Oui, les écolos mentent !
Quand on ne sait pas, on croit.
Ce sont ceux qui savent le moins, qui croient le plus.
Là où le savoir est maigre, la croyance prolifère.
Le livre de Jean de Kervasdoué intitulé : "Les écolos nous mentent" remet bien des pendules à l'heure. En voici mes critiques :
- Déforestations par le feu : c'est un quasi faux problème malgré les spectaculaires reportages faits au Brésil et en Australie. Ces incendies (volontaires et absurdes) n'amputent pas le "poumon de l'humanité car les arbres ne produisent pas plus d'oxygène qu'ils n'en consomment … En revanche, la diminution des surfaces forestières appauvrit la capture du carbone de l'atmosphère (l'absorption de CO2 par les végétaux qui le métabolisent).
- Biodiversité : encore un faux problème (sauf dans les océans où la pêche intensive est un véritable fléau) ; sur terre, l'évolution de la biodiversité (ne pas confondre le nombre des espèces et le nombre des représentants par espèce) n'est pas vraiment ni connue, ni préoccupante, cependant on constate la disparition d'espèces utiles et la prolifération d'espèces nocives.
- Insecticides : encore un faux problème notamment en matière d'extermination des abeilles et des pollinisateurs (les hécatombes sont réelles, mais peu corrélées avec l'usage des insecticides, en général, et des glyphosates, en particulier), mais une grande vigilance s'impose avec rigueur et vigueur.
- Surpêche : un vrai problème (le plus grave actuellement) ; il faut promouvoir l'aquaculture, mais une aquaculture très bien faite et de haute qualité tant écologique que nutritionnelle (pas de farines de poissons pour nourrir les poissons).
- Sylviculture : encore un problème qui se révèle assez faux, pourvu que l'on respecte deux conditions drastiques : il faut imposer partout des plantations en multi-essence (pas de monoculture, surtout de résineux) et interdire partout les coupes rases (appelées aussi "coupes-à-blanc).
- Production agricole : elle est encore soutenable pour nourrir la population mondiale actuelle mais seulement si l'on recours à une agriculture intensive dans une logique agro-chimique, agro-industrielle et agro-mécanique généralisés ; sans une telle agriculture intensive et destructrice, nourrir la population mondiale n'est pas (plus) possible.
- Pénurie d'eau douce : encore un faux problème en ce qui concerne l'agriculture (hors empoisonnement chimique des nappes phréatiques) et l'élevage (sauf pollution par les excréments) … L'eau ne se consomme pas ; elle circule (la molécule d'eau est très stable et ne se détruit jamais) ! Le vrai problème est l'accès aux eaux potables et l'évacuation des eaux usées. La seule vraie difficulté : les installations d'épuration des eaux usées ou sales coûtent très cher en ressources, en temps et en énergie.
- Prolifération d'algues vertes : cette prolifération est mortifère pour les écosystèmes aquatiques et est liée au système N-K-P : c'est la teneur en azote, en potassium et en phosphore (surtout lui qui est peu dépendant des élevages porcins ou bovins) qui régule le développement des végétaux, donc la prolifération des animaux qui s'en nourrissent et des autres animaux qui se nourrissent de ceux-ci (cfr. le principe de Liebig).
- Les (agri)cultures bios ou équivalentes, du fait de leurs rendements plus bas, nécessitent de bien plus grandes surfaces cultivées, donc plus de déforestations. Elles n'ont pas d'avantages très concluants par rapport à l'agriculture plus conventionnelle (elles polluent autant, mais différemment) ; de plus, leurs réglementations et normes sont aisément contournables (et généralement contournées ; le label "bio" est administratif, mais ne signifie pas grand' chose). Il faut, dans tous les cas, favoriser l'agriculture raisonnée.
- Manger moins de viande – surtout rouge et charcutière – est une bonne idée, malgré qu'il n'y ait là ni danger réel significatif pour la santé, ni corrélation avec la prolifération des cancers colorectaux. Le végétalisme et le véganisme sont des aberrations pour ces omnivores naturels que sont les humains : une carotte ou une laitue que l'on mange crues, souffrent plus qu'un veau que l'on abat proprement (et dans les deux cas, il s'agit d'une vie à part entière que l'on détruit pour notre survie). Cependant, veiller à l'éthique des élevages et des abattages est absolument nécessaires ; ce n'est pas le fait de manger de la viande qui fait problème (ni pour la santé des humains, ni pour la pollution des sols et des airs), c'est la manière de produire cette viande qui, parfois, frise l'infâme.
- Manger frais, fait "maison", varié, équilibré, local, de saison, à heures fixes et en quantités raisonnables : cela suffit amplement à la bonne santé. Les ennemis mortels de cette bonne hygiène alimentaire, ce sont l'industrie agroalimentaire et leurs dérivés fast-foods et sodas divers ! Cette bonne hygiène de vie demande qu'on lui consacre du temps (plutôt que de regarder d'ineptes séries américaines à la télévision) et consiste à faire, à peu près, le contraire de ce que vantent les publicités.
- La peur des OGM relève de la même peur que celle du nucléaire (les mécanismes concernés sont invisibles) ; et ces peurs alimentent à souhait les mouvances antiscientifiques et anti-technologiques. Mais cela ne signifie pas qu'il faille donner, à toute technologie (visible ou invisible), un blanc seing aveugle. La Nature a développé une "sagesse" sélective et régulatrice reposant sur des milliards d'années d'essais et erreurs : l'aventure technologique humaine (qui n'a que quelques siècles) fait encore ses maladies infantiles et en essuie les plâtres. En matière de manipulations génétiques, n'oublions jamais que la loi de la sélection naturelle joue aussi pour les OGM (le seul risque réel, c'est que ce soit l'humanité qui soit "désélectionnée" par ladite loi). Dès que l'on touche au génétique, la plus extrême vigilance s'impose car les erreurs des apprentis-sorciers humains sont irréversibles : mais vigilance n'est ni véto, ni ukase.
- En matière énergétique, outre la filière hydroélectrique qui est la plus parfaite, la seule solution durable, sérieuse et sécurisée est l'énergie nucléaire de fission. Brûler des combustibles carbonés est une absurdité, d'ailleurs en bout de course, et les technologies dites "renouvelables" (qui ne le sont pas du tout) ont des rendements non viables. De plus, l'impact sanitaire des centrales nucléaire est simplement nul (hors un seul cas : Tchernobyl qui fit, en tout et pour tout, 80 victimes dont 50 parmi les "liquidateurs" envoyés, après coup, pour maîtriser le désastre dû à des négligences politiques et techniques purement humaines ; Fukushima – qui a subi un tsunami et non un problème de centrale - n'a pas fait une seule victime "nucléaire", mais des milliers de noyades).
- Les interférences entre des ondes hertziennes et le cerveau humain n'ont jamais pu être ni constatées, ni mesurées (au contraire des battements et ondes sonores émanant des éoliennes et des longs contacts entre téléphones portables et lobe temporal).
- Le problème n'est pas de diaboliser les moteurs diésels (qui est un faux procès : le moteur diésel est moins polluant et plus performant que le moteur à essence) et de sanctifier les moteurs électriques (la production de l'électricité nécessaire à leur recharge implique une prolifération de nouvelles centrales électriques classiques ; oublions, à ce niveau, les fumisteries éoliennes et photovoltaïques … comme on peut oublier les dynamos vélocipédiques) ; le problème réel est de se déplacer le moins possible, le plus frugalement possible (aussi en commun), et le moins loin possible ; le problème est de cesser de prendre l'avion ; le problème est de cesser d'importer et de transporter tout et n'importe quoi, et surtout le non indispensable. Le slogan est : "Restez chez vous et vivez, produisez et consommez près de chez vous !"
- Tous les dérivés de l'anthroposophie de Rudolf Steiner, dont la biodynamie, relèvent de la "pensée magique" et ne sont, comme l'homéopathie et bien d'autres débilo-thérapies, que de vastes fumisteries. Cela ne signifie nullement, que les activités agricoles, médicales et autres ne bénéficieraient pas grandement d'approches beaucoup plus systémiques et holistiques, et bien moins chimio-mécanistes.
- La natalité nette baisse partout naturellement (et c'est urgent en Afrique et en Asie du sud-est) dès lors que le niveau de vie augmente, qu'une sécurité sociale minimale est assurée, que l'accès à l'eau potable est amélioré et que, surtout, les femmes sont mieux éduquées.
- La confusion savamment et malhonnêtement entretenue entre "risque" et "danger" relève de la manipulation mentale de masse. Vivre est risqué, la preuve, : on finit tous par en mourir. Le risque est inhérent à la vie, le danger commence lorsqu'on ignore le risque ou qu'on le néglige.
- Le problème est moins le réchauffement climatique que le dérèglement et la chaotisation climatiques. La vie peut s'adapter à un réchauffement modéré et progressif (l'échelle des temps y est cruciale), mais pas à des variations irrégulières, brutales et de grandes amplitudes comme nous le vivons ces derniers temps.
- Le manque de bonne formation scientifique (et de culture générale de base) du fait de systèmes éducatifs médiocres (massivement gauchisants, nivelants, égalitaristes, littéraires et fonctionnarisés), induit un effondrement de l'esprit critique et de la rationalité minimale au profit d'une hégémonie de l'émotion reptilienne et de la tyrannie des imbécilités (complotistes ou autres) colportées par les "médias sociaux numériques" (qui sont tout sauf des "réseaux").
En conclusion de ce livre qui remet beaucoup de pendules à l'heure juste, sept idées me dominent :
- Il y a beaucoup trop d'humain sur Terre et il faut redescendre, en deux siècles maximum, à une population d'environ 2 milliards (la pression écologique de l'humanité sur le reste de la planète est devenue beaucoup trop forte) ; le fait que les prévisions "malthusiennes" faites depuis 50 ans ne se soient pas encore réalisées, s'explique simplement par le fait que l'on continue d'épuiser de plus en plus vite, les stocks de ressources, de plus en plus vides, sur lesquels nous sommes encore assis : "Jusqu'ici, tout va bien" … ;
- La production et la consommation globale moyenne de tout est beaucoup trop élevée et doit être diminuée de moitié : l'application systématique du principe Frugalité est vital pour la Vie en général et l'humanité en particulier (nulle part, dans le livre de Kervasdoué, il n'est évoqué la pénurisation de toutes les ressources matérielles non renouvelables, minérales ou non ; sans doute est-ce dû à la croyance ridicule en le recyclage total et absolu de tout) ;
- Les décroissances démographique et matérielle sont urgentes et incontournables … ce qui n'implique ni une décroissance du bien-être, ni une décroissance de la joie de vivre.
- L'écologisme politique n'est pas un combat ni pour la Vie, ni pour la Santé, ni pour la Nature ; il est un combat gauchiste contre le libéralisme, contre le capitalisme et contre le technologisme (la Vie, la Santé et la Nature n'y sont que de fumeux prétextes à de vastes manipulations de l'opinion et à de crapuleuses impostures pseudo-scientifiques).
- Plus la technologie avance, plus il faut être critique et prudent envers elle, mais de façon rationnelle et scientifique, loin de tout émotionnalisme et de tout sensationnalisme.
- Une approche analytique, comme celle du livre, montre des choses qu'il faut voir, mais l'approche systémique et holistique manque qui est pourtant indispensable et encore plus parlante, car tous les facteurs étudiés se conjuguent, s'atténuent ou s'amplifient mutuellement.
- La seule attitude responsable et éthique est simple : favoriser le développement et le renforcement de la Vie sous toutes ses formes (pas seulement humaines ou pro-humaines) et dans toutes ses manifestations afin de sortir de l'anthropocentrisme délétère actuel. L'humain est le germe naissant de l'Esprit, certes, mais il ne peut exister d'Esprit sans Vie saine et forte pour le soutenir.
Ce qui me sidère, dans ce dossier, c'est la collusion anti-déontologique et anti-journalistique entre les médias (même réputés de "droite") et les factions écolo-gauchistes qui prétendent incarner la "bien-pensance", le "politiquement correct" et qui, quoiqu'ultra-minoritaires, font la loi dans l'opinion publique et terrorisent, en conséquence, les politiques qui n'osent plus contredire leurs inepties.
Marc Halévy
Physicien, philosophe et prospectiviste
Le 27 janvier 2021