Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

La fausse idée de Progrès

Le "progrès" n'est pas le progressisme …

L'idée de "progrès" est constitutive de la Modernité (de 1500 à 2050) et, plus spécialement, des 19ème et 20ème siècles qui constituent les deux siècles de sénescence et d'effondrement de ladite Modernité qui, aujourd'hui, est déjà derrière nous.

Progrès ? "Progresser", selon son étymologie, signifie "marcher vers l'avant" : pro "devant" et gradi "marcher".

Avancer ! Soit, mais vers quoi ? Dans quel sens ? Au hasard ou p'tit bonheur ? Avec une carte et de quelle fiabilité ? A l'instinct ou à l'intuition ? Avec une destination préétablie ou selon une intention globale ? Avec un but ou seulement vers où c'est possible pour éviter les embûches et les obstacles ? Avec ou sans boussole ?

 

On le comprend, toutes ces questions aboutissent à la même conclusion : la notion de "progrès" dans l'absolu est totalement absurde (pour un "serial killer" deux meurtres crapuleux de plus sont un net progrès …).

Le progressisme est, on le sait, cette religion et idéologie socio-politique du "progrès" social et économique tel qu'il fut théorisé durant le 18ème siècle et ne fut,  à l'origine, qu'une révolte de ceux qu'on appellerait aujourd'hui, les "bobos" parisiens contre le statisme, l'immobilisme et le conservatisme (le pouvoir spirituel inamovible de l'Eglise et le pouvoir temporel inamovible de la Royauté) …

 

Dans ce sens restreint-là, le progressisme est mort pour trois raisons majeures.

D'abord, il a aboutit, de nos jours, à une crise écologique majeure (et très majoritairement irréversible) qui a fait s'effondrer à la fois les réserves des ressources naturelles et les grands équilibres naturels.

Ensuite, la guerre entre gauchisme et financiarisme, quoique totalement artificielle et infondée, continue à faire ses ravages depuis la fin du 18ème siècle et pollue complètement ce qui serait, autrement, l'authentique progrès sociétal.

Enfin, le modèle de la démocratie au suffrage universel a, depuis longtemps (cfr. Auguste Comte), dépassé ses capacités de gouvernance de nos sociétés de plus en plus complexes où ce n'est plus le nombre qui donne la puissance, mais bien la compétence et l'efficacité.

 

Mais il est d'autres dimensions qui, elles, n'ont cessé de progresser depuis des milliers d'années et qui continuent leur évolution. Je veux parler du progrès des connaissances scientifiques, par exemple. Je veux parler, aussi, des pratiques d'hygiène et des soins médicaux. Je veux parler, encore, de l'efficacité technologique et notamment de ce saut fondamental que fut (qu'est) la révolution numérique avec ses développements en électronisation, en robotisation et en algorithmisation.

 

En somme, l'idée de "progrès" sous-tend deux questions : progrès pour qui ? et progrès pour quoi ? Cible et intention …

 

*