Unité et Conscience cosmique
Le monde est un.
Mais il existe dans ce monde différents niveaux de conscience du monde.
L'émergence de la conscience dans le monde est granulante : des grains de conscience locale et limitée apparaissent au sein d'îlots de complexité.
Puis ces grains, résultats du processus premier d'individuation, commencent à s'entrelier par le processus second d'intégration jusqu'à tisser des lambeaux qui, en patchwork, finissent par constituer une couche continue de conscience intégrée.
On peut alors parler de l'émergence d'une Conscience cosmique.
Le problème posé est celui de la connexion intégrative des consciences au départ de "ma" conscience, ici et maintenant. Coagulation des consciences autour du germe de ma conscience.
Par ailleurs, qu'est-ce que la conscience ?
Connaître que l'on connaît. Savoir que l'on sait. Penser que l'on pense.
La conscience est l'esprit en activité, l'Esprit activé. Élargir la conscience, c'est donc, à l'ultime, connaître le Tout, penser le Tout, rejoindre l'Esprit cosmique.
Tout est conscient. Tout est conscience. Mais toutes ces consciences ne sont pas encore consolidées, intégrées, unifiées.
Du Gai Savoir de Nietzsche :
"Parce que les hommes croyaient déjà posséder la conscience ils se sont donné d'autant moins de mal pour l'acquérir."
Le chemin vers l'élargissement de la conscience passe par la claire vision/compréhension des processus de conscience. En quoi suis-je conscient de vivre ma propre vie ? Comment devenir conscient de vivre de la grande Vie du Tout ? Comment m'intégrer organiquement, consciemment et pleinement dans la grande Vie cosmique ?
Comment connecter ma conscience avec toutes les autres consciences ?
Conscience : vie se vivant consciemment elle-même ? Tautologie !
Comment et, surtout, pourquoi la Conscience-Pensée-Esprit-Connaissance émerge-t-elle de la Vie ?
En quoi la conscience est-elle chemin pertinent d'accomplissement de la vocation cosmique ?
Deux conditions d'élargissement de la conscience :
- Passer au-delà de toute conceptualisation (ne plus penser mais vivre)
- Connecter réellement les consciences séparées (entrer en résonance)
Connecter deux consciences au-delà de la pensée conceptuelle.
Entrer en résonance réelle.
Vivre la Vie au-delà de MA vie.
Conscientiser (vivre) la Conscience au-delà de MA conscience.
La durée est une piste puisqu'il ne peut y avoir de conscience sans mémoire.
La conscience est d'abord conscience de la durée au-delà de l'instant et en-deçà de l'éternité.
Bergson … ?
Qu'est-ce que Penser ?
La conscience, c'est de la connaissance qui se connaît.
Et la connaissance est le résultat de la pensée.
Donc la conscience, c'est de la pensée qui se pense.
La définition ne vaut que pour autant que l'on prenne les mots "connaissance" et "pensée" dans leurs acceptions les plus larges, bien plus larges que les connaissances et pensées rationnelles et conceptuelles. Intuition, création, imagination et rêve, par exemple, sont autant d'actes et processus de pensée, autant de pourvoyeurs de connaissance que la raison raisonnante et la fabrication conceptuelle.
Penser : créer une architecture (cohérente ou pas, peu importe à ce stade) organisant entre elles des bribes de mémoire (donc des morceaux d'information mémorisée).
Élargir la conscience est alors passer au-delà de la pensée, négliger les traces du Réel pour aller vivre directement le Réel dans le Réel.
La Conscience est au-delà de la Pensée consciente.
Dépassement de la Pensée. Dépasser la Pensée et vivre le Réel en direct, ici-et-maintenant.
Se fondre dans le Réel en transgressant la barrière des sens.
Ne plus sentir mais ressentir.
Devenir poreux.
Ouvrir le troisième œil et s'ouvrir à la conscience extrasensorielle.
Connaissance extrasensorielle.
Connexion directe, intérieure, avec l'Esprit cosmique.
Qu'est-ce que l'Esprit cosmique ?
Il est le porteur de la vocation ultime, unique et globale de tout ce qui existe, de tout ce qui advient et devient, de tout ce qui vit.
Entrer en résonance avec cette Vocation au travers des vocations spécifiques.
Vivre au diapason du Désir qui anime tout.
Ce Désir ultime qui anime tout est l'Esprit cosmique, l'Âme du Tout.
Élargir sa conscience, c'est faire résonner son propre désir vocationnel avec tous les autres désirs vocationnels alentour jusqu'à être en parfaite phase avec le Désir cosmique qui est l'Esprit et l'Âme absolus.
Résonance des âmes, donc.
Bien au-delà de toute pensée, même au sens le plus large.
Apprendre à ressentir directement le désir de l'autre : là est la connexion des consciences.
Ressentir ce que l'autre (la fourmi, l'arbre, la chienne, la montagne, l'amante, l'ami, la Terre, l'Univers) attend ici-et-maintenant.
Ressentir ce que l'autre ressent.
Empathie universelle – ce que les bouddhistes appellent du mot malheureux de compassion universelle qui induit des valeurs parasites comme pitié, souffrance (com-passion de cum passum : souffert avec), abnégation, sacrifice …
Empathie universelle. Empathie absolue. Empathie cosmique. Empathie globale.
Empathie : connaissance intuitive et directe du ressenti de l'autre.
Plus que connaissance : ressenti. Ressenti intuitif et direct du ressenti de l'autre.
Mais seul le ressenti fondamental lié à la vocation profonde importe. Il faut s'abstenir des linéaments labyrinthiques et fourvoyantes de l'empathie événementielle, superficielle, existentielle. Il s'agit d'empathie profonde qui est résonance vocationnelle.
Il s'agit d'empathie spirituelle qui est résonance des âmes dans l'Âme.
Comment alors développer son empathie spirituelle ?
Comment développer la capacité de résonance de son âme avec les âmes dans l'Âme ?
Voie kabbalistique ouverte (offerte) par l'idée "d'âmes sœurs" …
Résonance des âmes comme relief de la vibration profonde de l'Âme unique et cosmique d'avant la brisure … mais cela induirait une idée d'âge d'or ou de paradis perdu ou de parole perdue ce qui ne saurait. Le mieux est devant ! Telle est la flèche de l'évolution, de la création et du temps.
Par contre, résonance des âmes comme expression du processus second d'intégration cosmique des particules (grains) de conscience : oui !
Résonance des âmes dans l'Âme.
Animisme donc.
Chamanisme.
Dionysisme en Grèce, Shivaïsme en Inde, Taoïsme en Chine, Shintoïsme au Japon, Elohisme en Mésopotamie, Kabbalisme en Europe (sans parler des amérindiens, des arabes pré-islamiques et des noirs africains) : autant de sources non aryennes.
La mythologie aryenne, originaire de l'ancienne Perse et triomphante en Grèce et aux Indes, a brisé le monisme animiste originel (le culte intégratif en la Déesse-Mère face au culte disruptif d'avec un Dieu-le-Père ?) en introduisant un terrible dualisme idéaliste et ontique : les dieux d'un côté et les hommes de l'autre. Les monothéismes ont hypertrophié ce dualisme jusqu'à en faire une métaphysique complète et fermée.
Percer le secret de l'empathie universelle.
Non pas communiquer, mais communier.
Communion des âmes.
Communion des âmes dans l'Âme.
Convergence universelle des vocations.
Convergence active et volontaire.
L'idée de communion des âmes prend alors un sens pratique plus évident : ne plus voir le galet comme caillou, mais le regarder comme signe et vivre ce galet comme trace de mon histoire de vie.
Ma vie comme ce galet, n'est qu'un reflet particulier de la Vie et de l'Histoire cosmiques qui les intègrent, les transcendent et les unissent.
Chaque pierre, chaque arbre, chaque papillon deviennent ainsi, dans l'instant de mon regard sur eux, un fragment hologrammique du processus cosmique d'accomplissement du divin Un, tout comme je le suis moi-même.
Il y a alors convergence des vocations dans mon regard, convergence qui est vécue en tant que symbiose universelle.
Chaque grain de poussière, le plus "insignifiant", signifie ("fait signe") en fait la totalité de la Vie cosmique.
Ce changement de regard est capital.
Il est dévoilement (apocalypse).
Le Voile d'Isis n'est pas jeté sur la Nature, il pend devant nos yeux.
Le dévoilement est décillement.
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