Le G.:A.: de l'U.: et l'Esprit cosmique

L'Idée de Divinité

Il faut prendre du recul par rapport à l'idée dualiste d'un Dieu (mono)théiste qui serait un Dieu personnel, extérieur à l'univers et d'une tout autre nature que lui, entretenant avec lui des relations variables selon les diverses Traditions concernées.

Ce recul permet de sortir d'une aporie persistante : le monde est imparfait et Dieu serait parfait. Comment un tel Dieu pourrait-il créer ou autoriser une telle aberrante imperfection ?

Mais aussi : la perfection est par essence immuable et éternelle, elle est donc semblable à la mort. Pour qu'il puisse y avoir de la Vie, il faut du mouvement, de l'évolution, des transformations. Il ne peut y avoir de Vie sans imperfection. Donc si Dieu est vivant, il est imparfait, inachevé, inaccompli.

Ici, nous partons du postulat que le Réel, le Tout, l'Un, l'Univers, le Divin, le Dieu sont autant de synonymes. Cette posture métaphysique est évidemment moniste, mais il est facile de voir que tout dualisme est, en fait, un monisme qui s'ignore (ainsi que toutes les mystiques l'ont cent fois démontré aux religions).

De plus, l'évolution de Tout est une évidence donc le Réel aussi appelé le Tout, l'Un, l'Univers, le Divin, le Dieu, est en voie d'accomplissement … tout comme l'homme qui participe de cet accomplissement du Réel et de Dieu.

Le Principe d'Intentionnalité

Mais puisqu'il y a évolution et transformation permanente, en vue de l'accomplissement du Tout-Un-Réel, quel est le moteur de cet accomplissement ?

Les humains ont donné trois réponses à cette question : la Cause, le But et le Hasard.

Aucune réponse ne tient ! S'il y a une Cause initiale, quelle est la cause de cette Cause ? S'il y a un But final, pour-quoi ce But-là et pas un autre (donc si ce But a été choisi parmi d'autres, c'est que le décideur poursuivait un autre But, d'un degré supérieur) ? Si le moteur du Réel est le Hasard, l'évolution du Tout aurait été stérile et chaotique : l'univers existerait-il, alors ?

Pour pallier ces trois apories, il ne reste qu'une seule réponse possible : l'Intention qui n'est pas un but à atteindre dans le futur, mais un désir à accomplir dans chaque présent. Accomplissement d'un Désir transcendantal, donc : construire le Temple à la Gloire du G.:A.: de l'U.:, réaliser l'œuvre la plus parfaite possible.

Le Principe de Constructivité

On ne construit que sur le passé. Il n'y a pas de projet s'il n'y a pas de mémoire.

Chaque année, l'arbre grandit par sa mince couche périphérique, le cambium, en s'appuyant sur l'accumulation des cernes annuels faits de bois c'est-à-dire des cellules du passé, mortes et remplies de lignine.

Lorsqu'il construit son édifice, le Maçon est actif sur le haut des murs où il appareille les pierres, mais il ne pourrait le faire si les couches de pierres du passé avaient disparu, comme avec la tapisserie de Pénélope.

La substance du Réel, c'est sa propre mémoire. Il ne pourrait plus accomplir ses potentialités, s'il n'était déjà devenu ce qu'il est.

Le temps ne passe pas, il s'accumule. Le Réel est mémoire. Rien, jamais, ne s'y efface.

Le Principe de Cohérence

Accomplir, c'est croître en cohérence.

Et la cohérence peut être locale par croissance de la néguentropie ou globale par croissance de l'entropie (c'est un secret de physicien J). Il y a là le secret du moteur dialectique qui fait évoluer le Réel : l'harmonisation, toujours recommencée, entre intégration et individuation, entre local et global, entre les parties et le Tout.

L'univers entier, et tout ce qu'il contient, vise, dans toutes les dimensions, à atteindre la cohérence optimale ; toute son évolution n'a que cette intention-là.

S'accomplir, c'est faire croître sa cohérence personnelle dans toutes les dimensions de son devenir. Accomplir le monde, c'est en faire émerger une cohérence plus forte.

L'ennemi de la cohérence, c'est la chaos.

L'univers a horreur du chaos bien plus que du vide.

Cette cohérence du Réel implique l'interdépendance de tout avec tout : c'est la Fraternité universelle.

Elle implique que tout est cause et effet de tout : c'est l'origine des lois universelles de la physique, de toutes les interactions et de toutes les dynamiques.

Ce principe de cohérence qui préside à toutes les évolutions, à toutes les constructions, c'est le G.:A.: de l'U.: … Travailler à sa Gloire, c'est travailler dans sa cohérence à lui et c'est participer de son Logos (comme rappelé dans le prologue de l'Evangile de Jean).

L'Idée de Sacralité

Quelle est la différence entre un profane et un initié ?

Le profane est encore prisonnier de ses esclavages et de ses idolâtries, il est prisonnier des apparences et des illusions ; il n'a pas encore pris conscience de la cohérence du Réel et de son rôle au service de cette cohérence universelle : il n'a pas encore compris qu'il devrait se mettre au service du chantier du monde et non plus au service de lui-même, de ses fantasmes ou de ses idoles.

L'initié, quant à lui, a pris conscience, par son initiation, de cette cohérence universelle qui est le G.:A.: de l'U.: et au service duquel - à la Gloire duquel - il travaille. C'est par ce chemin-là que son Travail de Maçon et sa Vie d'Homme, prennent sens et valeur.

Marc Halévy

Le 12/02/2020