Dieu.
La célèbre locution spinozienne : "Deus sive Natura" est bien plus subtile que ne le croit le panthéisme ordinaire.
Natura est le participe futur de nascor qui signifie "naître" ; Natura signifie donc "ce qui est en train de naître" ou "ce qui émerge".
Sive signifie "autrement dit" ou "ou bien".
Quant à Deus, à ma connaissance, Spinoza ne le définit clairement nulle part sauf dans "L'Ethique" où il écrit : "J'entends par Dieu un être absolument infini [il n'a donc aucune extériorité], c'est-à-dire une substance constituée par une infinité d'attributs dont chacun exprime une essence éternelle et infinie" ; en latin, Deus signifie indifféremment "Dieu" ou "Divinité" ou "Divin". Dieu, c'est le concept inconcevable qui englobe tous les autres concepts. Il est ce qui contient intégralement et unifie solidairement tout ce qui existe.
Le Dieu de Spinoza n'ayant aucune extériorité, tout et le Tout sont en lui. La spiritualité spinozienne est donc clairement un panenthéisme.
Mais elle est aussi un processualisme puisque "Deus sive Natura" signifie proprement : "Dieu, autrement dit ce qui émerge".
Dieu est ainsi en émergence ; Il est, en Lui-même et par Lui-même, le processus même de l'émergence ; Il s'accomplit en s'engendrant Lui-même ; Il advient à Lui-même et ainsi, comme un arbre, il "pousse" de l'intérieur en générant toutes ses branches, tous ses bourgeons, toutes ses feuilles, toutes ses fleurs, tous ses fruits et toutes ses graines. Son bois est la Matière. Sa sève est la Vie. Sa fractalité arborescente est l'Esprit. Il est le Réel.