Respiritualiser et resacraliser le monde … C'est maintenant !
Principes et questions fondamentales pour refonder une spiritualité.
La spiritualité se fonde sur trois évidences et pose trois questions.
Les trois évidences :
- Le Réel est tout ce qui existe.
- Les humains perçoivent et conçoivent le Réel au travers de leurs facultés mentales (sensibilité sensitive et intuitive, intelligence structurante et créative).
- La représentation du Réel qui en sort, est forcément partielle et partiale puisque contrainte par les limites desdites facultés mentales humaines.
Les trois questions :
- Le Réel possède-t-il des principes intrinsèques de réalité (cohérence, intention, substance, ou autres) qui soient indépendants du regard humain, ces principes éventuels constituant le plan cosmosophique (sacral) du Réel "en-soi" ?
- Si la réponse est affirmative, existe-t-il une ou de passerelles entre le plan humain et le plan cosmosophique (autrement dit, l'humain peut-il découvrir un chemin pour passer outre les limites de ses facultés mentales, et entrer en reliance, en résonance ou en fusion avec le plan cosmosophique ?
- Si la réponse est, encore une fois affirmative, existe-t-il des méthodes véridiques et fiables pour passer du plan humain (profane) au plan cosmosophique (sacral) ?
Dès lors que la réponse aux deux premières questions ou à l'une des deux, est négative, la possibilité d'une quelconque spiritualité s'effondre, et l'on reste prisonnier du champ de l'athéisme (question 1) et/ou de l'agnosticisme (question 2).
Dès lors que la réponse aux deux premières question est positive, alors une démarche spirituelle (avec ou sans connotation religieuse) devient possible, soit en pionnier solitaire, soit au sein d'une tradition (initiatique, ascétique, religieuse ou autre).
L'effondrement du paradigme moderne (et de son nihilisme) et de la civilisation de la Christianité (et de son dogmatisme antimystique), induit un renouveau de la quête spirituelle, souvent au-delà des traditions anciennes (mais pas nécessairement sans elles ou contre elles).
Une grosse vague de resacralisation (aspiration à retrouver le sacral au-delà de l'humain et de sa petitesse, au-delà de tous les humanismes et de tous les anthropocentrismes narcissiques et nombrilistes) et de respiritualisation (recherche d'une quête spirituelle) déferle un peu partout, sous diverses formes, avec des ampleurs variables.
Une typologie spirituelle.
Pour refonder une spiritualité pour le troisième millénaire, il faut nécessairement distinguer quatre pôles opposés deux à deux : mystique et magique, ainsi que religieux et initiatique …
L'esprit magique croit en une négociation permanente avec l'Invisible ; il croit aux miracles, à la providence, à la prière, aux sacrements, aux sacrifices, aux offrandes, …
L'esprit mystique, à l'inverse, croit en une présence permanente de l'Invisible, en lui et autour de lui ; il croit en la possible divinisation de l'humain, en les indispensables respiritualisation et resacralisation de l'existence.
L'esprit religieux croit en la révélation extérieure de l'Invisible ; il croit aux dogmes, aux cérémonies, à la communautarité, à l'obéissance et à l'observance, à l'efficience des croyances.
L'esprit initiatique, à l'inverse, croit en la démarche intérieure vers l'Invisible ; il croit aux symboles et aux rites, à l'herméneutique des textes, paroles, postures, gestes, images et enseignements.
Le chemin de l'intériorité.
La seule vraie vie est toute intérieure. Elle seule importe. Prendre la Vie très au sérieux sans se prendre au sérieux. Si l'on éliminait tout ce dont on peut se passer, quel épurement de la Vie ce serait. Pour vivre "dehors", il faut d'abord vivre "dedans".
Il faut tout un univers intérieur, bien consistant et bien vivant, pour rayonner vers le monde extérieur sans jamais dépendre le lui. C'est à l'intérieur de soi que l'on s'accomplit, et nulle part ailleurs. Et cet accomplissement, tout intérieur, alimente un immense réservoir d'énergie vitale.
C'est, au contraire, l'abyssal vide intérieur des contemporains qui leur fait donner un poids hypertrophié, artificiel et illusoire à la socialité, au lien social. Ce que l'on n'est pas capable de vivre au-dedans, on essaie de se le faire jouer au dehors.
Qui n'est pas habité, n'habite rien. Le prix de la liberté est l'intériorité. On n'est vraiment libre qu'à l'intérieur de soi. L'intériorité se partage peu. Elle n'est partageable qu'au sein d'un authentique Amour fusionnel. Tout le reste n'est qu'illusion sociale.
L'intériorité n'a aucun but - pas même la Joie ou le bonheur qui n'en sont que des conséquences. Elle est en soi cheminement autoréférentiel, sans autre volonté ni désir que de pleinement et noblement s'accomplir.
C'est l'intérieur qui nourrit l'extérieur et non l'inverse.
Respiritualisation.
Tout cela passe par la respiritualisation de l'espace humain. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela indique que le grand rêve de la Modernité s'est avéré un cauchemar. Que l'humanisme de la Renaissance qui voulait la libération de l'homme par le progrès de l'humanité, a accouché du rationalisme de Descartes et de son injonction à soumettre la Nature aux caprices de l'homme. Que ce rationalisme a fait le lit du criticisme de Kant, parangon de cette soi-disant philosophie des "Lumières" et des navrants délires idéologiques d'un Rousseau, d'un Montesquieu, d'un d'Alembert. Que ce criticisme a mené au scientisme et au positivisme d'un Comte c'est-à-dire au total désenchantement du Réel au profit du quantitatif, de l'industriel, de l'objectif, du calcul. Et que ce positivisme décharné, désenchanté, désabusé, désespéré, a naturellement abouti au nihilisme du vingtième siècle, tellement bien annoncé par Nietzsche et son "dernier homme".
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