Contre le Hezbollah, la légitime défense d'Israël
"Israël n'a pas encore trouvé la voie pour sortir du brasier de Gaza, au sud du pays, que pointe déjà, côté nord, l'enfer dont le Hezbollah le menace depuis un an. Étant donné les capacités militaires colossales de l'organisation terroriste chiite, le conflit qui se prépare au Liban risque de faire apparaître comme une simple escarmouche les hostilités qui ont ravagé ces derniers mois le territoire palestinien.
Depuis un an, la milice libanaise a tiré plus de 8 500 missiles, roquettes et drones sur Israël. Ce n'est là qu'une infime fraction de l'arsenal que la république islamique d'Iran lui a fourni. Tsahal, occupée à Gaza contre le Hamas, avait choisi jusqu'à présent de faire le dos rond face au Liban, se contentant de riposter au coup par coup. Plus maintenant.
Les forces de sécurité israéliennes viennent de renverser la table, en menant une série d'opérations aussi audacieuses qu'inédites contre le Hezbollah. Elles ont fait exploser des milliers de bipeurs et de talkies-walkies piégés, semant stupeur et confusion dans les rangs de l'adversaire. Elles ont éliminé une quinzaine de chefs militaires, décapitant les forces d'élite de la milice. Elles ont massé deux divisions à la frontière et bombardé les rampes de lancement de missiles dans le sud du Liban et la vallée de la Bekaa. Il s'agit, a minima, d'une tentative de restaurer la puissance de dissuasion d'Israël ; ce peut être aussi le prélude à une opération d'ampleur pour repousser le Hezbollah au nord du fleuve Litani – limite que la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU impose depuis 2006 à la milice chiite, en vain.
Les belles âmes admonestent déjà l'État juif. Elles font valoir qu'il n'existerait pas de solution militaire à ce conflit. Elles prétendent que les opérations de contre-terrorisme menées avec des engins piégés seraient illégales au regard du droit international humanitaire. Le débat mérite d'être ouvert, mais sur des bases factuelles correctes. Il convient d'abord de rappeler, inlassablement, qu'Israël est un État souverain et que, en tant que tel, il a le droit imprescriptible de se défendre lorsqu'il est agressé.
Ce fut le cas le 7 octobre 2023, lorsque les sicaires du Hamas ont massacré, violé, torturé et pris en otages des centaines d'Israéliens. Ce fut encore le cas le lendemain, 8 octobre, quand le Hezbollah a cru bon d'ouvrir le front nord, en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza. Ses actions ont contraint des dizaines de milliers d'Israéliens à quitter leur domicile pour se réfugier plus au sud. La défense d'Israël est d'autant plus légitime que, à l'instar du Hamas, le Hezbollah a des intentions génocidaires dont il ne se cache pas. Son chef, Hassan Nasrallah, à l'unisson de ses parrains iraniens, a parlé de l'État juif comme d'une « tumeur cancéreuse » qu'il faudrait extirper.
Avantage tactique
Quant aux opérations menées par le Mossad, elles sont conformes aux lois de la guerre. Elles se sont appuyées sur des instruments de communication utilisés à des fins militaires ; elles ont ciblé uniquement des miliciens du Hezbollah ; elles ont procuré à Israël un avantage tactique considérable, quasi sans pertes civiles. Les efforts déployés depuis un an par les États-Unis (et accessoirement la France) pour persuader le Hezbollah de retirer ses troupes de la frontière et de cesser de bombarder les localités israéliennes sont restés vains. Sans accord diplomatique, il ne reste que la voie militaire.
Pas plus qu'à Gaza cependant, Israël ne peut espérer au Liban autre chose qu'une victoire tactique. Le Hezbollah est trop puissamment armé, trop imbriqué dans la communauté chiite (un tiers de la population libanaise), trop infiltré dans l'État libanais, trop solidement soutenu par l'Iran pour pouvoir être éradiqué. Mais le précédent du 7 Octobre pèse. Israël se mord les doigts de ne pas avoir frappé à temps le Hamas. La crainte que ce cauchemar se répète un jour à sa frontière nord l'incite à porter des coups sévères au « Parti de Dieu ».
Début 2023, l'armée israélienne mentionnait pour la première fois, dans sa revue annuelle des risques stratégiques, la possibilité qu'elle puisse être un jour contrainte de mener une guerre multi-front contre l'Iran et ses milices supplétives dans la région, au Liban, en Irak, au Yémen, en Syrie… Il y a un an, les raids du Hamas ont fait passer ce scénario du statut d'hypothèse théorique à celui de possibilité tangible. Ces derniers jours, sa traduction concrète n'a jamais été si proche."
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