significations :

  • Le 4 est le chiffre de la réalité du Réel : le Divin est le Réel et le Réel est le Divin. Il n'existe rien d'Irréel ou de Surréel. Tout ce qui existe, existe dans le Réel et donc dans le Divin. Techniquement, la philosophie appelle cette doctrine le panenthéisme (Tout-en-Dieu). Pour l'homme, n'est visible et perceptible qu'une partie du Réel (et donc du Divin). La vocation de toute ascèse spirituelle authentique est d'élargir la champ de la conscience humaine, par des exercices adéquats, jusqu'à atteindre les confins du Sans-Limite, l'Eyn-Sof qui est la totalité du Réel dans toutes ses modalités et manifestations.
  • Le 4, dans la tradition juive, est aussi illustré par les quatre "Mères d'Israël", les épouses des trois Patriarches : Sarah (celle qui est la Princesse, épouse d'Abraham le "croyant"), Ribqah (celle qui rit, épouse de Isaac le "mystique"), Léah (celle qui est fatiguée) et Rachel (celle qui est la Brebis), toutes deux épouses de Jacob-Israël (le "théologien"). A elles quatre, elles symbolisent la matrice cosmique dont tout ce qui existe, émerge en un flot continu, toujours plus riche, toujours plus complexe, toujours plus miraculeux.

Ainsi, la petite mézouzah, votive et protectrice, qui est accrochée de guingois à la porte de ma maisonnée, porte, sur son extérieur, le symbole de toutes les forces fondamentales de la Nature qui nourrissent la Présence dans mon lieu de vie et contient, dans son intérieur, tout le mystère du Nom divin qu'il m'est donné d'entendre en Esprit si j'y prête profondément attention.

 

Marc Halévy

Physicien, philosophe et prospectiviste

Le 01/09/2019