Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

La Conscience.

Conscience : "Connaissance intuition ou sentiment (plus ou moins clair, plus ou moins net) qu'un sujet possède de lui-même de ses états et de ses actes. Capacité de porter ou de formuler des appréciations morales, des jugements éthiques sur le bien et sur le mal." (définitions données par Jacqueline Russ)

Ces définitions sont mièvres et douteuses. Kant, Hegel vont dans un meilleur sens : la conscience n'est ni une chose, ni un état, ni une faculté, etc … La conscience est un processus qui s'enclenche dès lors qu'apparaît une tension forte entre la réalité et la représentation que l'on s'en est faite.

On prend conscience (on n'a pas conscience et on n'est pas conscient ; et l'on perd conscience dès lors que le pont entre le Réel et l'Esprit s'effondre).

 

Je prends conscience de mon corps lorsqu'il se manifeste hors du commun, par une douleur, un malaise, un mal-être ou un plaisir, inhabituels. Lorsque son fonctionnement sain et normal, on perd conscience de lui et il suit son chemin incognito, sans se manifester.

 

De même, je prends conscience d'un rapport particulier entre mon esprit et la réalité qui m'entoure, dès lors qu'il y a "anormalité", dès lors que cette réalité "m'étonne" c'est-à-dire, dès qu'elle sort du commun de l'existence habituelle et banale au cours de laquelle, en fait, cette réalité du monde est là sans que je doive en prendre conscience.

 

Mais on peut, par volition, éveiller sa conscience en prêtant attention et en se concentrant sur son corps intérieur ou sur son monde extérieur : je peux, alors, m'étonner artificiellement et questionner ce qui, jusque là, était perçu comme habituel, normal ou banal.

 

La "conscience morale" - comme on s'obstine à vouloir encore l'appeler -  n'est que le cas particulier de la prise de conscience d'un hiatus, d'une tension, d'une distance anormale entre les actes perpétrés et/ou les faits perçus, d'une part, et le code éthique que l'on nous a inculqué ou que l'on s'est construit, d'autre part.

Avoir une conscience morale, c'est en fait être capable de prendre conscience de cet hiatus entre le fait et le code. La conscience morale est donc totalement inféodée à la nature et au contenu de ce code éthique, artificiel et conventionnel (et il en est de moins mauvais que d'autres, nous apprend l'histoire humaine).

 

La conscience n'est pas que la prise de conscience de cet hiatus ou de cette tension qui se place entre l'esprit et le Réel (interne ou externe) ; elle n'est pas que ce constat, elle est aussi le processus qui enclenche et pilote la dissipation de cette tension soit par la réflexion de l'esprit, soit par l'action du corps.

L'impératif essentiel du fonctionnement de tout processus, est clairement de dissiper toutes les tensions qui, si elles s'amplifiaient, altèreraient le bon déroulement de l'existence et le bon accomplissement de soi et de l'autour de soi.

 

*