Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Notes sur l'article d'André Comte-Sponville

"Le Point" n°2556 du 12 août 2021

De mon ami André Comte-Sponville :

 

"Nous sommes tombés d'une erreur dans une autre ! La morale est revenue en force, c'est vrai, sous la forme du politiquement correct, qui en fait un 'moralement correct'. Dans les années 1968 et suivantes, 'tout était politique'. Quarante ans plus tard, plus personne ne rêve de faire la révolution, la gauche vit dans le mensonge depuis 1983, Mélenchon propose un programme keynésien, la droite est bloquée par le RN, les taux d'abstention aux élections atteigne de niveaux records, et la dérision l'emporte sur l'engagement ! Alors on se rabat sur les bons sentiments, le moralement correct et la 'cancel culture', qui voudrait imposer une dictature des minorités. Mais les bons sentiments ne font pas une politique. La vérité, c'est qu'il n'y a pas à choisir entre la morale et la politique : nous avons besoin des deux, et de la différence entre les deux !"

 

Voilà bien l'erreur de tout ancien militant (surtout communiste comme ACS) : distinguer politique et morale alors que le seul rôle du politique est de moraliser la société, de définir (au travers des lois que l'Etat a mission d'appliquer et de contrôler) l'éthique qui doit présider à tous les comportements, tant économiques que noétiques ou sociaux.

Le rôle du politique n'est pas d'imposer des comportements, mais d'imposer l'éthique qui doit régir tous les comportements.

 

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Il me paraît totalement évident que les civilisations judéo-helléno-chrétienne (européenne et "blanche", donc) et sino-japonaise (extrême-orientale et "jaune", donc) sont de loin supérieures à toutes les autres (civilisation indienne exceptée, qui est un monde multiple et à part).

A quelques très rares exceptions près, toutes les grandes œuvres humaines, tant littéraires que scientifiques, philosophiques, spirituelles et architecturales, depuis des millénaires, ont été produites par elles.

 

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L'aristocratisme passe par la fierté.

La virtuosité (qui en est, au fond, le synonyme), aussi : être fier de ses œuvres parce qu'elles atteignent une certaine perfection.

 

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D'une psychiatre :

 

"Les gens ne savent pas s'aimer eux-mêmes ;

ils sont beaucoup trop narcissiques pour ça !"

 

Le paradoxe n'est qu'une astuce fréquente dans cette corporation d'apprentis-sorciers, mais l'aphorisme est vrai.

Le narcissisme, c'est s'admirer dans le regard de l'autre (des autres), une obsession de séduction qui confine, souvent, à une forme de "prostitution" d'image de soi.

"S'aimer soi-même" (sans orgueil, ni vanité, ni arrogance) n'a rien à voir avec le regard de l'autre, mais bien avec la lucidité et la fierté légitimes.

 

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Du même André Comte-Sponville, pour "justifier" son athéisme :

 

"Si le peuple est souverain, il est exclu que Dieu le soit."

 

Cette réplique est doublement stupide.

La souveraineté du peuple est une idiotie : la souveraineté du "peuple" (qui fonde cette ineptie nommée "démocratie au suffrage universel") n'est que la souveraineté des démagogues qui ont séduit les masses qui ne demandent jamais à être souveraines de quoique ce soit, mais qui exigent seulement leur "panem et circenses".

La souveraineté de Dieu impliquerait, d'abord, de définir "Dieu" et si, selon Spinoza qu'ACS convoque si volontiers, Deus sive Natura, Dieu est évidemment souverain sur tout ce qui existe.

 

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Et, toujours du même :

 

"Je suis humaniste, et l'humanisme est un spécisme : il postule que tous les êtres humains sont égaux en droit et en dignité, mais aussi qu'ils sont supérieurs par là à quelque bête que ce soit."

 

Encore une bêtise ! Les humains ne sont égaux en rien ; ils sont tous différents et uniques, et certains sont même pires et plus bas que bien des animaux.

L'humanisme est le nom euphémique de l'anthropocentrisme qui s'oppose cruellement et dramatiquement au cosmocentrisme si indispensable de nos jours, notamment au travers d'un écologisme authentique qui doit mettre l'humain au service de la Vie et de l'Esprit, sous toutes leurs formes.

 

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Vivre longtemps n'est pas un but.

Vivre bellement est un devoir.

Vivre sainement est un chemin.

 

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Un dicton paraît-il juif :

 

"Un Juif n'est pas quelqu'un dont les parents sont juifs

mais quelqu'un dont les enfants sont juifs."

 

Il y a là plusieurs erreurs dont la plus grave signale qu'est Juif celui dont la mère est juive … et non "les parents". Le père ne joue aucun rôle dans la transmission première et fondamentale ; il n'intervient qu'après.

 

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Nous assistons à une "corporatisation" de nos sociétés : chaque caste (universitaire, religieuse, politique, professionnelle, artistique, …) incorpore d'abord et surtout les enfants des membres de ladite caste.

Le cinéma et la mode en sont des exemples criants. Les "corps de l'Etat" aussi.

Le "fils de" ou "fille de" jouent un rôle de plus en plus crucial … comme si les savoirs et les talents étaient héréditaires.

 

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Et encore, pour finir, de ce cher André C-S :

 

"Quand ceux qui réussissent à l'école sont ceux qui ont l'école à la maison parce qu'ils sont enfants d'enseignants, cela veut dire que l'école de la République est en échec gravissime."

 

Tout à fait exact. Corporatisme héréditaire …

Quelle est la cause de ce marasme ? Le fait que le système éducatif, scolaire et universitaire soit sous la coupe de l'Etat, donc la chasse gardée de fonctionnaires (par définition, parasites et anti-entrepreneuriaux).