Vous avez dit "cratie" ?
Le verbe grec kratein signifie "gouverner".
Démocratie : "le peuple (démos) gouverne". Le "peuple", ça n'existe pas ; quant à la populace, cette grosse majorité d'ignares et de crétins, elle est incapable de gouverner quoique ce soit … sauf à déléguer les choses à des démagogues (ceux qui "conduisent le peuple").
Aristocratie : "les meilleurs gouvernent". Solution idéale, mais quels sont les critères de jauge et qui va les définir ?
Technocratie : "les virtuoses gouvernent" (en grec, Technê signifie "art, science"). Une autre forme d'aristocratie, plus axée sur la connaissance et la maîtrise technique : solution parfaite, mais avec les mêmes questions que pour l'aristocratie.
Sophocratie : "les sages gouvernent". C'est l'idée de Platon. Mais qui est sage ? Selon quels critères ?
Stochocratie : "ceux qui sont tirés au sort gouvernent" … Mais qui peut être tiré au sort ? Et pour combien de temps ? Avec quelles voies de sortie si le sort met en place des gens nocifs ?
Théocratie : "Dieu - c'est-à-dire les prêtres qui prétendent le représenter sur Terre - gouverne" …
Médiacratie : "les médias gouvernent" par leur manipulation des masses …
Médiocratie : "les médiocres gouvernent" ce qui est synonyme de démocratie.
Le problème n'est pas de savoir qui pourrait ou devrait gouverner, mais bien ce que "gouverner" veut dire.
Le verbe "gouverner" pointe, bien sûr vers "gouvernement", mais surtout sur "gouvernail" qui est l'appareil de pilotage d'un navire. Soit, l'image est claire. Mais deux remarques essentielles peuvent être faites :
- l'idée d'un "navire" à gouverner appelle les notions fausses et artificielles de "peuple" ou de "nation" : en réalité, il n'y a pas de gros navire, mais des flottilles de petites embarcations ;
- l'idée de "cap à tenir" pour "aller quelque part" est tout aussi fallacieuse : il n'y a nulle part où aller dans la réalité sociopolitique. La société humaine ne "va" nulle part ; elle chercher seulement et simplement à s'accomplir librement et pacifiquement.
Il n'y a donc rien à "gouverner" ; il y a seulement à garantir, pour chacun et tous, une autonomie d'accomplissement dans le respect absolu de l'autonomie personnelle et collective des autres.
Il ne peut donc pas exister d'idéologie c'est-à-dire de prédétermination d'une "société idéale" vers laquelle des gouvernants seraient censés conduire le peuple.
Répétons-le : la seule fonction du politique (c'est-à-dire, en fait du législatif et du judiciaire) est de garantir l'autonomie personnelle et collective de chacun et de tous, en maintenant la liberté et la paix (intérieure avec la loi et la police, et extérieure avec la diplomatie et l'armée).
Cela s'appelle le libéralisme !
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