Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Cultiver son Jardin.

L'ataraxie en quelques mots …

La philosophie grecque antique a connu l'Académie des platoniciens, le Lycée des aristotéliciens, la Portique des stoïciens … mais aussi le Jardin des épicuriens, ce Jardin où Epicure enseignait les moyens de parvenir à l'ataraxie c'est-à-dire à la paix de l'âme, à l'absence de trouble intérieur.

Ce n'est pas tant l'atomisme et le matérialisme, tous deux obsolètes, d'Epicure qui m'intéressent, mais bien plus ce principe d'ataraxie, cette discipline (cette ascèse, donc, si l'on regarde l'étymologie grecque) pour cultiver sa paix intérieure.

 

Il ne s'agit pas d'indifférence. Evidemment. L'indifférentisme ("Rien ne vaut") et l'indifférencialisme ("Tout se vaut") sont des modes du nihilisme qui ne conduisent qu'au vide du cœur et à la mort de l'âme.

Bien au contraire, la paix intérieure permet d'assumer pleinement tout ce qui existe et tout ce qui arrive ; il s'agit, au fond, d'accepter et d'assumer le monde et la Vie tels qu'ils sont et tels qu'ils vont. Et ce n'est pas si difficile. Il suffit, en somme, de comprendre que c'est la Vie qui se vit en nous et que tout ce qui nous arrive peut devenir malédiction ou bénédiction selon le regard qu'on lui porte.

 

La souffrance – au contraire de la douleur physique qui, elle, est bien réelle – est une pure construction mentale : on se fait souffrir, on se rend malheureux. L'ataraxie invite à déconstruire ces constructions mentales qui nous empoisonnent l'existence.

Le plus souvent, la souffrance exprime un manque ou une jalousie : c'est le "je n'ai plus ce que j'avais" ou le "je n'ai pas ce dont j'ai envie" ou le "il a ce que je n'ai pas".

Lorsqu'on cultive son jardin intérieure, il faut commencer par arracher ces mauvaises herbes que sont les manques, les envies, les ressentiments.

 

Avant tout, il convient de se rappeler, chaque jour, que l'on ne récolte que ce que l'on sème. Retourner l'humus de l'humain. Sélectionner ses graines d'idées et de projets : pas trop si l'on veut que la plante grandisse bien, et ait son espace, son eau et sa lumière. Semer en bon ordre et jamais n'importe comment : il faut organiser sa vie car un tas ne fait jamais un tout, et une maison ne tient que si elle est architecturée. Ecarter les nuisibles (et Dieu s'il y en a parmi les humains), éviter les nocifs, éloigner les parasites. Tutorer en phase de faiblesse. Arroser en phase de sècheresse. Et récolter, enfin, tranquillement, avec gratitude pour la Vie, à la bonne saison, sous la "bonne lune", avec le bon outil (le sécateur pour la rose et le quatre-dents pour les patates). Et voilà tout !