Les sept dimensions
L'histoire humaine est un processus complexe. En tant que telle, elle relève des modèles de la physique des systèmes et processus complexes (cfr. Whitehead, Prigogine, Morin, …).
Il faut en retenir trois, le premier temporel, le deuxième logiciel et le dernier tensoriel.
Les modèles théoriques généraux.
Le modèle temporel dit que tout processus se construit comme une succession de cycles (dont la durée de vie est assez constante) qui se suivent sans se ressembler. Le passage d'un cycle au suivant s'appelle une "bifurcation" et passe par une zone de "chaotisation" (les régulations du cycle précédent ne fonctionnent plus bien, et les nouvelles régulations ne sont pas encore en place).
Pour ce qui concerne l'histoire humaine, on connaît :
- les cycles paradigmatiques d'une durée de vie d'environ 550 ans ;
- les cycles civilisationnels qui regroupent trois cycles paradigmatiques pour une durée, donc, d'environ 1650 ans ;
- pour l'Europe, cela donne :
- La civilisation de l'Antiquité (de -1250 à 400) :
- le cycle mésopotamien (de -1250 à -700),
- le cycle hellène (de -700 à -150),
- le cycle romain (de -150 à 400) ;
- La civilisation de la Chrétienté (de 400 à 2050) :
- le cycle monastique (de 400 à 950),
- le cycle féodal (de 950 à 1500),
- le cycle moderne (de 1500 à 2050).
- La civilisation de l'Antiquité (de -1250 à 400) :
Le modèle logiciel dit que tout cycle est le terrain d'affrontements de toute une série de tensions qui alimentent sa dynamique interne et externe. Cet affrontement est le moteur de cette dynamique et est soumis à quelques règles simples :
- s'il n'y a pas assez de tensions, le processus entre en léthargie et se délite,
- s'il y en a trop, le processus est en surtension et est en danger, il doit donc dissiper ces surtensions et peut faire appel à trois scénarios possibles :
- si les surtensions sont faibles et locales, et l'environnement stable :
- pratiquer une réorganisation fonctionnelle sans remettre en cause ses assises structurelles,
- si les surtensions sont fortes et globales, et l'environnement instable, deux scénarios vont entrer en compétition provoquant une logique de "bifurcation" du processus et une phase de "chaotisation" (cfr. supra), c'est-à-dire :
- soit susciter une émergence pour dissiper (par construction) les surtensions vers un niveau supérieur de complexité (c'est le scénario néguentropique),
- soit accepter un effondrement (collapse) pour dissiper (par dilution) les surtensions vers un niveau inférieur de complexité (c'est le scénario entropique).
- si les surtensions sont faibles et locales, et l'environnement stable :
Le modèle tensoriel dit que tout processus complexe s'inscrit dans un espace de représentation ternaire (une dynamique dans le temps, une topologie dans l'espace et une eidétique dans l'organisation), chacun étant lui-même bipolaire et le tout étant régulé par un métabolisme de dissipation optimale des tensions entre ces dipôles (cfr. Structures dissipatives d'Ilya Prigogine).
Cela donne un modèle à sept dimensions :
- Espace dynamique dans le temps avec une tension bipolaire entre :
- la propension à accumuler les acquis (mémoire, patrimoine),
- le propension à accomplir les potentialités (projet, vocation) ;
- Espace topologique dans l'espace avec une tension bipolaire entre :
- la propension à se fermer sur son intériorité (individuation "sphéroïdale"),
- la propension à s'ouvrir vers son extériorité (intégration "fractale")
- Espace eidétique (du grec eidos : "forme, structure") avec une tension bipolaire entre :
- la propension à chercher la régularité (uniformité, homogénéité)
- la propension à préférer la complexité (créativité, innovation) ;
- Métabolisme de dissipation optimale des surtensions entre dipôles
C'est le dernier modèle tensoriel qui sera illustré dans le paragraphe qui suit.
Le modèle concret des sept dimensions du changement de paradigme actuel.
La matrice suivante exprime, au moyen de mots-clés (qui devrait tous être définis, précisés et développés), le contenu pratique des sept dimensions respectivement, en théorie systémique, en pratique et pour toute entreprise humaine :
Domaine |
Théorie |
Pratique |
Entreprise |
Dynamique temporel |
Accumulation mémorielle |
Patrimoines |
Identité |
Accomplissement potentiel |
Projet |
Vocation |
|
Topologique spatial |
Intériorisation individuée |
Economie |
Organisation |
Extériorisation intégrée |
Ecologie |
Echanges |
|
Eidétique formelle |
Régularité homogène |
Règles |
Paix |
Complexité créative |
Progrès |
Construction |
|
Métabolique |
Dissipation optimale |
Gouvernance |
Management |
Et pour le passage entre le paradigme moderne et le nouveau paradigme :
Pratique |
Paradigme moderne |
Nouveau paradigme |
Patrimoines |
Matériels, financiers (posséder) |
Immatériels, cognitifs (apprendre) |
Projet |
Bonheur, plaisir (jouir) |
Epanouissement, joie (accomplir) |
Economie |
Industrialisme de masse et de prix |
Virtuosité de l'utilité et de la valeur |
Ecologie |
Abondance, pillage, gabegie |
Pénurisation, frugalité |
Règles |
Egalitarisme, juridisme |
Aristocratisme, éthique |
Progrès |
Technologique, extérieur |
Spirituel, intérieur |
Gouvernance |
Etats-nations souverains |
Continents de régions autonomes |