Principes fondamentaux de physique complexe.
Les trois caractéristiques fondamentales du Réel sont son intentionnalité, sa substantialité et sa logicité.
L'intentionnalité fonde sa dynamique et engendre la temporalité.
La substantialité fonde sa topologie et engendre la spatialité.
La logicité fonde son eidétique et engendre l'organicité.
Chacune de ces trois dimensions induit une bipolarité qui lui est propre :
- l'intentionnalité dynamique fonde le principe d'accomplissement et induit le dipôle inertie et énergie.
- la substantialité topologique fonde le principe de configuration et induit le dipôle local et global.
- la logicité eidétique fonde le principe d'ordre et induit le dipôle entropie et néguentropie.
Ces trois bipolarités induisent des tensions que le métabolisme du Réel va devoir dissiper optimalement soit dans des scénarios d'effondrement, soit dans des scénarios d'équilibrage statique ou dynamique (oscillatoire, périodique, circulaire, tourbillonnaire, etc …), soit dans des scénarios d'émergence, soit encore dans des combinaisons sophistiquées de ces trois types de scénario.
Tout processus complexe évolue parce qu'il doit dissiper optimalement les tensions qui, sinon, risqueraient de le détruire (la notion de "dissipation des tensions" est due à mon mentor, le prix Nobel Ilya Prigogine et est explicitée en détail dans mon "Essai de cosmologie complexe" paru aux éditions Laurence Massaro en 2021 ainsi que dans mon "Dieu sait-il ce qu'il fait ? – Cosmologie et spiritualité" paru aux éditions Rouge & Noir en 2021).
Au fond, n'importe quel processus complexe (vous et moi, la galaxie de la Voie lactée, la vie d'une entreprise commerciale, la biosphère, une famille, …) est sujet à trois sortes de tensions fondamentales.
Il y a la tension entre le passé (la mémoire accumulée et épurée, les savoir et savoir-faire, les habitudes, les valeurs éducatives, l'inertie, …) et le futur (la vocation, les désirs, la volonté, de projet de vie, la mission, l'énergie, …). Cette tension s'appelle, techniquement, la tension dynamique ; elle engendre la temporalité du processus.
Pourquoi existe-t-il des tensions entre ces deux pôles du passé et du futur ? Tout simplement parce que tout processus est tenaillé entre son besoin de sécurité et de stabilité, et son besoin d'évolution et d'accomplissement
Il y a la tension entre l'intérieur (l'organisme, le corps, la masse pondérale, le volume de place, l'en-soi, la compacité, …) et l'extérieur (le milieu, l'environnement, le monde alentour, l'autour-de-soi, la fractalité, …). Cette tension s'appelle, techniquement, la tension topologique ; elle engendre la spatialité du processus.
Pourquoi existe-t-il des tensions entre ces deux pôles de l'intérieur et de l'extérieur ? Tout simplement parce que tout processus est tenaillé entre son besoin de fermeture et de préservation, et son besoin d'ouverture et d'échange.
Il y a la tension entre la régularité (l'homogénéité, la facilité, la tranquillité, l'uniformité, l'entropie, …) et la complexité (la créativité, l'organisation, l'optimalité, le progrès, la construction, la néguentropie, …). Cette tension s'appelle, techniquement, la tension eidétique (ou morphique) ; elle engendre l'organicité du processus.
Pourquoi existe-t-il des tensions entre ces deux pôles de la régularité et de la complexité ? Tout simplement parce que tout processus est tenaillé entre son besoin de calme et de paix, et son besoin de progression et de construction.
Bien entendu, en fonction des circonstances et des configurations, ces trois tensions fondamentales (entre ces six pôles fondateurs et permanents que sont le passé et le futur, l'extérieur et l'intérieur, la régularité et la complexité) vont se manifester et s'exprimer et se décliner selon des myriades de façons différentes, avec plus ou moins de brutalité, plus ou moins d'intensité, plus ou moins de fréquence, etc …
Mais n'est-ce pas cela la vie ? La permanente adaptation dissipative afin de toujours ramener le niveau global de "stress" (qui est le mot anglais trop souvent utilisé pour traduire le mot français "tension").
Tout ce qui existe, vous et moi, cette chenille, cette entreprise, cette communauté … et donc l'humanité prise comme un tout, tout ce qui existe doit optimiser en permanence son projet de vie et ses potentialités, son espace de vie et son milieu, son organisation et ses contraintes.
"Rien de nouveau sous le soleil", aurait dit le Qohélèt (l'Ecclésiaste).
Toute la physique des processus complexes n'est rien de plus que la modélisation théorique de l'omniprésence de ces six pôles fondateurs et de la dissipation optimale des tensions entre eux.
C'est ce regard-là que nous allons jeter sur l'évolution de l'humanité dans la période si particulière que nous vivons aujourd'hui.