Vivre le temps.
Le temps mesure un rythme car tout est pulsation.
Le nombre des "battements" mesure la "charge temporelle" (que l'on appelle, à tort, le "stress" c'est-à-dire la pression au sens négatif, péjoratif et pénible, alors que cette pression est aussi une énergie positive et propulsive).
Si le rythme s'accélère, cette charge augmente (car le nombre de battements est plus grand) ; si le rythme décélère, elle diminue.
La relativité "restreinte" d'Einstein ne dit rien d'autre.
Il en va ainsi dans l'univers physique. Il en va ainsi, aussi, dans l'univers mental
où le rythme des "impulsions" informationnelles s'accélère exponentiellement et ne fait qu'augmenter la "charge temporelle" de ceux qui veulent vivre en phase avec leur temps (les autres décrochent et s'enlisent soit dans l'ennui, soit dans l'aigreur).
Le but de l'évolution sociétale et technologique n'est pas de "dégager du temps libre" (c'est-à-dire du vide existentiel). Le temps "libre" n'est que du temps perdu. Tout au contraire, cette évolution doit offrir de la plénitude et non du vide, doit proposer sans cesse de quoi nourrir l'activité mentale afin d'accomplir, en plénitude, toutes les potentialités latentes.
L'idée de la "société des loisirs", chère aux années 1960 (Joffre Dumazedier, 1962), est une pure sottise.
Le "stress négatif" ne vient pas du surcroît d'événements, mais bien de l'incapacité de les gérer positivement et constructivement.
Notre époque qui vit si intensément le changement de paradigme, vit, concomitamment, une mutation profonde de la structure du temps de vie (les révolutions numériques et organiques n'y sont pas étrangères). Les anciennes dichotomies temporelles entre travail et loisir, entre privé et public, entre personnel et collectif, … perdent de plus en plus tout sens.
D'autres polarités voient le jour : le projet de vie et les patrimoines personnels, la puissance intérieure et les ressources extérieures, les réseaux associatifs et les émergences créatives, le tout avec une efficience optimale.
Vivre, c'est construire. Vivre, c'est accomplir la Vie. Vivre est bien plus qu'exister.
Exister, c'est seulement être un parasite du monde et de la Vie.
Le progressisme est un mythe. Le constructivisme est une force.
Tout reste à construire et nous avons le temps pour cela. Le progrès n'existe pas puisqu'il n'existe aucune unité de mesure de ce que "progrès" veut dire.
Mais l'évolution évidente et visible d'un chantier mesure immédiatement l'avancement de la construction.
Grâce à la science et à la technique, nous pouvons construire de plus en plus vite et de mieux en mieux. La seule question est : construire au service de quoi ?
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