Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

La Sacralisation.

En marche vers le Sacré …

Il ne faut surtout pas confondre le sens initiatique, spirituel et symbolique du mot "Sacré" avec celui que lui ont donné la plupart des religions.

Il ne faut jamais oublier que toute religion n'est que la face profane et populaire d'une Spiritualité forcément élitaire. Preuve en est que beaucoup de religions pourchassent et persécutent leurs propres mystiques (aujourd'hui même, les islamistes emprisonnent et exterminent les soufis comme, hier, l'Eglise catholique a condamné Eckart von Hochheim, Giordano Bruno ou Pierre Teilhard de Chardin).

 

Un objet, quel qu'il soit, n'est jamais "sacré", mais il peut, éventuellement, dans un contexte donné, devenir un symbole du Sacré.

Ce n'est donc pas l'objet qui est "sacré", mais l'idée qui se cache derrière lui et que les esprits symbolistes y découvrent.

Alors : qu'est-ce que le Sacré ? Qu'est-ce que la Sacralisation ?

 

Disons-le le plus simplement du monde : le Sacré est le trousseau de clés qui ouvrent la porte de la réalité du Réel.

Le Sacré est suprêmement surhumain, donc au-delà de chaque humain et au-delà de toute l'humanité. Il vise le Tout-Un-Dieu-Réel qui est la réalité ultime de tout ce qui existe et qui évolue, en nous et autour de nous.

Le Sacré est le langage qui permet de dire l'indicible, d'aborder l'ineffable, d'accéder à l'inaccessible, de pénétrer l'impénétrable.

La tradition biblique juive véhicule un merveilleux symbole pour figurer ce Sacré au-delà de tout ce qui est humain : le tétragramme, YHWH, le Nom ineffable et imprononçable du Divin. Trois lettres-symboles (dont une est répétée) suffisent à exprimer l'essence profonde et intime du Mystère fondamental.

 

Y est le Yad qui est la "main" qui tient (existe) et agit (évolue).

H est le qui est le "ça" qui est le Réel tel qu'il existe et évolue tant autour de soi (le premier H), qu'en soi (le second H).

W est le Waw qui est le "crochet" qui relie et unit l'intérieur et l'extérieur.

 

La Franc-maçonnerie a précieusement conservé ce symbole biblique du Nom ineffable et en a fait le "Grand Secret" qu'il faut découvrir au fond de soi (il n'y a d'ailleurs aucun autre "secret maçonnique" quoiqu'en rêvent les conspirationnistes), et la merveilleuse "Parole perdue" qu'il faut retrouver, gravée sur l'autel cubique de marbre blanc qui est caché au fond de la crypte à laquelle on accède en passant sous les sept arches du souterrain voûté[1]

 

Tout le cheminement maçonnique est cette quête du Sacré qui ouvre la porte de l'Ineffable, de la réalité du Réel, du Divin qui est le Tout-Un.

Et ce cheminement se confond, somme toute, avec un long travail de Sacralisation : le monde est ce qu'il est, mais nous, les humains, ne le voyons pas tel qu'il est, puisque que nous ne voyons, en fait, que notre nombril que nous projetons sur tout le reste.

Sacraliser son existence, c'est apprendre à voir le Réel derrière les choses et les êtres, à voir la réalité derrière les apparences, à voir le noumène derrière les phénomènes, à voir le Divin à l'œuvre derrière les profanités.

Atteindre la Maîtrise, c'est au fond réussir à se déciller complètement les yeux et à comprendre que tout ce que nous croyons exister en soi et par soi (y compris nous-mêmes) n'est que vagues à la surface de cet océan abyssal qu'est le Divin.

Sacraliser le Réel, c'est vivre enfin dans l'océan et non plus sur les vagues.

 

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[1] Cette phrase est une allusion au très beau grade de la Sainte Arche Royale qui est aussi le treizième degré du Rite Ecossais Ancien Accepté.