La Franc-maçonnerie en Ordre de Régularité !

La Franc-maçonnerie Régulière traditionnelle, comme tout processus émergent et complexe (cfr. la physique des processus complexes), repose sur le tétraèdre cosmologique :

• Une Intentionnalité : construire le Temple du Grand Architecte de l'Univers sur et par le chantier des hommes.
• Une Substantialité : construire une Fraternité qui fasse communier (cum munire : "construire ensemble") des Frères dûment initiés.
• Une Logicité : transmettre un ensemble traditionnel et cohérent de règles qui induise un Ordre initiatique intemporel.
• Une Constructivité : transmettre un processus spirituel et mystique basé sur la tradition au moyen exclusif de Rites.

Hors de ces quatre principes, aucune Franc-maçonnerie régulière n'est envisageable.

On ne comprendra jamais rien à la Franc-maçonnerie régulière si l'on ne comprend pas sa genèse comme réponse à l'effondrement du cycle féodal (13^ème et 14^ème siècles) et à l'émergence du cycle moderne (15^ème et 16^ème siècles).

Cette Franc-maçonnerie est une émergence (au sens de la physique des processus complexe) par laquelle se construit une structure de dissipation des tensions et surtensions provoquées par la grande crise d'un catholicisme en pleine dégénérescence (capture des pouvoirs temporels, naissance de l'Inquisition, trafic des influences, pourrissement de la papauté, naissance des protestantismes, influences alchimique, kabbalistique et rosicrucienne, guerres des religions, révocation de l'édit de tolérance, débuts de l'humanisme, etc …).

Cette structure de dissipation se situe, comme toute émergence, sur un niveau de complexité supérieur au terrain tensionnel qui l'engendre ; cette émergence maçonnique tend donc à affirmer une spiritualité initiatique au-delà des religions dogmatiques, et une éthique transcendantale au-delà des morales catéchistes.

En ce sens, la Franc-maçonnerie régulière est née, à la fin du Moyen-âge, comme réponse aux conflits religieux et à l'intégrisme catholique (et pas du tout comme affirmation d'antispiritualisme, d'antireligion, d'anticléricalisme, de laïcisme ou d'athéisme qui en sont des déviances absurdes et tardives - fin du 19^ème siècle).

Aujourd'hui, il est de bon ton, surtout en France, de regarder le monde maçonnique et pseudo-maçonnique en distinguant la Franc-maçonnerie anglo-saxonne et la Franc-maçonnerie dite "continentale".

La Franc-maçonnerie anglo-saxonne (britannique et américaine, essentiellement) voit ses effectifs s'effondrer. La cause en est simple : cette Franc-maçonnerie a oublié son indispensable tronc spirituel et initiatique, et s'est cantonnée dans les domaines de la moralité et de la bienfaisance, domaines relevant de principes devenus obsolètes du fait de la mutation paradigmatique que nous vivons (l'éthique et la solidarité personnelles remplacent la moralité et la bienfaisance collectives).

Quant à la Franc-maçonnerie dite "continentale", elle s'est scindée en deux pour donner la Franc-maçonnerie régulière, héritière de la spiritualité des Maçons opératifs médiévaux, d'une part (ses effectifs augmentent gentiment), et, d'autre part (avec des effectifs en constant recul), une myriade de soi-disant "obédiences" qui n'ont de maçonniques que le nom et qui sont, elles, héritières de la "voie substituée" (celle des Constitutions d'Anderson nées à Londres et vite abandonnées, celle du philosophisme du 18^ème siècle, celle, bien française, du républicanisme populiste révolutionnaire et de la récupération napoléonienne, celle du positivisme rationaliste et de l'humanisme socialisant du 19^ème siècle, et celle du laïcisme plutôt athée du 20^ème siècle).

La seule Franc-maçonnerie réelle et authentique est la Franc-maçonnerie régulière, qu'elle soit, ou non, reconnue sur la base des critères de la charte intitulée "Aims and Relationship of the Craft" telle que conçue par les Grandes Loges d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande en 1929).

Il s'agit de porter haut et fort la notion de Régularité maçonnique (au sens spirituel et initiatique) qu'il ne faudra plus jamais confondre avec la notion, purement administrative et institutionnelle, de "reconnaissance mutuelle".

Cette Franc-maçonnerie régulière, essentiellement spirituelle et initiatique, éprise de Sacré et de Divin, doit se développer radicalement en dehors des préoccupations profanes (il y a des partis, des syndicats, des universités et des cafés du commerce pour cela) et dénoncer, avec la plus extrême rigueur, les impostures des pseudo-maçonneries aussi fumistes que pullulantes et polluantes.

A ces conditions, la Franc-maçonnerie régulière et traditionnelle pourrait bien devenir le foyer central de cette nouvelle spiritualité post-religieuse, tant attendue et désirée par beaucoup, dans le cadre du changement de paradigme (de la Modernité à la Noéticité) et de référentiel (de celui du Salut à celui de l'Alliance) que nous vivons aujourd'hui.

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