Prospective pour le Tourisme
Il faut donc appliquer sans cesse et en profondeur le principe de frugalité qui dit ceci : "En tout, faire moins, mais mieux". Moins de quantitatif (moins) et plus de qualitatif (mieux) ! Par exemple : vendre moins, mais plus bien plus cher ; cultiver la virtuosité et la faire payer à son juste prix ; cesser de brader les produits et sortir du consumérisme de masse ; boycotter la grande distribution (qui, effectivement, distribue à tour de bras de l'argent et des marges bénéficiaires qui ne lui appartiennent pas) ; etc ….
Mais il ne faut pas se contenter du regard seulement économique (masse et prix).
A cette logique de frugalité et de virtuosité, il faut encore ajouter trois ruptures et trois défis aussi profonds :
1. la déferlante numérique qui bouleverse tous les métiers avec deux versants antagoniques :
- le versant vicieux : la prolifération de fausses informations, de fausses offres, de fausses filières, de faux prix, de faux réseaux, des faux "amis", …
- le versant vertueux : la désintermédiation, la pertinence et l'accessibilité des bonnes informations, les certifications 2. la prolifération des réseaux de projet qui rassemblent des personnes non plus autour des produits – plus ou moins trafiqués ou mensongers –, mais autour de finalités partagées …
3. le désir omniprésent de donner du sens à ce que l'on fait, de donner "une bonne raison" à faire ce que l'on fait, de vivre au service de quelque chose de noble et d'éthique …
Il suffit d'appliquer cette vision prospective globale au secteur du tourisme pour exprimer les grandes tendances qui sont déjà bien réelles et que la pandémie actuelle ne fait qu'amplifier et accélérer.
Ces grandes tendances sont, de façon très lapidaire :
- la fin des tourismes de masse et l'émergence de tourismes très ciblés et intimistes ;
- la fin des tourismes lointains et exotiques, et l'émergence des tourismes de proximité et de courte durée (3 à 7 jours) ;
- la fin des intermédiations touristiques (les "agences de voyage") et l'émergence de réseaux fiables d'information et de recherche en matière d'offres touristiques ;
- la fin des tourismes de défoulement et l'émergence de tourismes de ressourcement ;
- la fin des tourismes prédateurs et l'émergence de tourismes respectueux en matières écologiques, éthologiques et sociologiques.
Il est donc clair que c'est la notion même de "tourisme" qu'il faut revisiter, voire renommer tant la vision classique du "tourisme" est devenu délétère (dans la langue imagée, dire de quelqu'un qu'il est un "touriste" … dit tout !".
Marc Halévy
Physicien, philosophe et prospectiviste
Le 17/10/2020