Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Le Beau et l'Esthétique

Une méditation sur une définition de Jaqueline Russ

Esthétique :

  • Sens étymologique : qui peut être perçu par les sens (aïsthêsis : sensibilité).
  • Sens adjectif : qui concerne la beauté ou le beau : le jugement esthétique désigne un jugement d'appréciation sur le beau.
  • Sens substantif :
    • Science ou théorie du Beau
    • Philosophie ou théorie de l'art."

 

L'idée de "Beau", en grec, renvoie au mot Kosmos qui signifie, tout à la fois, l'Ordre (comme dans "cosmologie" qui est l'étude de l'Ordre universel), à la Beauté (qu'on retrouve dans les produits ou soins cosmétiques) et l'Harmonie (lorsque l'on parle de "cosmétiser" un discours pour le rendre audible).

 

Pour moi, ces trois concepts d'Ordre, de Beauté et d'Harmonie sont parfaitement synonymes … le mot "Art" (le latin Ars a le même sens que le grec Technê : ils signifient tous deux "technique").

 

Examinons ce nom "artiste", ce mot complètement galvaudé depuis que l'on confond "art" avec "décoration" ou "divertissement" ou "spectacle" … bref avec "frivolité" et avec "futilité".

Pour moi, très fermement, un artiste est un "virtuose" qui maîtrise son art (sa technique) au plus haut niveau, quel que soit l'art concerné : celui de l'ingénieur, du médecin, de l'architecte, du physicien, de l'opticien, du chimiste, du biologiste, du dresseur de chevaux, du maçon, du plombier, du cuisinier, du peintre … en bâtiment, du charcutier, du boulanger, du tailleur, tant de pierres que de vêtements, etc …).

L'Art, au sens des "beaux-arts", est une vaste supercherie : un fatras de vanités et de superfluités à l'usage des (très) riches qui ne comprennent pas que n'est "beau" que ce qui est parfaitement "utile" et "utilisable".

Cette confusion entre le "beau" et le "joli" est dramatique. Répétons-le : n'est beau que ce qui est parfaitement utile et utilisable ; le reste, l'inutile, le frivole, le futile, le distrayant, le décoratif, etc … n'est qu'éventuellement "joli".

Le drame, souvent, est que le "joli" masque le "beau" parce qu'il est malicieusement conçu pour capter et détourner la sensibilité.

 

L'esthétique, en français, n'a pour moi rien à voir ni avec la beauté (qui implique ordre et harmonie), ni avec la technique (qui, si elle est maîtrisée avec virtuosité, engendre l'ordre, la beauté et l'harmonie).

L'esthétique est le travail de développement et d'affinage de la sensibilité, de la capacité, donc, de percevoir ou d'exprimer l'ordre, la beauté et l'harmonie du Réel (en méprisant souverainement les "joliesses" qui hypnotisent les sens).

Tel est l'esthète : celui qui devine l'ordre (donc la beauté et l'harmonie) au-delà du chaos apparent du monde.

 

Vivre en esthète, c'est vivre le monde tel qu'il est dans la splendeur de son Ordre, de sa Beauté et de son Harmonie cosmiques, au-delà de ses apparentes bizarreries ou incongruités, car même le plus choquant ou le plus désordonné a sa raison d'exister, d'advenir et de devenir.

Vivre en esthète, c'est vivre en communion avec le Tout, indépendamment des facéties des parties et des détails.

 

 

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