Nous vivons …
Nous vivons l'effondrement de tous les repères, tant ceux de la Modernité (étatisme, légalisme, démocratisme, égalitarisme, financiarisme, mercantilisme, universalisme, solidarisme, …) que ceux de la Christianité (salut, charité, idéalisme, dualisme, messianisme, hiérarchisme, dogmatisme, cléricalisme, …).
Nous vivons une profonde crise de civilisation avec, pour conséquence, la chaotisation de toutes les dimensions existentielles, chaotisation qui induit des dérèglements profonds tant dans les comportements humains (dérégulation géopolitique, économique, monétaire, militaire, technologique, juridique, normative, éthique, idéologiques, …) que dans nos rapports avec la planète (dérèglements climatiques et océaniques, perte de biodiversité, pandémies à répétition, pollutions, pénurisation de toutes les ressources naturelles, …).
Nous vivons l'émergence irréversible d'une civilisation noétique où la valeur des intelligences et des connaissances, ainsi que les technologies numériques, seront centrales et toutes-puissantes, aussi prometteuses que dangereuses. Dangereuses car capables d'assujettir l'humain. Prometteuses car capables d'amplifier l'humain.
Nous vivons un passage difficile de nos modes d'existence où le maître-mot sera celui d'autonomie forte :
- une autonomie forte par rapport au monde extérieur, de plus en plus pénurique, par la pratique permanente d'une frugalité consommatoire à 360° ;
- une autonomie forte dans ses activités où le salariat est en voie de disparition et où chacun doit devenir sa propre entreprise ;
- une autonomie forte dans ses convictions qui doivent se libérer des manipulations politiques, médiatiques, religieuses et numériques ;
- une autonomie forte par intériorisation profonde de l'existence qui se vit de l'intérieur et qui se limite à l'accomplissement et au perfectionnement de soi et de l'autour de soi ;
- une autonomie forte par rapport à toutes les institutions politiques, économiques ou religieuses qui ne sont plus que des intendances périphériques parfois utiles, souvent encombrantes ;
- une autonomie forte – qui n'est pas de l'indépendance autocentrée – insérée dans des réseaux denses d'interdépendances (qui ne sont jamais de la dépendance unilatérale) ;
une autonomie forte de chacun dans son terroir – tant matériel qu'immatériel -, terroirs formant des réseaux d'interconnexions à l'échelle continentale du point de vue de leur matérialité, et à l'échelle mondiale du point de vue de leur immatérialité.