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Réponses à "Capitalisme néolibéral et désinflation, un avenir en question" de Patrick Artus

Par Patrick Artus et réponses de Marc Halévy. Publié le 15/08/2020 à 10:00 | Le Point.fr

L'objectif central du capitalisme néolibéral, qui commence dans les années 1980, est d'accroître la profitabilité des entreprises pour augmenter la rentabilité du capital pour les actionnaires. Pour réaliser cet objectif, le capitalisme néolibéral a utilisé un certain nombre de moyens, fait un certain nombre de choix.

"La désinflation ne doit pas être confondue avec la déflation, qui correspond à une baisse des prix pendant une période prolongée. La déflation est donc l'opposé de l'inflation, alors que la désinflation désigne une période dont l'inflation diminue. // L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix." (Wikipédia)

Donc si la désinflation est le contraire de l'inflation qui est une perte de pouvoir d'achat, elle correspond à une augmentation de ce même pouvoir d'achat. Où est le problème ?

Tout d'abord, avec la déréglementation des marchés du travail, avec le recul du pouvoir de négociation des salariés, il a obtenu une forte déformation du partage des revenus au détriment des salariés ; en trente ans, un tiers seulement des gains de productivité est allé aux salariés, le reste est allé aux profits. Ceci explique la croissance lente des salaires.

Oui, mais quelle part des profits a été distribuée et quelle part a été réinvestie ? Le bon équilibre est 3 x 1/3 donc 1/3 pour les employés est OK.

Ensuite, le capitalisme néolibéral a utilisé la globalisation, les délocalisations vers les pays émergents. Aujourd'hui, 40 % de la demande intérieure de produits industriels des pays de l'OCDE est satisfaite par des importations depuis les pays émergents, quatre fois plus qu'il y a trente ans. Les coûts de production dans les pays émergents équivalaient il y a trente ans au tiers de ceux des pays de l'OCDE, aujourd'hui, ils ne sont toujours que la moitié de ceux des pays de l'OCDE. Cette baisse des coûts de production a en partie alimenté les profits.

Les coûts de main d'œuvre en Europe ne sont pas bons. Les principes égalitaristes favorisent le parasitisme et non le mérite. Les savoir-faire s'en vont, la médiocrité reste. Et comme, "là-bas", les savoir-faire sont nuls, c'est la qualité qui s'effondre en même temps que la virtuosité des métiers.

On a vu aussi l'apparition d'une forte concurrence fiscale entre les États, conduisant en particulier à un fort recul de la taxation des profits des entreprises (de 40 % à 21 % en moyenne), ce qui a bien sûr soutenu la profitabilité : le capitalisme néolibéral a parfaitement su entretenir la compétition entre les États pour obtenir la localisation des productions et des profits.

Oui, la fiscalité européenne est beaucoup trop élevée et ne sert qu'à financer les assistanats. Ce n'est pas le profit qu'il faut taxer, mais les dividendes. Les profits réinvestis doivent être quasi défiscalisés.

Autre technique utilisée, un investissement massif dans les énergies fossiles, qui représentent toujours près de 90 % de l'énergie utilisée, et dont le prix est resté faible. Enfin, la concentration des entreprises a donné aux actionnaires des rentes de monopole et d'oligopole.

Les monopoles et oligopoles énergétiques sont essentiellement des pseudo-entreprises étatiques bureaucratiques, improductives et incompétences (EDF, ENGIE, TOTAL, etc …).

De toutes les façons, les énergies alternatives sont des attrape-nigauds qui ne profitent à personne, sauf aux industries (allemandes) qui en fabriquent les installations pharaoniques et thermodynamiquement absurdes (les éoliennes en première ligne).

Si les quatre premières méthodes utilisées pour doper la rentabilité du capital (freinage des salaires, mondialisation et délocalisations, concurrence fiscale, utilisation des énergies fossiles) sont clairement désinflationnistes, seule la cinquième (apparition de monopoles) est inflationniste. Toutefois, comme elle ne concerne que les États-Unis, elle est largement dominée par les quatre premières.

Les monopoles américains ne concernent que le numérique et personne n'empêche l'Europe de construire son propre numérique et d'interdire les GAFA sur son territoire (ce qui serait la meilleure nouvelle de la décennie).

Au total, le capitalisme néolibéral est donc la cause centrale de la désinflation observée dans les pays de l'OCDE depuis les années 1980. Ceci explique une autre caractéristique centrale du capitalisme néolibéral : la hausse des inégalités patrimoniales.

L'égalité n'existe pas dans le monde réel, et l'égalitarisme n'est pas une idéologie positive et constructive. Le socialo-populisme est une gangrène qui ne mène qu'aux totalitarismes.

Niveau élevé de la rentabilité du capital pour l'actionnaire, enrichissement patrimonial et inégalités patrimoniales, désinflation, ces trois caractéristiques forment un tout cohérent.

Mais qui n'a rien à voir ni avec le libéralisme, ni avec le capitalisme : cela s'appelle le financiarisme qui est le cancer de l'économie alors que le libéralisme en est le guide de santé et le capitalisme (le financement privé des investissements privés) en est un des moyens.

Si s'engage, dans l'avenir, une sortie du capitalisme néolibéral (hausse du pouvoir de négociation des salariés et hausse des salaires, démondialisation et relocalisations, coopération fiscale entre les pays, passage aux énergies renouvelables), il y aura à la fois hausse de l'inflation, baisse de la profitabilité des entreprises et de la rentabilité du capital pour l'actionnaire, baisse des prix des actifs et recul des inégalités patrimoniales.

Faux ! Tous ces "rêves" idéologiques sont proprement absurdes. Ce ne sont pas les salaires qu'il faut augmenter, mais la consommation qu'il faut diminuer ; la hausse des salaires est une calamité si elle n'est pas liée à une hausse de la virtuosité des humains et de la valeur d'utilité des produits. La mondialisation est déjà finie depuis quelques temps et la continentalisation (Huntington) est en marche : l'Europe est le seul avenir de l'Europe. L'économie de demain sera une économie de proximité tant en production qu'en distribution. Les énergies "renouvelables" sont des fumisteries.

La seule idée correcte dans ce galimatias idéologique, c'est la fin imminente du financiarisme (erronément nommé capitalisme néo-libéral), non pour des raisons égalitaristes ou illibérales, mais parce que l'économie spéculative est devenue absurdement disproportionnée par rapport à l'économie réelle : elle vend et survend des promesses qui ne pourront jamais être tenues. Ce sont les Bourses qu'il faut affaiblir et non les Entreprises réelles.

Pour les salariés, un pouvoir de négociation plus important et la disparition des bulles sur les prix des actifs (avec aujourd'hui, par exemple, le renchérissement des prix des logements) sont de bonnes nouvelles, mais une hausse des prix qui réduit le pouvoir d'achat est une mauvaise nouvelle.

Faux ! Il faut abattre les syndicats en abattant le contrat d'emploi et le principe même du salariat. Chacun doit être sa propre entreprise et développer sa propre capacité de virtuosité et de production de valeur d'utilité. De plus, toutes les activités vont être robotisées et/ou algorithmisées à hauteur de 40% avant 2035. Il n'y aura plus de place ni pour les médiocres, ni pour les fainéants.

Patrick Artus n'est, en fait, qu'un crypto-gauchiste, sans doute adepte de Keynes et de Piketty. N'oublions pas que Natixis est à la botte de l'Etat et est donc l'anti-libéralisme incarné (Caisse d'Epargne, Banque Populaire, Crédit National).