Pour la santé de l'Esprit.
Un arbre, pour être et rester sain, a besoin de basses racines pour capter l'eau et les sels minéraux de la terre, et il a besoin de hautes feuilles pour capter la lumière du soleil et l'air du vent dans le ciel.
Filons la métaphore …
Un esprit, pour être et rester sain, a besoin d'un enracinement profond dans une généalogie culturelle pour y puiser les connaissances (vraies et fausses) qui ont été accumulées dans la mémoire collective, et il a besoin de capter la lumière cosmique et divine, et des inspirations fluides et abstraites pour construire sa propre vision systémique du monde.
Les quatre éléments doivent alimenter l'arbre : l'eau, la terre (les sels), le feu (la lumière) et l'air. De même en ce qui concerne l'esprit. Se contenter de l'eau et de la terre (la tradition, la mémoire, etc …) venant du bas, voue l'esprit au même dépérissement que s'il se limitait à la seule lumière et à la seule inspiration venant du haut (l'illumination, l'imaginaire, le fantasme, etc …).
La dialectique entre la Terre et le Ciel est vitalement indispensable pour construire une pensée saine.
Ni le seul enracinement dans la Terre, ni la seule illumination venue du Ciel ne suffisent : penser, c'est instaurer un dialogue entre ces deux sources de la Connaissance qui se construit et qui, ce faisant, se rapproche, progressivement, de la Vérité connue du seul Réel.
En matière de Gnose, ni "l'âge d'or" du passé, ni "la parole perdue" n'ont de signification : tout reste à construire.
Rien n'a été perdu ; tout reste à trouver.
Il est intéressant de constater que partout dans les mythologies, dans les "contes et légendes", dans certains livres sacrés, il y a une constante idée récurrente : le "miracle" !
Ce qui fait l'essence même de ces histoires, c'est que, par le miracle (l'intervention des esprits surnaturels), certains humains privilégiés puissent échapper au Réel et à ses lois d'airain.
Ces "histoires" véhiculent, en fait, une peur et une haine du Réel.
D'où l'importance de la "prière" qui est supplique quémandeuse pour que l'ordre du Réel soit enfreint au profit du héros et ce, bien entendu, à la condition expresse de sa "pureté".
De là il faut conclure que le grand défi du nouveau paradigme qui s'ouvre, soit le rejet de toutes ces balivernes (le surnaturel, les miracles, la prière) et l'assomption radicale du Réel tel qu'il est et tel qu'il va.
Il va falloir, dare-dare, respiritualiser et resacraliser le Réel en tant que tel et comprendre, enfin, que rien, absolument rien, n'existe hors de lui et de son évolution par sauts successifs d'émergence.
Marc Halévy - Le 04/06/2021