Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Le double visage de la science.

La science est un langage qui tente de décrire la Nature qui, elle-même, exprime le Réel dans son évolution. Mais est-ce suffisant ?

La Nature est le langage du Réel ; c'est elle qui l'exprime. Et comme tout langage, elle possède un lexique et une syntaxe.

 

Et l'homme pour décrire convenablement la Nature, s'est inventé des alphabets (analytiques) qui permettent d'en construire les assemblages successifs (les mots, les phrases, les strophes, etc …), et une syntaxe (logique relationnelle et orthographique entre tous les éléments) qui en donne les règles de cohérence. et permet aux assemblages d'avoir du sens.

Il s'agit pour l'humain, face à la Nature, de construire des textes ayant du sens, avec un langage humain conventionnel.

Cette langue humaine (un code humain conventionnel et approximatif qu'il soit littéraire ou mathématique) engendre une littérature vivante (selon divers styles et au service de différents projets : poésie, philosophie, roman, physique, biologie, etc …) et, parfois, elle en vient à devoir inventer du vocabulaire nouveau et/ou des règles grammaticales inédites.

 

Les langues humaines (tant littéraires que mathématiques) étant analytiques et assemblistes, ont voulu projeter sur la Nature (donc indirectement sur le Réel qu'exprime la Nature) cet analycisme et cet assemblisme. C'est là toute l'histoire – et toute la bévue - de la physique classique.

Mais le Réel – donc la Nature qui l'exprime – n'est ni analyciste, ni assembliste, donc ni mécaniciste, ni déterministe, ni réductionniste, ni mathématicien.

Les langages humains actuels, hors quelques détails anecdotiques (mais colossalement éclairants) sont donc incapables de décrire valablement la Nature qui exprime le Réel dans sa réalité.

 

Un exemple : toutes les langues littéraire humaines sont réductibles à un ensemble fini et restreint de signes distincts formant des alphabets (ce sont les "briques élémentaires" de la langue). Ainsi de la vision que l'on avait de la Nature constituée d'assemblages de molécules et d'atomes – les mots – fait d'assemblages de particules élémentaires (électrons, protons, neutrons qui correspondent aux lettres de l'alphabet). Mais la physique atomique a découvert que les particules élémentaires, elles-mêmes, n'étaient pas "ultimes", mais constituées de "sous-particules évanescentes" (quarks et autres muons ou gluons) ; qu'à cela ne tienne, il suffisait de décomposer les lettres de l'alphabet en barres, boucles, jambages et autres traits de diverses dimensions et orientations … pour ensuite, dans une étape non encore d'actualité, réduire ces traits à des assemblages de points soudés entre eux par une quelconque relation géométrique.

Et dans l'autre sens : les mots s'assemblent en phrases, puis en paragraphes, puis en chapitres, puis en livres, puis en bibliothèques organisées en constellations thématiques et en amas stylistiques …

Et, si tous ces assemblages en gigogne obéissent convenablement aux règles de la syntaxe de cette langue particulière, ils auront du sens et de la cohérence.

Mais seront-ils le vrai reflet de la vraie Nature qui exprime la vraie réalité du vrai Réel ?

 

Revenons à l'essentiel, en amont de l'humain : la Nature est le langage (extra-humain) qui exprime le Réel (dont l'humain fait partie intégrante et prenante). Que la Nature exprime-t-elle ? Réponse : les multiples et inventives voies de la Constructivité cosmico-divine c'est-à-dire de l'accomplissement optimal de l'Unité du Réel divin, elle-même source d'une Intentionnalité, d'une Corporalité et d'une Logicité qui alimentent cette Constructivité à l'œuvre dans la Nature.

Autrement dit, la science est double :

 

  • d'un côté, la science qui décrit au mieux, avec ses langages mathématico-littéraires (analycistes et assemblistes) les phénomènes particuliers de la Nature (qui, rappelons-le, ne fait qu'exprimer le Réel) ;
  • de l'autre, la science qui, dans d'autres langages moins analytiques et moins logiques, mais plus holistiques et plus analogiques, tente d'exprimer véridiquement la réalité du Réel-Un c'est-à-dire la teneur profonde et ultime de cette Intentionnalité, de cette Corporalité et de cette Logicité qui se posent en amont de la Nature et qui animent celle-ci.

 

C'est évidemment cette "deuxième" science qui m'occupe et me préoccupe depuis un demi-siècle.

Mais soyons très clairs, ces deux faces de la science ne s'opposent pas ; elles se complètent au contraire et forment une bipolarité impliquant une dialectique constructive et permanente.

 

*