Un autre regard sur le travail
La crise pandémique du coronavirus a mis en selle le télétravail.
C'était inéluctable et c'est irréversible.
De plus, comme un robot ou un ordinateur ne sont pas susceptibles d'être contaminés par un virus, tout ce qui est robotisable, sera robotisé dans les dix ans et tout ce qui est algorithmisable, sera algorithmisé dans les mêmes dix ans.
Cela induit un déplacement notoire du centre de gravité des activités proprement humaines qui, naturellement, se déplacera vers les activité non robotisables et non algorithmisables, c'est-à-dire des activités relationnelles, créatives, cognitives, éthiques, intuitionnelles, comportementales, non duplicables, structurantes, subtiles, complexes, sensibles, affectives, etc …
Pour la grande majorité d'entre elles, ces activités ne seront pas liées à un quelconque poste de travail, dans un endroit donné, selon des horaires donnés. Cela signe l'arrêt de mort du contrat d'emploi salarié (et des clauses de subordination, de lieu et d'horaires fixes, etc …).
La disparition du salariat est donc programmée. La relation de chacun à son travail en sera (en est déjà) radicalement transformée. Le travail de chacun sera, à la fois, autonome et interdépendant, sous divers statuts non exclusifs comme associé, free-lance, libéral, artisan, etc …, tout sauf salarié.
Cette mutation de la notion de travail ouvre également grandes les portes de la multi-activité, tant dans l'espace (l'exercice, en parallèle, de plusieurs métiers, chacun à temps partiel) que dans le temps (le découpage de l'année en une série de périodes d'activités différentes, lucratives ou non).
Absence d'obligation horaire, donc réorganisation des temps de vie.
Absence d'obligation de lieu, donc télétravail solitaire ou collectif.
Absence de subordination, donc autonomie et responsabilité personnelles.
Marc Halévy
Physicien, philosophe et prospectiviste
Le 16/06/2020