Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Notes politiques.

Les présentes notes ont été inspirées par la lecture de "Anarchie, Etat et utopie" de Robert Nozick (1974).

La communauté doit être le soutien de l'autonomie et de l'accomplissement personnel de chacun, mais ne peut jamais être son maître.

 

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Il ne peut jamais y avoir de droit, pour quiconque, sans devoir symétrique.

 

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Une "déclaration universelle des droits de l'homme" sans une "déclaration universelle des devoirs de l'homme" est forcément bancale et peu crédible.

 

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La phrase célèbre : "Tous les hommes naissent libres et égaux en droit", est probablement la plus fausse et la plus idiote jamais écrite.

L'autonomie se construit et les différences se cultivent en vue de l'excellence.

 

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L'accomplissement de soi au détriment de l'accomplissement de l'autour de soi, n'est que de l'escroquerie, du vol, de la malfaisance.

Un accomplissement positif et constructif est toujours accomplissement de soi et de l'autour de soi.

On ne s'accomplit jamais "contre" ; on s'accomplit toujours "avec".

 

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Tout humain naît dans une communauté dont il dépend intensément (sa famille, sa tribu, sa secte, sa meute, etc …). C'est à partir de là qu'il peut commencer à construire sa propre autonomie et à s'émanciper (sans nécessairement renier ou rejeter lesdites familles, tribus, …).

Le chemin de la vie ne va pas de l'individu à la société, mais, tout au contraire, de la société vers l'individu.

La société n'est pas à construire par les individus ; elle est à déconstruire pour les individus.

 

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Il ne faut plus jamais confondre "individualisme" et "égocentrisme".

L'égocentrisme ramène tout à soi et exploite l'autour de soi à des fins purement égoïstes.

L'individualisme vise la construction de l'autonomie de soi, en harmonie et équilibre avec l'autour de soi.

 

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Les institutions collectives de pouvoir (la politique, en somme) ne sont, à l'origine, que les réponses au manque d'éthique des personnes individuelles.

 

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Il n'y a nul besoin d'instruments de régulation, s'il n'y a rien à réguler.

Mais il y a quelque chose à réguler dès lors qu'un accomplissement holistique de l'ensemble vient compléter l'accomplissement analytique des éléments.

C'est le cas de tous les processus complexes où l'autonomie et l'interdépendance sont intimement complémentaires.

La question centrale, alors est : quelle est la forme de régulation globale qui est la plus apte à nourrir optimalement l'accomplissement holistique de l'ensemble et l'accomplissement analytique de chaque élément ?

Longtemps, la réponse à cette question a été celle de la régulation pyramidale (autocratique ou démocratique). On sait aujourd'hui que, dans un monde aussi complexe que le nôtre, le modèle pyramidal, parce que trop pauvre (donc trop lent et trop lourd), doit être remplacé par le modèle réticulé, beaucoup plus riche, mais autrement plus difficile à mettre en œuvre.

 

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Dès lors qu'un processus collectif veut être efficace, il doit être coordonné, car une telle efficacité globale n'est quasi jamais ni évidente, ni naturelle, ni spontanée.

Cette coordination, pour être optimale, appelle une connaissance, une sensibilité, une intelligence, une volonté et une conscience supérieures. Elle appelle donc une élite, c'est-à-dire une aristocratie (au sens étymologique grec de "gouvernance par les meilleurs", par les plus aptes, par les plus doués, par les plus talentueux).

L'histoire montre que, très malheureusement, cette élite a trop souvent dévoyé ses pouvoirs à son seul profit, au détriment du profit collectif, c'est-à-dire du bien commun.

Toute la problématique du politique est là : comment réguler optimalement l'action collective sans dévoiement des instruments de régulation ?

La modernité avait inventé une solution : la démocratie (ne parlons plus de la "démocratie" athénienne qui n'était qu'une oligarchie aristocratique). Mais la démocratie ne fut qu'une utopie théorique ; dans la pratique, elle est devenue très vite une démagogie électoraliste et clientéliste et a entériné, par le suffrage universel, la tyrannie des plus nombreux, c'est-à-dire des plus idiots.

 

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Les problématiques collectives sont au nombre de six : la question spirituelle (quel vocation commune ?), la question culturelle (quelle tradition valorisable ?), la question économique (quelle prospérité partagée ?), la question écologique (quel environnement durable ?), la question éthique (quelle organisation interne ?) et la question diplomatique (quelles relations externes ?). Six "ministères", donc. Il manque encore une instance, la septième, pour organiser la coordination optimale de ces six problématiques interdépendantes.

 

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La plupart des théories politiques partent du principe que chaque individu, naturellement, possède des droits et que la collectivité doit s'organiser pour protéger (et dédommager, en cas de forfait) les gentils faibles contre les méchants forts (qu'il faut dissuader d'agir mal, par la menace et la punition).

Outre que ces notions duelles de fort et de faible, de gentil et de méchant soient éminemment discutables et relatives (dans le temps, dans l'espace et dans la forme), c'est la notion de "droit naturel" qu'il faut interroger. Elle fonde la morale (qui définit ces droits) et, par conséquent, le politique (qui formalise la morale).

C'est donc l'idée de "morale naturelle" qu'il faut questionner. Or, la notion de morale est totalement étrangère à la Nature qui ne fonctionne nullement sur les principes du "bien" et du "mal", mais dont le moteur intime et ultime est la notion d'accomplissement constructif du soi (collectif et individuel) et de l'autour du soi. Est "bien" ce qui favorise cet accomplissement, est "mal" ce qui le lèse.

Le principe fondateur de la Nature n'est pas "moral", mais bien téléologique.

Il n'y a donc aucun droit, mais bien le devoir de l'accomplissement de soi et de l'autour de soi.

C'est cela "accomplir son devoir" ; c'est cela la seule et unique bonne raison d'exister de tout ce qui existe.

N'a droit à quoique ce soit que celui qui accomplit son devoir naturel !

 

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Les droits sont conditionnés par l'accomplissement du devoir fondamental. Et ce devoir fondamental est celui de l'accomplissement de soi et de l'autour de soi.

Soit ! Voilà pour la théorie. Mais en pratique, la grande majorité des humains ignore complètement ce devoir naturel fondamental : ils ne fonctionnent qu'au service de leur nombril, c'est-à-dire de leur plaisir immédiat et ne se sentent pas concernés par la téléologie globale du Réel. Ils réclament des droits et balaient ce devoir primordial d'un revers de main. Ils refusent que leurs sacro-saints "droits" puissent être conditionnés par quoique ce soit. Alors que faire ?

Les forcer ? Impossible !

Les éduquer ? Oui, évidemment, mais sont-ils éducables ?

Peuvent-ils entendre que le sens de l'existence et leur devoir essentiel reviennent à se mettre au service de l'accomplissement de la Vie et de l'Esprit, en eux et autour d'eux ?

Alors, que faire ? Limiter les dégâts ! Au moins les empêcher de nuire à la Vie et à l'Esprit. Leur donner tous les droits sauf ceux de nuire à la Vie, sous toutes ses formes, et à l'Esprit, sous toutes ses formes.

Interdire de nuire à la vie d'un autre humain, c'est le fondement du droit commun. Mais en ce qui concerne les autres formes de Vie : qui va porter plainte et juger et punir ? Et en ce qui concerne l'Esprit : que signifie "nuire à l'Esprit sous toutes ses formes" ? Il y a bien sûr la liberté de pensée et la liberté d'expression (aujourd'hui bien bafouée par le wokisme et l'islamisme). Mais au-delà ? L'Esprit est à l'œuvre dans toutes les émergences, même non humaines ; et pour celles-là qui portera plainte ?

Mon seul espoir est la restauration d'une spiritualité (areligieuse) suffisamment profonde pour permettre cette foi en la Vie et en l'Esprit au sens cosmique de ces termes. Si les accomplir est trop demander, au moins les respecter, sous toutes leurs formes.