Méthode de management de crise
En voici une, donc, en sept points !
- Redéfinir avec soin la "raison d'exister" (le projet) de l'entreprise, sa finalité (qui n'est jamais le profit - celui-ci étant un moyen indispensable pour assurer la rémunération des ressources et le financement du développement - et une conséquence, mais jamais un but). Et bien comprendre (et valoriser) sa culture (ses valeurs, traditions, rites, réflexes constructifs et positifs) et son identité (sa généalogie, ses traditions), mais sans nostalgie ni culte du "bon vieux temps" qui n'a jamais exister, et en corrigeant les vieux défauts et les mauvaises habitudes.
- Eliminer sans pitié tout ce qui ne contribue pas réellement à cette finalité (avec éthique, c'est-à-dire en recourant, autant que faire ce peut aux formations ou aux départs volontaires, et sans casse sociale dans les cas les plus difficiles).
- Renforcer tout ce qui contribue réellement à la finalité de l'entreprise et viser, là, la virtuosité professionnelle dans toutes les dimensions (viser la marge par la qualité plutôt que le chiffre d'affaire par la quantité ; viser la haute valeur d'utilité des produits et services et non le prix le plus bas).
- Préférer un fonctionnement en réseau collaboratif des petites équipes (35 personnes, idéalement) et renoncer au pyramidal hiérarchique : cultiver les autonomies et les interdépendances (circulation des informations et des savoir-faire, esprit de corps, solidarité entre les personnes et entre les équipes), mais combattre les "indépendances" et les "baronnies".
- Créer son marché et non le subir ; atteindre des clients qui "nous méritent" et qui "nous apprécient", et non le tout-venant qui veut du bradage. Anticiper les évolutions de ces marchés et accompagner (par de la consultance, de la formation, des conseils, du SAV) le bon usage des produits et services auprès, non pas des acheteurs, mais des utilisateurs finaux.
- Pratiquer en tout la frugalité : faire moins mais mieux. Optimiser constamment le bon usage de toutes les ressources (y compris le temps, le stress, l'énergie, ...) ; repérer les ressources rares ou fragiles et inventer des solutions alternatives d'approvisionnement ou d'usage.
- Ne pas croire au "miracle technologique" : la technologie n'est jamais une solution à rien, mais elle peut être un amplificateur à beaucoup. L'intelligence artificielle n'existe pas ; en revanche il y a bien de l'intelligence humaine amplifiée par de la puissance de calcul. Tout ce qui est robotisable ou algorithmisable, sera robotisé et algorithmisé (que cela plaise ou pas) ; il y a un déplacement important du centre de gravité des activités humaines qu'il faut anticiper (et qui engendre deux problèmes à résoudre : son financement et le reclassement des collaborateurs visés).
Le reste est affaire d'intelligence, de bon sens, de savoir-faire, de tact et de souci de l'efficience à moyen et long terme (ne pas se laisser prendre au piège du court terme et de l'urgence : lorsque tout est urgent, plus rien ne l'est !
Marc Halévy
Physicien, philosophe et prospectiviste