Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

L'indispensable mutation culturelle

Ce que nous devrons accepter, comprendre et initier dans nos comportements. Réflexions impromptues d'un physicien, philosophe et prospectiviste …

Les cinq grands axes du changement comportemental qu'exige le nouveau paradigme sont : frugalité, noéticité, réticularité, utilité et spiritualité.

Ces cinq vertus sont les réponses (et sont des défis) aux cinq grandes ruptures que nous vivons aujourd'hui et qui sont la cause de la chaotisation du monde humain et de son écosystème (les nombreuses "crises" passées, présentes et à venir, dont la pandémie actuelle).

Voyons-les systématiquement.

 

La frugalité n'est ni une religion, ni une idéologie : elle est un état d'esprit !

 

Le défi de la Noéticité : intelligence, connaissance et génie humains en vedette.

 

La réponse à la rupture sur les activités.

La révolution numérique, on l'a vu, a déplacé copieusement le centre de gravité des activités manuelles et intellectuelles de l'humanité.

Selon diverses études, en Europe, vers 2035, 40% des emplois aujourd'hui assumés par des humains, seront assumés par des machines numériques. Et, si l'on en croit (et il faut le croire) le principe de Gabor  qui dit que : "Tout ce qui est techniquement faisable, possible, sera fait un jour, tôt ou tard",  tout ce qui est robotisable, sera robotisé et tout ce qui est algorithmisable, sera algorithmisé. Que cela plaise ou non.

 

Ce qui aura valeur, demain, ce n'est plus le labeur humain, mais le génie humain. Ce qui fait déjà et fera toujours plus valeur, ce n'est plus la sueur humaine, mais l'intelligence humaine, celle qui élabore les robots et les algorithmes, et celle qui prend en charge tout ce que les robots et algorithmes ne pourront jamais assumer : l'intuition, la volonté, le courage, l'imagination, la compassion, la tendresse, la vision (au sens du visionnaire), … et tout ce qui ne relève pas de la logique booléenne, c'est-à-dire l'essentiel de la vie.

 

Or, l'intelligence, en grec, se dit Noûs dont dérivent les mots "noosphère", "noétique", "noème", "noèse" et "noéticité". Tous ces mots pointent vers cette idée simple et déjà bien vivante, que nous évoluons, chaotiquement et schismatiquement, vers une société et une économie de l'immatériel et de la connaissance. Le propre de l'homme, c'est sa pensée créatrice. Le propre de l'homme, c'est l'émergence de l'Esprit sur le terreau de la Vie.

 

Mais il faut impérativement comprendre que cette société et cette économie de la connaissance et de l'immatériel suit une logique radicalement différente de l'économie matérielle classique. Voici quelques exemples :

  • La valeur et le prix d'un objet matériel est proportionnel au temps que l'on a passé à le fabriquer. Ce n'est pas vrai pour une idée.
  • Lorsque je vous donne un objet m'appartenant, je ne l'ai plus et vous l'avez. Lorsque je partage une idée avec vous, nous la possédons tous les deux.
  • Une objet n'est pas duplicable gratuitement ; une idée, si.
  • Le contrat salarial est bien adapté au travail matériel ; il ne l'est pas du tout pour l'activité immatérielle.
  • Il n'y a aucun effet d'échelle sur les investissements immatériels.

 

La noéticité , c'est valoriser, avant tout, toutes les intelligences : celle du corps, celle du cœur, celle de l'esprit et celle de l'âme, tant sur le plan individuel que collectif.

 

Le défi de la Réticularité : vivent les réseaux !

 

La réponse à la rupture sur les modèles.

Le modèle organisationnel "naturel" des humains est la pyramide hiérarchique, normative et procédurale. Mais la mise en œuvre de ce modèle dans un monde devenu hyper-complexe, n'est globalement plus efficace parce que trop lent et trop lourd. La structure des organisations doit être enrichie : plus de relations et d'interactions entre les acteurs de façon à pouvoir répondre ou réagir très rapidement, très souplement, très réactivement, très créativement. L'adaptabilité est cruciale et antithétique face à la rigidité des pyramides.

 

Enrichir les modèles organisationnels, concrètement, c'est passer de la pyramide au réseau. Le réseau est une ensemble de petite entités (moins de 50 personnes par entité) autonomes (mais pas indépendantes), en forte interaction les une avec les autres, et fédérées par un projet commun puissante et enthousiasmant.

C'est la passion de tous pour ce projet qui tient le réseau ensemble. Il faut donc y organiser la contagion passionnelle.

 

Mais il ne faut pas croire que passer de la pyramide au réseau est une sinécure. C'est probablement le défi le plus difficile parmi les cinq qui sont exposés ici. Pourquoi ? parce que le fonctionnement en réseau est, quelque part, contre-nature chez l'humain. La relation "maître à esclave" (cfr. Hegel), les relations d'obéissance et de subordination, l'idée de chef et de subalterne ou d'exécutant, sont tellement ancrée en l'humain depuis des millénaires, qu'un changement des règles du jeu collectif est, à proprement parler, traumatisante pour beaucoup.

Les résistances sont déjà violentes car bien des humains n'ont aucune envie d'être autonomes et responsables d'eux-mêmes. Faut-il ici rappeler le chef-d'œuvre d'Etienne de la Boétie : "La servitude volontaire". La majorité des humains préfèrent la servilité à la liberté. Ils réclament la liberté, mais n'en veulent pas.

 

Une organisation réticulée, c'est un ensemble de personnes autonomes qui œuvrent ensemble pour réaliser un projet. Il n'y est plus question de salariat, mais d'association au sens de Pierre-Joseph Proudhon - qui a eu raison beaucoup trop tôt et qui fut l'âme damnée de Karl Marx.

 

Un bel exemple de réticulation.

La globalisation des problématiques (pénurie, climat, pollution, pandémie, migration, etc …) est irréversible, mais la mondialisation (qui était, en fait, une américanisation) des solutions est morte.

La continentalisation du monde humain est en marche. Ce qui m'intéresse, par exemple, c'est la future Europe des Régions, sans niveau national intermédiaire. L'Europe comme réseau fédéré, avec un fort projet commun, de Régions autonomes. L'Europe pyramidale d'Etats pyramidaux est morte.

 

La réticulation est incontournable : la complexification du monde impose la complexification et l'enrichissement des organisations. Mais cela implique une transformation radicale des mentalités vers plus d'autonomie et de responsabilité personnelles. Fin des assistanats.

 

Le défi de l'Utilité : l'usage plutôt que la propriété !

 

La réponse à la rupture sur l'identité.

Notre identité collective, au niveau quasi mondial, est fondée par le modèle financiaro-industriel dont les deux piliers son la masse et le prix (bas) et dont les conséquences sont la financiarisation (spéculative) et l'hyperconsommation. Ces deux conséquences sont délétères, l'une pour notre bonne santé économique, l'autre pour notre bonne santé mentale.

Il faut donc revenir à l'idée simple que nos bonnes santés sont primordiales et que tout l'accessoire est superflu.

 

Globalement, la restauration de nos bonnes santés, se ramène à un seul précepte complémentaire à celui de frugalité : en tout, rechercher ou n'accepter que ce qui est véritablement et durablement utile. C'est la notion de valeur d'utilité. Comme le disait mon grand-père, paysan flamand : "Je ne suis pas assez riche pour me payer du bon marché, parce que le bon marché finit toujours par coûter trop cher".

 

Un exemple … L'achat d'une voiture. Si l'on suit la logique financiaro-industrielle, on choisira la voiture qui, pour le prix le plus bas et le financement le plus juteux, offrira la meilleure image, le plus de gadgets, plein d'assistances numériques, etc … Toutes choses globalement sinon parfaitement inutiles.

Dans la logique de la valeur d'utilité, d'un côté on comptera la totalité des coûts qu'induira la possession et l'usage de cette voiture pendant toute sa durée de vie (et pas seulement le prix d'achat et son financement) et, de l'autre côté, on estimera l'utilité réelle, l'usage réel, l'utilisation réelle de ce véhicule. On remplacera le vieux concept de rapport "qualité/prix", par celui de "utilité/coût". Et le regard change radicalement. On verra que le modèle qui avait excité nos capricieuses envies est en fait assez débile et qu'il vaut mieux acheter tout autre chose vraiment utile, sans gadgets ni look, voire de ne pas acheter de voiture du tout (comme le font de plus en plus de jeunes en ville qui ne passe même plus leur permis de conduire) et de préférer d'autres moyens de mobilité.

 

La logique de la valeur d'utilité conduit, le plus souvent, à renoncer à devenir propriétaire de ses outils "secondaires" de vie et à développer, à la place, une tactique d'accès momentané à l'usage des choses, seulement lorsqu'on en a besoin, seulement lorsque c'est utile.

 

Enfin, pour augmenter la valeur d'utilité des produits et des services, ce sont des investissements immatériels qui sont nécessaires plutôt que les lourds investissements financiers de la logique industrielle. C'est la virtuosité qui est nécessaire. Et la virtuosité, comme toutes les ressources immatérielles, ne connaît pas d'économie d'échelle. Doubler le salaire d'un ingénieur ne lui fera pas avoir deux fois plus d'idées, deux fois plus géniales.

Un virtuose est capable de réussir ce que les autres ratent. Son prix n'est pas discuté !

 

La logique de la valeur d'utilité va remplacer le logique financiaro-industrielle, mais elle implique des révolutions comportementales (désencombrer la vie de tous les caprices, de toutes les inutilités, de tous les superflus) et managériales (ne plus viser la productivité, mais viser la virtuosité).

 

Le défi de la Spiritualité : ma raison d'exister !

 

La réponse à la rupture sur les projets.

La Modernité était "humaniste" et a débouché, au 20ème siècle sur des nihilismes parfaitement inhumains. Lorsque l'homme est seul service de l'humain, il tourne en rond et devient fou.

La bonne santé mentale, tant personnelle que collective, passe donc de mettre l'humain au service de ce qui le dépasse. Oui, mais quoi ?

 

C'est à cette question que tente de répondre toute démarche spirituelle, quelle que soit sa tradition, si elle en a une.

La spiritualité revient à répondre à la question : quelle ma bonne raison d'exister, de vivre, d'agir, de travailler, de m'impliquer, de m'engager, etc … ?

Ce sera la question centrale de ce 21ème siècle. Il ne s'agit pas de se fabriquer des "idéaux" ; on a vu où conduisent les "idéaux" : à des dictatures, à des prisons et à des camps de concentration. Il est vital de se débarrasser de toute forme d'idéalisme et d'accepter et d'assumer le Réel tel qu'il est et tel qu'il va. C'est donc dans ce Réel qu'il faut aller chercher sa bonne raison de vivre pleinement.

 

La spiritualité n'est, comme on la dépeint trop souvent, une quête de transes mystiques réservées à quelques illuminés extatiques. Elle est un état d'esprit concret et quotidien : savoir pour-quoi on vit ! Certains utiliseront le mot "Dieu" et d'autres pas. Cela n'a pas vraiment d'importance puisque ce n'est qu'un mot. L'essentiel est de bien comprendre d'une bonne raison de vivre doit nous dépasser : vivre à son propre service, c'est adopter la tactique d'un poisson rouge dans un bocal rond.

 

Dès lors que l'on connaît sa vocation profonde c'est-à-dire sa bonne raison transcendante de vivre, le problème de l'éthique se résout très vite : est bien ce qui sert cette bonne raison de vivre, est mal ce qui lui nuit.

 

La spiritualité demande à chacun de bien définir quelle est sa bonne raison de vivre et d'y consacrer, exclusivement, toute son énergie vitale.

 

*

 

Le changement de paradigme que nous vivons n'a pas que des impacts socioéconomiques globaux ou managériaux locaux. Il en aura aussi sur notre vie personnelle.

Je propose d'en étudier cinq facettes en rapport étroit avec les cinq dimensions de tout processus complexe comme l'est notre existence à tous.

Les cinq paragraphes qui suivent n'ont que l'ambition d'esquisser la problématique que les conférences et séminaires approfondiront.

Il y a tant à agir sur nous-mêmes !

 

Personne (individualisme) : choisir la liberté !

 

Ce sont les notions d'autonomie et de bonne santé mentale qui sont au cœur de cette thématique.

 

L'autonomie, c'est le combat quotidien contre les dépendance mais pour l'interdépendance. Il ne s'agit pas d'égotisme ni d'érémitisme ou d'autarcie. Il s'agit de libération (et non de liberté qui est un concept philosophique vide). La libération consiste à briser, systématiquement et successivement, toutes ces chaînes de la "servitude volontaire" (cfr. Etienne de la Boétie) que sont les esclavages à ses peur et caprices, et les idolâtries à ses croyances et opinions.

 

La bonne santé mentale implique deux disciplines.

  • Primo : la pleine et bonne maîtrise des cinq dimensions de l'esprit : la mémoire, la volonté, la sensibilité, l'intelligence et la conscience. Ce quinaire mental doit être équilibré, sans hypertrophie d'une fonction sur les autres.
  • Secundo : le combat contre les poisons mentaux venant de l'extérieur (et il y en a de plus en plus avec l'avènement des réseaux numériques), tant aux niveaux intellectuels qu'affectifs. Il faut décoder et saper les tentatives des autres à nous voler notre énergie mentale par la violence, par le culpabilité, par la pitié ou par la duplicité.

 

Intériorité (spiritualité et philosophie)  : vivre sa vie !

 

Depuis longtemps, les humains se complaisent à vivre dans l'extériorité, dans l'avoir et le paraître, dans l'ostentation ou la flagornerie, dans la domination ou la soumission, etc … Toutes ces voies se sont révélées être des impasses désespérantes, avec un goût d'amertume dans le cœur et dans la tête.

 

Il faut donc retrouver le chemin de l'intériorité. Le point de départ en est très simple : la vraie vie ne se vit qu'à l'intérieur de soi. Notre vraie vie, ce sont nos pensées, nos émotions, nos perceptions, nos désirs, nos peurs, nos espoirs, etc …

Personne d'autre que nous ne peut vivre notre vraie vie, tout intérieure.

 

Mais cela doit s'apprendre et il existe deux chemins complémentaires pour y parvenir : celui de la philosophie et celui de la spiritualité.

La philosophie, cet amour de la sagesse (sophia) inventé par les penseurs grecs antiques, est un exercice intellectuel, conceptuel et rationnel qui vise à se construire des critères de "bonne et belle vie". Elle se réparti en diverses écoles parmi lesquelles il faut choisir. Je choisis, quant à moi, les présocratiques ioniens, les stoïciens, Spinoza et Nietzsche.

La spiritualité, cette ouverture de l'esprit vers l'Esprit, passe par d'autres voies, plus intimes, plus imagées, plus intuitives, plus globales que la philosophie. Ici aussi il existent de très nombreuses traditions parmi lesquelles j'en choisis trois : le taoïsme, le kabbalisme et le franc-maçonnisme.

 

Communautés (relations) : choisir ses appartenances !

 

Aristote avait décrété que l'homme est un animal social. Je n'en crois rien. Ou, plus précisément, je pense que la socialité (la toile sociétale) est le fruit de nos faiblesses, de nos peurs et de nos besoins. Elle est la face extérieure de vie opposée à l'intériorité de la vraie vie (cfr. supra). Elle est, le plus souvent, très artificielle et très superficielle.

 

En revanche, je pense que les humains "supérieurs" s'épanouissent au travers de communautés de vie restreintes qu'ils se sont choisies.

Il faut donc distinguer radicalement la notion de société et celle de communauté (basée sur ce qui est commun). Il faut donc qu'il est nécessaire de distinguer les appartenances sociétales des appartenances communautales (je propose ce néologisme pour éviter le mot "communautaire" qui pointe vers l'exécrable communautarisme).

 

Outre l'appartenance première à une famille, pendant longtemps, la notion d'appartenance fut purement géographique ou politique : on était originaire du haut Morvan ou l'on avait la nationalité belge, par exemple. L'appartenance était originairement liée au lieu physique de référence.

Mais une appartenance d'une autre nature a ensuite fait son apparition, liée, elle, à l'activité centrale : tel école, tel métier, telle entreprise, telle équipe sportive, etc …

Parallèlement, des appartenances plus abstraites se superposent à tout cela qui relève des opinions : appartenances idéologiques, politiques, syndicales ou plus généralement militantes.

 

On peut remarquer deux choses. La première est que presque toutes ces appartenances traditionnelles sont liées, peu ou prou, à un lieu physique : là où l'on vit ou à proximité.

La seconde, est que ces appartenances multiples courent le risque d'entrer en contradiction les unes avec les autres , et de contraindre soit à des incohérences de vie, soit à des choix parfois douloureux.

 

Surajoutons à tout cela un fait nouveau : les appartenances à des communautés numériques dont toutes les dimensions physiques ont disparues. Ces nouvelles appartenances numériques sont transversales et transfrontalières. Elles ne relèvent pas toujours des modalités et pratiques liées aux appartenances traditionnelles. Elles peuvent être anonymes, ou passer par des avatars ou pseudonymes. Elles sont beaucoup plus labiles et instables, parfois très éphémères. Elles se placent hors du monde réel et peuvent aussi se créer des mondes irréels, imaginaires ou artificiels et détourner leurs membres de la réalité.

Tout cela mérite réflexion approfondie …

 

Complexité (science) : tout sauf la complication !

 

Les sciences complexes, issue de la thermodynamique, sont en train de révolutionner les sciences classiques, issues de la mécanique.

Un petit aperçu en a été donné dans l'introduction méthodologie donnée en ouverture à cet opuscule.

 

Mais, qu'est-ce que la complexité ?

Tout sauf la complication ! Un système sera dit d'autant plus complexe que le nombre, la fréquence et l'intensité des interactions entre ses composants sont importants. A la différence du système compliqué qui réagit toujours mécaniquement, sans degrés de liberté, le système complexe est un tout organique qui, aux sollicitations externes, pourra répondre selon tout un spectre de scénarii non déterministes. Un système compliqué ou mécanique est toujours démontable et remontable. Un système complexe et organique ne l'est jamais, sous peine de le tuer ou de le détruire irréversiblement.

Au contraire d'un système mécanique, les systèmes complexes sont sujets à l'auto-organisation (ils peuvent faire émerger des comportements inédits ou des structures dissipatives en réponse à des tensions imposées de l'extérieur) et à l'autopoïèse (ils peuvent faire émerger des comportements inédits ou des structures dissipatives en suite à des propensions développées de l'intérieur).

 

Les points-clés pour aborder la complexité sont les suivants :

  • La notion d'ordre
  • La notion de système.
  • Le nouveau "discours de la méthode"
  • La notion de processus.
  • La notion d'émergence

 

Ethique (accomplissement) : la plénitude !

 

Premier point : Aristote parlait de "l'entéléchie", Spinoza invoquait "le conatus" et Nietzsche pointait "la volonté de puissance". Que pouvaient bien signifier ces expressions philosophiques ? Simplement que tout ce qui existe est poussé, inconsciemment le plus souvent, par l'intention de s'accomplir soi-même en plénitude.

Cette idée d'accomplissement de soi est réellement universelle ; elle est une des grandes lois de la Nature ; elle est l'intention cosmique qui, en chaque être prendre une forme spécifique : la vocation intime et personnelle. Chacun possède, au fond de lui, une vocation profonde qui exprime sa "bonne raison de vivre" - sa mission sur Terre, disait-on naguère.

 

Deuxième point :étant donné l'interdépendance universelle, chaque être, pour s'accomplir, a besoin d'échanger avec le monde qui l'entoure, avec son monde. De ce constat sourd l'idée que pour s'accomplir, il est nécessaire aussi de contribuer à l'accomplissement de son monde. Il convient donc de dire que chacun est poussé à s'accomplir en soi et autour de soi. Là naît l'idée d'éthique dans les rapports entre l'accomplissement intérieur et l'accomplissement extérieur.

 

Troisième point : s'accomplir en soi et autour de soi est la vocation intime et profonde de chacun, c'est la seule "bonne raison" de vivre, d'exister, d'agir, d'œuvrer, etc …

Cet accomplissement du soi et de l'autour du soi apparaît alors comme la boussole éthique qui doit nous guider dans chacun de nos choix.

Faire ceci est-il contributif à l'accomplissement ? Oui : je le fais. Non : je ne le fais pas. C'est aussi simple que cela. Ne faire et ne dire que ce qui contribue positivement à l'accomplissement. Et s'abstenir du reste qui est soit inutile, soit néfaste.

 

Quatrième point : comment découvrir notre vocation intime et profonde ?

 

Marc Halévy

Le 01/05/2020