Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Science et non-science.

Les faiblesse ponctuelles mais réelles de la science n'impliquent nullement la crédibilité de toutes les charlataneries démiurgiques, astrologiques ou psycho-démoniques dont on nous bassine à longueur de temps. Le contraire de l'imperfection n'est pas le "n'importe quoi" !

Les excès du positivisme et du scientisme de la fin du 19ème siècle ont suscité une vague inverse que tu appelles, à mauvais escient "ésotérisme" (nous y reviendrons).
Toute la clique des Guénon, Wirth, de Guaïta, Saint-Martin (pour une petite part seulement), Saint-Yves d'Alveydre, Pasqually, Papus et d'autres, se révoltent contre l'emprisonnement de la pensée dans les cadres bien trop étroits du physicalisme mécaniciste et réductionnisme.
Il y a eu exactement le même mouvement contre le Les faiblesses de la sciences n'impliquent nullement technologisme, il y a peu, sous le nom de New-Age.
Tous les noms cités sont bien des F.:M.:, ce qui ne fait que confirmer que la F.:M.: est bien un rempart solide contre l'enfermement de la pensée et de la spiritualité dans des cachots rationalistes étroits.
Aujourd’hui, les fumisteries de ces thaumaturges, magiciens, astrologues, alchimistes, démiurges, mages, devins, capteurs extra-sensoriels, télépathes, etc ...  fait sourire à bon droit à l'heure même où les physiciens théoriciens professionnels (dont je suis) savent pertinemment qu'il est temps d'abandonner les certitudes cartésiennes, galiléennes, newtoniennes, ... bref : la cosmologie basée sur le mécanicisme et  ses conséquences (voir plus bas).

La notion première et fondatrice de toute science est que le Réel est cohérent c'est-à-dire que tout ce qui le compose est relié avec tout le reste et que cette configuration générale de tout dans le Tout est le résultat d'une construction ayant, universellement, ses propres règles, normes et méthodes sur tous les niveaux de ladite construction.
Le Réel est donc architecturé , dans sa totalité comme dans ses détails.

Cela étant dit et l'anarchisme universel (base secrète de toutes les barbaries) étant définitivement éliminé, trois grandes familles de questions se posent :

  • Quels sont ces règles, normes et méthodes universelles ?
  • L'esprit humain est-il capable de les comprendre et de les modéliser ?
  • Les langages humains sont-ils aptes à formuler et à modéliser ce que l'esprit découvre ?

Toute l'histoire des sciences n'est que le long effort pour tenter d'y répondre …
Non pas "contre" la spiritualité (qui est l'art de poser des questions et non celui, comme les religions, d'imposer des réponses), mais en s'appuyant sur elle pour lui soutirer quelques intuitions basales qu'il faudra alors développer, formuler et confronter au Réel.

Et plus le temps passe, plus ses modèles se rapprochent du Réel dans ses diverses dimensions, mais plus ces modèles deviennent complexes et appellent le développement de langages nouveaux capables d'exprimer valablement cette complexité universelle. C'est là la grande découverte de ces dernières décennies.
Exit donc les modèles mécanicistes, assemblistes, analytiques, réductionnistes, causalistes, déterministes, mathématiques, etc … que la Modernité, depuis Galilée jusqu'à Einstein en passant par Newton et Laplace, nous avait légués.
Un nouveau chapitre s'ouvre … (surtout grâce à la thermodynamique et à la quantique, qui en sont les prémices).

Oui; le Réel est cohérent ; et s'il est ainsi ordonné, cela signifie que le Réel manifeste un Ordre. Mais la nature profonde de cet "ordre" n'a été, jusqu'à présent, qu'à peine effleurée.
Si le Réel est ainsi complexement architecturé, il est loisible d'user du symbole (qui n'est qu'un symbole et non un Être ou une Personne) d'un Grand Architecte de l'Univers c'est-à-dire d'un noyau compact et cohérent de lois, règles, méthodes et normes qui engendre tout ce qui existe.
Toute spiritualité comme toute science authentique et sérieuse revient donc à n'être que la longue quête de ce Grand Architecte de l'Univers qu'on peut aussi appeler le Divin si l'on veut, mais à la condition stricte de ne pas l'assimiler ou le confondre avec le Dieu personnel et créateur des théismes anciens ... et primitifs (comme le christianisme ou l'islamisme).
La spiritualité et la science, pour être crédibles, doivent donc être athées (au sens de "rejet radical" d'un Dieu personnel, éternel, infini, immuable, hors du temps et de l'espace, créateur et juge de tout ce qui existe, etc ...).
Mais cette athéisme appelle à haute voix un Divin immanent, impersonnel (bien au-delà de Dieu et de tous les dieux imaginables), source et ferment de tout ce qui existe et qui émerge de lui  (comme la vague émerge de l'océan)

C'est ici que le mot "ésotérisme" (l'art de l'interprétation) prend tout son sens : un art que nous, FFF.: MMM.: exerçons et cultivons à partir des méditations sur nos symboles et nos rituels.
Voir ou entendre quelque chose, ne signifie nullement comprendre et connaître ce quelque chose, c'est-à-dire rétablir toutes les interrelations que ce quelque chose (y compris soi-même) entretient, de façon variable dans l'espace et le temps, avec tout le reste qui existe tant à l’intérieur qu'à l’extérieur de lui.

L'ésotérisme (au contraire de l'exotérisme) ne se contente jamais des apparences et élimine avec soin toutes les illusions. Mais il serait dommage de confondre "ésotérisme" initiatique avec fascination pour les charlataneries, les prestidigitations, les contes et légendes de fées, d'anges ou d'extra-terrestres, avec une adoration infantile et débilitante envers des idoles (cfr le "Livre de la Loi Sacrée" - exode - 20;3-4) quelle que soit l'apparence que l'on donne à celles-ci.
La vague "ésotériste" de la fin du 19ème siècle correspond à une profonde révolte des esprits contre la gravissime confusion entre rationalité (l'univers est un et cohérent, et possède ses propres normes, règles, lois, méthodes et lois d'évolution) et rationalisme (où la seule source possible de connaissance et de vérité est la raison humain basée sur l’arithmétique pythagoricienne, la géométrie euclidienne, le réductionnisme cartésien et le mécanicisme galiléen : croire qu'elle seule est capable de dévoiler tous les mystères de l'univers est une absurdité ... c'est cela que les Guénon et compagnie essayaient de faire croire ... mais en s'égarant souvent dans les mondes magiques.).

 

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