Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Actualité - De l'Etre au Devenir - Octobre 2024

Les pensées et réflexions quotidiennes du philosophe Marc Halévy sont partagées tous les mois en ligne, et puis éditée en ligne sous forme de recueil (disponible gratuitement).

Le 01/10/2024

De Konrad Lorenz :

"J'ai trouvé le chaînon manquant entre le signe et l'homme : c'est nous !"

Magnifique !!!

*

Apprendre. Construire. Transmettre.

Les trois âges de la vie …

Les trois degrés de la F.:M.: …

Apprenti. Compagnon. Maître …

 

Et à chaque étape, la même question initiale …

Qu'ai-je à apprendre ?

Qu'ai-je à construire ?

Qu'ai-je à transmettre ?

 

Et derrière ces trois questions, toujours la même interrogation du sens : au service de quelle cause finale ou, plutôt, de quelle mission ?

 

*

 

Chacun de nous s'élève en gravissant une montagne de cadavres …

 

*

 

L'évolution cosmique n'est pas une mécanique qui se déroule … Elle est une lutte, un combat.

Accomplir n'est pas laisser-aller !

 

*

 

L'Unité essentielle doit se doter d'une Binarité (bipolarité =/= dualité) intrinsèque afin d'enclencher une Ternarité existentielle et, ainsi, de pouvoir construire son processus d'évolution.

On a donc bien : l' Unité donne une Intentionnalité et une Corporalité et une Logicité qui engendrent une Constructivité. Développons …

 

Point de départ : l'Unité d'un Tout intemporel.

La montée (mystérieuse et énigmatique) en conscience de l'idée de Temps implique la naissance du grand dilemme cosmique (la Binarité essentielle) :

  • Evoluer (se développer, se transformer, devenir : c'est l'émergence des idées de Processus et d'Accumulativité : les états successifs forment des "couches" superposées comme les rangées d'un mur ou les cernes d'un arbre qui se superposent aux précédentes[1]) ;
  • Perpétuer (maintenir, conserver, préserver : c'est l'émergence des idées d'Inertie et de Plénitude : les états successifs tendent à éliminer toutes les perturbations tensionnelles considérées comme des "imperfections" par rapport à la perfection "sphérique").

 

Pour répondre à ce dilemme (évoluer ou perpétuer), trois questions fondamentales se posent :

 

  • Pour quoi ? Intentionnalité … dans l'espace téléologique incluant la durée que mesure la temporalité.
  • Avec quoi ? Corporalité … dans l'espace topologique incluant la géométrie que mesure la spatialité.
  • Comment ? Logicité … dans l'espace morphologique incluant la cohérence que mesure l'authenticité.

 

Le projection de la Binarité essentielle sur ces trois domaines engendre trois bipolarités complémentaires :

 

  • Intentionnalité : Uniformité (perpétuer) ou Complexité (évoluer)
  • Corporalité : Expansivité (perpétuer) ou Agrégativité (évoluer)
  • Logicité : Conformité (perpétuer) ou Inventivité (évoluer)

 

Ces bipolarités cosmologiques induisent des dynamiques périodiques (des vibrations, des ondulations, des oscillations, des rotations, etc …). Ces dynamiques périodique interfères entre elles et donnent des figures d'interférences qui, dans certains cas, peuvent devenir stables. Ces figures stables d'interférences peuvent être dissipées (évoluer vers l'état antérieur qu'il faut perpétuer et, donc, restaurer par dilution, atténuation, amortissement, désagrégation) ou peuvent se concentrer (évoluer en se concentrant dans des nœuds tensionnels chaotiques bourrés d'énergie de manière à préserver et perpétuer le monde alentour en l'état).

 

Pour l'expliciter autrement, il n'y a que deux voies contre le chaos : celle de l'uniformité (qui bouche les fosses avec les bosses, qui dilue, qui égalise, qui normalise) et celle de la complexité (qui transforme les bosses en statues de marbre et les fosses en lacs poissonneux, qui agrège, qui différencie, qui invente)

 

Chaque excès tensionnel exige dissipation et ouvre les deux voies entre lesquelles il oscille (et il peut ainsi rester en phase oscillatoire tant que l'énergie vibratoire reste modérée et ne risque pas de détruire ses équilibres internes).

Sinon, pour en sortir :

 

  • ou bien il n'en trouve pas et dissipe les tensions par dilution entropique et uniformisation ;
  • ou bien il trouve une échappatoire néguentropique stable pour transformer l'énergie chaotique d'oscillation en énergie de liaison stable qui induit une émergence.

 

Une telle émergence ainsi résultante est "l'œuf" originel d'un  niveau processus qui intègrera et interprétera (à sa manière) les bipolarités générales et ira ainsi s'accomplir dans le champ des interférences externes (opportunités ou obstacles) avec les autres processus.

 

L'ensemble de toutes ces tensions résultant des bipolarités générales et induisant tous les processus (donc tout ce qui existe dans le Réel) engendrera des transformations (évolutives ou préservatives) qui constituent la Constructivité cosmique (le grand chantier du Tout incluant les myriades de chantiers que sont les processus particuliers) elle aussi soumise à la bipolarité de base : Procéduralité (perpétuer la méthode) ou Virtuosité (faire évoluer les méthodes vers l'excellence).

 

*

 

Il en va de même avec la gent humaine et avec ce qu'elle appelle la "politique" qui, sous tension (c'est-à-dire en permanence), dans la même veine, ouvre trois voies classiques :

 

  • celle de l'oscillation (alternance démocratique),
  • celle de l'idéologisme qui fige (entropie : égalitarisme, totalitarisme, bureaucratisme, autoritarisme, hiérarchisme, juridisme, etc …),
  • et celle du libéralisme qui crée (néguentropie : réticulation, privatisation, éthique constructive, autonomie, différenciations et complémentarités, …).

 

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Présentation sur Amazon :

 

"Luc Julia lance un cri d'alerte: l'IA et le progrès technologique doivent être mis au service de l'avenir de la planète!

" IL N'EST PAS TROP TARD ! "

C'est le cri que lance Luc Julia à tous ceux

qui désespèrent de l'avenir de la terre.

Spécialiste mondialement reconnu de l'intelligence

artificielle et de l'innovation technologique, il veut nous

alerter mais en même temps nous mobiliser autour d'un

bon usage de l'outil technique, facteur de progrès s'il est

pensé dans l'intérêt général.

Il est clair que nous fonçons dans le mur : la planète

est en danger. Ce terrible constat n'est pas simplement

le fait d'experts et de scientifiques. Chacun d'entre

nous commence à en mesurer la gravité dans la vie de

tous les jours. Les ressources naturelles se réduisent

comme peau de chagrin au regard des impératifs de

notre modèle de croissance, nos sociétés sont donc

confrontées à un défi mondial qui nous invite à changer

de logique et à réinventer la vie sur terre. Maîtrisée et

vertueuse, la technologie peut enrayer cette logique

d'autodestruction et rendre possible un projet de société

solidaire et humaniste. "

 

Le réalisme dit effectivement que l'humanité court à sa perte si elle n'entre pas dans une logique urgente de frugalité et si elle ne met pas ses technologies au service de cette frugalité généralisé (aussi au niveau démographique).

L'idéalisme puéril, malheureusement, s'en mêle en parlant d'un avenir "solidaire et humaniste" … c'est-à-dire anthropocentrique … alors que c'est précisément cet anthropocentrisme qui est la source de tous les problèmes.

 

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La seule façon que nous ayons de payer notre dette aux progrès du passé, est de construire un bel avenir.

 

*

* *

 

Le 03/10/2024

 

De Bork, Maranto et Dorsey (Quillette) analyse le recul du wokisme (doctrine du DEI pour : "Diversité, Equité, Inclusion") dans les grandes universités américaines empoisonnées par le gauchisme "new-age" qui pratique une censure (cancel culture) généralisée sur tout ce qui n'est pas compatible avec ses dogmes absurdes :

 

"(…) la liberté d'expression et le libre examen sont aujourd'hui moins prisés dans le monde universitaire que dans d'autres professions hautement qualifiées. (…) les professeurs d'université se situent majoritairement à gauche de l'échiquier politique, et un rapport Fire datant de 2022 sur les attitudes des professeurs à l'égard de la liberté d'expression et de la liberté académique montre une inquiétante tendance à l'illibéralisme chez les enseignants âgés de moins de 35 ans par rapport à leurs collègues plus âgés. (…) Beaucoup d'enseignants redoutent que leurs propos ne les desservent professionnellement. Plus précisément, 25 % d'entre eux déclarent qu'ils sont très ou extrêmement susceptibles de s'autocensurer dans leurs publications universitaires, et 52 % disent avoir peur qu'un détail de leur passé remonte à la surface et nuise à leur carrière – dont 40 % d'enseignants de gauche. (…) 80 % des étudiants s'autocensurent afin d'éviter critiques ou sanctions, un phénomène sans doute étroitement lié à la monoculture progressiste régnant sur de nombreux campus. De fait, une grande partie des 20 % restants pourrait ne pas ressentir une telle pression… précisément parce que leurs opinions sont en phase avec les positions doctrinaires progressistes."

 

Les doctrine "wok" (DEI) mélange l'égalitarisme, de décolonialisme et l'anti-occidentalisme.

Bref : pour cette idéologie absurde, tous les humains sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres, parce qu'ils sont les victimes "systémiques" et désignées du suprémacisme du mâle blanc, riche et hétérosexuel.

 

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Les sept nouveaux "péchés" catholiques inventés par le pape François :

 

  1. péché contre la paix,
  2. péché contre la création, les peuples indigènes, les migrants,
  3. péché d'abus,
  4. péché contre les femmes, la famille, les jeunes,
  5. péché contre la pauvreté,
  6. péché de la doctrine utilisée comme des pierres à jeter,
  7. péché contre la synodalité : le manque d'écoute, de communion et de participation de tous.

 

Lorsque catholicisme, gauchisme et wokisme convergent au moins sur un point : le combat effréné contre l'autonomie personnelle.

 

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De Luc de Barochez :

 

"Nombreux sont ceux qui, dans la région, encouragent en sous-main Israël. Les dirigeants de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de Bahreïn ou de l’Égypte savourent secrètement les humiliations infligées à l’Iran, que ce soit l’élimination du chef du Hamas, le 31 juillet à Téhéran, ou celle de Nasrallah. Et la destruction en cours de l’appareil militaire du Hamas par Tsahal satisfait tous ceux qui, à Amman, au Caire ou à Riyad, sont aux prises avec leurs propres islamistes. La guerre est aussi une lutte pour conquérir les cœurs et les esprits au Levant. L’Iran a ses alliés, notamment la Russie, mais Israël aussi a les siens, même s’ils n’osent pas s’afficher ouvertement.

L’État hébreu, cependant, n’a pas les moyens de faire basculer à lui seul le sort de la région. L’Arabie saoudite peut l’aider mais elle a posé une condition claire : la restauration d’un chemin crédible vers la création d’un État palestinien."

 

La solution a deux Etats est une évidence … "théorique" car qui saura garantir la non-belligérance de ces deux Etats ? qui aidera, tout de suite, Israël à éradiquer définitivement l'islamisme (ou djihadisme), donc à détruire l'idéologie des "Frères musulmans" portée par l'Iran des ayatollahs et ses milices Hamas, Hezbollah, Houtis, Syriennes, etc … ?

 

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De Nicolas Barochez (reprise de l'article complet qui est une remarquable synthèse sur l'effondrement de l'économe chinoise) :

 

"Le Politburo du Parti communiste chinois, qui se concentre habituellement sur les questions idéologiques, a consacré sa réunion de septembre à la situation économique et annoncé un vaste plan de relance. Portant sur environ 3 % du PIB, il associe des mesures monétaires et budgétaires.

Une semaine avant la fête nationale, qui a célébré le 75e anniversaire de la création de la République populaire, la mobilisation des autorités de Pékin sonne comme un aveu d’échec et une prise de conscience du blocage de l’activité ainsi que de la colère sociale face à la baisse des salaires et à la montée du chômage, qui touche plus de 20 % des jeunes. Xi Jinping est de plus en plus perçu comme le fossoyeur des Quarante Glorieuses de la Chine, qui a fait chuter la croissance de 9,5 à moins de 2 % par an en raison de sa gestion calamiteuse de l’épidémie de Covid, de son inaction face à la crise immobilière et de la clôture du cycle de la mondialisation provoquée par ses ambitions de puissance démesurées.

La stratégie de relance de l’économie chinoise paraît de nouveau vouée à l’échec, tant elle refuse toute réforme de fond et s’inscrit dans la continuité des erreurs accumulées depuis 2012. Le recours privilégié à l’émission de monnaie renforce l’économie de bulles et le surendettement public et privé, qui dépasse 300 % du PIB. La priorité est donnée à la politique de l’offre et à l’investissement industriel (en hausse de 9,5 % depuis janvier) alors que le frein de la croissance provient du déficit de la consommation, réduite à 40 % du PIB. La nationalisation de fait de la Bourse, après la technologie, l’éducation et le capital-investissement, souligne le retour en force du capitalisme d’État, qui est incompatible avec une économie de la connaissance fondée sur l’innovation.

Prisonnière de la déflation, la Chine a ainsi perdu sa guerre technologique avec les États-Unis et échoué dans son entreprise de leur ravir le leadership mondial à l’horizon 2049. Les technologies numériques du XXIe siècle sont irréconciliables avec le capitalisme d’État chinois, qui prétend fonder l’IA sur des données ethniques et sur la pensée Xi. À l’inverse, les programmes publics américains de soutien à l’investissement ont noué un nouveau partenariat entre l’État et les entreprises alignant réindustrialisation, transition écologique, révolution numérique et reconstruction de la classe moyenne.

Le plan de relance de la Chine constitue en revanche une menace mortelle pour ce qui reste de l’industrie européenne. L’Europe demeure le seul débouché potentiel pour les exportations de Pékin, dopées par le dumping et par une baisse des prix de 10,2 % sur un an. Bloquée sur le numérique, la Chine reporte tous ses efforts vers les industries vertes. Avec pour cible l’Europe, dont elle entend exploiter le « pacte vert » pour liquider l’industrie avec l’aide de dirigeants complaisants, comme Olaf Scholz, Pedro Sanchez, Viktor Orban ou Aleksandar Vucic.

La Chine s’est émancipée de la pauvreté grâce à Deng Xiaoping en se convertissant au capitalisme. Elle a cassé son développement et s’est enfermée dans la trappe des pays à revenus intermédiaires en instaurant sous Xi Jinping un total-capitalisme, qui est authentiquement totalitaire mais n’a plus rien de capitaliste. D’où une fuite en avant dans les purges intérieures et dans l’impérialisme, avec la course aux armements. Les États-Unis ont su définir une stratégie de cantonnement qui allie la reconnaissance de la nature totalitaire du régime de Pékin, un endiguement diplomatique et militaire qui refuse l’escalade, un embargo sur le numérique et l’IA. Il reste à l’Europe à conjurer la tentation de servir de planche de salut à Pékin et à reconquérir sa souveraineté industrielle et technologique"

 

La Chine de Xi-Jinping est devenue un "tigre de papier" sur tous les plans …

Et bientôt, ce sera le tour de la Russie de Poutine.

Lorsque l'islamisme (l'idéologie totalitaire et non la religion musulmane) aura été rayé de la carte (par Israël, faute de courage du reste du monde), le nouveau paradigme pourra enfin s'installer et se développer et mener l'humanité vers un niveau supérieur de civilisation (panenthéisme, écosophisme, frugalisme, dénatalisme, continentalisme, noétisme, etc …).

 

*

 

De BHL :

 

"Oui, le Liban, ce pays glorieux qui fut celui d’Adonis et de Gibran, qui émerveilla Nerval, Lamartine et Chateaubriand et qui fut longtemps un exemple de cosmopolitisme et de tolérance, n’était plus qu’une colonie de l’Iran, un pion dans sa stratégie impériale et, de ce fait, un État failli – voilà l’étau qui se desserre et le peuple libanais qui, s’il le veut, peut reprendre son destin en main…

Israël respire…

Les femmes iraniennes sourient…

Ce qui reste de démocrates en Syrie se souvient que le Hezbollah était en première ligne dans le massacre, par Bachar el-Assad, de centaines de milliers d’entre eux et l’on assiste, à Idlib, à des manifestations de joie…

Les familles des 58 parachutistes français et des 241 marines américains tués lors du double attentat au camion-suicide de 1983, les survivants des attentats de 1986, à Paris, contre le magasin Tati, le Pub Renault, la Préfecture de Police, le RER, le TGV Paris-Lyon, j’en passe, estiment, comme Joe Biden, que justice est rendue…

Bref, le monde libre, le vrai, celui qui va de New York, Paris et Rome aux foules qui, de Téhéran à Ankara et de Moscou à Pékin et Kaboul, ne se résignent pas à vivre sous des dictatures imbéciles et sanguinaires, respire un peu mieux et perçoit les signes d’un possible basculement."

 

Il est temps de voir l'islamisme iranien comme une vaste puissance de colonisation (terroriste, qui plus est) qui doit devenir l'ennemi public n°1 malgré la lâcheté de l'ONU (phagocytée par l'anti-occidentalisme) et de son infect et écœurant patron Antonio Guterres.

 

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De Nikos Kazantzakis :

 

"L'essence de notre Dieu est la LUTTE."

 

Ce mot "lutte" est synonyme d'accomplissement vu comme une construction, comme un quête, comme une mission, comme un processus éternellement ascendant …

 

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Le monde est un vaste chantier avec un Architecte et ses Règles, avec son Intention et ses Projets, avec sa Matière et ses Pierres, dans l'Unité de sa Réalité.

Chaque humain y a son rôle d'œuvrier sur le chantier où la sueur et le talent l'attendent.

L'existence n'est rien d'autre que cela : participer activement et bellement au chantier du monde.

 

*

 

Ce n'est pas au chantier à nous sauver de notre petitesse, mais c'est à nous de sauver le chantier par notre ouvrage.

 

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La mort est une délivrance.

L'éternité serait un calvaire.

 

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Ne l'oublie jamais …

15% des humains sont des constructeurs …

25% des humains sont des tueurs …

Et 60% des humains sont des parasites …

 

Regarde-les autour de toi … et la misanthropie ne sera plus très loin …

 

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* *

 

Le 04/10/2024

 

De Kévin Badeau :

 

"Inégalités hommes-femmes : une bascule préoccupante

Éducation, emploi, insertion dans la société… Les hommes sont en train de décrocher dans plusieurs pays riches. Un déclassement nouveau et inquiétant.

À l'université et au travail, les hommes perdent du terrain par rapport aux femmes.

Parfois, le creusement des inégalités entre hommes et femmes ne se manifeste pas de la manière à laquelle on pourrait s'attendre. Au sein des pays de l'OCDE, par exemple, les jeunes femmes sont désormais plus nombreuses que les jeunes hommes à poursuivre des études supérieures, elles qui ont longtemps été minoritaires sur les bancs de l'université.

Ce phénomène est bien connu. Les courbes hommes-femmes se croisent au tournant des années 1990 dans plusieurs pays développés, avant de s'écarter année après année. Aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada, par exemple, la différence est aujourd'hui d'environ 10 points. La France n'échappe pas à ce phénomène d'inversion croissante. D'après les derniers chiffres de l'OCDE, 54 % des femmes âgées de 25 à 34 ans sont diplômées du supérieur, contre seulement 46,5 % des hommes."

 

Encore un indice flagrant de l'effondrement de la Modernité qui avait, selon son cher schéma hiérarchisant, cantonné les femmes dans les rôles logistiques et subalternes, nécessitant peu d'instruction et de formation.

Ce temps-là est révolu.

Mais, de grâce, que l'on s'abstienne de marteler cette idée fausse de l'égalité des sexes : hommes et femmes sont foncièrement différents ET complémentaires. C'est précisément là que se cache le trésor de l'humain !

 

*

 

On a tenté de récupérer Nietzsche pour le mettre à toutes les sauces ce qui, du fait de son langage poétique et de ses paroles à double fond et à multiples niveaux, n'est pas difficile avec un minimum de mauvaise foi.

 Il faut surtout lire les livres de maturité : "Humain, trop humain" et le Zarathoustra ; les œuvres de jeunesse sont des œuvres de révolte libératoire.

 

*

 

Nietzsche est un antimoderne et critique violemment les dérives industrialistes, mercantilistes, urbanistiques, etc ... mais non pour prôner une retour en arrière et retourner à l'âge des cavernes, mais pour dépasser cette étape nécessaire et tendre vers le Surhumain qui, en gros, vise l'élévation, la frugalité et la noblesse (donc le qualitatif) contre la bassesse, la goinfrerie et la vulgarité (donc le quantitatif) de la Modernité populeuse et démagogique.

 

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L’aspect cyclique et l’aspect évolutif de l’univers ne sont pas du tout contradictoire. Il suffit de penser en terme de "spirale" à la fois périodique (cyclique) et progressif (linéaire ou exponentiel). Le Réel est composé de bipolarités intemporelles qui induisent des tensions constructives qui doivent être dissipées optimalement soit vers le bas (entropie) et l'uniformité, soit vers le haut (néguentropie) et la complexité : c'est pourquoi l'univers est un vaste océan quasi-vide (uniformité) constellé d'archipels (les galaxies) de complexité (matérialité, vitalité, spiritualité).

 

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Dionysos est le "deux fois né" qui symbolise la volonté et la puissance d'accomplissement qui anime chaque parcelle du Réel. Cela implique l'existence des contraires et des bipolarités, l'existence des différences et des complémentarités (dont la sexualité symbolise la fusion incandescente pour engendrer l'émergence du Surhumain).

 

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Survivre …

 

Le premier moteur de tout ce qui vit, c'est de survivre c'est-à-dire de continuer à vivre (à exister, à croître, à prospérer, à s'épanouir, à s'accomplir, …) de la "meilleure" façon possible. Et, avant d'aller plus loin, on voit bien que le superlatif "meilleure" recèle, déjà, en lui, de nombreuses questions : meilleur pour quoi ? meilleur par rapport à quoi ? Nous y reviendrons …

 

Donc : survivre !

Et là, reconnaissons qu'en apparence, l'inégalité règne partout dans la réalité du Réel. Darwin (dont nous avons disserté, parlait de la "survie du plus apte". Soit. Mais les espèces parmi la biosphère et les humains parmi les espèces n'ont pas les mêmes facilités ou difficultés pour "survivre" le moins mal possible. Tous n'ont pas les mêmes aptitudes.

Et là, nous ne parlons que des vivants comme si le problème ne se posait pas à la Matière …et pourtant, les molécules, les atomes, les particules dites élémentaires n'ont pas tous la même stabilité, c'est-à-dire les mêmes chances de survie que d'autres …

 

Dès lors, puisque la "survie" (au minimum, car il faudra aller plus loin et parler de notions comme "progrès", ou "accomplissement", ou "joie" …) est le moteur principal (mais minimal) de la réalité du Réel et donc celui de l'immense chantier qu'elle constitue, deux questions de fond, ontologiques ou métaphysiques, se posent  …

D'abord : "pour quoi survivre ?" … Quel est le but, le sens, la cause, le moteur de ce besoin de survie ?

Ensuite, si la réponse est affirmative (oui, il faut survivre pour telles ou telles raisons) : "comment survivre (au mieux !) ? … Quelles sont les règles, les méthodes, les normes, les principes de cette "bonne vie" ?

 

Et on le comprend rapidement : c'est la "Spiritualité" qui doit répondre à la question du "Pour quoi survivre ?", et c'est à la "Science" de répondre à la question du "Comment survivre ?" ...

Et l'un ne va pas sans l'autre.

Lorsque le "pour quoi" est posé, encore faut-il dire "comment".

Et parmi tous les "comment", il faut un "pour quoi" afin de choisir celui qui est optimal.

Spiritualité et Science forment un binôme (une bipolarité) indissociable. Répétons-le : l'une ne va pas sans l'autre.

 

Une loi universelle : la volonté de survivre !

 

Perpétuer. Continuer. Persévérer. Préserver. Conserver. Poursuivre. Marcher,. Avancer. Poursuivre. …

Les verbes ne manquent pas pour exprimer cette nécessité qui s'est faite loi partout, toujours et à tous les niveaux du Réel.

Le Réel veut survivre. Le Réel est "volonté de survivre". Et même mieux : le Réel est volonté de s'accomplir afin d'atteindre sa propre plénitude. Le Réel est donc mû par un Intention cosmique : ni causalisme (le Réel actuel serait la conséquence mécanique de son "impulsion" d'origine), ni hasardisme (le Réel actuel est ce qui reste de tout ce qui est apparu par hasard et qui a trouver une "niche" pour y survivre).

Non ! Le Réel actuel est le fruit d'une Volonté, d'une Intention, d'une Vocation à l'accomplissement et tout ce qui existe émerge et émane de lui pour contribuer à cet accomplissement total et plein.

Tout ce qui existe, tend à s'accomplir (en soi et autour de soi), afin d'accomplir le Réel qui est le Tout-Un, qui est le Divin.

Il est peut-être lassant de répéter mille fois cette vérité … Mais tant qu'elle n'aura pas pénétré et envahi la totalité de nos esprits, de nos cœurs et de nos âmes, les humains continueront de tout gâcher, de tout salir, de tout détruire, à commencer par eux-mêmes.

Le Réel lutte en tout ce qui existe pour s'accomplir c'est-à-dire pour épuiser tous ses possibles ; mais chaque victoire engendre de nouveaux possibles qui ouvrent de nouvelles voies sur un plan plus élevé.

La quête de la Plénitude et de l'Accomplissement Réel qui est le Tout, qui est l'Un et qui est le Divin, n'aura aucune fin …

Et cet accomplissement de soi sans fin, engendrera de nouveaux "accomplissants" particuliers, parcellaires et temporaires qui, en s'accomplissant, accompliront ce qui les engendre et engendreront ce qui les dépasse.

 

Pour quoi survivre ?

 

Deux provocations célèbres d'Albert Camus posent bien le problème : "Dois-je me suicider ou prendre une tasse de café ?", ou encore : "La chose la plus importante que vous fassiez tous les jours est de décider de ne pas vous suicider" …

En effet, la grande loi cosmique enjoint à tout ce qui existe, de survivre. Mais pour quoi devrais-je lui obéir ? L'humain a atteint un niveau de conscience tel que cette question peut se poser à lui … alors qu'elle ne se pose pas pour ce chêne, cette amibe ou ce rossignol.

Pour quelle bonne raison devrions-nous nous soumettre à cette loi cosmique et divine : survivre pour s'accomplir et, en s'accomplissant, participer à l'accomplissement de de qui m'a fait émerger (comme l'océan fait émerger les vagues à sa surface vivante) ?

Quelle est cette bonne raison sachant que survivre est parfois douloureux, difficile, triste, exténuant, épuisant, dangereux, … ? Quelle est cette bonne raison, si elle existe ? Parce que le Réel qui m'a fait émerger l'exige ? Mais je ne lui ai rien demandé, moi ! Ma mère a fabriqué des centaines d'ovules fécondables et mon père à fabriqué des millions de spermatozoïdes fécondants … et il a fallu que cela tombe sur moi ! Encore une fois : je n'ai rien demandé, moi. Une éternité dans les limbes aurait été plus tranquille dans l'inconscience absolue du non-exister …

 

Mais le sort en voulu autrement : je suis là et je pense et je me pose cette question : pour quelle raison (bonne ou mauvaise) accepterais-je ou devrais-je continuer à survivre, à vivre, à m'accomplir et à souffrir parfois ?

Telle est la question centrale de la Spiritualité (et je mets ce mot au singulier car, au-delà de toutes les traditions et de toutes les cultures, au contraire des religions, le Spiritualité est une et unique pour tous les humains).

 

Cette question se pose aux humains depuis des dizaines de milliers d'années et a reçu une multitude de réponses tant mystiques ou initiatiques ou spirituelles, que religieuses, magiques, mythologiques, dogmatiques, mystériques ou superstitieuses.

 

Comme le disais Heidegger : chacun est "jeté" dans le monde qui est ce qu'il est et qui va comme il va, sans trop me demander mon avis.

Le Monde est un vaste chantier donc une constructivité (émanation, émergence, agrégation, architecturation, organisation, …) qui évolue selon une intentionnalité (une volonté, une vocation, un projet, …en vue d'un accomplissement en plénitude), une corporalité (une substance primordiale, d'"essence mémorielle et accumulative, que les anciens appelaient la Hylé et que certains identifient à une "énergie noire") et une logicité (une cohérence, des règles, des lois – dont les lois de la physique -, des normes, …) qui constituent, ensemble, une unité (un Tout-Un indissociable induisant une vision moniste ou panenthéiste radicale du Réel que l'on peut aussi appelé le Divin – mais qui n'a rien à voir avec le Dieu personnel et anthropomorphe de beaucoup de religions - au sens d'un absolu en dehors duquel rien n'existe et au sein duquel tout se passe).

Appelons "grands moteurs du Réel" ces cinq dimensions universelles et cosmiques que sont l'unité (la cohésion), de l'intentionnalité (la volonté), de la corporalité (la substance), de la logicité (la cohérence) et de la constructivité (le chantier) qui animent ensemble et complémentairement le Réel.

Me voilà donc "jeté dans ce chantier … Alors ? Que fais-je ? Et pour quoi ?

 

Première solution : fuir !

Je puis tout-à-faite refuser le monde extérieur et m'enfermer dans mon monde intérieur afin d'y cultiver mes imaginaires sans me préoccuper de tout ce qui m'entoure (sauf pour manger, respirer, boire et dormir … ce qui n'est déjà pas rien). Je vis alors ma vie à moi, en moi en en sacrifiant la plus petite parcelle possible pour subvenir à mon minimum vital, frugalité absolue et radicale oblige. Mon existence n'est plus qu'un roman, une fiction, une rêverie, un fantasme.

C'est possible – et psychiatriquement parlant, cela porte un nom … - mais cette attitude oublie un point essentiel : non seulement ma subsistance biologique, mais tout mon monde intérieur et mon imagination font partie prenante et intégrante de ce Réel que je refuse de considérer. Le Réel est Un et la distinction faite entre un "monde extérieur" et un "monde intérieur" est parfaitement factice.

Les cinq grands moteurs du Réel jouent autant dans mon extériorité que dans mon intériorité. Toute fuite est inutile (seul le suicide est alors radical).

 

Deuxième solution : parasiter !

Cette attitude pourrait être qualifiée d'hédoniste. Le chantier existe, il est là, indépendamment de moi, je m'y promène en dilettante et y cueille tout ce qui m'amuse, tout ce qui me fait plaisir, tout ce qui m'apporte un peu de bonheur. Je jouis de tout ce qui vient à ma portée, le plus gratuitement possible, en donnant, en échange, le moins possible.

Je n'ai qu'un seul souci : me faire plaisir ! Le plus possible et le plus souvent possible. Et tout le reste n'a aucune espèce d'importance. Je vis pour moi, et pour moi seulement.

Cela, selon les cas, s'appellera de l'égoïsme, de l'égocentrisme, du narcissisme, du nombrilisme … C'est la grande maladie de notre époque ! Tout recevoir pour presque rien et ne rien – ou très peu – donner en échange.

Cela s'appelle aussi du "parasitisme" généralisé.

Le problème est, dans le Réel, pour recevoir, il faut donner (cela fait partie de la logicité cosmique). Et si toi tu prends tout, c'est quelqu'un d'autre qui devra payer à ta place. Tu t'en fiches ? Très bien ! Mais alors ne t'étonne pas si toutes les sources, peu à peu, se tarissent.

Le lierre, en suçant la sève du chêne qui le porte, tue ce chêne peu à peu et, donc, se tue lui-même en même temps.

 

Troisième solution : m'engager !

Tout ici part d'un constat ou, plutôt, d'une révélation profonde : le Réel est un immense chantier dont nous sommes tous des émergences, et ce chantier est incroyablement riche et demandeur de talents qui, à travers lui, trouveront la voie de leur accomplissement et, par conséquent, le chemin de la grande joie qui marquera cet accomplissement (cfr. Spinoza).

Le Réel est un Temple qui se construit pour l'accomplissement et la plénitude du Divin qu'il est, et il récompense, par la joie qu'il donne, tous les œuvriers qui s'y engagent et qui s'y consacrent ("qui deviennent sacrés avec lui").

Oui ! Ceci est un acte de Foi dénué de toute croyance particulière ; ceci marque une confiance dans l'Alliance entre le Divin et l'humain qui prend la forme d'un contrat d'accomplissement réciproque (contrat identique entre le Tout-Réel et tout ce qui y existe : cet arbre s'accomplit magnifiquement en accomplissant la Vie qui l'a fait émerger d'une graine insignifiante).

Cette Foi, cette confiance (ces deux mots ont même étymologie latine) n'est pas évidente, j'en conviens. Elle n'est peut-être pas "naturelle". Souvent, elle naît d'une illumination, d'une initiation, d'une révélation.

Cette Foi d'Alliance, dénuée de toute croyance, est très précisément le cœur palpitant dans toutes les spiritualités (déguisées ou non en une quelconque religion et sa ribambelle de croyances infantiles), le cœur palpitant de toute la Spiritualité, de toute spiritualisation de l'existence.

 

Comment survivre ? Comment contribuer au chantier ?

 

Mais choisir l'option de s'engager vraiment (et non en parasite) sur le chantier du Réel n'implique pas nécessairement que l'on sache comment s'y prendre. Il y a tant à comprendre. Il y a tant à apprendre.

Il ne s'agit plus seulement de survivre, mais de contribuer au chantier, de contribuer, par son propre accomplissement particulier à l'accomplissement sacré et divin du Réel-Un.

 

La question n'est donc plus vraiment "Comment survivre ?", mais plutôt "Comment contribuer au mieux à l'accomplissement du chantier ?" afin de ne pas être broyé par la réalité du Réel dont la puissance et la force sont infiniment supérieures à tout ce qui est humain et, plus généralement, à tout ce qui est particulier, parcellaire et temporaire au sein du grand Tout.

Ainsi, pour contribuer au moins mal, il faut ressentir, observer, apprendre, formuler, modéliser, vérifier, expérimenter (sept voies à explorer, donc) la réalité du Réel avec les moyens que la Nature a mis à notre disposition : nos cinq sens, notre intuition, nos talents et notre intelligence pour capter et relier tous ces éléments perçus et en construire un tout cohérent et efficace : la connaissance scientifique.

Elle repose sur sept piliers, on l'a vu : ressentir, observer, comprendre, formuler, modéliser, vérifier, expérimenter. Voyons-les un à un.

 

Ressentir … Ouverture spirituelle au monde …

Être connecté au Réel … Vivre la Vie et pas seulement sa vie … Voir tout ce qui est visible … Être aux aguets, être vigilant, être impressionnable comme une pellicule argentique, être émerveillable, … Vivre ouvert vers et sur et pour le monde qui vit là, avec ses enfants qui jouent, avec ses mouches qui volent, avec ses roses qui embaument, avec ses vents qui murmurent, avec ses nuages qui s'effilochent, avec ses étoiles qui scintillent …

Tant d'humains vivent repliés sur leur nombril qu'ils ne voient plus rien d'autre et passent à côté de la Vie qui grouille et dont leur propre vie n'est qu'une infime partie prenante …

Comment voulez-vous vivre en passant à côté de la Vie ?

Pour contribuer à l'accomplissement du monde, il faut d'abord le voir. Rien que le voir de ses yeux, le sentir de ses narines, le toucher de ses mains, le goûter de sa langue, l'entendre de ses oreilles … le ressentir par le cœur et les tripes avant de le penser.

 

Vivre connecté au Réel ! Le mot "symbiose" est étymologiquement parfait : Sun ("avec, ensemble") et Bios ("Vie") : vivre ensemble, vivre avec …

Être attentif à ce qui est là, en nous et autour de nous. Être curieux de tout. S'étonner de tout. S'extasier du banal. Constater que tout est miraculeux et que la Vie est incroyable. Personne ne dit qu'il faille sombrer dans le gnangnan béat ; la Vie est un combat, une lutte, avec ses joies, mais aussi avec ses défaites, ses souffrances, ses douleurs ; mais cela aussi, c'est la Vie.

 

Oui, la Vie est une lutte contre l'inertie, contre l'uniformité, contre l'entropie ; une lutte perpétuelle pour dissiper les tensions qu'engendrent, sans fin, les bipolarités du Réel, entre dilution et accumulation, entre uniformité et complexité, entre expansivité et agrégativité, entre conformité et inventivité, entre procéduralité et virtuosité … Non, la Vie n'est pas un long fleuve tranquille et il faut y revenir : on peut fuir et s'enterrer dans un trou sur la berge, on peut refuser et nager à contrecourant jusqu'à l'exténuation, on peut nager dans le courant et utiliser son énergie et sa force pour rejoindre l'océan de la plénitude et de l'accomplissement.

Il faut donc apprendre à ressentir ce courant et à le sentir autour de soi et en soi.

 

Observer … Attention spirituelle au monde …

Mais voir n'est pas suffisant. Il faut aussi regarder. Regarder intensément. Chercher et rechercher. Vouloir voir. C'est cela observer !

Vouloir voir, même ce qui ne plaît pas. Apprendre à regarder. Apprendre à oser regarder. Apprendre à regarder la Vie en face, les yeux dans les yeux et y scruter tous les signes qu'elle envoie, qu'elle nous envoie, même les plus ténus.

Ce que l'on se contente de voir en passant, passe ; ce que l'on regarde vraiment s'incruster en soi et devient mémoire. Et sans mémoire, sans mémorisation, sans accumulation mémorielle, toute le suite de la démarche est compromise.

 

Il faut tout regarder, vouloir tout regarder sans se laisser piéger le regard par ce qui séduit ou intrigue. Tout regarder : le paysage dans son ensemble et cette infime coccinelle sur ce minuscule pétale. Le grandiose ne peut pas négliger le détail ; le minuscule ne peut pas occulter l'immense.

La science commence là ! La spiritualité veut tout voir et vivre le visible qui apparaît autant que l'invisible qui se dissimule. Mais la science ne se contente pas de voir ; elle veut regarder. Elle doit observer, avec soin, méthode et minutie … sans se noyer ni dans le trop vague ni dans le trop précis, ni dans le trop immense ni dans le trop insignifiant, ni dans le trop voyant ni dans le trop caché.

Le Tout est Un. Il faut regarder le Tout en tant que Un. Mais l'Un, c'est aussi le tout de toutes les imperceptibilités ; rien n'est négligeable.

 

L'observation est une discipline, une ascèse donc. On n'observe pas par hasard, au hasard. On observe avec méthode, avec systématisme, sans rien négliger : regarder profondément pour tout voir et, ainsi, dépasser ce qui ne fait qu'apparaître furtivement.

Il y faut de la curiosité, énormément de curiosité. Il faut se laisser intriguer par le banal.

 

Vers mes quatorze ans, j'ai eu un tout jeune professeur de physique. Lorsqu'il entra pour la première fois dans notre classe, sans nous saluer, il alla à la fenêtre et se lança dans un soliloque qui nous médusa … "Vous avez vu comme il fait beau ! Quel temps magnifique ! Et quel soleil ! Et ce ciel ! Ce ciel si bleu ! Tiens … au fait … pourquoi il est bleu, le ciel, et pas orange ou vert ?" … alors, il regagna son estrade, prit une craie et commença son cours comme si de rien n'était. C'est à cause de lui ou grâce à lui que je suis devenu physicien ! Et maintenant que je connais mieux la lumière, les fréquences des ondes électromagnétiques et les effets filtrant de l'ozone, je crois savoir pourquoi un ciel sans nuage est bleu … mais il a fallu des années pour arriver à cette explication et pour savoir qu'elle n'est qu'une interprétation humaine …

 

Apprendre … Représentation intellectuelle du monde

L'observation s'accumule dans la mémoire et nourrit les savoirs : je sais ce que j'ai observé. Mais le "savoir" n'est pas la "connaissance" ; savoir n'est pas comprendre. Une encyclopédie "sait", mais le savant physicien "connaît et comprend". La nuance est énorme.

Mémoriser et comprendre sont deux processus complètement différents.

En revanche : mémoriser, c'est apprendre ….

 

Apprendre, c'est d'abord comparer. Dans la mémoire, fourmille une quantité énorme d'informations mais surtout, une immense quantité de ressemblances et d'analogies qui peuvent être utilisées pour classer, rassembler, compacter, relier par l'intelligence (c'est d'ailleurs l'étymologie du mot : inter ("entre") et ligare (lier") ou legere ("lire") : lier entre eux ou lire ensemble. Autrement dit, créer de la relation entre les "gouttes" de mémoire afin d'y insérer de l'ordre et de constituer des sous-ensembles analogiques selon toutes sortes d'axes et de critères tous plus subjectifs les uns que les autres. Il s'agit, au fond, de "rassembler ce qui est épars" et de créer des catégories labellisées sous un même étiquette.

 

Dans le Réel, chaque élément, chaque événement est unique. Rien n'est parfaitement identique à quoique ce soit d'autre que lui-même et encore … comme tout ce qui existe évolue, ce qui était n'est déjà plus le même que ce qui est. Mais il n'empêche que des analogies et des ressemblances s'installent et persistent qui fondent notre compréhension du monde : "Oui, tout ici se passe comme si … ou comme lorsque …".

"Comparaison n'est pas raison" dit un vieux proverbe mille fois repris, je l'entends bien ; mais il nous faut bien partir de quelque part si l'on veut construire une compréhension d'ensemble dépassant la pure disparité de tous ces éléments et événements observés qui, tous, sont absolument uniques, en toute rigueur.

 

Etymologiquement, "apprendre" c'est "prendre vers" (ad prehendere) ; c'est mettre ensemble dans le même sac analogique : c'est affirmer que cet élément ou cet événement ont les mêmes caractéristiques que ceux-là, et qu'ils semblent donc tous relever de la même "logique", de la même "catégorie", du même "ensemble", du même "processus", etc …

Il semble donc qu'ils aient la même "forme" … Et que cette similitude de forme permet de les prendre ensemble, de les mieux "apprendre".

 

Formuler … Conceptualisation intellectuelle du monde …

Encore faut-il que cette forme puisse être formulée pour être utilement et efficacement mise en œuvre et manipulée par la pensée.

Un exemple : cette rose, cette tulipe et ce coussin n'ont pas véritablement la même couleur mais ces couleurs se ressemblent et diffèrent notoirement de celle de cette feuille de chêne, de ce morceau de grès ou de cette nappe sur la table ; de plus les longueurs d'onde électromagnétique de la lumière qu'ils émettent sont proches et se situent entre 620 et 640 millionièmes de mètre.

Je décide d'appeler ce type de couleur "rouge".

Ainsi, après avoir vu du "rouge" et observé du "rouge", j'ai formulé une analogie, une ressemblance, une proximité … tout en sachant très bien que la couleur "rouge pur" n'existe pas. "Rouge" n'est pas une couleur, mais une gamme étroite de couleurs semblables.

Mais au moins, grâce à cette approximation analogique, je dispose d'un concept utilisable et transmissible : la couleur "rouge". Je pourrai ainsi apprendre à mes petits-enfants que cette rose-ci est "rouge" alors que celles-là sont respectivement "blanches" ou "bleues" ou "violettes".

 

Cet exemple simpliste permet de comprendre mieux le principe de ce processus complexe et subtil qu'est la formulation conceptuelle. Celle-ci exprime une analogie objectale ou processuelle grâce à l'invention de substantifs (les éléments), de qualificatifs (des caractéristiques), de verbes (des actions), des adverbes (des modalités), des prépositions (des relations), etc …

Bref : grâce à ce processus analogique de formulation, j'ai inventé un langage. Et en inventant un langage, j'ai permis de "prendre conscience" d'aspects divers du Réel car "prendre conscience", c'est "nommer", c'est "formuler".

 

La comparaison entre les divers langages humains montre clairement que, selon les cultures, les choix analogiques différent et les conceptualisations, sans vraiment diverger, ne sont pas toujours parfaitement parallèles et isomorphes. C'est probablement le langage mathématique (malgré ses lacunes et ses axiomes restrictifs) qui, de tous les langages humains, est le plus universel. Ainsi, définir le "rouge" comme étant une lumière dont la longueur d'onde se place entre 620 et 650 souffre bien moins de malentendus et de palabres que définir le "rouge" comme la couleur du sang animal …

 

Mais soyons clairs : la formulation des observations permet leur description (parfois même très fouillée), mais elle n'explique rien. Elle dit ce que sont les éléments et les événements, mais elle ne dit rien du "pourquoi", du "pour quoi" ou du "comment" de ces éléments ou événements.

Nous avons vu. Puis, l'attention accrochée, nous avons regardé. Ayant bien regardé, nous mémorisé en compréhension, puis nous avons formulé c'est-à-dire exprimer cette compréhension dans un langage approximatif et analogique, mais utile pour réfléchir, échanger, transmettre.

Nous sommes là, toujours, dans les préalables nécessaires au travail proprement scientifique qui ne peut pas se contenter de décrire, mais qui doit maintenant expliquer (étymologiquement, ex plicare : "sortir du pliage" ou "déplier")

 

Modéliser … Représentation scientifique du monde …

Construire une logique pour le monde … Deux mots difficiles : "construire" et "logique". La science est une construction (dont une représentation humaine) qui, pour être valable, doit être logique[2] (donc "cohérente" ce que nous étudierons dans le paragraphe suivant).

 

Si l'on veut bien se rappeler la théorie des causes d'Aristote, on se souviendra que pour qu'une maison soit construite, il faut réunir cinq dimensions.

 

Primo : il faut définir un projet (un désir, une vocation, une intention, …) : dans notre cas, l'intention est de comprendre le Réel c'est-à-dire d'en donner une représentation la plus complète possible, qui puisse rendre compte de tout ce qui y est observé, non pas seulement comme une collection d'éléments et d'évènements disparates, mais comme une unité globale cohérente.

 

Secundo : il faut encore des ressources (des pierres, du bois, un terrain, des outils, des savoir-faire, …) : dans notre cas, nous disposons d'un immense catalogues de représentations conceptuelles d'éléments (des "objets") et d'événements (des "processus") stockées et ordonnées dans la mémoire suite aux observations faites et aux analogies exploitées.

 

Tertio : il faut des règles (des structures, des hiérarchies, des règlements, des plans, des plannings, des étapes, etc …) : dans notre cas, il est indispensable de mettre en place une "méthode" logique (une méthodologie scientifique) qui permette à la science de rendre compte, au plus près, du Réel tel qu'il est (et non tel qu'on voudrait qu'il soit ou tel qu'on rêve qu'il serait ou devrait être car, alors, il ne s'agit plus de science, mais bien d'idéologie).

 

Quarto : il faut un chantier (du travail, de l'énergie, de la sueur, de la coordination, de la collaboration, de la solidarité, de la complémentarité, ...) : dans notre cas, la recherche scientifique doit être assimilée à un grand chantier qui traverse les époques et les continents, avec des équipes qui cherchent, bien sûr, mais qui publient, échangent, évoluent, progressent.

 

Quinto : il faut que tout cela tienne ensemble et constitue une unité globale : dans notre cas, le Réel dont être considéré comme une unité une, unitaire et unitive où il n'y a aucune place pour un "extérieur" quel qu'il soit ; c'est en cela que la science se rapproche des spiritualités monistes, panenthéistes ou panthéistes, et est incompatible avec les religions ou les idéologies dualistes où deux mondes de natures différentes s'opposeraient d'une manière ou d'une autre. Le Réel est un Tout qui est Un dans son essence et dans son existence : le Réel est le Tout de ce qui existe, de ce qui advient et de ce qui devient !

 

Vérifier … Validation scientifique du modèle du monde …

L'effort de modélisation du Réel a abouti (quoique n'étant jamais ni achevé ni définitif) à un modèle général qu'on appelle, techniquement, une cosmologie (une "étude" – Logos – "de l'ordre et de l'harmonie" du Tout – Kosmos).

Mais cette cosmologie, à chaque époque, n'est jamais qu'un modèle qui doit être vérifier ("rendu vrai") et valider.

La méthode pour ce faire passe par la notion de cohérence.

 

La cohérence interne d'abord : ce modèle est-il auto-cohérent ? N'inclut-il pas des contradictions internes irréductibles ? A un certain niveau de regard, le Réel peut se montrer sous des jours différents qui peuvent se révéler vrai et faux à la fois ; mais il faut alors  qu'en s'élevant au-dessus de ces contradictions apparentes, on puisse aboutir à un modèle non-contradictoire (c'est la situation que la physique théorique vit aujourd'hui où le modèle relativiste et le modèle quantique semblent profondément incompatibles, incompatibilité contre laquelle beaucoup de physiciens s'évertuent depuis des décennies : une troisième voie est en cours de construction au-delà – et non pas contre – des deux regards actuels, l'un relativiste, l'autre quantique).

 

La cohérence externe, ensuite : le Réel est cohérent puisqu'il existe comme tel, évolue comme tel et perdure comme tel. La question alors est : la cohérence du modèle cosmologique rend-elle bien compte de cette cohérence intrinsèque du Réel ? Tout ce que le Réel montre de lui, trouve-t-il son image dans la représentation cosmologique ? Et tout ce que montre cette représentation cosmologique correspond-il à une réalité dans le Réel ?

Mais il est évident, aussi, que plus la science évolue, plus elle découvre des faits nouveaux dans le Réel ou des conséquences nouvelles dans l'image qu'elle donne de ce Réel ; il faut donc bien comprendre que la cosmologie n'est jamais achevée et qu'elle est et sera toujours à la "poursuite" de la réalité du Réel, toujours plus riche et plus complexe qu'on ne l'avait imaginée.

 

Expérimenter … Provocation scientifique du monde …

La science - la cosmologie, surtout, qui puise ses racines et ses inspirations dans la spiritualité – et le Réel - tel qu'il existe et tel qu'il va -, entretiennent entre eux une dialectique éternelle et définitive.

La science n'épuisera jamais toute la réalité du Réel, même si, pas à pas, elle se rapproche du fin du fin.

A tout moment, elle doit s'astreindre à tester la véracité.

 

Tel est le rôle de l'expérimentation scientifique : provoquer la réalité du Réel en pratiquant des expériences scientifiques. Cette expérimentation repose sur un principe simple, même si sa technicité devient de plus en plus complexe et compliquée : le modèle que produit la science, induit des conséquences qui, soit, confirment des faits avérés, soit demandent à être vérifiées, revérifiées et re-revérifiées sérieusement et méthodiquement.

Tant que ces vérifications ne sont pas dûment confirmées, un doute plane et la théorie reste suspecte ou, à tout le moins, douteuse.

 

On comprend vite que, derrière tout cet arsenal expérimental et vérificatif, s'imposent des principes déontologiques et éthiques incontournables.

La science n'est pas une plaisanterie et s'oppose à n'être qu'une affaire de pur imaginaire, de pur conjectural, de pur idéologique, de pure élucubration, de pur romanesque, de pur artistique, de pur fantasmagorique …

Il n'y a là aucune place pour la fantaisie.

Le nombre des degrés de liberté est, en science, un peu moindre qu'en philosophie, mais infiniment moindre qu'en ces soi-disant "sciences" humaines qui ne sont que conjecturales et idéologiques sans rien de scientifique.

 

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Le 05/10/2024

 

Dans "Le Point :

 

"L’Unrwa en lice pour le prix Nobel de la paix 2024"

 

Pour ces gens-là, le prix mondial de l'Antisémitisme, oui ! Mais pas le prix Nobel de la Paix. Ce serait une honte quand on sait combien l'ONU et la CIJ sont aux mains des anti-occidentalistes et que l'UNRWA est complètement phagocytée par le Hamas.

 

Ce commentaire a évidemment été censuré par "Le Point".

 

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De Zeruya Shalev (écrivaine israélienne et prix Femina 2014) :

 

" Durant l'année écoulée, j'ai maintes fois pensé à mes grands-parents. Quatre jeunes gens qui ont quitté famille et patrie au début du XXe siècle pour émigrer dans un pays de désolation, à faible densité de population, sous domination ottomane. Un pays d'où leurs ancêtres avaient été chassés deux mille ans auparavant et vers lequel convergeaient leurs prières de retour.

Leurs motivations n'étaient pourtant pas d'ordre religieux. Au contraire. Ces quatre-là, qui ne se connaissaient pas encore, s'étaient justement détournés de l'éducation passive qu'ils avaient reçue, pour choisir de fonder un foyer dans un endroit où le peuple juif serait en sécurité, à l'abri des persécutions antisémites subies en diaspora. Des dizaines d'années avant la Shoah, ayant compris l'ampleur du danger, ils ont décidé, ainsi que de nombreux autres jeunes, de prendre leur destin en main et sont partis de Pologne, de Russie, d'Ukraine et de Lituanie. Ensemble, ils ont travaillé comme des forcenés dans les champs, ont asséché les marais, ont fertilisé le désert au point que, à l'époque, un tel développement a aussi attiré une immigration arabe venue de Syrie, du Liban, de Jordanie et même du Soudan.

Ils ont affronté un climat hostile, la malaria, la violence des bandes armées locales et le harcèlement des autorités turques, mais n'ont pas renoncé. Ainsi, ils ont ouvert la voie, avant même la création de l'État, aux autres pionniers, aux réfugiés qui ont dû fuir l'Europe avant la Seconde Guerre mondiale, aux survivants de la Shoah, puis, jusqu'aux années 1950, aux nombreux Juifs dont la vie était en péril dans les pays arabes."

 

Il est grand temps de rappeler, comme ici, que ceux que l'on appelle "Palestiniens" sont les descendants d'immigrés venus de Syrie, du Liban, de Jordanie et même du Soudan, pour trouver du travail dans un Israël en pleine construction entre 1919 et 1960.

Les musulmans "locaux" sont massivement devenus israéliens en 1948 et forment 22% des citoyens de ce pays.

 

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Timothy Snyder (historien américain mondialement connu, prof. à Yale) définit : "un idéal, un « absolu des absolus » appelé « liberté positive ». Celle-ci est le remède à « la liberté négative » qui se répand aux États-Unis, où être « freed from » (libéré de quelque chose) est devenu plus important que d'être « free to » (libre d'entreprendre). « Pour les Américains, [la liberté] évoque souvent l'absence de quelque chose […] Un individu est libre, pense-t-on, lorsque le gouvernement est à distance. » Or Snyder nous invite à nous détourner du libertarianisme (« une arnaque ») et des charlatans qui prétendent que la liberté serait innée dans un « pays libre » comme l'Amérique. (…) [cette liberté] compte de nombreux ennemis : Vladimir Poutine, bien sûr, mais aussi les populistes de tous bords, au premier rang desquels Donald Trump ou Elon Musk. (…) La liberté positive vient de l'individu, elle définit ce que nous sommes capables de devenir. Pour moi, c'est le point de départ de ce que doit être la liberté. (…) La liberté positive est possible dans une société où certaines choses sont prévisibles, où nous ne vivons pas dans un état de peur. Une fois ce stade atteint, nous avons la possibilité d'être imprévisibles à titre personnel. Chacun est à même de faire ses propres combinaisons de choix moraux. Voilà la vraie liberté. (…) Je ne dis pas que, plus il y a d'État, mieux c'est. Le point de départ de mon livre n'est pas l'égalité, mais la liberté. Vivre dans un État providence permet d'être libre ; ça ne garantit pas de l'être. C'est une condition nécessaire mais pas suffisante. D'autres éléments entrent en ligne de compte. Et l'un d'entre eux est l'idée même de liberté. Si vous voulez que les gens soient libres, ils doivent avoir un objectif conceptuel qui repose sur la liberté. Et c'est quelque chose que l'on ne trouve pas beaucoup en Europe. ".

 

Cette nuance est colossalement importante entre être "libéré de" et être "libre pour".

Et, outre Poutine, Trump et Musk, elle compte énormément d'ennemis : tous les islamistes (ayatollahs, talibans, hamas, hezbollah, houthis, …), Xi-Jinping, Kim Jong-Un, Kaïs Saïed … et tous les apprentis-dictateurs du Maghreb, d'Amérique latine, d'Afrique noire et d'ailleurs !

 

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De Simone Rodan-Benzaquen :

 

"(…) on alimente les thèses conspirationnistes qui font d'Israël ou du sionisme le principal danger pour la planète. Si le conflit israélo-palestinien est perçu comme étant au centre de tout, et qu'Israël est désigné comme fautif, alors Israël devient responsable des malheurs du monde entier. Plus grave encore, cette théorie occulte l'une des clés des problèmes régionaux : la véritable force déstabilisatrice du Moyen-Orient est la République islamique d'Iran. (…) depuis 1979, le régime iranien s'était engagé dans une stratégie délibérée d'exportation de sa révolution islamique, cherchant à étendre son influence et à bâtir un empire fondé sur le fondamentalisme. (…) le régime avait mis en place un « cercle de feu » (…) qui repose sur l'utilisation de groupes supplétifs comme le Hamas, le Hezbollah et les houthis, dont l'objectif est d'entourer et d'étouffer Israël. (…) La République islamique ne se contente pas de déclarer la guerre à Israël et de déstabiliser la région. Elle arme la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine et s'allie avec les autocrates dans le monde entier, menant une guerre contre l'Occident et l'ordre mondial établi."

 

L'ennemi public n°1 mondial est l'islamisme et le centre de l'islamisme, c'est l'Iran. Il faut donc éradiquer les mollahs iraniens et tuer l'économie iranienne.

 

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Présentation de "1848 - Le Printemps des peuples : Se battre pour un monde nouveau" de Christopher Clark :

 

"L'histoire européenne compte peu de moments aussi enthousiasmants et sidérants que les événements qui se jouèrent au printemps 1848. D'un même mouvement, comme par magie ou presque, ville après ville, de Paris à Rome, en passant par Berlin, Prague ou Vienne, d'immenses foules se rassemblèrent parfois dans la paix, parfois dans la violence, et l'ordre politique qui dominait encore le continent depuis la chute de Napoléon en 1815 s'effondra. C'est dans ce monde en pleine effervescence que Christopher Clark nous entraîne. À rebours de l'image traditionnelle d'une révolution manquée, l'historien australien restitue avec verve et brio cette période extraordinaire, pionnière à bien des égards de notre modernité. Partout émergent de nouvelles figures et de nouveaux espoirs. Pour un temps, le rôle des femmes dans la société, l'abolition de l'esclavage, la pauvreté des travailleurs, l'indépendance nationale ou l'émancipation des Juifs devinrent des questions centrales pour ces sociétés européennes en ébullition. Dans une suite brillante de tableaux, l'auteur raconte tour à tour la fermentation de ces nouvelles idées jusqu'aux contre-attaques redoutablement efficaces des régimes en place qui n'avaient pas dit leur dernier mot. Pourtant, même après la défaite et l'implacable répression qui s'ensuivit, les révolutionnaires exilés continuèrent à propager dans le monde les idéaux de 1848. Pour le meilleur comme pour le pire, une nouvelle Europe, au visage bien différent, émergera des décombres."

 

1848 : la suite logique du bellicisme napoléonien (Napoléon Bonaparte fut une des plus énormes calamités de l'histoire européenne).

Alors, le paradigme de la Modernité (héritière de la Renaissance c'est-à-dire emplie de l'humanisme du 16ème siècle et du rationalisme du 17ème siècle, mais déjà salie et ridiculisée par les "Lumières" au 18ème siècle) se mue, en 1848, en Modernisme, c'est-à-dire en une perversion de la Modernité qui a donné naissance aux gauchismes (anti-industrialistes) et aux nationalismes (anti-européanistes et responsables de deux guerres mondiales).

 

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Gauchisme, islamisme : même combat ! Antisémitisme et antisionisme par atavisme.

 

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Mais cessez donc de parler de Mélenchon. Ce type n'est rien et ne représente rien. Ne pas parler de lui l'éradiquera. Et il redeviendra ce qu'il est : rien !

 

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Reproduction d'une interview par Kévin Badeau, de Madame Noëlle Lenoir, ancienne ministre des Affaires européennes :

 

" L’Unrwa en lice pour le prix Nobel de la paix 2024 : « Et pourquoi pas Khamenei ? »

 

Un drôle de trio de favoris… L'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), la Cour internationale de justice (CIJ) et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, font partie des favoris pour remporter, le 11 octobre prochain, le prix Nobel de la paix 2024.

Un an après les massacres terroristes du Hamas en Israël, l'hypothèse que l'un de ces trois noms l'emporte suscite des interrogations… Le Point a contacté Noëlle Lenoir, avocate, ancienne ministre des Affaires européennes, qui livre ses impressions.

 

Le Point : Que vous inspire cette liste de favoris ?

 

Noëlle Lenoir : J'hésite entre deux qualificatifs : provocation ou plaisanterie. Et s'il s'agit d'une plaisanterie, je la trouve lugubre compte tenu du contexte international dramatique dans lequel nous vivons, et il me semble que les Nations unies y contribuent plutôt négativement.

 

Commençons par Antonio Guterres. Ses positions sont pour le moins contestées…

 

La légitimité du secrétaire général des Nations unies, ainsi que celle de l'Organisation elle-même, est remise en question de manière tout à fait inhabituelle depuis la création de l'ONU. Pourquoi ? Parce qu'Antonio Guterres est un antisioniste assumé, qui a pris parti pour la cause palestinienne et qui n'hésite pas dans la situation présente à s'afficher avec des régimes parmi les plus attentatoires aux droits de l'homme, que doit justement défendre l'ONU.

 

Rappelons qu'il a reçu en grande pompe le ministre des Affaires étrangères de la République islamique d'Iran. Il a aussi fait mettre en berne en mai 2024 le drapeau de l'ONU après le crash d'un hélicoptère emportant notamment ce ministre des Affaires étrangères. A-t-il dit un mot pour condamner publiquement la condition des femmes dans ce pays, où elles sont réprimées, voire exécutées, si elles n'observent pas certaines règles religieuses ?

 

C'est lui qui, personnellement, a accepté que les talibans reviennent à la table des États membres de l'Organisation, et sans femmes, à leur demande, alors que les femmes sont privées en Afghanistan des droits les plus élémentaires, comme le droit à l'éducation et à la santé. Antonio Guterres mérite davantage d'être inscrit sur un tableau noir que favori à un éventuel prix Nobel !

 

L'Unrwa apparaît aussi parmi les favoris, alors que plusieurs de ses anciens employés sont soupçonnés d'être impliqués dans l'attaque perpétrée le 7 octobre 2023 en Israël. Surprenant…

 

Je travaille sur des recours contre l'Unrwa en France, devant le parquet antiterroriste. Il est maintenant avéré que des agents de l'Unrwa ont été complices, sinon auteurs, d'actes de terrorisme du Hamas. L'Office de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, dont la création remonte à 1949, n'a pas démontré, loin de là, qu'il accomplissait convenablement sa mission d'éducation et de pacification. L'Unrwa prétend que les agents en question sont des brebis galeuses.

Au vu des informations non contestées dont nous disposons, notamment après la mort lors d'une frappe aérienne du chef du Hamas à Beyrouth, Fateh Sherif Abu el-Amin, qui était également enseignant à l'Unrwa, la responsabilité de l'Office se révèle immense. J'ajoute que M. Guterres insiste aujourd'hui sur l'immunité dont le personnel de l'Unrwa jouirait empêchant, selon lui, toute poursuite pénale contre les agents de l'Office.

Pour moi, loin de mériter un prix Nobel de la paix, il est clair que l'Unrwa pourrait être considérée comme complice, ou du moins partie prenante, dans des activités terroristes à Gaza, comme nous le soutenons en France et comme le soutiennent des avocats, notamment aux États-Unis où un recours a été déposé au Delaware.

 

Et la Cour internationale de justice ?

 

Les juges font leur travail. Je ne vois pas pourquoi on leur attribuerait des médailles simplement parce qu'ils remplissent leur mission juridictionnelle ! Cela est d'autant moins mérité s'agissant de la Cour internationale de justice. L'avis consultatif de la CIJ du 19 juillet 2024 est incroyable. Elle déclare « illicite » la présence d'Israël en Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza. Elle a demandé à Israël de mettre fin à son « occupation », tout en soulignant l'obligation d'indemniser les Palestiniens.

 

Trois juges, dont le juge français, ont émis une opinion dissidente, critiquant cet avis dont ils soulignent la fragilité des bases juridiques. Le fait que cette instance soit présidée par un Libanais, Nawaf Salam, ancien ambassadeur du Liban à l'ONU, qui a voté plus de 200 fois en faveur de résolutions contre Israël, pose un problème majeur de conflit d'intérêts.

Nous avons donc une CIJ qui s'est montrée partisane, un Office qui a manifestement contribué à endoctriner la jeunesse de Gaza, voire, pour certains agents, a été complice d'actes de terrorisme, et un secrétaire général des Nations unies qui se compromet en acceptant d'exclure les femmes d'Afghanistan, en violation de toutes les conventions internationales sur les droits humains ; et ce sont ces mêmes personnes qui seraient favorites pour un prix Nobel de la paix ? Pourquoi pas le guide suprême iranien Khamenei !

 

Qu'est-ce que ça dit de l'état de notre monde ?

 

Je pense que l'ONU est malade, parce que les pays occidentaux sont faibles et ne parviennent plus à affirmer leur attachement aux valeurs essentielles. Le Conseil de sécurité est paralysé et l'Assemblée générale composée d'une majorité de régimes autoritaires a pris la main. Aussi, l'ONU semble devenir l'espace privilégié de remise en cause des valeurs universelles au fondement de sa création en 1945.

 

Est-elle réformable ?

 

Cela dépend des Américains essentiellement, mais aussi de l'Europe. Malheureusement, l'Europe est affaiblie. Elle est incapable de voter solidairement, comme on l'a vu avec de récentes propositions de résolution sur le conflit israélo-arabe. Je le regrette, car il n'existe aucune alternative à l'Europe et c'est un miracle qu'elle existe encore, et il faut tout faire pour que ce miracle se pérennise."

 

Rien à ajouter. L'ONU et la CJI sont des officines du wokisme antioccidental et l'UNRWA est une filiale du Hamas. Dont acte !

L'ONU doit disparaître puisqu'elle est l'affirmation d'une Modernité qui n'existe plus et dont elle fut l'un des derniers soubresauts politiques mondiaux après la catastrophe de la seconde guerre mondiale. Place aux pouvoirs continentaux !

 

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L'humain ne peut vivre dans la joie qu'en s'accomplissant au service de l'accomplissement divin.

 

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L'accomplissement de soi et de l'autour de soi ne peut commencer que dans la libération de soi et du soi, dans la libération pour l'au-delà de soi.

 

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L'accomplissement est la seule vocation ; la vie, l'amour, la joie, le travail, la peine, la mort, la connaissance, l'éthique, … n'en sont que les moyens.

 

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Le chemin de l'accomplissement passe par mille étapes dont aucune n'est une destination. On ne s'y arrête que pour s'y restaurer.

 

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Le 06/10/2024

 

De Nietzsche :

 

"L'instruction publique … L'instruction, dans les grands Etats, sera toujours tout au plus médiocre, pour la même raison qui fait que, dans les grandes cuisines, on cuisine tout au plus médiocrement."

 

Tous les systèmes éducatifs actuels dans le monde (sauf en Extrême-Orient) sont en pleine déliquescence.

D'énormes fabriques à crétins de plus en plus incultes ; illettrisme et innumérisme gagnent chaque jour du terrain.

 

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De Marcel Gauchet :

 

"La sortie de la religion a un prix : elle nous ferme à la compréhension de ce qu'a représenté la religion dans les sociétés du passé. Un passé qui continue d'empreindre la vie d'une grande partie des sociétés actuellement présentes sur la planète. La religion a été une manière de faire fonctionner les sociétés. Elle modelait les rapports sociaux. Elle organisait l'existence collective en assurant sa continuité au-delà de la naissance et de ses membres. Le fossé est vertigineux : depuis qu'elle existe, l'humanité a vécu religieusement ; pour nous, y compris pour les croyants, cette fonction n'existe plus. Les croyances personnelles restent, mais le rôle social a disparu. La sortie de la religion s'est étirée sur plusieurs siècles. Or l'événement historique que nous sommes en train de vivre depuis quatre ou cinq décennies, c'est l'achèvement de ce processus de substitution d'un nouveau mode de structuration à l'ancienne organisation religieuse des sociétés. Depuis le XVIIIe siècle jusqu'à une époque très récente, l'État-nation a paru effectivement capable d'encadrer l'existence collective, de nourrir l'adhésion des personnes, de définir l'axe de l'avenir et d'assurer la continuité des pays. C'est ce qui s'est effacé au profit d'une configuration nouvelle qui ne laisse apparemment en place que des individus et leurs droits. Sauf que c'est une illusion, parce que ces individus n'existeraient pas sans une organisation collective très puissante en profondeur. Les contradictions entre l'individualisme de surface et cette structuration sous-jacente sont la source dernière du trouble des démocraties dans tout le monde occidental. (…) il existait une grande aspiration à se libérer de l'aliénation religieuse et de ses séquelles. C'était l'âme du mouvement démocratique. Mais cette aspiration était rendue possible et praticable par la structuration collective sous-jacente. Le grand problème de la liberté, au fond, c'est qu'elle se pense sans conditions de possibilités, comme si elle était l'état naturel de l'homme. Nous vivons toujours sous l'autorité de la phrase fameuse de Rousseau : « L'homme est né libre et partout il est dans les fers. » C'est le contraire ! Il n'y a pas de plus grande erreur. L'homme est né dans les fers, il s'y est forgé, parce qu'ils étaient l'étayage indispensable de sa survie sociale, et c'est avec beaucoup de peine qu'il s'en est dégagé. Nous ne sommes d'ailleurs pas au bout du chemin, il s'en faut ! C'est un micro-événement à l'échelle de la grande Histoire qui a précipité de manière cataclysmique le remaniement de la structuration des sociétés à l'échelle du globe. Une toute petite charge a déclenché la grosse explosion : en l'occurrence la crise économique qui se déclare dans le sillage du premier choc pétrolier de 1973. C'est le vrai point de départ de la mondialisation. Parallèlement, en bas, se déploie une individualisation radicale des sociétés. En l'espace de dix ans, entre 1975 et 1985, se mettent en place une autre société globale et d'autres sociétés locales. C'est à ce moment-là que s'efface le rôle central que l'État-nation avait joué jusque-là dans la modernité, pour le meilleur et pour le pire. Entre la mondialisation par en haut et l'individualisation par en bas, ce niveau politique qui structurait la vie collective s'estompe. Les nations sont toujours là, les États aussi, mais ils remplissent d'autres fonctions. Une fois ces bases posées, la suite, jusqu'à aujourd'hui, a été le déroulement des conséquences. (…) Nous sommes là pour tout changer, au point de sombrer régulièrement dans le bougisme, c'est-à-dire le changement pour le changement. Nous sommes incapables, en fait, d'imaginer l'avenir. La politique est désormais sans projets, et même sans utopies. C'est pour cela que le terme de présentisme s'impose à nous. Mais c'est un drôle de présentisme, puisqu'il s'accompagne d'une frénésie de conservation et d'une obsession du changement."

 

 

Quel dommage que Marcel Gauchet n'ait pas lu mes livres de prospectives sur les transitions paradigmatiques, en général, et celui que nous vivons aujourd'hui, en particulier.

Et du même :

 

"Le problème avec l'islam, c'est la proximité entre les trois monothéismes. On sait qu'entre les juifs et les chrétiens les relations ont été difficiles, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais il y a un troisième monothéisme, qu'on avait un peu oublié. Les chrétiens se sont définis par rapport aux juifs, dans un rapport de supériorité ; les musulmans se sont définis par rapport aux chrétiens et aux juifs dans un rapport de supériorité à tous les deux, là encore. C'est le problème. Le monde musulman a la conviction d'avoir la religion supérieure et, en même temps, la conscience d'être le perdant du monde dans lequel nous vivons. Et cela vaut a fortiori sur notre territoire, où précisément il se retrouve, comme toute immigration, en bas de la société. Je pense que, pour un musulman, la modernité est un problème particulièrement aigu, parce que celle-ci est le produit des religions vis-à-vis desquelles il se pense par tradition religieusement supérieur."

 

Tout l'islam et l'islamisme en particulier est entièrement construit sur ce sentiment de supériorité qui est proclamé dès le troisième verset de la première sourate du Coran :

 

"Ceci est le Livre parfait dans lequel il n'y a pas de doute."

 

Oser écrire une pareille énormité relève d'une grave psychopathologie.

 

*

 

En attendant les élections américaines du 5 novembre …

Il est évident que Donald Trump est un psychopathe tout comme l'est le plus célèbre de ses supporters : Elon Musk.

Lorsque la paranoïa mégalomaniaque rencontre la mégalomanie schizophrénique, cela donne un populisme écœurant, construit sur le complotisme hallucinant et le mensonge permanent, sur le délire de persécution et la fantasmagorie extraterrestre.

 

*

 

" Arrêt des livraisons d’armes à Israël : l’Élysée juge la réaction de Netanyahou « excessive ».

Le Premier ministre israélien a qualifié de « honte » l’appel d’Emmanuel Macron à ne pas livrer d’armes à l’État hébreu, à l’avant-veille de l’anniversaire du pogrom du 7 Octobre."

 

Décidément, Macron est à la dérive. Il a perdu les pédales.

Qu'il s'en aille. Le plus vite sera le mieux.

Son premier mandat avait bien commencé. Puis la mégalomanie a pris le pouvoir. Son second mandat est un funeste naufrage ... d'ailleurs on ne voit plus Brigitte nulle part !

 

*

 

"Qu'est-ce que le péché ?" selon le théologien jésuite François Euvé :

 

"C'est une rupture de la relation à Dieu. Mais c'est aussi une rupture de la relation à autrui, voire à la nature, car « tout est lié ». L'idée centrale est que la personne est être de relation. Pour saint Augustin, le péché « type » est l'égoïsme, la fermeture sur soi, la prétention d'exister par soi-même. Sans relation (à Dieu, aux autres, à la nature), pas de vie authentique. C'est pourquoi, pour se libérer du péché, on parle de sacrement de « réconciliation ». L'accent est moins mis sur l'aveu (la « confession ») des péchés ou sur la pénitence que sur le lien qui se reconstruit."

 

Jésuitisme typique …

La rupture de l'Alliance est dramatique et tragique, mais elle ne définit pas le "péché", au sens catholique, qui est une désobéissance aux ukases dogmatiques, imposés par la gent vaticanesque.

 

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Le 07/10/2024

 

Il y a un an le Hamas massacrait cruellement 1200 Juifs en Israël.

Que l'islamisme soit maudit à jamais et détruit au plus vite !

 

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De Peter Sloterdijk, philosophe et essayiste allemand :

 

"Les démocraties modernes ont une fâcheuse tendance à renouer avec « une fiscalité absolutiste, para-féodale, dans la mesure où l'État prend, et prend encore, unilatéralement et sans argumenter » La lutte des classes fiscale se fait au détriment des citoyens le plus productifs, avec des gouvernements qui pensent "avoir un droit à puiser immédiatement une part notable de leurs gains chez tous ceux qui ont gagné de l'argent". Un réconfort philosophique bienvenu pour tous les Français aisés dont le gouvernement souhaite visiblement solliciter, il est vrai sous la contrainte, la générosité."

 

On peut franchement parler de dictature fiscale !

Nos Etats, construits sur la démagogie électoraliste, fondés sur l'assistanat et le parasitisme des masses, sont positivement en faillite et volent, partout où ils peuvent l'argent péniblement gagné par ceux qui travaillent vraiment (au-delà de la petite semaine des 35 heures et des petites carrières finies à 60 ans).

 

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D'Etude Hexagone/Opinion Way 2024 :

 

"85 % des enseignants trouvent que le niveau scolaire a baissé. Un avis partagé par 70 % des parents. En revanche, sur les causes, les avis divergent. 86 % des parents dénoncent le manque de discipline en classe tandis que 91 % des professeurs évoquent l'insuffisance d'autorité des familles ! C'est pas moi, c'est lui ! Non, c'est nous !"

 

Le fait demeure : le taux d'inculture, d'illettrisme et d'innumérisme augmente dramatiquement dans cette génération (15 à 25 ans) qui, comme par hasard, est aussi celle qui est la plus pro-islamiste et antisioniste.

 

Les résultats d'une étude révèlent que la satisfaction de vie chute entre 9 et 16 ans, avant de remonter doucement jusqu'à 70 ans.

La fin de l'enfance et l'adolescence sont des périodes pénibles de désarroi et de construction difficile de soi dans le monde.

C'est donc là que l'éducation doit frapper le plus fort ; aujourd'hui, c'est le contraire qu'elle fait, transformant les ados en barbares !

 

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Les USA sont une Nation qui part en quenouille, tant culturellement qu'économiquement et politiquement.

Le Trésor Américain lui-même tire la sonnette d'alarme :

 

"La dette publique des États-Unis s'élève à 35 304 milliards de dollars, soit 123 % du PIB. Son montant a doublé en dix ans et représente 104 000 dollars par habitant. La charge annuelle de la dette a dépassé les 1 000 milliards de dollars et atteint 1 049 milliards de dollars. Le Japon est le plus gros détenteur étranger de bons du Trésor américains (1 100 milliards de dollars), devant la Chine (750 milliards) et le Royaume-Uni (690 milliards)."

 

Qu'on se le tienne pour dit !

 

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Il faut bien comprendre ceci : de toutes les façons, le terrorisme islamiste veut l'éradication radicale de l’État d'Israël "de la mer au fleuve" et rien ne pourra changer cet état d'esprit (n'espérez rien de "négociations, de trêves, d'intermédiations, de menaces, de promesses sur les otages, etc ..."). Il n'existe aucune autre issue que l'élimination du terrorisme islamiste et de ses milices aux ordres de l'Iran : Hamas, Hezbollah, Houthi, milices islamistes syriennes, milices turques, etc ...

Souvenez-vous en bien : en 1938, les "accords" de Munich signés par Chamberlain et Daladier face à Hitler et Mussolini, n'ont servi à rien, mais ont acté la capitulation anticipée des Nations démocratiques.

C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui, notamment à l'ONU ou à la CJI.

 

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De Pascal Bruckner :

 

"Depuis que l'Iran a créé l'« axe de la Résistance » contre l'État hébreu, ses supplétifs, Hamas, Hezbollah, Houthis, ont semé la mort sans relâche dans la région, indifférents au sort des Palestiniens, juste soucieux des intérêts impériaux de leur mentor. Le cancer islamiste qui a gagné la planète, chiites et sunnites compris, à partir des années 1980 est né avec l'ayatollah Khomeyni et a donné naissance à ces innombrables métastases que sont Al-Qaïda, Daech (même s'ils se détestent) et les multiples sectes djihadistes issues des Frères musulmans appuyées par Téhéran. (…) le moment est venu d'en finir avec les maîtres de Téhéran qui assassinent leur peuple, pendent les femmes et torturent leurs opposants. La disparition de ce gouvernement constituerait une avancée importante. (…) Deux nations sauvent aujourd'hui l'honneur du monde libre : l'Ukraine et Israël, en proie aux mêmes ennemis puisque Poutine et Khamenei sont liés par un traité d'amitié et que le premier soutient le Hamas, le Hezbollah et les talibans. Il faut désormais frapper la pieuvre à la tête, et ce avant que l'Iran n'ait la bombe."

 

Khomeini accueilli et protégé à Neauphle-le-Château, de 1977 à 1979, par l'infâme Mitterrand !

 

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Le sixième siècle avant notre ère rappelle surtout, en 587, la destruction du Temple de Salomon, à Jérusalem, par les Babyloniens ; ils déportèrent toute l'intelligentsia et toute l'élite juives à Babylone qui, après la victoire des Perses, purent revenir chez eux en 538.

Parmi les contemporains grecs de Pythagore, on trouve Solon le législateur, Thalès le géomètre, Sappho la poétesse, Esope le fabuliste et, surtout, Xénophane le philosophe créateur de l'école d'Elée qui donna Parménide (disciple direct de Pythagore), Zénon, Anaxagore, Anaximène, Anaximandre.

Vers la même époque, l'Inde donne à l'humanité le personnage de Siddhârta Gautama Sakyamuni (le Bouddha historique), la Perse celui de Zoroastre (Zarathoustra : réformateur du mazdéisme et le fondateur du zoroastrisme), et la Chine, elle, offre Lao-Tseu (le fondateur du taoïsme) et Confucius (le fondateur du confucianisme).

 

Nous sommes au siècle d'or de ce que Karl Jaspers appela la "période axiale" de l'humanité, c'est-à-dire la période où toutes les civilisations humaines avancées de l'époque basculent de l'âge infantile des mythologies à l'âge plus mûr de la rationalité.

On ne croit plus ; on pense ! On ne pense plus que l'on croit, mais l'on croit que l'on pense …

Pythagore fut un des grands champions de cette rationalité naissante : il excelle dans l'abstraction et la spéculation et, pour lui, les chiffres et les nombres sont les clés secrètes de la compréhension du Réel. On peut vraiment, à son sujet, parler d'une "mystique des nombres" (voir plus loin).

Cette "période axiale", ce passage du mythologique au rationnel sont cruciaux dans l'histoire humaine (comme l'est aujourd'hui la mort des messianismes religieux et idéologiques et l'émergence d'une pensée qui marche sur deux jambes : la science et la spiritualité).

 

Que dit, au fond, la "période axiale" de la pensée humaine dont Pythagore fut un des héros et des hérauts ? Elle est une période "pivot" (c'est la traduction exacte du mot allemand utilisé par Jaspers) où la façon de voir le monde, de se le représenter et de le penser, se retourne carrément : on quitte (ou, du moins, une certaine élite intellectuelle commence à quitter) la déification magico-démonique des forces de la Nature et de leurs effets sur ce qui existe. Les dieux perdent, peu à peu, leur statut de personnages réels, vivants mais éternels, pour devenir des symboles, tout aussi "vivants" et "éternels", mais irréels et imaginaires ; les dieux devenus symboliques restent pratiques pour exprimer, de façon imagée et poétique les heurs et malheurs de l'existence, mais ils ont désormais perdu leur réalité.

 

La rationalité gagne du terrain. Elle ne veut plus seulement exprimer ou représenter le monde, mais elle veut l'expliquer, l'expliciter, le modéliser non plus avec des images, mais avec des concepts, non plus avec des mythes et des contes, mais avec des relations logiques et des raisonnements cohérents. Ce n'est plus Eole qui, par amitié pour lui, souffle dans les voiles d'Ulysse, mais un flux d'air qui circule entre anticyclone et dépression … et qui se fiche éperdument d'Ulysse et de son histoire.

Non seulement, le "pivot" axial de l'histoire de la pensée, rejette le théocentrisme (les dieux règlent tout), mais il rejette en même temps l'anthropocentrisme (l'humain est le centre de tout).

 

Philosophiquement et spirituellement, cette époque impose trois choix fondamentaux : celui entre Théocentrisme (l'humain et ses dieux sont au-dessus de tout le reste) et Cosmocentrisme (l'Univers, c'est-à-dire la Nature, est au-delà de tout ce qu'il contient), celui entre Être (Parménide : le mouvement, le changement et les évolutions n'affectent que les apparences superficielles) et Devenir (Héraclite : tout évolue partout et toujours car rien n'est ni fixe ni statique), et celui entre Dualisme (le monde des dieux est un monde séparé du monde des humains) et Monisme (le monde est unique, unitaire et unitif).

Depuis lors, ces grands choix intellectuels ont toujours été d'actualité. La plupart des théologies religieuses ont toujours plutôt opté pour le théocentrisme, l'Être et le dualisme, alors que la plupart des traditions spirituelles ont plutôt choisi le cosmocentrisme, le Devenir et le monisme.

 

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Dans un monde devenu si complexe que la masse n'y comprend plus grand-chose, la démocratie au suffrage universel dérive obligatoirement vers de la démagogie électoraliste s'appuyant sur l'institutionnalisation des assistanats et des parasitismes sociaux.

Si l'on veut éviter toutes les formes d'autocratisme ou de populisme qui conduiraient l'humanité à sa perte, la seule issue est de faire évoluer les systèmes politiques vers une forme d'oligarchie soutenue par une démocratie où les droits de candidature et de vote doivent être mérités selon des critères objectifs et concrets, et octroyés par un organisme indépendant, non partisan, et exclu de l'un et de l'autre droit.

 

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Le 08/10/2024

 

Vieillir, c'est renoncer …

 

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De Luc de Barochez :

 

" Le faux pas d’Emmanuel Macron au Proche-Orient.

S’en prendre à Israël mais pas à l’Iran, qui surarme les milices terroristes à travers la région, c’est blâmer la victime et épargner l’agresseur. « Je pense qu'aujourd'hui, la priorité est qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer des armes pour mener des combats sur Gaza ; la France n'en livre pas. Maintenant, notre priorité est aussi d'éviter l'escalade. » Diffusée le 5 octobre par France Inter, la déclaration d'Emmanuel Macron met au jour tout ce qui ne va pas dans la politique qu'il mène face aux événements du Proche-Orient : hypocrisie, incohérence, complaisance vis-à-vis de l'Iran et de ses milices supplétives, méconnaissance de la menace posée par le terrorisme islamiste, sous-évaluation de la vague antisémite qui submerge l'Europe.

Israël se bat pour sa survie. Et c'est ce moment que choisit Emmanuel Macron pour appeler ses pourvoyeurs d'armes (c'est-à-dire, pour l'essentiel, les États-Unis) à cesser de lui en livrer ! L'heure est, pour le moins, mal choisie. Son propos souffre de plusieurs autres défauts.

L'hypocrisie, d'abord. En quoi serait-il plus immoral de livrer des armes américaines à Israël, pays agressé par la République islamique et ses affidés, que des équipements militaires français aux pays arabes ? Parmi nos principaux clients figurent l'Égypte, une dictature qui opprime son peuple ; l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont contribué à un cataclysme humanitaire au Yémen ; le Qatar, qui a longtemps financé le Hamas.

La complaisance, également. S'en prendre à Israël mais pas à l'Iran, qui surarme les milices terroristes à travers la région, c'est blâmer la victime et épargner l'agresseur. C'est pratiquer le deux poids, deux mesures. Un défaut déjà apparu lorsqu'Emmanuel Macron avait pointé du doigt Israël après l'élimination du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sans rappeler les méfaits de la milice chiite – même pas les attentats anti-français dont elle est coupable, par exemple celui de la rue de Rennes à Paris, ou les 58 parachutistes français tués en 1983 dans l'attentat du Drakkar à Beyrouth."

 

Macron est en pleine perdition. Il est l'exemple typique de celui qui a cru pouvoir sortir du chaos inter-paradigmatique en restaurant une Modernité selon les modèles de la Modernité avec les outils de la Modernité. Face à lui, les murs noirs des populismes de droite (RN) et de gauche (LFI) ont fait barrage et l'ont complètement déconfit.

Il continue de croire, dur comme fer, à la pertinence des Etats-Nations et à la "grandeur de la France", alors qu'il n'existe plus que des réseaux transversaux dénationalisés et continentalisés.

Il n'a, par exemple, pas voulu voir que ce qui se passe à Gaza ou dans le sud-Liban, c'est une guerre mondiale entre la civilisation occidentale (dont le centre n'est plus nulle part, vu la déliquescence américaine et la faiblesse européenne) et la barbarie islamiste (dont le centre est l'Iran).

Il n'a pas non plus voulu voir que la guerre en Ukraine oppose la même civilisation occidentale au néo-tsarisme russe incarné par Poutine.

Macron aurait pu être un homme du 21ème siècle, mais il est vite redevenu un homme du 19ème siècle.

 

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L'histoire des sciences dites "dures" est un grand désert féminin. Les femmes ont laissé des noms prestigieux dans toutes les dimensions de l'histoire humaine, à toutes les époques, avec gloire et génie … sauf en physique théorique et en mathématiques.

Un exemple typique : Marie Curie … Elle ne fut que l'épouse et l'assistante de Pierre son mari qui partagea avec elle son prix Nobel. Puis, après sa mort, soutenue par ses influents amis parisiens, elle a continué le travail de laboratoire (l'extraction du radium) qui était en cours et a reçu un second prix Nobel plus par commisération que par génie propre.

 

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Le 09/10/2024

 

Le principe fondamental de la pensée scientifique et mathématique de Pythagore est que toutes les "sciences" sont réductibles à l'arithmétique, donc aux nombres qui ont, à la fois, un caractère scientifique et positif, et un caractère spirituel et mystique.

 

"Tout est nombre !

Les choses sont nombre !"

 

Aristote (dont nous reparlerons plus loin, écrivit : "Les Pythagoriciens s'appliquèrent tout d'abord aux mathématiques… Trouvant que les choses [dont les sons musicaux] modèlent essentiellement leur nature sur tous les nombres et que les nombres sont les premiers principes de la nature entière, les pythagoriciens conclurent que les éléments des nombres sont aussi les éléments de tout ce qui existe, et ils firent du monde une harmonie et un nombre … Les éléments du nombre sont le pair et l'impair ; et l'un [impair] est fini [limité, structurant, comme une figure géométrique], tandis que l'autre [le pair] est infini [illimité, désordonné, comme l'air]. (…) Il y a similitude du pair

et du féminin, de l'impair et du mâle".

 

Et Photius d'expliquer que les pythagoriciens : "(…) proclamaient que tout est nombre et que le nombre complet est dix. Le nombre dix, la décade, est un composé des quatre premiers nombres que nous comptons dans leur ordre[3]. C'est pourquoi ils appelaient Tétractys le tout constitué par ce nombre."

 

Voici ce que la Tétractys donne, géométriquement :

 

0

0  0

0  0  0

0  0  0  0

 

Dans cette Tétractys, on trouve dix triangles équilatéraux (6 petits de trois points, 3 moyens de six points et 1 grand de neuf points : 6+3+1=10).

 

Contrairement à ce que clame Renan avec son "miracle grec", ce ne sont ni les Grecs, en général, ni Pythagore, en particulier, qui ont inventé l'arithmétique. Pythagore l'a vraisemblablement apprise en Mésopotamie au cours de sa longue "initiation" entre Samos et Crotone.

En revanche, c'est à la Grèce antique que l'on doit l'invention de la "démonstration" mathématique, c'est-à-dire de la déduction d'une proposition particulière à partir d'axiomes généraux, prédéfinis, en suivant un itinéraire logique et rationnel : "si … alors … et donc …".

Pour Pythagore, tout peut se ramener à la triade de base : 1, 2 et 3.

Si 1 alors 2 donc 3 : si l'on observe UN objet, alors apparaissent ses DEUX pôles (par exemple l'intérieur et l'extérieur), donc ses TROIS évolutions possibles : il se désagrège (victoire de l'extérieur sur l'intérieur), il demeure (équilibre entre l'intérieur et l'extérieur) ou il engendre (victoire de l'intérieur sur l'extérieur).

 

Pythagore développa une "mystique des nombres".

 

Il ne s'agit plus du nombre qui sert à compter, mais du nombre-symbole qui parle à l'âme. Autrement dit : il ne s'agit plus d'arithmétique, mais d'arithmologie, voire d'arithmosophie.

 

Nombre

Signification pythagoricienne

Signification kabbalistique

UN

Point

Unité

DEUX

Ligne

Dialectique

TROIS

Triangle

Mouvement/Fécondité

QUATRE

Volume /Justice

Matrice/Fertilité

CINQ

Vie/Mariage/Couleurs

Vérité

SIX

Âme

Beauté/Harmonie

SEPT

Esprit/Lumière/Santé

Sacralité

HUIT

Amour/Intellect/Ruse

Alliance/Amour

NEUF

Gestation

Accomplissement

DIX

Perfection

Unification/Communion

 

 

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FOG, la presque intégralité de son éditorial du "Point" :

 

" Chez nous, la « cinquième colonne » de la République islamique d’Iran ne se cache même plus

 

Il en est jusque dans les rangs de l’Assemblée nationale pour oser soutenir la dictature des mollahs dans sa volonté de détruire Israël. (…)

Ah ! si nos angoisses n'étaient provoquées que par les méga-déficits laissés par nos Augias ou Gribouille contemporains ! Voilà que nous vivons, en plus, une crise de décivilisation : le conflit israélo-palestinien s'est invité en France dans les rues, les écoles, les universités, sous l'égide de LFI.

 

La « cinquième colonne » est de retour. Apparue pendant la guerre d'Espagne, cette expression signifiant « ennemi de l'intérieur » avait déjà été employée en 2015, l'année des attentats, par Christian Estrosi, au grand dam d'une partie de la gauche et des médias. Prophétique, le maire de Nice évoquait une armée des ombres en train d'avancer « avec ses ramifications » et ses islamistes « cachés, rampants ».

 

Nos ennemis œuvrent désormais au grand jour, jusque dans l'hémicycle de l'Assemblée. Et ils sont français, de surcroît. La question n'est pas seulement politique, mais aussi métaphysique : par quelle aberration mentale leur haine de soi ou leur pulsion de mort les amènent-elles à appeler à l'intifada en plein Paris ou à se déguiser en fedayin, couverts de keffiehs, de voiles, de drapeaux palestiniens, pour soutenir la « résistance » emmenée par « le grand leader iranien », comme le dit sérieusement Villepin ?

 

C'est une pitié que la République islamique d'Iran ait tant de soutiens en France. Nous voilà tombés bien bas pour que la gauche islamo-gauchiste, tant d'intellectuels et une fraction de la jeunesse aient emboîté le pas des mollahs iraniens, à la tête d'un des régimes les plus abjects de la planète, contre la seule démocratie du Proche-Orient. L'État hébreu a certes commis des erreurs, et Benyamin Netanyahou n'est pas un saint, loin de là, mais on ne voit pas avec quel interlocuteur Israël pourrait mener la politique de paix que nous appelons de nos vœux quand les trois principaux ennemis d'Israël – l'Iran et ses deux bras armés, le Hamas et le Hezbollah – appellent à sa destruction.

 

L'extrême gauche n'a plus qu'une obsession, en dehors du riche : le Juif. D'où la diabolisation quasi paranoïaque d'Israël. Qu'importe si le pronostic vital de l'État hébreu est engagé, après deux attaques massives de missiles balistiques par l'Iran, il s'agit d'en finir avec cet indésirable pour mettre au jour, sur ses décombres, une grande Palestine, « de la mer au Jourdain ». Tel est l'objectif affiché des mollahs comme de leurs mercenaires. Sur la même ligne, les cavaliers de l'Apocalypse de notre « cinquième colonne » n'émettent jamais la moindre critique contre la République islamique d'Iran, sa meilleure alliée, voire son nouveau modèle.

 

Symbolique fut l'assourdissant silence de l'engeance des indignés, y compris de ses « écoféministes », quand les mollahs réprimèrent sauvagement, en 2022 et 2023, la révolte des Iraniennes contre le voile islamique obligatoire, après la mort d'une jeune fille, Mahsa Amini, arrêtée et battue par la police des mœurs iranienne pour « infraction au Code vestimentaire ». Bilan : au moins 537 personnes tuées lors des manifestations et plus de 20 000 arrestations. Sans parler des exécutions capitales. Non seulement le régime limite le droit des femmes – sur le mariage, l'héritage, etc. – mais, en plus, comme toutes les dictatures policières, il est affligé d'une corruption endémique à tous les étages.

 

La morale de tout cela : l'ignardise ne cesse de faire des progrès. Les militants propalestiniens ne veulent pas savoir que les Juifs habitent la Terre sainte depuis des millénaires, comme le prouvent tant de vestiges, à Jérusalem et ailleurs. Ils ignorent même, ces béotiens boyardisés, que les mêmes Juifs s'appelaient les Palestiniens jusqu'en 1948, quand ils décidèrent de renommer leur pays Israël.

Ils modifièrent ainsi la dénomination qui leur avait été donnée au IIe siècle par l'empereur romain Hadrien, pour les punir de la célèbre révolte de Bar Kokhba : de « Philistins » (leurs ex-ennemis héréditaires), ils devinrent avec le temps « Palestiniens ». Apprenez-le, pauvres incultes de LFI : les Palestiniens, ce sont … les Juifs. Encore une mauvaise blague de l'Histoire. (…)"

 

Je ne le répéterai jamais assez, l'islamisme est au 21ème ce que le nazisme et le communisme furent au 20ème siècle.

Et nous sommes bien enclin à signer des nouveaux "accords de Munich" pour nous débarrasser du problème, jusqu'à ce que notre lâcheté nous explose à la figure.

 

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En une phrase … Gaza et le Liban, après le 7 Octobre : construire la paix et détruire le Hamas et le Hezbollah … et surtout éliminer physiquement les mollahs uraniens.

 

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D’Arthur Chevallier :

 

"L’antisémitisme se renouvelle plus vite que l’intelligence. De toutes les passions morbides, c’est la plus constante, la plus systématique, la plus vorace. La France n’y a pas échappé."

 

La France parce que, naguère chrétienne et catholique jusqu'à l'os (le "fille aînée de l'Eglise"), avant que l'anti-élitisme marxiste, socialiste et populiste ne la ronge, est probablement l'un des pays qui perpétue un antisémitisme de fond depuis le plus longtemps.

 

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Le prix Nobel de physique à deux spécialiste de l'IA …

L'algorithmie n'a rien à voir avec la physique. L'informatique n'est d'ailleurs pas une science ; seulement une technique. A quand le prix Nobel de physique pour l'inventeur du casse-noisette ou du moulin à vent ?

 

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Le 10/10/2024

 

Etienne Gernelle écrit, à juste titre, que le déficit français ne sera combattu que dans :

 

"une logique d'augmentation du taux d'activité de la population française"

 

Une retraite à 67 ans, une semaine de travail de 40 heures, la limitation drastique de la durée du chômage et l'arrêt de tous les assistanats …

Voilà qui serait un bon début … qui sortirait la France de la dictature socialo-gauchiste que l'assassine depuis deux siècles.

 

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Le progrès social est antinomique par rapport au progrès culturel.

Il faut choisir entre une masse plus aisée et plus dilettante, ou une minorité plus intelligente et plus savante.

 

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Le 11/10/2024

 

En hébreu, le mot "Beauté" pointe vers plusieurs mots dont le plus célèbre, grâce à la Kabbale, est "Tiph'érèt" (TPART) qui signifie "Beauté", "Splendeur", "Magnificence".

La Kabbale présent le Cosmos comme un Arbre de Vie qui est un réseau de "dix nœuds" d'énergie divine (les Séphirot ou "figures/symboles") reliés par 22 canaux (comme les 22 lettres de l'alphabet hébreu).

Ces dix Séphirot sont répartis en trois colonnes (à gauche, la colonne de rigueur et trois Séphirot qui sont, de haut en bas, Intelligence, Vigueur et Gloire ;  à droite, la colonne de magnanimité et trois autres Séphirot qui sont, de haut en bas, Sagesse, Bonté et Eternité ; et au centre, la colonne d'équilibre et d'harmonie et quatre Séphirot qui sont, toujours de haut en bas, la Couronne divine, la Beauté, le Fondement et le Royaume). A remarquer que la Beauté est au centre de l'ensemble et forme le Cœur de l'Arbre de Vie.

Celui-ci est aussi divisé en quatre étages : celui de l'Emanation (Couronne, Intelligence et Sagesse), celui de la Formation ( Vigueur, Bonté et Beauté), celui de la Création (Gloire, Eternité et Fondement) et celui, tout en bas, de l'Action (Royaume).

Répétons-le : la beauté est la Séphirah centrale de tout le dispositif spirituel et initiatique de la Kabbale séphirotique.

 

Le mot hébreu Tiph'érèt est composé de cinq lettres (comme le Pentagramme sacré ou Etoile flamboyante qui a cinq branches) : Tav (valeur numérique de 400), (80), Alef (1), Rèsh (200) et un second Tav (400). Le total arithmétique des valeurs de ces cinq lettres donne 1081 soit 10 (=1+0+8+1), soit 1 (=1+0).

La Beauté symbolise l'Unité réalisée ou l'Union accomplie au-delà de toutes les différenciations possibles et imaginables.

Lorsque l'Arbre de Vie se superpose au corps humain, la Beauté (6ème Séphirah) se place au niveau du Cœur, symbole à la fois de la Vie (le cœur qui bat) et de l'Amour (le Cœur qui s'emballe).

La Beauté accorde la Vigueur (à sa gauche) et la Bonté (à sa droite) c'est-à-dire, d'une part, la Puissance et de l'autre, la Douceur.

Symétriquement, la Beauté accorde la Couronne divine (au-dessus d'elle) et la Fondement universel (en-dessous d'elle) c'est-à-dire, d'une part, la Souveraineté de l'Unité divine (symbolisée par le Nom ineffable et la Parole perdue) et, d'autre part, la Concrétude du monde des Emanations qui est le lieu des évolutions de la Matière, de la Vie et de l'Esprit (où la Beauté symbolise l'Harmonie universelle et la "musique des sphères" de Pythagore.).

 

La Judéité et l'Hellénité n'ont pas du tout le même regard sur la Beauté qui est plastique en Grèce antique et qui est métaphysique en Judée antique.

Le Beauté grecque est visuelle. La Beauté hébraïque est spirituelle.

 

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Le 12/10/2024

 

Demain … au-delà de l'Humanisme !

 

Le but est de faire se rencontrer des thèmes paraissant aussi étrangers l'un l'autre que :

 

  • La vague de respiritualisation que vit notre monde après des millénaires des croyances et de haines religieuses (et le déclin rapide des religions institutionnalisées depuis 1950), et des siècles d'utopies idéologiques (depuis 1848) qui furent aussi meurtrières que catastrophiques
  • Le désamour envers la démocratie tant comme mode d'expression collective que de gouvernance le plus équitable : l'échec de la démocratie est devenu une évidence exacerbée ces dernières années où il devient impossible, un peu partout de construire des gouvernances qui tiennent la route et qui sont capables d'affronter les immenses complexes problèmes cataclysmiques qui secouent notre petite Terre.

 

Ces deux mouvements larges et, étrangers l'un à l'autre en apparence, traduisent le fait que les humains, pour vivre debout et pleinement, doivent dépasser leur guide millénaire qu'est leur nombril, et commencer à regarder l'univers au-delà du bout de leur nez.

Quel est le sens de l'humanité ? A quoi sert-elle ? Comment doit-elle s'organiser afin de mener à bien sa mission, avec toute l'efficacité et toute la virtuosité possibles.

Faut-il, pour redonner du sens à l'humanité et construire ainsi une endo-régulation (éthico-spirituelle) omniprésente, recourir à des régimes autoritaires exo-régulatoires (toujours violents et concentrationnaires) dont l'histoire montre qu'ils ont été plus catastrophiques et meurtriers que tous les autres.

De plus, l'humanité d'aujourd'hui a été subdivisées artificiellement en Etats-Nations (dits libres et souverains) tous plus absurdes les uns que les autres, nés, souvent, au 19ème siècles après le délire mégalomaniaque napoléonien et les poussée idéologiques socialo-communistes et fasco-nazies. Alors que sous ce brouhaha politicien et démagogue, s'étalent huit continents culturels multimillénaires sur les fondements desquels tout le reste à été construit.

L'idée d'autonomie plus loin que la liberté ……

L'idée d'équité plus loi, que la morale …

L'idée de fraternité, plus loin que la solidarité …

L'idée de la Vie plus loin que l'écologie …

L'idée du Divin plus loin que celle de tous les dieux …

 

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Le 12/10/2024

 

Depuis le début de la Modernité, soit depuis la Renaissance, le mot-clé pour toutes les sociétés avancées fut "Progrès" surtout sous-entendu comme "progrès matériels" : santé meilleure, vie plus longue, travail moindre, accident moins graves, fortune supérieure, misère moindre, etc …

Cette idée explosa progressivement avec l'apparition du "machinisme" dès le 18ème siècle et les débuts encore hésitants d'un "industrialisme" cherchant des voies que l'on appellera : productivités, rentabilités, concurrences, marchés, spéculations, prix, crashes, etc …

Nous sommes au bout de ce chemin-là pour trois bonnes raisons :

 

  • Frugalité :
  • Valeur d'utilité :
  • Algorithmie :

 

La première bonne raison touche le déséquilibre profond entre la prolifération de la démographie humaine et l'effondrement des réserves de ressources naturelles (que les mécanismes de renouvellement naturel ne parviennent plus à assurer).  Au-delà de la science écologique (complètement dévoyée par les idéologies écologistes et écolo-gauchistes), un double problème se pose : la frugalité nataliste (moins de consommateurs) et la frugalité consommatoire (consommer moins).

Qu'est-ce donc que la frugalité ? En tout : faire moins mais mieux. En tout : se réjouir du nécessaire et rejeter le superflu.

Sans oublier la haine du "jetable" et l'accent mis sur la réparabilité, la recyclabilité, le réemploi …

 

La seconde bonne raison touche à cette difficile question de la valeur : que vaut quelqu'un ou quelque chose ? Selon quels critères ? Parle-t-on de valeur économique ? Ou de valeur d'usage, d'utilité, d'utilisabilité ? Parle-t-on d'utilité pour soi et son cher nombril, ou parle-t-on d'utilité pour l'accomplissement de la Vie, de l'Humanité, de la Terre, de l'Univers, du "Divin" ?

Parle-t-on de Joie ou de Fortune ? De plus, la même ressources, au sens large, n'a que rarement la même utilité ou le même usage pour tous. Là aussi, tous les humains sont bien différents les uns des autres.

Les ressources naturelles qui deviennent si rares, nourrissent les corps et les machines ; elles sont matérielles et rendent des services indéniables. Mais nous sommes entrés dans l'ère du numérique, de l'algorithmie, de l'immatérialité, de la noéticité.

Quel est le plus essentiel : le sourire de ma petite-fille qui me raconte ses aventures … ou le goût frelaté de la dernière grosse gourmandise industrielle à la mode ?

Il faut ancré cette distinction essentielle que Spinoza nous a apprise entre "prendre du plaisir", " recevoir du bonheur" et "construire de la Joie …

 

Et la troisième bonne raison est que nous quittons l'ère technologie mécanique et que nous sommes déjà bien entré dans celle des technologies numériques (informatique, bureautique, robotique, algorithmique, …) qui, quoiqu'en disent les bonimenteurs à la mode, n'ont absolument rien d'artificiel.

L'ordinateur (la machine le plus stupide du monde qui réussit seulement à additionner des 0 et des 1 selon des programmes établis par l'intelligence humaine) a permis de faire bifurquer la trajectoire des technologies humaines en moins de cinquante années.

Plus aucun métier n'est aujourd'hui à l'abri d'une Invasion Algorithmique (c'est une des lectures de l'acronyme IA), mais l'ordinateur a aussi pallié les lenteurs et les approximations douteuses de nos pensées humaines grâce à l'Intelligence (humaine) Augmentée (c'est une autre lecture de l'acronyme IA).

Tout ce qui est robotisable sera robotisé ; tout ce qui est algorithmisable, sera algorithmisé. Cela impliquera un vaste déplacement du centre du centre de gravité (et d'importance) des activités strictement humaines … Et c'est tant mieux : laissons l'éreintant, le dangereux, le répétitif, l'ennuyeux, le procédural, etc … aux machines.

Mais il y aura un prix à payer : le monde n'aura plus de place pour les humains médiocres.

De plus, toutes les tâches de la vie ne sont ni analytiques, ni mécaniques, ni programmables, ni séquencialisables, etc … Et en plus ces tâches-là sont les moins intéressantes et les moins passionnantes ; laissons-les aux machines et concentrons-nous (nous les humains) sur tout le reste (et c'est énorme) qui appelle la globalisation, la réticularité, l'organique, l'holistique, l'imagination, la relation, la connivence, l'affectif … Là est l'avenir humain plutôt que classer des piles de formulaires par ordre alphabétique ou de visser des boulons …

 

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Le 13/10/2024

 

La grande révolution pythagoricienne est celle d'une substitution de langage. Il fut le premier, en science, a préféré le langage mathématiques (les nombre set les relations programmatiques entre eux) au langage philosophique (les mots et les relations grammaticales entre eux).

Pourquoi cette substitution ? Parce que le langage mathématique permet la chaîne de rigueur suivante : mesures, équations (corrélations entre mesures au moyen d'opérateurs rigoureux), calculs, prédictions, révisions, expérimentations, résultats, vérifications, validations.

Dans ce langage, les nombres jouent le même rôle que les mots, les opérateurs jouent celui des règles grammaticales, et le sens de la phrase construite s'apparente à la cohérence du système d'équation élaborée. Là où les deux langages diffèrent, c'est dans leur capacité à produire des résultats vérifiables et donc, des modèles validables.

 

Les opérateurs mathématiques sont devenus, au fil du temps, de plus en plus sophistiqués (ce qui n'est pas vraiment été la cas des grammaires du langage philosophiques qui a préféré s'enrichir de mots nouveaux, de plus en  plus techniques et précis.

En mathématiques, les additions, soustractions, multiplications et divisions initiales ont assez vite été enrichies de relations exponentielles, logarithmiques, trigonométriques, etc …

 

Mais, ce serait une erreur d'opposer les deux langages (celui de la science et celui de la spiritualité). Ils sont complémentaires quoiqu'en disent les scientistes de tous poils, tout simplement pour deux raisons :

 

  • Tous ce qui existe n'est pas réductible à des kyrielles de nombres, mais le quantitatif joue un rôle prédominant pour assurer la cohérence de l'ensemble ;
  • Les opérateurs mathématiques ne couvent pas toute la panoplie des relations possibles (comment traduire "je t'aime" et équation ?) .

 

En physique complexe (ma spécialité), le logique du tiers exclu" est exclue ; les notions de similitude ou de complémentarité morphologiques entre processus jouent un rôle majeur. Dans tous ces cas, la notion de "rigueur" mathématique s'estompe et cède le pas à une quasi-rigueur où l'égalité tolère à la similarité approximative, mais pertinente.

 

On l'a compris, le fond du débat est cette richissime bipolarité entre "quantitatif" (le nombre, le mathématique, la rigueur) et le "qualitatif" (le la morphologie, le spirituel, le similaire).

Longtemps, la science occidentale s'est exprimée sous un mode quantitatif c'est-à-dire analytique, mécaniciste, déterministe, réductionniste, …), avec les succès immenses que l'on sait. Mais on sait aussi que le réductionnisme scientiste jette un voile pudique et hypocrite sur tous les phénomènes qui échappent, un tant soit peu, à leur méthodologie doctrinale ('une extrême efficacité dans beaucoup de cas).

 

Pythagore, sans trop le savoir, sans doute, s'est efforcé, au contraire, de garder les deux langages (spirituel et conceptuel, d'une part, et mathématique et quantitatif d'autre part) et d'élaborer une sorte de dialectique entre eux deux (et c'est ce que, nous le verrons, la plupart des grands génies créateurs de la science ont également fait).

Pour reprendre les mots d'Ilya Prigogine, mon maître : "Il n'y a pas de physique sans métaphysique".

 

Il s'agit presque de fonder une sorte d'ontologie des langages humains, de leurs divergences et convergences, de leurs succès et insuccès réciproques, de leurs prémices profondes, de la complémentarité de leur regard … et de leurs intentions : moi qui suit homme, je peux très bien, sans contradictions ni conflits, regarder une jolie femme comme un  processus complexes biochimiques d'environ quatre mille milliards de cellules dotés de sous-systèmes de régulation extrêmement sophistiqués et admirables, tout en regardant la même femme comme un parangon de joliesse, de style, de classe, de séduction, de délicatesse, de charme, d'intelligence, de culture, … et d'érudition scientifique.

Ces deux regards ne s'excluent pas mutuellement (que le monde serait ou sec ou graveleux si tel était le cas).

Retenons donc qu'en spiritualisant les nombres et leurs relations, Pythagore inaugure une bipolarité et une dialectique entre le "quantitatif" et le "qualitatif", entre un "outil" et une "signification", entre un "jeu de symboles" et un "monde d'idées" qui sont loin d'être épuisées de nos jours (tout au contraire, car la physique des processus complexes relance le débat dès qu'elle affirme et prouve que tout n'est pas numérisable, que tout n'est pas géométrisable, que tout n'est pas quantifiable, que tout n'est pas prévisible, …).

 

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Chez les pythagoriciens, on l'a vu, la tétrade (1, 2, 3 et 4) engendre la décade (1+2+3+4=10) ; mais elle cache aussi le grand secret de l'harmonie musicale car elle engendre les intervalles de tierce majeure (2/5), de quarte (3/4), quinte (2/3) et octave (1/2). Ainsi, sur une corde de guitare, par exemple, accordée en do, au 3/4 de la longueur de la corde se trouve le fa, à ses 2/3, le sol, et à sa moitié le do de l'octave supérieure.

 

Un accord de do majeur (do, mi, sol, do) est, arithmétiquement constitué par la suite ; 1, 2/5, 2/3 et 1/2.

Et bien sûr, ces rapports numériques permettront à Jean-Sébastien Bach de fonder la gamme bien tempérée, fondement de la musique classique occidentale.

Alors que la gamme pentatonique, plus orientale, n'est elle, pas fondée sur les mêmes rapports. Une gamme pentatonique classique est fondée non pas sur les sept rapports classiques (do, ré, mi, fa, sol, la et si) mais sur cinq seulement (do, ré, mi, sol, la : c'est la gamme du blues ou du rock 'n-roll).

La gamme pentatonique chinoise, elle, se construit (ce sont les notes noires d'un piano) sur fa#, sol#, la#, do# et ré# (ou : fa, sol, la, do, ré).

Une des gammes japonaises classiques (la gamme in sen) est construite sur do, ré, mib, sol, lab.

Tout cela montre seulement que les fréquences sonores et leurs combinaisons peuvent varier à l'infini (c'est le visage divin et mathématique de la musique) mais que les goûts et habitudes culturelles (c'est son visage humain et esthétique) vont faire leur choix et habituer les oreilles à des consonances et des dissonances purement subjectives.

 

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Chez Pythagore, les rapports entiers entre les fréquences de phénomènes périodiques (comme le sont les ondes sonores ou lumineuses, et toutes les notions d'harmonies et complémentarités, de contrastes, voire d'incompatibilité qui peuvent en découler) induisent des visions globales du cosmos universel et des relations harmoniques entre ses constituants. Bien des expressions mystico-spirituelles jaillissent alors : "musique des sphères" ou "musique céleste" ou "harmonie des sphères" … Tout l'univers y serait ordonné par les harmoniques engendrées par les nombres qui, ainsi, deviennent, en quelque sorte, la "méthode divine" pour l'agencement et l'évolution des mondes.

 

Globalement, l'idée est fausse : pour s'en convaincre, il suffit de regarder la périodicité exacte de la Terre autour du Soleil et de la Lune autour de la Terre : rien ne "'tombe juste" d'où les années bissextiles (une année réelle dure 365 jours 5 heures et quelques minutes) et des mois alternés du calendrier durent de 30 et 31 jours (sauf février) alors que la périodicité lunaire varie autour de 28 jours avec des fluctuations au long de l'année.

En ce sens, la calendrier solaire-lunaire juif est plus proche de la réalité astronomique avec des années de 12 ou de 13 mois (année embolismique) de 28 jours chacun. Cela permet de rétablir un peu mieux la coïncidence des cycles lunaire et solaire tous les 19 ans.

 

De façon très générale, il est cependant pertinent de noter que chaque astre perturbe tout l'espace proche et lointain autour de lui, du fait de fluctuations de ses champs gravifiques et magnétiques, mais de manière si fluctuante et approximative que l'on est là est très loin de pouvoir justifier, d'une manière quelconque, les élucubrations astrologiques ; mais, d'autre part, ces influences astronomiques expliquent, par exemple, pourquoi le rythmes des éruptions chromosphériques solaires (un pic tous les onze ans) se répercute clairement dans les statistiques actuarielles des compagnies d'assurance en matière de criminalité, d'accidents de voiture et d'incendies volontaires.

Autrement dit, tout est dans tout, tout influence tout, tout interfère avec tout, mais pas du tout selon les proportions quantitatives simplettes (constantes et répétitives, liées à des nombres entiers) qu'imaginait Pythagore.

 

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Du côté de la géométrie, Pythagore est clairement l'héritier direct de son initiation mésopotamienne sur au moins deux problèmes.

 

Le premier, le plus connu, est le "théorème de Pythagore" que tout le monde connaît mais que bien peu sont capables de démontrer.

Ce théorème dit "simplement" que le carré de la longueur de l'hypoténuse d'un triangle rectangle (un de ses trois angles doit être un angle droit, dont de 90°) est égal à la somme des carrés des longueurs de deux autres côtés du triangle (ceux donc qui forment l'angle droit).

Le cas le plus connu est le triangle dont les côté perpendiculaires mesurent respectivement 3 et 4 unités de longueur, auquel cas l'hypoténuse mesurera 5 unités de longueur car : 3²+4²=5².

Par parenthèse, c'est la raison pour laquelle les francs-maçons opératifs utilisant une longe cordes avec 13 nœuds équidistants pour tracer un angle vraiment droit sur de très grandes surfaces .

Il suffisait de fixer le premier et le treizième nœud sur le même piquet, de planter un deuxième piquet au troisième nœud et un troisième piquet au huitième nœud et l'on avait alors, au piquet initial un angle droit parfait (en l'absence des lasers d'aujourd'hui, c'était un méthode simple pour obtenir des terrains de football parfaitement rectangulaire).

 

Le second problème, un peu moins connu, est celui du "nombre d'or" : on dira que deux nombres A et B seront en proportion d'or si : A/B=B/(A+B) ou, autrement dit  si : A²+AB=B².

Si l'on pose B=1, il vient : A²=1-A ou A²+A-1=0 dont la solution approximative est A=-1.618. Ce nombre : 1,618 est appelé le "nombre d'or" et est considéré comme la "divine proportion", comme la perfection esthétique que l'on retrouve, le long de nos chemins forestiers dans la spirale des écailles des pommes de pain ou dans celle des coquilles de nos escargots (si le premier tour est A et le second B, le troisième sera A+B pour des raisons de simple économie de construction).

 

Mais, spirituellement, ces deux problèmes ont une autre portée : celle que le monde réel ne se construit pas du tout sur des proportions entières de nombres entiers (comme on l'a vu pour la musique).

Le Divin n'est donc pas "linéaire" pour parler comme les mathématiciens. Le monde n'est pas "rationnel" (au sens des nombres rationnels c'est-à-dire avec des entiers et des rapports de nombres entiers), mais qu'il est irrationnel et fait intervenir des nombre, comme p ou le "nombre d'or" ou des racines carrées qui ne sont jamais réductibles à des nombres entiers.

Cela signifie donc que la réalité du Réel n'est arithmétique que rarement et vraiment par hasard.

 

 

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La réalité divine n'est pas réductible aux élémentarités des langages humains, qu'ils soient philosophique (des mots et une grammaire) ou arithmétique (des nombres et des opérateurs).

La réalité divine qui est la réalité du Réel, du Tout, du Un dont le monde humain n'est qu'une émanation et une manifestation temporaire et particulière, échappe aux langages humains qui, au mieux, ne peuvent que s'en approcher dans ses aspects les moins complexes.

En ce sens Pythagore (et son chemin initiatique le démontre) est beaucoup plus oriental qu'occidental, plus mésopotamien que grec. Science et spiritualité ne se confondent pas, ne coïncident pas … du mois pas entièrement, pas intégralement, pas uniformément …

Ce débat,  cette dialectique, cette bipolarité sont toujours vivaces aujourd'hui : la raison humain est-elle capable d'appréhender toute la réalité du Réel ? Oui, répond le rationalisme occidental ; non, répondent les spiritualismes orientaux.

La bonne réponse ne me paraît se résumer ni à un "oui", ni à un "non".

Et c'est précisément la thèse de ce livre : la science avance et absorbe et exprime de mieux en mieux la part rationnelle (mathématisable) des fondements du Réel-Divin-Un-Tout, mais l'autre part restante de ces fondements appelle un regard spirituel, voire mystique qui, en retour, nourrira d'hypothèses ou de voies nouvelles le langage mathématique ou métamathématique de la science.

Il y a là une bipolarité d'une profonde richesse qui dépérit dès qu'on la transforme en conflit, en dualité, en dualisme, en "guerre de religions" entre scientisme et théisme.

Car le scientisme rationaliste est la forme outrancière, caricaturale, stérile et infantile de la science, tout comme le théisme religieux est la forme outrancière, caricaturale, stérile et infantile de la spiritualité.

 

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Voilà une thèse typiquement pythagoricienne qui sera reprise par les orphiques : l'âme est immortelle et prisonnière du corps. La mort l'en libère et lui permet de continuer son chemin vers son complet accomplissement et sa réintégration dans l'Unité divine.

L'inspiration, ici, est exactement la même que celle du bouddha ("éveillé" en sanskrit) historique (Siddhârta Gautama Sakyamuni) qui, grosso modo, est contemporain de Pythagore.

L'âme, selon l'étymologie latine, est ce qui "anime" chacun et, plus généralement, le monde des vivants, humains et non humains.

Au contraire du bouddhisme et, plus tard, du christianisme, la réincarnation d'une âme dans un corps n'est ni punition, ni récompense : elle est pur mouvement naturel ; elle est surtout perpétuation d'une mémoire qui transcende les individus particuliers en lesquels elle s'est incarnée.

L'âme est la manifestation singulière d'une mémoire globale en permanente évolution au-delà de tous les vivants et au travers d'eux : elle est la Vie qui s'accumule, existence après existence, dans les couches superposées du Réel.

 

 

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De Pythagore :

 

"Zeus, Père, tu pourrais libérer tout le monde de nombreuses souffrances,

si tu révélais à chacun l’Esprit Divin qui est en eux."

 

Ce "Vers d'Or" met en évidence l'art consommé de beaucoup trop d'humains à tout ramener à leur petite personne, de croire que tout ce qui arrive, n'arrive que par eux, que pour eux, par une espèce de réflexe égotique et paranoïde.

Lorsqu'un de ces humains dit : "Je souffre", c'est le mot "Je" qui seul importe et l'idée même que cette souffrance touche tout un ensemble, peut-être infiniment vaste, ne prend que peu d'importance, voire pas du tout. Que cette "souffrance" touche d'autres êtres, importe visiblement peu ; seul le fait qu'elle ose me toucher "moi", importe.

Mais s'il en est ainsi pour le négatif (la "souffrance" par exemple), il en ira symétriquement de même pour le positif (la "joie" par exemple).

Ainsi se met en place la critique du nombrilisme humain : quoiqu'il puisse se passer, ce qui importe, c'est que cela "me" touche, le reste au fond, hors une hypocrisie classique de bon aloi, n'importe que très peu.

Ce "Vers d'Or" met en exergue le fait tout simple que ce qu'il appelle "l'Esprit divin" – qui pourtant vit en eux, puis c'est lui qui les fait vivre – est noyé et caché sous un océan de narcissisme qui inverse totalement le rapport du Divin et de l'humain : pourtant l'humain n'existe qu'au service du Divin ;… et non l'inverse. Dans le "Je souffre", le souci n'est pas le "Je" mais la "souffrance" dont le "je", comme d'autres "je", probablement, n'est que la manifestation superficielle par laquelle elle s'exprime et se dissipe au service du Divin. Inopportune inversion !

 

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De Gérard Araud :

 

"En appelant à arrêter la livraison de certaines armes à Israël, Emmanuel Macron a mis en évidence les difficultés qu’a la diplomatie française à se faire entendre."

 

L'avis du Président de la France n'a aucune importance d'autant qu'il ne cadre pas avec l'avis de beaucoup de Français.

Seul l'avis de l'Union Européenne compte.

Il est grand temps de faire taire les Etats-Nations qui n'ont plus aucune raison d'être.

 

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Les Etats-Nations, inventions artificielles du 19ème siècle, doivent disparaître au seul profit des continents (Euroland, Américanoland, Latinoland, Afroland, Islamiland, Russoland, Indoland et Sinoland).

Ces continents  se définissent par un socle culturel unique. Tout le reste n'est que cicatrices de l'histoire que le temps efface.

 

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Le 14/10/2024

 

De Günther Anders (1902 - 1992) philosophe, journaliste essayiste allemand, dans : "L’obsolescence de l’homme" – 1956 :

 

"Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste... que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté."

 

Telle est la grande stratégie politique à l'œuvre dans tous les pays dits "démocratiques" : la crétinisation de masse pratiquée avec maestria par tous les mouvements dont le moteur est la démagogie, quelque soit l'emballage idéologique don on le drape.

C'est l'unique tactique des mouvements rattachés aux socialismes, aux populismes, à l'écologisme, aux wokismes sous toutes leurs formes.

 

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D'un anonyme :

 

"La France en crise profonde !

La dérive de nos dépenses publiques est un scandale. Le niveau, la dissimulation, le dérapage est un scandale. Le déficit dépassera les 5 %, atteindra 5,6 % et dépassera probablement les 6 %.

Être incapable de connaître son niveau réel, avoir laissé filer nos dépenses sans contrôle est simplement anormal.

Les déficits sont une tradition française et ce depuis 1974, c'est là qu'est née l'idée que le budget du pays n'avait pas besoin d'être équilibré et aucun politique n'a remis en question ce dogme. Mais il faut dire que notre modèle social est idéal mais intenable. Avons-nous les moyens de poursuivre ce chemin ? De plus, non seulement nous dépensons trop, sans contrôle mais nous dépensons très mal... Il suffit de voir l'état des services publics pour s'en rendre compte.

Le Premier Ministre Michel Barnier a présenté son budget 2025. Sans surprise, tout le monde ou presque est contre. Ceci par principe, sans proposer des choses précises, sans débat de fond. Il faut trouver 60 milliards !

Ce qu'il faut en penser :

  1. Ce budget montre la gravité de la situation
  2. C'est un petit début pour s'attaquer aux dépenses publiques
  3. Notre habitude est le recours aux impôts, c'est notre remède

Les réactions sont habituelles... Chacun avec ses postures, avec une pensée électorale, mais aussi avec un manque de compréhension de l'économie.

Ce budget n'est pas juste, il n'est pas parfait, il est peu efficace pour traiter au fond notre problème mais il est nécessaire. Il met un pied dans la porte de nos folles dépenses publiques.

De nombreux autres rendez-vous attendent notre pays ! Allons-nous apprendre à construire des compromis, à bâtir des consensus car dans le cas contraire, après les fausses promesses et les solutions autoritaires, le pays sera confronté à une crise profonde qui laissera aucune marge de manœuvre.

Cette situation entraînerait, sans aucun doute, une situation économique grave permettant l'arrivée d'un régime autoritaire, une probable sortie de l'Europe et un nationalisme pouvant retrouver des situations déjà connues en Europe.

Il appartient aux forces vives de faire face à cette situation sans angélisme et vieilles recettes ! L'avenir plus que jamais est entre nos mains !"

 

Un Etat doit se gérer managérialement, financièrement, humainement et technologiquement comme une entreprise, avec une intentionnalité (normalement fruit des élections), avec une corporalité (des ressources proportionnelles au travail et à la valeur globaux internes produits), avec une logicité (des lois au service de l'intentionnalité et compatible avec celles des partenaires extérieurs afin de garantir une saine et équitable collaboration), une unité (une communion de tous les acteurs personnels et collectifs pour accomplir l''intentionnalité choisies) et une constructivité (une ardeur, une efficacité et une virtuosité aptes à accomplir le chantier commun).

Hors de là, l'Etat n'est qu'un organisme parasite qui suce la vie et le sans de la collectivité" pour, comme un cancer, grossir au détriment des tissus sains.

 

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De l'Institut de Recherche "Varieties of Democracy - Indices of the Economist Intelligence Unit" :

 

"Les régimes autocratiques progressent inexorablement dans le monde. La moitié de la population mondiale vivait sous une dictature en 2003, ils étaient 71 % en 2023. Il n'y a plus que 24 % de démocratie complète dans le monde."

 

Donc les "machins" comme l'ONU et autres organisations mondiales sont bien sous les coupe d'autocraties CONTRE les démocraties.

Cela se mesure chaque jour dans la guerre que mène (quasi seul) Israël contre les factions dictatoriales islamistes qui veulent mettre le monde entier à leurs bottes avec l'argent du Qatar et la complicité plus ou moins tacite des autres autocraties non musulmanes (Russie, Chine, Corée du Nord, et certains pays d'Afrique noire et d'Amérique du sud).

 

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Inquiétant...

34 est le pourcentage de garçons qui jouent quotidiennement aux jeux vidéos, selon les données obtenues par l'OMS auprès de 280 000 jeunes originaires de 44 pays d'Europe, d'Asie centrale et du Canada ; 22 % s'adonnent à cette pratique au moins quatre heures par jour. Sur toute la cohorte, 12 % des adolescents sont considérés à risque de dépendance (16 % des garçons et 7 % des filles.

 

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Les Francs-maçons authentiques, qu'ils aient été "opératifs" ou qu'ils soient devenus "spéculatifs", selon la stupide terminologie devenue habituelle, étaient, sont et seront des "Constructeurs de Sacré", quelque que soit le matériau utilisé sur leur chantier.

 

Les mots sont essentiels. Il y en a deux …

Constructeurs …

Sacré …

Ils méritent d'être creusés et approfondis.

Qu'est-ce que le "Sacré" ?

Qu'est-ce que "Construire" ?

 

Mais avant de pouvoir répondre à ces deux questions essentielles pour toute Franc-maçonnerie authentique (régulière, universelle et traditionnelle) , il convient d'aborder débord un sujet bien ardu …

 

Le Divin …

 

Disons à ce stade, pour faire simple, que le Sacré est tout ce qui fait pont ou jonction entre l'humain et le Divin. "Divin" qui, dans mon propos, n'a que peu à voir, voire rien du tout à voir, avec le Dieu personnel des religions théistes ou déistes. Le Divin est un qualificatif substantivé ; ce n'est pas un substantif désignant un être ou un objet, matériel ou immatériel, périssable ou immortel, infini ou fini, changeant ou immuable, intemporel ou temporel, doté de caractéristiques propres qui le rendrait objectivable ou représentable.

Le Divin est, répétons-le, un qualitatif substantivé.

Le Divin n'est jamais une chose ou un être.

 

L'humain, quant à lui, est un vivant doté d'instruments de relation entre sa conscience personnelle (et ses multiples limites) et le reste du Réel (tant intérieur qu'extérieur). Pour merveilleux qu'ils soient, ces instruments sont très partiels (ils ne perçoivent qu'une toute petite portion du Réel) et très partiaux (ce qu'ils en perçoivent est déformé, tant par les instruments eux-mêmes que par la manière dont on en use).

L'humain sait qu'il est plongé et qu'il vit dans "quelque chose" qui le dépasse, l'englobe, le nourrit, l'agresse et/ou le protège, c'est selon, … mais il ne fait que deviner, plus ou moins confusément, ce "quelque chose" sans trop savoir vraiment ni ce dont il s'agit, ni comment cela fonctionne.

 

Toute la question centrale de toute la spiritualité est celle de connaître (ou de croire) la nature des relations entre ce mystérieux Divin et l'humain ("cet inconnu" dirait Alexis Carrel).

L'histoire de la spiritualité se scinde en deux grands ensembles … et donne deux déviances qui eurent leur succès …

 

Il y a d'abord cet ensemble qui croit que le Divin et l'humain forment deux mondes différents et séparés, finement reliés entre eux par un pont qui, précisément, est le Sacré sous la forme de livres, de rites, de prières, de préceptes moraux, de hiérarchies plus ou moins dogmatiques, etc … ou reliés par cette partie commune appelée "âme" qui serait à la fois divine et humaine et ferait la jonction entre ces deux mondes séparés.

Appelons cette première engeance les "dualistes".

Les christianismes (catholiques, protestants et orthodoxes), la rabbinisme (l'expression la plus récente du judaïsme pharisien), l'islamisme (en tant que religion et non en tant qu'idéologie totalitaire et terroriste) et le confucianisme (par certains de ses aspects) appartiennent à cette première engeance.

 

Il y a ensuite cet autre ensemble qui croit que l'humain est une partie inclusive et prenante d'un ensemble vivant et pensant, infiniment plus riche et plus grand que lui, dont il n'est qu'une manifestation particulière et temporaire, comme une vague à la surface de l'océan. Mais les limites inhérentes à cet être humain, partiel et partial, ne le rendent que très imparfaitement conscient de sa totale appartenance à cet être vivant qui l'incorpore, auquel il doit tout, et vis-à-vis duquel il a une mission (souvent "cachée" ou "inconnue") à accomplir. L'âme, dans ces cas, est le nom conventionnel que l'on donne à cette zone de la conscience où s'établi le sentiment d'appartenance de l'humain au Divin.

Appelons cette seconde engeance les "monistes".

Le taoïsme, le lévitisme (l'expression biblique, donc la plus ancienne, du judaïsme), une bonne part de l'hindouisme et du bouddhisme ainsi que des philosophes comme Héraclite, Parménide, les stoïciens, Aristote, les néoplatoniciens, les mystiques rhénans, Spinoza, Pascal (sous certains aspects), Nietzsche, Bergson, Whitehead, Einstein, et la plupart des cosmologistes et physiciens théoriciens actuels … ainsi que de nombreuses sectes plus ou moins crédibles, plus ou moins farfelues, plus ou moins magico-ésotériques, tous ceux-là font partie du monde moniste.

 

Il y a enfin les deux cas de négation absolue : l'athéisme qui nie radicalement l'idée de Divin dans quelque sens qu'on la prenne, et abhumanisme qui dénie toute existence à une entité particulière qui pourrait être appelée "l'humain" comme entité différente de tout ce qui existe.

 

Quoiqu'il en soit, hors ces croyances négatives, le Divin (un "qualitatif substantivé", j'y insiste) et l'humain expriment des modalités différentes de la réalité du Réel dans ses aspects tant matérialisants et vivants que pensants.

Et toute le problème posé par la Spiritualité est celui du rapprochement entre ces deux "mondes" jusqu'à, idéalement, établir entre eux une jonction profonde, une union vivante, une active "communion" (du latin cum munire : "construire ensemble" … avec la question : qu'y aurait-il donc à construire ?) … voire une totale et durable (voire définitive) "fusion".

Ce rapprochement du Divin et de l'humain porte, dans la tradition juive, un très joli nom : on y parle d'une "Alliance" … comme des époux qui porte une alliance à l'annulaire pour se rappeler, à chaque instant, ce qui les unit dans une même communion de vie.

Mais cette Alliance entre le Divin (qui l'attend avec impatience, mais sans concession ni facilitation) et l'humain (qui y rechigne souvent, du fait de l'égotisme qui le caractérise tellement, et qui lui préfère trop vite le narcissisme et le nombrilisme dont notre époque est si friande).

 

Le Sacré …

 

On l'a compris, l'intention centrale, cruciale et fondamentale de toute spiritualité (je dis bien "spiritualité" et non "religion" au sens où toute "religion" n'est que la dogmatisation à visée populaire d'une quête spirituelle, quelle qu'elle soit), l'intention spirituelle fondamentale est de construire un pont qui relie et permette donc l'Alliance entre l'humain et le Divin.

 

Et là, des méthodologies idoines nous viennent en aide. Les sciences profanes nous disent que, pour réaliser un pont (ou accomplir toute intention, quelle qu'elle soit), il faut des Ressources, un Plan et du Travail.

Ce sont précisément ces Ressources et ce Plan de construction de l'Alliance entre l'humain et le Divin qui constituent le Sacré. Voyons-les …

 

Le Sacré est d'abord l'ensemble des matériaux qui permettent de construire le pont de l'Alliance. La Franc-maçonnerie authentique appelle cela des Symboles. "Ici, tout est symbole", dit-on parfois dans les Loges maçonniques en se souvenant du mot de notre Frère Goethe. Ces Symboles maçonniques feront l'objet du présent ouvrage et il faudra donc que mon lecteur se souvienne, à chaque page et pour chacun d'eux, qu'un symbole constitue du matériau sacré en vue de la construction de l'Alliance. En lui-même ou par lui-même un "symbole" n'est rien, ne sert à rien, ne signifie rien ; il n'est qu'un bout de roche, parmi des milliers, qu'il faudra tailler avec soin pour qu'il devienne une pierre d'Alliance insérée dans le pont du Sacré.

 

Le Sacré est ensuite le Plan de travail indispensable pour mettre les symboles en œuvre et, ainsi, construire, grâce à eux, le pont de l'Alliance entre le Divin et l'humain.

Dans une Loge maçonnique authentique, ce "plan de travail" est le "Rituel" qui met les symboles au travail et en œuvre afin de bâtir dans la réalité des cœurs, des tripes, des têtes et des âmes, ce pont de l'Alliance qu'il soit matériel comme une cathédrale gothique construite par nos Frères du 13ème siècle, ou qu'il soit immatériel comme un essai livresque, construit ici et maintenant.

Il s'agit du même pont d'Alliance, il s'agit du même Sacré ; que le résultat soit matériel ou immatériel importe peu, ce qui réduit à néant l'artificielle distinction entre "maçon opératif" et "maçon spéculatif".

 

Que l'on me permette ici, à ce propos, une incise : il faut cesser de brailler que la Franc-maçonnerie authentique aurait été "créée" à Londres le jour de la Saint-Jean d'été, en juin 1717. Ce jour-là, il ne s'est rien passé du tout, aux dires mêmes de ceux qui auraient dû en être les acteurs ; ce qui s'est passé à Londres, sous la pression de la Royal Society, c'est la conception et l'approbation entre 1721 et 1723, des Constitutions de la Franc-maçonnerie londonienne (voulues par le secrétaire de la Royal Society, le révérent Jean-Théophile Desaguliers et rédigées par le pasteur James Anderson). Cette rédaction intervient bien après les Statuts mis en place, entre autres, par William Schaw, dès  1598 pour l'Ecosse (pour ne pas parler de manuscrits bien plus anciens comme le Regius, le Cooke, le Kilwinning, etc …). Bref …

 

Les Rituels, tout au long d'une vie de Franc-maçon et de son parcours ascendant sur cette échelle de Jacob qui mène aux pieds du Divin, et que propose la suite des "grades" maçonniques selon des logiques variables selon les Rites (Rite moderne, Rite écossais ancien et accepté, Rite émulation, Rite écossais rectifié, etc …), ne sont qu'un Plan de travail couvrant toute une vie initiatique : ils ne donnent que le Plan du pont d'Alliance à construire matériellement ou spirituellement. Ils donnent le Plan et les Matériaux, mais ils ne construisent rien.

 

Et comme en Loge, "tout est symbole", tout y est aussi rituel : les vêtures, les déplacements, les gestes, les grades, les fonctions, les prises de parole, les allumages et éteignements des chandeliers, les acclamations, etc …..

 

Construire …

 

Ainsi, nous avons déjà l'intention : construire l'Alliance entre le Divin et l'humain.

Nous avons aussi les matériaux : les Symboles.

Nous avons encore les Plans de travail : les Rituels.

Il nous reste l'essentiel : construire ! Tout cet immense travail à accomplir pour accomplir l'humain au service exclusif du Divin.

Les Francs-maçons, en bâtissant des cathédrales matérielles ou en bâtissant des œuvres spirituelles, construisent l'Alliance.

Ils sont des "Constructeurs" ; c'est cela et cela seul leur raison d'être, leur vocation, leur mission, leur projet : Construire l'Alliance entre le Divin et l'humain.

 

Et surtout rien d'autre : il existe d'autres cénacles, parfois compétents, pour construire la gouvernance des humains entre eux, faire de l'idéologie ou de la politique, pour construire des fortunes et de l'argent, pour vendre et acheter. Tout cela est sans doute nécessaire au quotidien, mais ne regarde en rien les Francs-maçons authentiques, c'est-à-dire réguliers, traditionnels et universels.

Eux n'ont qu'un seul et unique projet : bâtir l'Alliance entre le Divin et l'humain au moyen de leurs Symboles et de leurs Rites … et absolument RIEN d'autre !

Tout le reste est imposture !

 

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Le 15/10/2024

 

La gauche, de façon très générale, attire toute la population immigrée qui croit ainsi, pouvoir crier son anti-occidentalisme (sous-couvert d'un soi-disant anticolonialisme) et régénérer les communautarismes et tribalismes ancestraux.

La gauche, ainsi, devient le moteur de la régression sociale et culturelle.

 

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Le 16/10/2024

 

"Le déclin démographique français n’est pas une fatalité". Il est une nécessité absolue comme partout !

La population mondiale doit redescendre sous les 2 milliards avant 2200 et le taux net de fécondité de 1.3 enfants vivants par femmes.

 Voilà la dure réalité mathématique. Tout le reste n'est que vent !

 

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En résumé ...

Les sexes existent.

Les races existent.

Les genres n'existent pas.

La médiocrité existe.

L'égalité n'existe pas.

L'inculture et l'ignorance s'étendent et s'approfondissent.

La bêtise tue la science et l'intelligence.

Le wokisme est le résumé de toutes les régressions.

 

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De la Franc-maçonnerie authentique …

 

Définition et contexte historique.

 

La Franc-maçonnerie régulière universelle (à ne pas confondre avec les pseudo-maçonneries qui sévissent dans certains pays depuis l'invention, par Napoléon Ier, d'un "Grand Orient" créé au service de la politique, de la société profane et du progrès social) est un Ordre initiatique utilisant des symboles en vue de la reconstruction spirituelle du Temple de Salomon tel qu'architecturé et construit par le Maître Hiram, conformément au plan de la Tente de la Rencontre tel qu'inspiré, selon la Bible, à Moïse par YHWH en haut du mont Sinaï.

Le régularité maçonnique est définie par un document, commun à toutes les Grandes Loges authentiques du monde, document construit sur la base des "Anciens Devoirs" des corporations de bâtisseurs du Moyen-âge et peaufiné aux 16ème et 17ème siècles.

Un point de ces "Anciens Devoirs" mérite d'être souligné : le Franc-maçon était obligé, par serment, de respecter la Loi et de pratiquer la Religion du pays ou de la région où il était appelé à travailler et où il pouvait œuvrer librement ; cela eut une conséquence colossale : la Franc-maçonnerie pratiqua depuis longtemps et pratique encore une spiritualité qui se place au-delà de toutes les croyances religieuses ! Ce point est capital et explique pourquoi, depuis des siècles, la Franc-maçonnerie porte une quête initiatique et spirituelle, greffée sur la Bible (la Tente de la rencontre de Moïse, le Temple de Salomon, l'architecte Hiram et l'ésotérisme symbolique), mais indépendante des religions, de leurs dogmes, de leurs clergés et de leurs autorités théologiques.

 

Le métier des Maçons-francs (c'est-à-dire muni d'une franchise de passage) opératifs, depuis le haut Moyen-âge, était de construire et d'orner des bâtiments religieux, de réaliser des "Bibles de pierres" pour l'instruction religieuse des masses illettrées. D'où l'excellence de leur maîtrise de l'iconographie et de la symbolique chrétiennes, en général, et catholiques, en particulier. Le plan général d'une cathédrale est une Croix latine avec, à l'Orient, le tabernacle recelant le ciboire aux hosties et figurant la tête du Christ ; avec le transept figurant ses deux bras étendus, du Septentrion au Midi ; avec, au centre du croisement du transept et de la nef, le chœur où se place l'Autel du prêtre et où s'accomplissent les Sacrements essentiels ; et avec la nef figurant ses jambes jointes où prennent place tous les fidèles et qui se termine, à l'Occident, par le portail séparant le monde sacré à l'intérieur du monde profane à l'extérieur.

Le tout est baigné de la Lumière des vitraux présentant des scènes bibliques ou bucoliques, et orné d'une statuaire somptueuse où foisonnent les représentations symboliques de tel saint ou de telle scène biblique (surtout aux chapiteaux des nombreuses colonnes qui soutiennent les voûtes et où l'on trouve parfois des scènes cocasses, voire scabreuses).

 

Mais après la Renaissance, l'art architectural change de mode et se concentre sur les bâtiments profanes (palais, tribunaux, châteaux, etc …). La conséquence en fut un cruel manque de travail pour les Francs-maçons dont l'art se nichait dans les bâtiments religieux de style gothique, essentiellement. Le nombre des Loges s'effondra au 16ème et 17ème siècles un peu partout en Europe, sauf en Angleterre, en Irlande et surtout en Ecosse où l'effondrement du nombre des Francs-maçons opératifs fut compensé par l'acceptation de Francs-maçons non opératifs, venus de la noblesse ou de la haute bourgeoisie, et en quête d'une spiritualité au-delà des dogmes conçus et affirmés pour les masses illettrées ; ils transformèrent l'art de bâtir des cathédrales en pierre en l'art de construire une méthode symbolique pour sceller l'Alliance intime avec le Divin, au moyen de rites initiatiques.

Le chantier matériel et concret (quoique déjà largement nourri de toutes les symboliques chrétiennes) se mua en chantier immatériel et spirituel (où rituels et symboles devinrent prépondérants, non sans quelques arrière-pensées de prise de distance face aux divers pouvoirs en place comme en témoignent d'autres organisations "philosophiques" ou "mystiques" de l'époque) ; les lourds outils de travail devinrent de délicats symboles pour construire le Temple intérieur et spirituel où siègera le Grand Architecte de l'Univers.

 

La méthode symbolique et les symboles.

 

La pensée humaine n'est pas exclusivement logico-déductive comme le voudraient les rationalistes purs et durs. On ne déduit rien si l'on ne part pas d'axiomes, d'hypothèses et de postulats qui, eux, ne sont pas déduits, mais induits.

Mais d'où viennent-ils ? Et comment les transmet-on ? Ils viennent de d'intuitions ou de d'inspirations collectives, collectées et ordonnancées par la Tradition sous la forme de symboles (des "signifiants" sans "signifié"), et ils se transmettent par une rituélie initiatique construite sur base de ces symboles.

Tout ceci est l'essence-même de la Franc-maçonnerie régulière en quête d'une Alliance spirituelle personnelle et collective avec le Divin ineffable, au sein d'une communauté fraternelle (au-delà des sentimentalités amicales), fermée (mais non enfermée) et sélective (élitaire – qui s'adresse seulement à des personnes cultivées et éthiques - mais non élitiste – qui se réfère à des titre nobiliaire ou équivalents, se transmettant de génération en génération).

En termes maçonniques, on dirait que les travaux d'une Loge de Frères maçons est un chantier où l'on tente de reconstruire, pas à pas, pierre à pierre, au plus profond de chacun, spirituellement et non matériellement, le Temple de Salomon.

Les travaux d'une Loge sont strictement initiatiques et rituéliques, à vocation purement spirituelle, dont tout sujet à caractère politique (qui relève d'une idéologie) ou religieux (qui relève de croyances dogmatiques) doit être irrémédiablement banni et interdit. La Franc-maçonnerie travaille pour la Divinité et non pour l'humanité car il y a, pour celle-ci, d'autres institutions ou cénacles, profanes, bien mieux outillés et organisés que la Franc-maçonnerie dont ce n'est ni la vocation, ni la compétence.

 

Un symbole ne suggère une interprétation spirituelle qu'en relation avec d'autres symboles au sein d'un rituel. Les symboles sont les mots d'un langage et chacun de ces mots de prend son sens que dans des phrases construites avec d'autres mots (d'autres symboles) selon le strict respect d'une grammaire (le rituel). Sans ce lexique symbolique et sans cette syntaxe rituélique, point de langage maçonnique.

Par exemple, l'image d'une Equerre ne peut que suggérer la Rectitude de la pensée (rigueur intellectuelle) ou du comportement (rigueur éthique). Mais cette même équerre posée sur une Bible ouverte et surmontée d'un Compas, lui aussi ouvert (à 45°), est déjà toute une "phrase" de haute portée initiatique et spirituelle : la Bible (la Tradition sacrée exprimant le Divin en langage humain) peut vouloir dire tout et son contraire, peut être interprétée à tort et à travers, peut devenir un prétexte à dogmes, à croyances et à superstitions ; mais placée sous l'Equerre de la rectitude rigoureuse et sous le Compas de l'harmonie dynamique, cette même Bible prend une tout autre mesure. Si, de plus, ces trois éléments (appelés, en Franc-maçonnerie, les "Trois Grandes Lumières") sont placées sur l'autel lors du rituel d'ouverture des travaux de la Loge qui commence par l'ouverture de la Bible et du Compas fermé et le placement précis de cette Bible ouverte sous l'Equerre et le Compas eux-mêmes placés différemment selon le grade (Apprenti, Compagnon ou Maître) auquel la Loge travaille, le tout accompagné des paroles du Vénérable Maître de la Loge qui dit : "Que la vraie Lumière éclaire nos travaux" … on commence à voir la richesse infinie du travail symbolique et interprétatif qui est stimulé par ce tout petit bout de rituel qui prend moins de cinq minutes au début de chaque Tenue (réunion de la Loge).

Que dire alors de tous ces rituels d'initiation qui durent, en général d'une à deux heures … ? De quoi remplir une vie entière de méditation spirituelle …

 

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Le siècles des "Lumières" …

On oublie généralement que ce "siècle des Lumières" – qu'il vaudrait mieux appeler le "siècle du philosophisme", ne fut pas monolithique : il y eu d'abord l'Aufklärung allemande avec Kant en clé de voute, entouré des Jacobi, des Lessing, des Mendelsohn, des Goethe (tous plus "Romantiques" illuminés que "Lumières" rationnelles) ; puis il y eu l'Enlightenment britannique avec des noms comme Hobbes, Locke, Hume ou Adam Smith  ; puis, plus tard, il y eut le philosophisme français dit des "Lumières" autour de Montesquieu, d'Alembert, de Rousseau (qui prend un chemin de traverse vers "l'état de Nature"), de Diderot, de Condorcet (je ne parle pas de Voltaire qui ne fut qu'un pitre parasite, un "fou du roi", toléré mais risible).

 

 

Ce philosophisme du 18ème siècle trouva ses racines chez Spinoza, Descartes, Bayle et Newton. Il se construit en réaction de la raison contre la foi et les croyances (et, sociologiquement, en réaction de la bourgeoisie, contre la noblesse et le clergé). IL se répandit un peu partout en Europe.

 

Emmanuel Kant donne des Lumières la définition suivante : "Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s’en servir sans la conduite d’un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est la devise des Lumières".

 

Pour caricaturer, deux choses peuvent être dites :

 

  • Le "philosophisme" est un mouvement large et multiforme de "libération" de l'esprit humain et de ses capacités d'intelligence et de rationalité contre des siècles d'obscurantisme chrétien et monarchique : penser et non plus obéir !
  • Ce "philosophisme" prit trois chemins fort différents ;
    • En Allemagne, il déboucha sur le Romantisme :
    • En Grande-Bretagne, il donna l'Empirisme ;
    • En France, il enfanta l'Idéologisme.

 

Romantisme : l'essentiel  se cache derrière le visible …

Empirisme : n'est vrai que ce que l'on voit …

Idéologisme : le monde idéal reste à construire …

 

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Ce que certains appellent Amour n'est qu'une autre manière d'exprimer la voie néguentropique qui tend à dissiper les tensions (dues aux bipolarités qui façonnent le cosmos) "vers le haut" en construisant de la complexité plutôt que de laisser faire la voie entropique qui les dissipe "par le bas" en engendrant de l'uniformité.

Ces deux "tendances" (néguentropique et entropique) coexistent partout dans le Réel et s'expriment de mille manières.

L'Amour entre êtres humains exprime ainsi le scénario de la "communion" entre les individus (étymologiquement : cum munire : "construire ensemble") afin de constituer des couples, des familles, des communautés, des clans, etc ....

Face à l'Amour (la voie néguentropique) se développe aussi une voie symétrique entropique qui dissout les relations constructives humaines et sépare les individus (et peut aller jusqu'à les détruire) ; on peut nommer cette force entropique de nombreuses manières : haine, guerre, antipathie, inimitié, dispute, jalousie, etc ...

A noter de plus que la notion d'Amour, sur le plan humain, ne s'adresse pas exclusivement à un autre humain, mais peut s'étendre à la Nature (écosophie) ou à tel ou tel animal ou végétal particuliers.

 

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Parce qu'elles déshumanisent complètement l'humain pour le réduire à un mécanicisme bien pauvre, voire simpliste, la psychologie (et bien plus encore les soi-disant "neurosciences" qui réduisent encore le mental à des connexions neuronales dans le seul cerveau), annihile la "personne" comme être complexe, pourtant largement supérieur à la "somme de ses parties".

Cette réduction mécaniste de l'humain à quelques milliards de cellules élémentaires, est calamiteuse comme tout ce qui relève du mécanicisme et qui rejette, d'un revers de main, tout ce qui est complexe (cosmosophique). Comment comprendre l'humain si l'on veut ignorer que celui-ci est purement épiphénoménal et émergentiel, et si l'on ignore que l'humain n'existe dans le Réel que pour accomplir sa mission au service de ce Réel.

Réduire la vague à l'océan, n'apporte aucune connaissance sérieuse ni de la vague, ni de l'océan.

Il en va exactement de même de la sociologie et de toutes les autres "sciences" sociales.

 

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La liberté n'est pas "fais ce que veux", mais bien "fais ce que dois" !

L'humanité, en général, et chaque humain, en particulier, ont une mission qui est d'accomplir (collectivement ET personnellement) leur vocation au service du Réel.

La liberté n'est pas dans le choix de la destination, mais bien dans celui du chemin.

Quelle est cette mission qui engendre cette vocation (tant collective que personnelle) ? Parfaire la Vie et développer l'Esprit sur Terre.

Cette liberté du choix du chemin pour "faire ce que dois" c'est-à-dire accomplir la vocation qu'appelle la mission de l'humain, implique nécessairement une "autonomie" qui, très précisément, concerne le choix du chemin.

Le problème n'est donc pas "vers où l'on veut aller ?", mais bien "comment on décide d'y aller ?".

 

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Le 17/10/2024

 

Quel vent fait-il ?

Celui de ton humeur et de tes combats.

Quel temps fait-il ?

Celui de ton âme.

 

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Quel est ton Amour ? Celui qui unit ton intégrité et ta communion.

Quelle est ton Excellence ? Celle qui unit ta vocation et ta mission.

Quel est ton Génie ? Celui qui unit tes mémoires et tes ressources.

Quelle est ta Habileté ? Celle qui unit tes méthodes et tes contraintes.

Quelle est ta Virtuosité ? Celle qui unit ton accomplissement et ton chantier.

 

 

 

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La néguentropie exprime le fait de concentrer les tensions dans un volume restreint de façon à apaiser tout le milieu environnant (cela permet dont de faire monter son entropie ce qui est conforme au second principe de la thermodynamique, mais au "détriment d'une petite zone circonscrite).

Mais, cette surconcentration néguentropique locale induit nécessairement une situation explosive qu'il faut impérativement désamorcer grâce à des montages complexes qui transforment ces énergies "explosives" en énergies "unitives".

Ce sont ces complexes unitifs locaux qu'Ilya Prigogine appela les "structures dissipatives".

 

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Le 18/10/2024

 

D'Henri Queuille :

 

"La politique ne consiste pas à faire taire les problèmes,

mais à faire taire ceux qui les posent."

 

La politique, en fait, n'existe pas ou, plutôt, ne devrait pas exister car on y confond trois dimensions radicalement différentes voire inconciliables.

 

D'abord, il y a les services et administrations publiques le plus souvent pléthoriques et inefficaces, fonctionnaires et bureaucratiques qu'il faut doter de budget et gouverner au moins mal.

 

Ensuite, il y a la légitimation des pouvoirs qui consiste, par divers moyens (et le démocratie au suffrage universel en est un parmi d'autres) à permettre aux décideurs de décider.

 

Enfin, et surtout, il y a la réponse à construire et à proposer aux cinq questions "sociosophiques" :

 

  1. Quel est le projet collectif ?
  2. Quels sont le périmètre et les ressources disponibles ?
  3. Quelles sont les règles éthiques de base ?
  4. Quels sont les critères d'unité (cfr. légitimation) ?
  5. Quelle devra être l'organisation générale (y compris les priorités) des chantiers sociopolitiques à entreprendre et/ou à poursuivre ?

 

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Le gauchisme (au sens large du terme depuis le centre-gauche jusqu'à l'extrême-gauche) s'est construit, depuis presque deux siècles un "bouc émissaire" abstrait et idéal nommé "capitalisme".

Le "capitalisme" (qui n'est en fait que la pratique des investissements privés et de la propriété privée) est considéré, avec dédain, comme un sous-produit du "libéralisme" (alors que celui-ci est l'exact opposé de tout autoritarisme et de tout idéologisme – deux mots quasi-synonymes -, et cultive avec force et sagesse, l'autonomie et la responsabilité personnelles dans le respect réciproque de l'autonomie d'autrui).

Il est vrai que le capitalisme a engendré le financiarisme spéculatif qui est le fait des paris financiers pour gagner de l'argent sans rien faire et sans scrupule, sur le travail des autres qui ont parfois besoin d'un tel argent pour investir afin d'engendrer de la valeur et de l'emploi.

 

Toute cette nocive confusion entre "capitalisme", "libéralisme" et "financiarisme", n'est-elle que le résultat fortuit d'une ignorance économique ou est-elle machiavéliquement orchestrée de façon à présenter, aux esprits simplets et aux gagne-peu, un bouc émissaire "prêt-à-haïr" sur lequel déverser toutes ses colères et ses rancunes sous le label de la "haine du riche" (riche qui est "forcément" exploiteur, spéculateur, insensible, menteur, calculateur, fraudeur, trompeur, arnaqueur, etc …).

 

Derrière tout cela se cache une triple haine : celle de l'audace, celle de l'autonomie et celle de la responsabilité. Il est vrai que face à ces trois caractéristiques, les humains se révèlent très inégaux ce qui heurte cette absurde idéologie de l'égalitarisme.

L'audace (qui pousse à entreprendre et à oser des risques), l'autonomie (qui impose de s'assumer soi-même sans recours aux parasitismes et assistanats institutionnalisés par la gauche) et la responsabilité (qui est le refus de chercher des boucs émissaires là où il ne faudrait s'en prendre qu'à soi-même), sont le fait d'une minorité d'humains face à une majorité de médiocres plutôt peureuse, plutôt paresseuse et plutôt lâche.

 

Que la gauche le veuille ou non, il existe de fait une élite parmi les humains ; une élite intellectuelle, une élite éthique, une élite technologique, une élite entrepreneuriale, etc … et que ces élites forment un sous-groupe restreint au sein de l'humanité.

Il ne s'agit, en aucun cas, de lui donner un quelconque blanc-seing, mais il est indispensable de comprendre et de reconnaître que ce sont ces élites qui font "tourner la machine humaine" dont les médiocres profitent en donnant le minimum en échange. Le souci premier de cette majorité de médiocres serait, à son propre bénéfice, de faciliter la pérennité et la prolifération de ces élites qui la nourrissent.

 

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Quoique que quasi contemporain de Socrate, Démocrite est considéré comme l'un des derniers présocratiques, disciple de Leucippe (qui lui a très certainement inspiré l'idée d'atome).

En ce cinquième siècle d'avant l'ère vulgaire, la philosophie grecque connaît un gros virage et l'on a fait de Socrate (qui n'a jamais rien écrit et que l'on ne connaît surtout par ce que lui fait dire Platon dans ses dialogues et par le mal qu'en dit Aristophane) le pivot de cette bifurcation.

 

Avant Socrate, c'est le cosmos (en grec, Kosmos signifie tout à la fois ordre et harmonie) qui est le centre des réoccupations philosophiques, métaphysiques et ontologiques, avec ou sans mention, symbolique ou non, des dieux de l'Olympe.

Après Socrate, c'est l'humain qui devient le centre du monde de la pensée : sa destinée, sa mission, sa morale, sa politique, son éthique, ses arts tant au sens de l'artiste qu'à celui de l'artisan, ses sciences, etc …

Il se passe, à cette époque, le même basculement du cosmocentrisme à l'anthropocentrisme, que celui de la Renaissance au 15ème siècle de notre ère où les préoccupations humanistes (Erasme, Montaigne, Pic de la Mirandole, …) prirent le dessus sur les préoccupations théologiques et sotériologiques (qui concernent le "salut" de l'âme).

 

Avec Socrate (et le déplacement du centre de gravité de la pensée grecque depuis le Proche-Orient vers Athènes), se termine le "miracle grec" cher à Renan. La philosophie prend ses quartiers en ville et devient vite politico-anthropologique.

Cela ne signifie nullement la fin des questionnements cosmosophiques (il suffit de se rappeler des aristotéliciens et des stoïciens), mais cela souligne la prééminence des questionnements liés à l'humain et à tout ce qui tourne autour de lui.

 

Démocrite n'est pas de cette eau-là. L'humain l'ennuie profondément. Il s'en moque. Il persiffle. Il en rit (le "rire de Démocrite" est fameux dans l'histoire de la philosophie). Ou plutôt, il choisit d'en rire tant la bêtise , la méchanceté, l'ignorance et l'arrogance humaines le blessent. Il préfère l'ironie au désespoir.

 

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L'école sophiste est typique de "l'urbanisation" de la philosophie en Grèce au 5ème siècle avant l'ère vulgaire ; cette école pratique le scepticisme en tout et de tout, jouant sur les mots pour démontrer ou démonter tout et n'importe quoi : apologie du dérisoire, de l'artifice, … Rien n'est vrai puisque tout est mot et que tout mot est fausse vérité … Tout peut être dit et démontré, ainsi que son contraire … Négation suprême de la pensée et de la communion possible entre l'intériorité humaine et l'extériorité cosmique.

 

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Le soi-disant présocratisme (que Nietzsche, à juste titre, préférait appeler le préplatonisme) a-t-il une vraie réalité ? En fait, la notion de présocratisme est totalement artificielle ; elle a été inventée par le christianisme médiéval qui avait, très profondément, pris fait et cause pour l'idéalisme dualiste de Platon (qui est et reste le socle de toute la théologie chrétienne) contre toutes les autres écoles grecques. Or, Socrate fut le maître et le mystagogue de Platon ; donc la christianité a voulu opéré une césure entre l'avant Socrate-Platon (où tout n'est qu'erreur) et l'après Socrate-Platon, berceau de la théologie chrétienne. Comme si le platonisme était la seule école philosophico-spirituelle de l'après-Socrate ; c'est oublier un peu vite l'aristotélisme, le stoïcisme et quelques autres.

 

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Existe-t-il une spiritualité grecque ? Il existe des écoles philosophiques, tant avant Socrate (monisme milésien, idéalisme pythagoricien, processualisme héraclitéen, ontologisme éléate – dont l'atomisme démocritéen) qu'après lui (platonisme, aristotélisme, stoïcisme, sophisme, . Il existe une religion mythologique (avec de très multiples variantes). Mais philosophie et/ou religion ne sont pas spiritualité !

Les anciens Grecs cherchaient-ils et donnaient-ils une réponse à la question du "sens" et, donc, à celle du sens de la vie humaine ? Les questions du "pourquoi ?" (l'origine, la source, la cause initiale) et du "pour quoi ?" (le projet, l'intention, la cause finale) du monde et de l'humanité – et de chaque humain en particulier – se posaient-elles à eux ? Ces questions ont été parfois posées, mais les réponses données relevaient de la philosophie et de la rationalité, et non de la spiritualité au sens d'une quête de la communion entre l'humain et le Divin, entre l'intériorité et l'extériorité. La Grèce ne fut ni l'Inde, ni la Chine …

 

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Rappelons que la philosophie grecque est née en Ionie, c'est-à-dire dans les colonies proche-orientales de la Grèce, région de culture essentiellement sémitique, dont le centre était mésopotamien (là où furent formés la plupart des philosophes grecs anciens). Cette culture mésopotamienne, nous la retrouvons aussi dans certains livres bibliques dont, surtout, les récits de la Genèse, du Jardin d'Eden, de Noé et du Déluge, de Sodome et Gomorrhe, de la naissance d'Abraham à Our, etc …

C'est en Mésopotamie que les "Mages" (les Sages) ont inventé l'astronomie, la géométrie, l'arithmétique (et l'arithmologie qui l'accompagne). C'est là qu'il faut rechercher la source de la pensée grecque dont la grande originalité est d'y avoir injecté de la rationalité. Car le voilà le "miracle grec" : l'invention de la rationalité en lieu et place du mythe. Ce n'est guère un hasard si le mot grec Logos a donné le mot "logique". Est-ce à dire que la spiritualité doive être alogique ou illogique ? La réponse est évidemment négative … .

 

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La technologie, quelle qu'elle soit, est un amplificateur de la puissance humaine, qu'elle soit physique (les technologies mécaniques) ou mentale (les technologies algorithmiques).

En tant que telle, aucune technologie n'est, en soi, bonne ou mauvaise, bénéfique ou maléfique. Elle amplifie, c'est tout, le mauvais comme le bon dont la source, elle, est toujours humaine.

Et plus la puissance amplificatrice de la technologie est énorme (la révolution numérique, par exemple), plus l'éthique de ses usages doit être scrutée, exprimée, imposée et contrôlée.

 

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La notion de valeur d'utilité est aussi vieille que Démocrite (qui en est, je crois, l'inventeur). Elle devient cruciale dans le nouveau paradigme où elle se décline en celles de frugalité (moins), de virtuosité (mieux), d'autonomie (libre), de responsabilité (devoir) et de communion (ensemble).

 

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Le 19/10/2024

 

Le Réel de Démocrite est duel : des atomes et du vide. Des atomes éternels, immuables et inaltérables à jamais, et du vide, absolument et définitivement vide, étant là, donné, imposé, sans raison aucune. Comme cela le deviendra à partir d'Einstein, par exemple, l'espace n'est pas la mesure de l'expansion volumique d'une substance primordiale ; chez Démocrite, l'espace vide de tout est une "chose" en soi : rien n'est pas rien, mais il est quelque chose qui est rien. De l'existence pure sans essence pour y donner quelque consistance que ce soit. A moins, ce qui est probable dans l'esprit subtil et génial de Démocrite, qu'il ne faille considérer les atomes et le vide comme les deux polarités d'une unité qui les dépasse, les transcende, les transforme en les deux faces opposées d'une seule et même réalité innommée parce qu'innommable : l'un sans l'autre n'aurait aucun sens, mais ensemble, face à face, ils font sens.

Au fond, derrière la bipolarité démocritéenne atomes/vide se dissimule peut-être un monisme caché (d'ailleurs en phase avec les autres cosmologies préplatonistes d'un Thalès, d'un Anaxagore, d'un Anaximène, d'un Héraclite, d'un Empédocle, …).

Pour qu'il y ait des atomes vibrionnant et tourbillonnant qui puissent former toutes les choses qui existent, il leur faut un espace neutre, vide, sans entrave, sans obstacle : le vide absolu d'un espace purement géométrique comme l'espace euclidien encore utilisé en physique jusqu'à la révolution relativiste. Mais un espace considéré comme réel et non comme un référentiel abstrait permettant aux modèles humains d'y faire et d'y reporter des mesures, des grandeurs, des longueurs, largeurs et hauteurs … des trajectoires, des vitesses, des rotations …

 

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Le pur matérialisme de Démocrite peut se résumer à ceci qui resta la doxa scientifique jusqu'au début du 20ème siècle : l'univers est un assemblage d'atomes reliés entre eux par des liaisons chimiques, selon des lois mathématiques bien précises (on reconnaît là l'influence de Pythagore).

Ensuite, le processus analytique continua et l'on comprit que les "atomes" n'étaient pas si "a-tomes" que cela mais composés, à leur tour, de particules dites élémentaires appelées nucléons (eux-mêmes composés de quarks et de muons) et électrons, etc … pour finir par découvrir que … la Matière n'existe pas (comme l'avait mentionné Aristote dans la citation relevée plus haut) : si la Matière est divisible à l'infini, c'est que la Matière n'existe pas et se réduit à une simple apparence, à un épiphénomène, à une sensation humaine sans fondement ontologique …. Ce qui est exactement la position de la cosmologie et de la physique avancée d'aujourd'hui pour laquelle tout n'est que figures d'interférence entre ondes quantiques.

 

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Parlons-en cde l'humain tel que le voit Démocrite …

La très grande majorité des humains lui semble risible, ridicule, imbécile, propre à faire rire. Cet humain est une ineptie à pattes qui prête à rire ou à désespérer alors, comme dit l'adage : "Mieux vaut en rire qu'en pleurer, la grimace est plus belle".

Quant à la minorité restante, celle des humains dignes d'intérêt, Démocrite leur donne deux leçons fondamentales qui, elles, frisent la spiritualité, l'intériorité humaine, et le sens de sa communion avec le cosmos dont il fait partie intégrante.

 

Le première leçon décrypte le sens de la vie (pour les humains supérieurs, répétons-le, car les autres ne sont que des animaux ayant un estomac et un nombril à la place du cerveau …).

Le sens de la vie, c'est-à-dire ce à quoi l'existence doit être dédiée et au service de quoi elle doit être mise, c'est la Connaissance . Cette idée dépasse la simple rationalité philosophique et induit une véritable quête spirituelle : la quête de la Connaissance que l'on pourrait oser nommer une "gnoséosophie" : une "Sagesse de la Connaissance". Mais la Connaissance, pour avoir quelque valeur, doit satisfaire deux critères essentiels : elle doit apporter une vraie "Utilité" (donc être efficace au service de quelque chose qui la dépasse … et nous voilà en pleine spiritualité) et elle doit apporter une vraie "Joie" (donc une forme d'eudémonisme qui rejoint les thèses de Spinoza).

Vaste programme : Connaissance, Utilité, Joie … Une relation triangulaire fermée, un beau Delta majuscule, un Ternaire fondamental que l'on retrouve dans presque toutes les traditions spirituelles (Triade, Trinité, Trimurti, Triskèle …) : la connaissance utile apporte la joie, la joie utile apporte la connaissance, le connaissance joyeuse apporte d'utilité.

 

Voilà pour la personne humaine. Mais qu'en est-il de la société humaine ?

Démocrite met à nouveau un ternaire en branle au-delà du simple principe de la survie animale : l'entraide entre les humains, les outils que crée l'intelligence humaine et le progrès comme moteur de l'accomplissement humain.

Entraide. Outils. Progrès.

Autrement dit : pour faire progresser la construction de l'humanité, il faut, à la fois, cultiver la communion fraternelle des œuvriers sur le chantier du monde, et inventer les outils (matériels et immatériels, technologiques et méthodologiques) qui permettront l'efficacité et la virtuosité nécessaires.

 

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La pensée humaine peut avancer dans la véracité (ce qui est le plus plausible et le plus vérifié au moment où l'on parle) et se contraindre à la véridicité (ne dire que ce que l'on croit sincèrement être vérace au moment où on le dit), mais la vérité, en tant que telle, est à jamais inaccessible : la partie ne peut pas connaître la totalité du Tout.

Ces différences entre "vérité", "véracité" et "véridicité" sont essentielles à la bonne santé cognitive, scientifique, intellectuelle, philosophique et spirituelle de l'humanité.

Toujours pratiquer la véridicité.

Toujours avancer vers plus de véracité.

Savoir la vérité hors d'atteinte … et toujours cultiver l'humilité (et le doute !) qui en découle.

 

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Au-delà du Tout, il y a l'Un.

Le Tout est l'ensemble de toutes les manifestations phénoménologiques de l'Un.

L'Un est la source unique de tous les phénomènes manifestés dans le Tout.

Le Réel est l'Un qui est le Divin.

Tout phénomène est processuel et possède des caractéristiques dont certaines sont discernables par l'humain, lui-même processus appartenant au Tout, donc manifestant l'Un.

Parmi ces caractéristiques discernables par l'humain, il y a les distances et les durées qui concernent tout phénomène processuel.

Pour pouvoir quantifier, comparer et jauger ces distances et durées, l'humain inventa un outil conceptuel appelé "espace-temps" ; mais l'espace et le temps ne sont que des concepts et non des réalités.

 

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Le champ de la science est celui du Tout, c'est-à-dire celui de la Corporalité substantielle, de la Logicité cohérentielle et de la Constructivité évolutionnelle.

Le champ de la spiritualité est celui de l'Un c'est-à-dire celui de l'Unité essentielle et de l'Intentionnalité vocationnelle.

 

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L'initiation est un cheminement visant la communion, dans le Tout, puis dans l'Un au-delà du Tout, entre l'intériorité de soi et l'extériorité de soi, au-delà de l'illusion du soi.

 

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L'Un fonde le Tout qui est, à la fois, tout au fond de l'intériorité du soi et tout au bout de l'extériorité du soi.

 

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La Raison analytique peut analyser et modéliser la part de Magnificence du Tout qui lui est accessible : c'est le champ de la Science.

L'Intuition holistique peut deviner et s'imprégner de la part de Lumière de l'Un qui la caresse : c'est le champ de la Spiritualité.

 

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Le 20/10/2024

 

Que de confusions savamment ou benoitement entretenues.

Philosophique, d'abord, confusion très générale entre religion et spiritualité (la spiritualité dépasse la religion) et, plus globalement, entre religion et culture (la culture inclut et dépasse la religion).

Politique ensuite, confusion entre islamisme terroriste et religion coranique, mais aussi, en Israël, entre droite orthodoxe et partis laïques.

Historique aussi : la Palestine est la royaume des Philistins, disparu il y a plus de 3000 ans, et la Judée est la patrie originelle des Juifs (toujours habitée par quelques uns d'entre eux, sans discontinuer, malgré les invasions successives assyrienne, babylonienne, grecque, romaine, arabe, turque, anglaise, etc ...) depuis plus 4000 ans.

Géopolitique enfin : ces conflits locaux autour de l’État d'Israël enfin reconnu en 1948 par l'ONU, ne reflètent que les épiphénomènes d'une guerre que mène, contre le monde entier, l'islamisme (l'idéologie terroriste, et non pas la religion musulmane) créé par les "Frères Musulmans", animé par l'Iran, financé notamment par le Qatar et incarné par le Hamas gazaoui, le Hezbollah libanais, les Talibans afghans, les Houthis yéménites ... et une constellation de groupuscules qui sévissent un peu partout dans le monde (dans les grandes villes et les universités surtout) et financés par des trafics divers (de drogues, d'armes, etc ...).

Soyons clairs : les ennemis du monde, ce ne sont ni les Juifs, ni les Musulmans ! Ce sont les extrémistes de tous bords !

 

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De Bertrand Alliot :

 

"La biodiversité est le sujet du moment sur lequel se fixe un catastrophisme préexistant. Auparavant, nous avons eu les pluies acides et la couche d'ozone. Dans tous les cas, quand on regarde les données, on se rend compte qu'il y a un souci, mais qu'il ne faut pas paniquer. Les ONG ont une vision fixiste de la biodiversité. Il faudrait conserver la Création. Or, la nature change en permanence. C'est normal. Certaines espèces perdent du terrain, d'autres en gagnent. Une part de ces changements est liée aux activités humaines, mais celles-ci jouent dans les deux sens. Elles peuvent entraîner des reculs comme des avancées."

 

En matière d'écologie, il faut cesser les paris et les attitudes de mode.

Oui, les activités humaines ont atteint certaines limites du tolérable pour la biosphère, mais pas toutes (heureusement).

Oui, les équilibres anciens sont perturbés et de nouveaux équilibres sont à construire ou à stimuler, mais le catastrophisme sensationnaliste est infantile tant par la partialité de ses regards que par la pourriture de ses idéologies.

Oui, il faut que les humains apprennent à devenir frugaux mais frugalité ne signifie ni sacrifice, ni autisme.

Oui, les humains doivent comprendre que leur survie dépend de leur harmonie avec la Nature et ses ressources et productions, et qu'il y a là une "communion" à réinventer, mais sans sombrer dans la flagellation psychotique.

Oui, la démographie humaine et la surconsommation humaine rendent l'urgence criante ; mais la solution n'est ni dans les dénis, ni dans les fuites, ni dans les replis idéologiques, doctrinaux, sectaires ou communautaristes.

Les humains doivent faire leur deuil de la situation d'abondance qu'ils ont vécue ces derniers siècles … et ils feraient bien de relire les cinq phases de tout deuil qu'a si magnifiquement décrites Elizabeth Kübler-Ross : d'abord le déni (continuons à nous empiffrer, la solution viendra toute seule et le monde redeviendra abondant comme avant, grâce aux technologies …), ensuite la colère (ce sont ces salauds de capitalistes qui font leur fric en tuant la Terre …), ensuite le marchandage (et si on mettait des éoliennes à la place des centrales au gaz …), ensuite la dépression (tout est foutu, il n'y a plus rien à faire qu'à mourir le plus vite possible …) et enfin la sublimation (construisons une nouvelle Alliance avec la Vie et la Nature …).

 

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Ce n'est pas le Hamas (ni le Hezbollah, ni les Houthis, ni les milices salafistes syriennes, etc ...) qui fait le guerre à Israël, c'est l'Iran et, derrière lui, l'islamisme (l'idéologie terroriste des Frères-musulmans et NON la religion musulmane) qui fait la guerre à l'Occident.

 

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De Victor Hugo dans la préface de "Hernani" :

 

"Le romantisme [...] n'est [...] que le libéralisme en littérature."

 

J'aime assez cette définition …

 

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La notion de bipolarité est indispensable pour comprendre tous les chemins des évolutions tant humaines que biosphérique que cosmique.

Rien que chez l'homme, en matière de la pensée, tout est toujours bipolaire : Raison et Intuition, Science et Spiritualité, Foi et Croyance, Profane et Sacré, Exotérique et Esotérique, Mystique et Religion, Intention et Soumission, Progrès et Préservation, Risque et Sécurité, Identité et Intégration, Amour et Haine, …

Cette bipolarisation de toute chose est non seulement universelle (elle touche tout ce qui existe), mais elle est indispensable puisqu'elle est le carburant de toutes les évolutions tant entropiques que néguentropiques, tant intérieures qu'extérieures.

Tout cela ne fait que signifier qu'au niveau le plus fondamental, face à un chaos destructeur de tout, il n'existe que deux voies constructives : celle de l'Uniformité et celle de la Complexité.

Tout le reste en découle !

 

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La plupart des applications de cette "Intelligence algorithmique" n'ont pour seule fonction que de tenter de pallier – en vain – la foncière bêtise de la majorité des humains.

 

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Sans trop la savoir, sans doute, l'algorithmie, au prétexte de "simplifier la vie", transforme de la complexité réelle en complication artificielle.

 

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La Vie protège la Vie …

… parfois au détriment de certains vivants.

 

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Le 21/10/2024

 

De Pascal Bruckner :

 

"Par trois fois dans l'histoire récente, l'Europe et la France ont tenu bon : les attentats islamistes réitérés, le cataclysme du Covid et la guerre d'agression en Ukraine prouvent que les citoyens plaintifs du vieil Occident sont encore capables de beaux sursauts. Le défaitisme est la résidence secondaire des peuples privilégiés, le soupir de gros chats ronronnant dans le confort. Élevés, bercés, cajolés dans le monde prospère de l'après-guerre, sommes-nous capables d'affronter les défis du dérèglement climatique, du retour de la guerre, de la barbarie terroriste ? Allons-nous larmoyer sur la dureté de l'époque ou faire face ? Hommes et femmes doivent apprendre à s'opposer à la séduction de la panique. Cela s'appelle l'héroïsme d'être humain, tout simplement. C'est aux temps de fer qu'il faut se préparer, ne fût-ce que pour les éviter. Nous sommes plus forts que nous le croyons, nos ennemis plus faibles qu'ils ne le pensent. Mais notre plus grand ennemi est en nous : il s'appelle l'affolement, le haine de soi, la complaisance au malheur."

 

Ce sont les enfants gâtés et mal élevés qui passent leur vie à pleurnicher !

Le remède : plus de frugalité et plus de rigueur.

 

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De Peter Senge :

 

"Pour la première fois, peut-être, dans l'histoire de l'humanité, l'homme est capable de créer des quantités d'informations plus grandes que ce qu'il peut absorber, de concevoir des relations d'interdépendance plus complexes que ce qu'il est capable de gérer et d'accélérer le changement à un rythme que personne n'est capable de suivre. Le niveau de complexité que nous vivons n'a certainement jamais été atteint dans le passé."

 

Ah !!! On commence à comprendre … Il est temps !

 

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De Nicolas de Baverez :

 

"Fort heureusement, l’Europe du XXIe siècle s’invente désormais avant tout au sud, au nord et à l’est de notre continent."

 

Le moteur germano-français est en panne, durablement pour la France et temporairement pour l'Allemagne. Ce n'est plus là (et certainement pas chez les traîtres hongrois) que se construit l'Euroland de demain, mais en Espagne, Portugal, Italie, Grèce, Pologne, Scandinavie et quelques autres …

Olaf Scholz lèche les bottes de la Russie et Macron plastronne en "cramant la caisse" dans une France en faillite globale "qui voudrait avoir l'air, mais qu'a pas l'air du tout" dirait Jacques Brel.

 

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Le 22/10/2024

 

Dans l'œil athénien, Aristote était un "métèque" (par exemple, marqué de l'interdiction de posséder quelque propriété matérielle que ce soit, y compris le Lycée, son lieu d'enseignement), un étranger, un non-grec né à Stagire et précepteur d'Alexandre le Grand, bientôt roi de Macédoine et envahisseur d'Athènes, grand colonisateur de l'Atlantique à l'Himalaya, grand "phagocyteur" des cultures orientales.

Aristote marque l'apogée du paradigme de l'Hellénité qui débuta en Ionie vers -700 et de termina sous la botte des légions romaines vers -150.

 

Aristote fut un disciple de Platon pendant vingt années (dès ses 17 ans), avant de prendre ses distances avec lui, voire, sur certains point cruciaux, de s'opposer radicalement à lui, notamment sur le point du dualisme ontologique (la "théorie des Idées"), point d'orgue de tout le platonisme et socle théologique du christianisme (le Dieu chrétien est l'Idée suprême dont toutes les autres découlent : il est l'Idée de Bien, un Dieu personnel (plus Roi que Déité) extérieur au monde sensible, hors de son espace et de son temps, créateur et juge de tout ce qui existe (y compris du Mal, de la mort, de la souffrance, de la méchanceté, de l'amour, …), maître de l'Histoire si tel est son bon plaisir : voilà la vision platonicienne.

 

Platon n'est ni un scientifique, ni un spiritualiste, mais Aristote s'est finalement construit contre lui avec la conséquence qu'il a donc une place dans ce récit. Platon est un philosophe, scribe de Socrate, et, surtout, une calamité qui a inventé les deux plus grands fléaux de l'histoire de la pensée : le dualisme et l'idéalisme. Deux lâchetés métaphysiques dont l'un évacue le "Mystère" hors de ce monde et dont l'autre sanctifie un fantasme radical rejeté hors de la réalité. Platon est le plus grand parano de l'histoire de la philosophie qui a entrainé, dans sa folie, deux millénaires de christianisme, surtout catholique et spécialement toute la période inscrite entre le début des croisades (qui débutent en 1095) et de l'Inquisition (qui est fondée en 1184)[4], et la fin du colonialisme (qui se termine "officiellement" vers 1970, mais qui se perpétue encore de nos jours par les empires russe, islamiste et chinois), soit pendant un bon millénaire, soit deux paradigmes successifs d'environ 550 ans chacun : le premier fut celui de la Féodalité dogmatique (de 950 à 1500) et le second, celui de la Modernité idéologique (de 1500 à 2050).

 

Aristote fut plutôt le grand inspirateur du premier paradigme chrétien, un paradigme monacal et régulier, terrestre et défricheur, agricole et sylvicole, le paradigme du christianisme mystique (plus grec que latin) du haut Moyen-Âge (de 400 à 950) avec Augustin d'Hippone et l'âge d'or de la scholastique largement péripatéticienne : Grégoire de Nysse, Maxime le Confesseur, Jean Damascène, Isidore de Séville, Grégoire le Grand, etc ….

 

Platon et Aristote, alliés malgré leurs antagonismes fondamentaux, figèrent l'histoire de la pensée philosophique et spirituelle pendant toute la période romaine et médiévale. La recherche scientifique s'y tarit : le modèle aristotélicien semblait répondre à toute les questions posées par l'évidence sensible, et le dualisme platonicien permettait d'évacuer toute les autres questions puisque tout ce qui n'était pas évident par sa nature-même au sein des hiérarchies aristotéliciennes (et donc que tout ce que l'on ne comprenait pas), relevait ipso facto des "mystères divins" protégés par le platonisme.

 

Un exception sublime fut le stoïcisme athénien, fondé par Zénon de Kition au quatrième siècle avant l'ère vulgaire (suivi de Cléanthe d'Assos et Chrysippe de Soles … mais il ne nous est parvenu aucune œuvre directe de ces penseurs), et récupéré très affaibli par le pragmatisme romain qui l'intoxiqua (Sénèque ou Marc-Aurèle, par exemple), avant qu'il ne soit repris sous la forme d'un moralisme du détachement et de l'indifférence aux "choses terrestres" par le christianisme.

Originellement, le stoïcisme est un eudémonisme (le sens de la vie est la quête de l'accomplissement de soi et de l'autour de soi, récompensée par la Joie) et une éthique fondée sur un culte de la Vertu (on retrouvera ces idées aussi chez Aristote qui fut un des inspirateur du stoïcisme).

Du point de vue plus scientifique, la stoïcisme doit beaucoup au "processualisme" d'Héraclite d'Ephèse : tout est mouvement, écoulement, transformation, changement ; l'univers en entier, par essence, est une dynamique sans rien de fixe et d'immuable. Au contraire de l'épicurisme, le stoïcisme, comme Aristote, rejeta l'atomisme et préféra un continuisme ; il divisa le domaine de la pensée en trois : la physique (l'étude de la Nature), la logique (les méthodes du Vrai) et l'éthique (le culte du Bien), mais sans jamais limiter cette pensée à un pur et sec rationalisme mais, en ouvrant, tout au contraire, ses portes aux belles brises de la spiritualité et de la contemplation, au-delà des conceptualisations purement intellectuelles (ce qu'Aristote négligea de faire).

 

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Téléphoner, en particulier, et communiquer, en général, ce n'est pas travailler c'est-à-dire produire efficacement de l'utile utilisable et efficace.

Communiquer est certes parfois utile, mais, alors, toujours avec frugalité c'est-à-dire "moins mais mieux" ! Et toujours par écrit … car l'oralité se perd, s'oublie, se noie, se dilue et ne sert qu'à flatter les egos (parler pour valoriser son ego à ses propres yeux, ou pour flatter celui des autres en vue d'un retour).

Parler, c'est presque toujours marchander ! D'ailleurs les culture fondée sur le bavardage sont des culture de marchandage permanent, des culture de souk.

Le temps est trop rare, trop précieux et trop irréversible pour être gaspillé à pérorer.

La meilleure façon de parler, c'est de se taire !

 

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De Luc de Barochez :

 

"Iran, le début de la fin ?

La théocratie qui entend rayer Israël de la carte du monde est fragilisée et sa stratégie est dans une impasse.

Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique d'Iran depuis 1989 : à 85 ans, la fin de son règne approche.

Israël a décapité le Hamas, après le Hezbollah. Et pourtant la guerre au Proche-Orient, qui vient d'entrer dans sa deuxième année, ne semble pas près de s'arrêter. La tentation est forte pour l'État hébreu de pousser son avantage afin d'affaiblir la République islamique d'Iran, en laquelle il voit, avec raison, une menace mortelle. L'affrontement peut-il conduire à la fin de la théocratie qui a identifié Israël comme l'État à rayer de la carte du monde ?

Le régime de Téhéran a enduré cette année les pires revers depuis que son fondateur, l'imam Khomeyni, avait dû accepter un armistice avec l'Irak de Saddam Hussein en 1988 – après huit ans de guerre, il avait eu l'impression de « boire une coupe de poison ». Son successeur, Khamenei, vient quant à lui d'en avaler plusieurs. Les plus amères pour lui furent la mort de Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais, tué par Israël le 27 septembre, et celle de Sinouar, l'âme damnée du Hamas, abattu le 16 octobre dans la bande de Gaza.

Développée depuis plusieurs décennies, la stratégie de Téhéran consiste à assiéger Israël par procuration, en finançant et en armant un réseau de milices anti-israéliennes à travers la région. L'onde de choc du méga-pogrom islamiste du 7 octobre 2023 a fait dérailler ce plan. L'acte barbare, conçu par Sinouar comme l'étincelle d'une apocalypse censée engloutir l'État juif, a tourné un an plus tard à la déroute du Hamas, à la dégradation du Hezbollah et à l'affaiblissement de l'Iran. La conflagration est bien là, mais pas dans les termes que le « boucher de Khan Younès » imaginait. (…)

L'affrontement, désormais direct, entre Israël et la République islamique devrait dessiller les yeux de ceux qui voient la question palestinienne comme la clé unique d'une solution de paix au Proche-Orient. Depuis un an, ce sont l'Iran et son hydre terroriste qui attisent les hostilités. Or, Téhéran se moque de l'avenir des Palestiniens ; il ne fait qu'instrumentaliser leur malheur pour se poser en leader du monde musulman. Le Hezbollah, de même, n'est en rien partisan d'une solution à deux États ; son objectif est l'éradication d'Israël. Idem pour le Hamas, qui n'a de cesse d'utiliser la population de Gaza comme bouclier humain."

!

Il est temps que tout cela soit dit (merci, Mr de Barochez) et que l'on cesse de confondre l'islam (la religion) et l'islamisme (l'idéologie).

Chacun peut penser ce qu'il veut d'une religion, quelle qu'elle soit, qui est affaire "intérieure" à la personne. Mais une idéologie, quelle qu'elle soit, est toujours dangereuse puisqu'elle prétend détenir la seule vérité apte à "sauver" l'humanité.

Il ne faut jamais oublier que, de par le monde, le plus grand nombre des victimes de l'islamisme , a toujours été des musulmans !

 

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Chaque paradigme de l'histoire humaine naît du chaos provoqué par l'inadéquation croissante du paradigme précédent devenu inefficient, et meurt dans un autre chaos, gros du paradigme suivant qui se placera sur un niveau supérieur de complexité.

Entre ces deux chaos, tout paradigme connaît cinq périodes de vie (comme tout ce qui vit) : son émergence, sa croissance, sa maturité, sa décadence et son effondrement.

Les deux stades les plus intéressants et riches d'un paradigme sont ceux de son émergence et de sa croissance.

Au cours de sa vie, tout paradigme connaît trois points d'insécurité : le passage du chaos antérieur à son émergence stabilisée, son effondrement dans le chaos postérieur, mais aussi son acmé où un trop-plein de certitudes risque de tuer son génie propre en le figeant sous forme d'idéologies universalisantes et uniformisantes qui enclencheront sa décadence et son effondrement.

 

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L'œuvre d'Aristote est proprement encyclopédique. Elle aborde tous les domaines d'étude : métaphysique, éthique, logique  … physique, astronomie, biologie, médecine, météorologie, … politique, … rhétorique, dialectique, sophistique, éristique, … poésie, musique, …

Mais ce penchant encyclopédique ne s'embourbe pas dans des méandres marécageux de détails et d'anecdotes sans beaucoup d'intérêt, car il cache, bien au contraire, une quête proprement spirituelle de l'unité du monde, en général, et du monde humain, en particulier, celui-ci faisant partie intégrante et prenante de celui-là.

 

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La pensée d'Aristote n'est pas un réseau complexe d'idées ou de modèles (connaissance holistique), mais une pyramide hiérarchique de concepts (connaissance analytique) solidement attachés les uns aux autres par les liens de la logique (qui n'est pas de l'ordre des pierres cognitives venant de la sensation, mais bien de l'ordre du ciment qui les lie entre elles pour monter, échelon par échelon, vers la Vérité première)

 

Aristote invente la cohérence globale de la Connaissance et, en amont d'elle, du Réel qu'elle décrit. Cette cohérence est hiérarchique et pyramidale, on l'a vu. Mais les pierres de cette pyramide tiennent entre elles par le lien du syllogisme, fondement de la logique aristotélicienne dont voici l'exemple le plus fameux :

"Tous les hommes sont mortels,

Socrate est un homme,

DONC Socrate est mortel".

 

Autrement dit : ce qui est vrai à un certain étage dans le pyramide pour une certaine catégorie ("tous les hommes") est forcément vrai sur tous les étages inférieurs pour les éléments appartenant à cette catégorie ("tous les Grecs", puis "tous les philosophes grecs", puis "Socrate").

 

Spirituellement parlant, cette centralité de la "logique" implique un attribut majeur placé tout en haut de la pyramide hiérarchique de la Connaissance (donc du Réel) : sa rationalité ou, mieux, sa logicité puisque la rationalité n'est que la forme humaine commune de la logicité divine.

On sait aujourd'hui, par exemple que la logicité intrinsèque de l'univers réel n'est pas nécessairement la logique aristotélicienne (ni quelque logique humaine que ce soit, d'ailleurs) puisqu'elle outrepasse, dans certains cas, le principe du tiers-exclu qui affirme qu'une proposition doit nécessairement être soit "vraie", soit "fausse".

Le Divin (donc tout ce qui le manifeste et émerge de lui) évolue dans sa propre Vérité qui est tout au-delà de la véracité imaginée par les humains et de la véridicité qu'ils expriment[5].

 

Et c'est bien cela que nous dit Aristote : la Vérité et la Logicité qui sont des attributs inaliénables du Divin, s'expriment et se manifestent aussi au travers des humains, mais ne se réduisent jamais ni à la véracité, ni à la logique issues de la pensée humaine. La logique aristotélicienne et ses quatre principes (identité, non-contradiction, tiers-exclu et syllogisme) ne sont qu'une expression tout humaine et balbutiante de la Logicité divine.

 

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Première question à une époque où l'on ne faisait aucune différence entre science, philosophie et spiritualité, le tout s'agglutinant à la question du questionnement humain : pourquoi s'intéresser à la Nature (Physis) et à son Ordre ou Harmonie (Kosmos) ? Et plus généralement, pourquoi l'humain se pose-t-il des questions sur le monde qui l'entoure ? Pourquoi se poser des questions plutôt que de vivre la vie en toute innocence, comme elle va, comme elle vient ? Aristote répond : parce que l'humain est habité par un étonnement face aux choses.

Etonnement, curiosité, émerveillement, stupéfaction, …

Je pense personnellement que la réponse d'Aristote est seconde ; la première réponse devrait être que, étant mal outillé pour survivre dans la vie sauvage (il n'a que des petites dents, des petites griffes et presque pas de fourrure, il court lentement, grimpe mal, nage plus mal encore et ne vole pas du tout …), l'humain était condamné à comprendre le monde où il vivait afin d'anticiper les dangers et les opportunités. Ensuite, le questionnement, donc l'étonnement, lui devinrent une habitude et Aristote commença à avoir raison.

Il va plus loin et distingue deux types de questionnement : le premier est utilitaire (et fonde la science, la philosophie et l'éthique) et le second est contemplatif, voire extatique (et fonde la spiritualité). Ces deux types de questionnement sont, sans doute, éloignés l'un de l'autre, mais ils ne sont pas séparés : ils convergent complémentairement parce que le Tout de la science est tout inclus dans l'Un de la spiritualité.

Aristote distingue la Connaissance globale (holistique) dévolue aux Sages, d'avec les savoirs utilitaires (analytiques) accumulés par les savants ; mais il ne les opposent pas.

Si, l'on reprend la belle image de la Connaissance totale et absolue comme d'une vaste hiérarchie pyramidale, alors le Sage est celui qui grimpe et qui, ainsi, se rapproche peu à peu du sommet de la pyramide pour contempler le paysage, de plus en plus vaste, harmonieux et cohérent du Réel qui s'étale sous ses pieds.

 

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Le 23/10/2024

 

De Marcel Gauchet à propos de son denier livre : "Le nœud démocratique – Aux origines de la crise néolibérale" :

 

"Le désenchantement du monde n'avait pas livré tous ses secrets. Il comportait une suite que l'on n'attendait pas. On le croyait achevé. Il n'en était rien. Il est allé silencieusement à son terme au cours des quatre ou cinq dernières décennies. La sortie de la structuration religieuse des sociétés a libéré cette fois toutes ses potentialités en engendrant un "nouveau monde" déconcertant. L'étrange crise de la démocratie qui affecte le monde occidental en est un des aspects les plus troublants. Elle est l'opposé exact de la crise totalitaire qui a ravagé le premier XX siècle. Celle-ci avait pour moteur l'aspiration à détruire la démocratie dite "bourgeoise" pour lui substituer des régimes supérieurs. La crise actuelle, à l'inverse, touche une démocratie dont les principes sont plébiscités, mais dont le fonctionnement n'en suscite pas moins une immense frustration et des fractures profondes au sein des peuples. Cette "crise de la réussite", comme il y eut un "vertige du succès" stalinien, est liée à une lecture trompeuse de la nouvelle structuration collective née de l'effacement complet de l'empreinte sacrale. Elle induit une vision réductrice de la nature de la démocratie, aveugle au nœud qui tient ses éléments ensemble. Il faut la dire "néolibérale", dans un sens qui va bien au-delà de l'économie, même si elle consacre le règne de l'économie, puisqu'elle concerne tous les domaines de l'existence collective et en propose même un modèle global. Mais à l'exemple de l'expérience totalitaire en son temps, cette expérience qui en prend le contrepied a la vertu de mettre en lumière des conditions jusqu'alors mal identifiables de la bonne marche de nos régimes. C'est en fonction de ses enseignements que devra se repenser la démocratie de l'avenir."

 

L'avenir ?

Fin des religions. Fin des démocraties au suffrage universel. Fin de l'Etat. Fin de l'universalisme. Fin des idéologies. Fin du financiarisme.

Eudémonisme (Constructivité). Autonomisme (Logicité). Continentalisme (Corporalité). Fraternalisme (Unité). Spiritualisme (Intentionnalisme).

 

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De Michel Rocard :

 

"Toujours préférer l'hypothèse de la connerie à celle du complot.

La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare"

 

De Robert J. Hanlon :

 

"Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer."

 

D'Albert Einstein :

 

"Tout doit être le plus simple possible, mais pas plus simple que ça"

 

La simplicité n'est pas la facilité : faire simple est très complexe.

La bêtise est incapable de faire simple. Elle ne peut faire que simpliste.

 

D'Hannah Arendt à propos d'Adolf Eichmann :

 

"un cas modèle […] de stupidité extrême. [Il] disait toujours la même chose avec les mêmes mots. Plus on l'écoutait, plus on se rendait à l'évidence que son incapacité à s'exprimer était étroitement liée à son incapacité à penser – à penser notamment du point de vue d'autrui. [Il] ne s'est jamais rendu compte de ce qu'il faisait. Eichmann était tout à fait intelligent, mais il avait cette bêtise en partage. C'est cette bêtise qui était si révoltante. Et c'est précisément ce que j'ai voulu dire par le terme de banalité. Il n'y a là aucune profondeur, rien de démoniaque. Il s'agit simplement du refus de se représenter ce qu'il en est véritablement de l'autre."

 

De Coluche :

 

"L'intelligence chez l'homme, quoiqu'il en soit pourvu, il a toujours l'impression d'en avoir assez, vu que c'est avec ça qu'il juge !"

 

De Carlo Maria Cipolla :

 

"Les personnes stupides sont dangereuses et créent des dommages avant tout parce que les gens raisonnables ont du mal à imaginer et à comprendre des comportements aberrants. Une personne intelligente peut comprendre la logique d'un voyou. Une rationalité détestable, mais une rationalité… Vous pouvez l'imaginer et vous défendre… Avec une personne stupide, c'est absolument impossible. Une personne stupide va vous harceler sans aucune raison, pour aucun avantage, sans aucun plan et aucune stratégie. Vous n'avez aucune façon rationnelle de savoir quand, où, comment et pourquoi une créature stupide va attaquer. Quand vous êtes confronté à un individu stupide, vous êtes complètement à sa merci."

 

Cette stupidité, cette bêtise est un fléau, responsable de la grande majorité des maux de l'humanité. Mais comment faire pour l'éradiquer ? Déjà : la subir au quotidien est un calvaire ! Quant à la combattre …

 

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De Joseph Le Corre (duplication intégrale de son article dans "Le Point") :

 

"La surpopulation nous rend-elle fous ?

 

Avec son expérience de « cloaque comportemental », l’éthologue Calhoun a créé un paradis sur terre pour des souris qui, au-delà d’un seuil démographique, devient un enfer. Une leçon pour l’humanité ?

 

Les humains sont-ils condamnés, comme les souris, à la violence et à l’isolement lorsque la densité devient insupportable ? La vie en ville, serrés comme des sardines, nous mènerait-elle à notre perte ?

Dans l'immobilité suffocante d'un embouteillage sans fin, ou au cœur d'un bus bondé aux heures de pointe, là où les grandes villes excellent à nous étouffer, il est difficile de ne pas évoquer cette pique cinglante de Jean-Paul Sartre : « L'enfer, c'est les autres. » Faut-il alors chercher le bonheur dans la tranquillité des grands espaces verts ? John B. Calhoun, père de l'une des études les plus marquantes en sociologie urbaine du XXe siècle, s'est attaqué à cette question. Non pas en étudiant des humains (trop compliqué à gérer), mais des souris. Et ce qu'il a découvert est aussi fascinant que troublant.

Imaginez un instant un paradis pour souris : des ressources illimitées, une nourriture à volonté, des logements confortables et pas de prédateurs. Que demander de plus ? Nous sommes en 1968, et Calhoun recrée cette utopie miniature, à mi-chemin entre Disneyland et le Club Med pour rongeurs. L'idée est simple : observer les effets d'une densité de population croissante sur une petite société. Au départ, dans cet Eden miniature, huit souris (quatre mâles et quatre femelles) gambadent joyeusement, se reproduisent (vite), forment des groupes sociaux ; bref, c'est la belle vie. Mais voilà, après 560 jours de cette idylle, avec 2 200 souris, les choses se gâtent.

 

Le paradis des rongeurs, une utopie qui vire au cauchemar

 

Les premiers signes de dysfonctionnement sont subtils. L'ambiance se dégrade, et l'harmonie sociale se fissure. Certains mâles deviennent agressifs, comme si on leur avait volé leur part de fromage, tandis que d'autres s'enferment dans une solitude contemplative, fuyant tout contact avec leurs congénères. Des bandes de jeunes mâles désœuvrés errent dans l'enclos, attaquant les femelles et les plus jeunes, dans un climat dystopique.

 

Des dizaines de jeunes souris mâles, incapables de trouver leur place dans des groupes dominés par d'autres, deviennent des bandes de maraudeurs qui attaquent les femelles et les jeunes souris.

 

Les comportements sexuels et maternels sont bousculés. Certains mâles deviennent exclusivement homosexuels ou hypersexuels. Les mères abandonnent leurs petits ou se mettent parfois à les attaquer. La mortalité infantile grimpe jusqu'à 96 %. John B. Calhoun fait même observer que la violence et l'agitation deviennent monnaie courante, jusqu'à ce qu'il ne reste presque plus aucune souris qui ne soit pas tachetée de sang, la queue mordue et mâchouillée.

 

Et puis, dans ce chaos ambiant, émerge une classe étrange : les « Beaux ». Ces individus se tiennent à l'écart des luttes de pouvoir et des rixes sanglantes. Évitant soigneusement la reproduction et les conflits, ils se consacrent exclusivement à leur bien-être : manger, dormir et se toiletter, tels des aristocrates décadents d'un empire en ruine. Alors que la société s'effondre, eux continuent, concentrés uniquement sur leurs nombrils, leur rituel de beauté.

 

Au 600e jour, l'utopie n'est plus qu'un souvenir lointain. La reproduction s'arrête totalement, les jeunes ne survivent plus que quelques jours, et l'extinction devient inéluctable. Ce qui avait commencé comme une société modèle, pleine de promesses, se termine dans le chaos et la désolation. La leçon semble évidente : quand il y a trop de monde, même dans le meilleur des mondes, les choses tournent mal.

 

Un miroir pour l'humanité ?

 

L'expérience de Calhoun a fait sensation à sa publication, à tel point que son concept de « cloaque comportemental » s'est invité dans les débats publics : les humains sont-ils condamnés, comme les souris, à la violence et à l'isolement lorsque la densité devient insupportable ? La vie en ville, serrés comme des sardines, nous mènerait-elle à notre perte ?

 

Avec le recul, certains chercheurs ont nuancé l'importance des conclusions de Calhoun. Beaucoup ont mis en garde contre toute analogie entre les rongeurs et les humains. En 2008, l'historien Edmund Ramsden écrit dans un article scientifique sur le sujet : « Les rats de Calhoun ont capturé l'imagination d'une génération préoccupée par des questions telles que l'explosion démographique, la qualité de l'environnement et l'augmentation de la violence urbaine. » Mais selon lui, contrairement aux rongeurs, les humains ont cette capacité miraculeuse d'adaptation qui les empêche de sombrer totalement dans le chaos. « Les rats peuvent souffrir de la surpopulation, dit-il, mais les humains peuvent y faire face. »

 

La clé, l'aménagement de l'espace

 

Un espoir pour l'avenir : la clé est dans « l'espace conceptuel ». Calhoun lui-même a offert une lueur d'espoir. Dans certaines expériences, lorsque les rongeurs ont eu plus d'espace ou la possibilité de creuser des tunnels, la violence a baissé. La morale de l'histoire ? Tout est dans l'aménagement de l'espace. Dans un rapport de 1979, Calhoun conclut que « concevoir un meilleur environnement bâti » est la clé pour éviter les dérives sociales.

 

Plus intéressant encore, il évoque l'idée d'un « espace conceptuel. Pour lui, à l'avenir, nos sociétés finiront par être tissées en un seul réseau social. Calhoun rêvait d'« expansion de l'espace conceptuel », un monde où la technologie et la culture permettraient de vivre en harmonie, même dans des espaces restreints. Ce réseau mondial que nous avons aujourd'hui – on songe bien sûr à Internet et aux smartphones – pourrait bien être la réalisation de son rêve. John B. Calhoun a offert aux rats tout ce dont ils avaient besoin, sauf de l'espace."

 

Les nuisances de la surpopulation (notamment et surtout urbaines, sont des évidences qu'il est inutile de nier (en croyant que les lois de la Nature ne s'applique pas aux humains).

Les grandes villes sont des cloaques et ceux qui y vivent, sont complètement déconnectés d'avec la réalité.

 

*

 

Seconde et immense question : pour-quoi ("pourquoi" causal et "pour quoi" intentionnel) y a-t-il du changement ? Pour-quoi tout ce qui existe, évolue-t-il, bouge-t-il, change-t-il, se transforme-t-il ?

Pour-quoi le Réel est-il ainsi "vivant" et non pas inerte et immuable ?

 

Science et spiritualité se conjoignent dans cette interrogation car de trois choses l'une : ou bien il y a une bonne raison pour cette évolution générale et il s'agit de connaître et de comprendre laquelle ; ou bien il n'y a pas d'évolution universelle et nous, les humains, sommes les jouets d'une totale illusion … auquel cas, il y a au moins quelque chose qui change, c'est cette illusion même ; ou bien l'évolution est le pur fruit di hasard et n'a en fait aucune autre raison … auquel cas la question de l'essence et de l'origine du hasard se pose.

 

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Aristote commence par acter la réalité de l'évolution de tout dans le Tout et lui assigne quatre natures : les quatre changements sont de substance (la rencontre de l'hydrogène et de l'oxygène génère de l'eau), de qualité (le caillou rugueux jeté dans ruisseau devient galet lisse), de quantité (la vitesse du voilier change en fonction du vent) et de lieu (le voilier qui vogue, s'éloigne de la côte).

Ainsi, Aristote ayant acté la réalité de l'évolution des choses (donc de la dimension temporelle présente dans l'univers car, sans changement, point de temps), la question du "pour-quoi" de ces évolutions universelles se pose avec acuité. A cette question, Aristote répond par se célèbre "théorie des quatre causes".

Ces quatre causes sont finales, matérielles, formelles et efficientes. Explicitons par un exemple célèbre : celui de la construction d'un bâtiment. La cause finale du bâtiment est le projet que ses promoteurs ont en tête quant à son usage : c'est l'intention, le but, la finalité. La cause matérielle du même bâtiment est l'ensemble de toutes les ressources qu'il exige pour pouvoir être construit : un terrain, des pierres, des poutres, du ciment, des outils, des savoir-faire, etc …

Sa cause formelle est l'ensemble des plans, des organisations, des agencements, des méthodes, … bref de la conception logique du bâtiment. Et enfin, sa cause efficiente est le chantier lui-même, une équipe qui travaille et qui réalise le projet de bâtiment, avec les ressources dédiées et selon la conception retenue.

Il est à remarquer que la science moderne (de la Renaissance à la fin du vingtième siècle, a totalement ignoré la cause finale et a donc éliminer, du champ de la pensée, toute forme de téléologie intrinsèque et immanente qui animerait le Réel : le Réel était sans Âme, donc. Cette amputation cosmologique est en train de se réparer, aujourd'hui, où la science rejoint la spiritualité avec une notion d'intentionnalité globale qu'avait déjà Aristote.

Celui-ci distingue, de lus, deux types de causalité opposées : la première est purement interne à ce qui évolue et lui est propre : c'est l'accomplissement entéléchique ; la seconde est externe c'est-à-dire qu'elle revient à l'exploitation/usage de la chose au service de l'entéléchie d'un autre qui la lui impose. Autrement dit : je fais ceci parce que je le désire ou je fais ceci parce que l'on me l'impose contre mon gré. Dans les deux cas, il y a action, donc évolution, mais de natures différentes … et la frontière entre ces deux n'est pas aussi évidente que l'on pourrait le supposer (je crois faire quelque chose de mon plein gré, mais en fait, j'ai été habilement manipulé pour me faire croire que c'est bien moi qui le désire).

 

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Le point de départ de toute la réflexion éthique est l'idée d'intention ou d'entéléchie. Qu'est-ce qui guide les choix, plus ou moins conscients, en matière de tout ce qui se fait ? Et la réponse d'Aristote est : accomplir le Bien qui est l'autre manière de parler d'atteindre la Perfection ou, du moins, une perfection aussi proche que possible de la Perfection absolue du Divin, au sommet de la pyramide conceptuelle.

Rappelons cette définition donnée par le "Trésor de la Langue Française" (version numérique du dictionnaire de l'Académie) : "Entéléchie : Principe créateur de l'être, par lequel l'être trouve sa perfection en passant de la puissance à l'acte ; par métonymie, l'être lui-même en tant que réel et source d'action".

 

L'éthique (du grec Ethos qui signifie "comportement", l'éthique est l'étude de la valeur des comportements) se définit très clairement : est éthique ce qui va dans le sens du meilleur accomplissement possible de la Perfection, en soi et autour de soi. L'éthique vise donc l'accomplissement de l'entéléchie de soi et du monde avec toute l'importance que revêt ce "et" : l'éthique n'est ni de l'égocentrisme, ni de l'abnégation, elle n'est ni infatuation, ni dénigrement de soi, elle requiert, au contraire et à la fois, affirmation dialectique et complémentaire de son intégrité personnelle et de sa communion avec le monde alentour.

 

Mais pourquoi faudrait-il donc "être éthique" ? Pourquoi ne pas simplement se laisser aller aux impulsions internes et aux opportunités externes sans se poser de question ?

Aristote propose une réponse simple : le maître-mot de toute existence est "Eudémonisme" c'est-à-dire le bien-être et le bien-vivre qu'apporte la réalisation de l'accomplissement de soi et de l'autour de soi (cfr. Spinoza) ; dit autrement, c'est cultiver la Vertu qui donne du Sens à l'existence (le mot "sens" étant pris dans ses deux acceptions de "direction" et de "signification"), c'est encore construire le Bien ou du Bien, c'est aussi pratiquer l'Excellence c'est-à-dire l'efficience et l'optimalité de cet accomplissement du Bien.

L'éthique peut d'habiller d'un ensemble de normes, règles et de méthodes pour accomplir le Bien, mais celles-ci ne peuvent devenir des dogmes universels et immuables, mais seulement des aides, des repères, des guides. Cependant, même l'éthique, pour être valable et efficace, doit se plier au principe de rationalité et ne jamais sombrer dans le charme, dans la séduction, dans le faire-valoir, dans la quête de reconnaissance ou d'honneur ou d'admiration.

Enfin, l'éthique, c'est non pas enseigner (conceptualiser intellectuellement) le Bien, mais montrer comment faire (pratiquer factuellement) le Bien.

Et une dernière chose : la justice n'est pas le Bien ; elle n'est que la mesure la plus correcte possible du Bien réalisé, à l'aune d'une culture spécifique.

 

Pour terminer, il faut remarquer que Spinoza reprend à Aristote la différence hiérarchique entre le plaisir (individuel), le bonheur (social) et la joie (mystique).

Le plaisir se prend.

Le bonheur se reçoit.

La joie se construit.

La récompense du Bien accompli est la joie … car le plaisir et le bonheur n'en sont que des breloques ornementales.

 

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Aristote pose une équation métaphysique exceptionnelle et exceptionnellement discutable :

 

Dieu = Vie = Intelligence = Esprit = Pensée

 

Outre que je n'aime pas le mot "Dieu" (trop personnalisé et personnifié) et que je lui préfère le mot "le Divin", l'équation induit des niveaux.

On peut admettre que l'Esprit est Pensée car qu'est-ce que l'Esprit si ce n'est ce qui pense ? Soit.

Mais sous-entendre que toute pensée est fruit d'intelligence, on doit le contester au niveau humain : combien de bêtises et de stupidités ne subit-on pas venant d'esprits humains. On peut cependant tenter de l'admettre au niveau du Divin qui est celui de la Perfection, dont de l'Esprit parfait, secrétant une Pensée parfaite issue d'une Intelligence parfaite. Soit, encore.

Mais ramener la Vie à la seule triade Esprit/Pensée/Intelligence me paraît outrageusement réducteur ; c'est un peu comme si la maison qui se construit, pouvait s'identifier aux plans conçus par l'architecte.

Je préfère concevoir le Divin comme l'Unité absolue au sein de laquelle l'Esprit conçoit par sa Pensée et son Intelligence et au sein de laquelle la Vie construit ce qui a été conçu en pétrissant la Substance en vue de réaliser sa Perfection.

Le Divin, alors, se déploie, vers sa propre Perfection, selon cinq axes complémentaires : son Unité, son Projet, sa Substance, son Esprit et sa Vie.

Alors, tout ce qui existe dans le Divin est habité par une manifestation particulière de l'ensemble de ces cinq pôles, mais, bien sûr, à un niveau de perfection nettement moindre.

 

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Ce n'est pas le "bonheur" qui est perfection et finalité, mais bien la "joie" qui, selon Spinoza, est la preuve d'un cheminement sur le bon chemin d'accomplissement vers la Perfection, celle-ci étant l'intention (l'entéléchie) de tout ce qui existe. Le bonheur n'exprime qu'un bien-être et qu'une bien-vivre au plan de l'humanité : on reçoit le bonheur des autres, de leur attention, de leur présence, de leur affection. La joie est tout autre chose !

 

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Comme les physiciens classiques jusqu'à Einstein, Aristote dissocie totalement l'espace de ce qu'il contient : l'espace est un contenant qui existerait par lui-même indépendamment de ce qui s'y passe. Aujourd'hui, l'espace (comme le temps) est plutôt vu comme un référentiel de mesure, purement humain, qui n'existe pas en lui-même. Il n'est pas un contenant ; il est comme un quadrillage que l'on dessinerait à la surface des choses pour en mesurer les grandeurs, les volumes, les distances, les vitesses ou les accélérations, etc … Autrement dit, c'est la Substance cosmique qui se crée de l'espace (l'univers est en expansion) pour s'y déployer et s'y accomplir, et non l'inverse.

 

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Le 24/10/2024

 

De Jules Renard :

 

"Il y a le peureux qui regarde sous son lit,

et le peureux qui n'ose même pas regarder sous son lit."

 

Ainsi en va-t-il de l'UE face à Poutine, d'un côté, et face à l'islamisme, de l'autre.

 

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Normalement, si les modèles restent valables, comme à chaque bifurcation, s'installe une période chaotique qui entérine l'effondrement de la civilisation messianiste (de 400 à 2050) et de sa dernière phase : le paradigme de la Modernité (de 1500 à 2050), ... et où fermente le nouveau paradigme de la Noéticité (2050 à 2600), première phase de la nouvelle civilisation que j'appelle eudémoniste (de 2050 à 3700) [tous ces chiffres sont évidemment purement théoriques, issus de l'application brute et simpliste du modèle général]. Cette période chaotique dure, normalement un gros demi siècle. Elle aurait commencé quelque part après 1975 (fin des trente glorieuse) ou 1980 (révolution conservatrice) et devrait se clore vers 2030.

 

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La notion de "valeur" va redevenir cruciale puisque nous passons du règne de la quantité (le volume et le prix) au règne de la qualité (l'utilité et la valeur).

Philosophiquement et spirituellement, l'idée de "valeur" (ce qui fait valeur) renvoie à celle d'accomplissement de soi et de l'autour de soi ; a valeur ce qui est efficacement utile à cet accomplissement vers la plénitude.  Et cet accomplissement se traduit en joie qui est la sève et le principe de tout eudémonisme.

 

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Le principe général qui guiderait, dit-on, le mouvement des Lumières est celui d'une révolte contre le principe d'obéissance. Ce n’est qu’en partie vrai. Il y a effectivement eu un sentiment - qui s’est généralisé - contre l’absolutisme, c'est-à-dire cette prise de conscience que le pouvoir absolu  et certains dogmes chrétiens étaient devenus obsolètes et n'étaient plus ni acceptables, ni durables face aux avancées de la science et, plus généralement, face aux individualismes montants. Plus particulièrement, ce qui couve, c’est surtout une révolte contre le christianisme en général et contre le catholicisme en particulier, qui cadenassent volontiers la perspective séculière.

 

Les Lumières ont été à l'origine d'à peu près toutes les idéologies qui ont suivi le 18ème siècle. Au 19ème siècle, effectivement l'idée démocratique est un héritage des Lumières françaises (de Rousseau, principalement), mais aussi, son symétrique qui est le principe d'une autorité idéologique pour autant qu'il s'appuie sur une rationalité forte. Car c'est bien ce rationalisme naissant qui fonde les Lumières et qui est cette croyance discutable qu'une démonstration ou une théorie partagées par tous seraient forcément vraies. Il y a une équation qui s'établit : la réalité perçue fonde la rationalité vécue. Mais ce qui est perçu et vécu est très relatif et varie d'un esprit à l'autre : on remplace donc l'absolutisme d'avant par un relativisme subjectif et fragile. Ce qui est perçu comme la réalité est essentiel pour eux. Si c'est rationnel, c'est acceptable. Si cela ne l'est pas, comme l'étaient à leurs yeux les religions dogmatiques ou les monarchies absolues, il faut alors "renverser la table" : c'est la naissance du mythe révolutionnaire.

 

Parmi les mensonges les plus répandus, on a coutume de dire que les Lumières ont placé la femme à l'égal de l'homme. En fait, c'est tout à fait l'inverse qui s'est passé … Mais les Lumières ne font là que traduire une évolution plus profonde propre au XVIIIème siècle : ce siècle est en train d'engendrer la culture bourgeoise et, avec elle, la fin de la sacralisation de la femme, propre à l'époque médiévale… La femme médiévale était l'image de la mère de Dieu, de la féminité fécondante, l’image d’une sainte dispensatrice de toutes les vertus (avec son symétrique : la "sorcière" suppôt de Satan) … Au XVIIIème s., il y a bien eu une régression significative de la place de la femme dans les sociétés : elle fut reléguée au rang d'un signe de richesse, d'une propriété détenue, d'un signe de puissance pour une classe nouvelle affirmant son affranchissement d'avec la société féodale.

 

Le monde féodal était autocentré et ignorait superbement les autres parties du monde (hors la Terre sainte et le saint Sépulcre). L’Orient, cependant, depuis l'Antiquité, jouissait d'une aura de sagesse et de richesse (la plupart des grands philosophes grecs, racontait-on, aurait été formée en Mésopotamie, en Perse, en Egypte, voire en Inde … et la Chine fabuleuse restait un mystère fascinant et respecté). L'effondrement inéluctable des monarchies européennes, l'émergence d'un sentiment supérieur de rationalité et le développement d'une économie bourgeoise avide de ressources, éteignirent peu à peu ce sentiment d’appartenance à un lieu restreint et déterminé (le fief) donc à une terre, à une communauté, à une tradition locales. Un concept apparaît : celui de l’Europe qui s'identifie à la tradition chrétienne, à l'image de l'Empire romain, à un continent voué à la théologie, à la science et à la philosophie. Avec un "sentiment marqué de supériorité", par rapport aux autres continents et aux autres cultures : c'est l'origine de ce vaste mouvement, typique du XIXème siècle que fut la colonisation puis le "colonialisme".

 

L'universalisme, cet héritage des Lumières, toutes les gauches européennes s'acharnent encore à le défendre avec virulence sans jamais le mettre en question. L’universalisme, c’est la raison d’être de la gauche. Une notion que je réprouve complètement, non pas pour des raisons politiques, mais parce que je suis d’abord scientifique. Et qu'un mathématicien ou un physicien théoricien savent que deux choses ne sont jamais égales. Il y a toujours des différences. Et c'est précisément la promotion de ces différences et de leur complémentarité qui fait la richesse de l'humanité. Donc, ramener toute la vie de l'humanité à ces principes d'universalité, d'uniformisation, à ces principes d'égalité, amène, dans mon langage de physicien, à imposer une croissance d'entropie (qui est la mesure de l'uniformité et de la dilution). Cela signifie un arrêt de la vie avec un grand V. Tout au contraire, la néguentropie qui est l'inverse de l'entropie, crée de la diversité, de la complexité, de l'hétéronomie, de la dynamique du fait des tensions positives qu'elle induit …

Les Lumières, par haine de l'obéissance de principe (que je partage avec eux) ont enclenché une dérive à gauche durant tout le XIXème siècle (parallèle avec la montée de l'industrialisme de la prolétarisation) qui a voulu remplacer notre conscience du monde et de la vie, par une conscience de classe dominée par l'idéologie et le politique.

Cela dit, nuançons : il y a eu plusieurs "mouvements des Lumières" très différents voire opposés les uns aux autres : ce mouvement connu trois pôles très distincts géographiquement et chronologiquement. L'Allemagne, d'abord, inventa l'Aufklärung qui fut un « philosophisme rationaliste», avec Kant au sommet, ayant engendré le romantisme … une désacralisation du christianisme devenu pur vitalisme. Ensuite vinrent l'Angleterre et l'Ecosse (et, à leur suite, les États-Unis), où naquit l'Enlightenment dominé par un souci d'empirisme et de réalisme contre tous les idéalismes et tous les idéologismes : les faits mesurables et rien qu'eux. En queue de peloton, la France arriva avec ses "Lumières" (Montesquieu et Madame du Châtelet furent formés à l'école anglaise), avec ses pitres mondains comme Voltaire, ses hurluberlus déjantés comme Rousseau, ces aigris anticléricaux comme d'Holbach ou Helvétius, et avec d'authentiques esprits puissants comme Montesquieu, Diderot ou d'Alembert ; globalement – parce que c'est la nature française -, les Lumières furent des producteurs d'idéologisme, ramenant la réalité humaine à de pauvres canevas mécanicistes et positivistes.

 

Selon moi, le parangon des Lumières c’est Kant, avec cette hyper-rationalisation qui vante une construction purement mécaniste du monde, de la société et de la pensée humaine.

La montée de l'esprit bourgeois qui fut la sève réelle du "philosophisme" c'est-à-dire de l'Aufklärung allemande (au singulier), de l'Enlightenment anglosaxon (toujours au singulier) et des Lumières françaises (bien sûr, au pluriel), a aussi fait décupler l'appétence pour l'argent, pour le gain de richesse matérielle et la production de fortune. L'entrepreneuriat prend racine à cette époque, d'abord et surtout, dans le monde anglo-saxon à qui l'on doit la majorité des innovations technologiques et industrielles de cette époque. Le Moyen-âge chrétien portait déjà en germe ce goût de l'argent, mais – du moins théoriquement – en vue de sa redistribution vers les plus nécessiteux ; mais ce sont les Lumières qui l'ont hypertrophié et dirigé vers le libéralisme entrepreneurial que je salue, puis vers le capitalisme bancaire dont je me méfie, puis, enfin, depuis un siècle, vers ce financiarisme spéculatif purement haïssable. Mais nous vivons la fin de cette financiarisation du monde …

Le paradigme moderne (de 1500 à 2050) dont les Lumières furent le parangon, montre ses limites dans toutes ses dimensions économiques, écologiques, sociales, culturelles, civilisationnelles, éthiques, politiques et idéologiques. Et même aussi dans sa dimension scientifique et, plus particulièrement, en cosmologie car, en effet, depuis Einstein et l’équipe de Copenhague, les physiques relativistes et quantiques ont été un premier rebond qui a permis de dépasser définitivement le mécanicisme réductionniste et déterministe d'un Newton, d'un Laplace ou d'un Lavoisier qui furent les plus purs enfants des Lumières … Aujourd'hui, la cosmologie est en train de se réécrire progressivement, et peut-être de remettre la spiritualité (et non les religions) et le Divin (et non Dieu qui est une notion par trop personnifiée) au centre de sa cosmosophie.

 

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Le 25/10/2024

 

DE Pierre-Antoine Delhommais :

 

" La France, Prix Nobel de la fiscalité

Le projet de budget 2025 témoigne une nouvelle fois de notre génie créatif en matière d’impôts.

 

Dommage qu'il n'existe pas de prix Nobel de la fiscalité, la France compterait bon nombre de lauréats. Depuis les taxes instaurées au XIXe siècle sur les billards, les pianos ou les chiens, jusqu'à celles plus récentes créées sur la valeur ajoutée, les billets d'avion, les cabanes de jardin, les gobelets en plastique, les sodas, les plateformes de streaming, l'inventivité fiscale de nos élites dirigeantes en matière d'impôt a toujours suscité l'admiration. Dont celle de Bismarck : « Quand je songe que l'impôt des boissons en France rapporte 450 millions de francs, que le tabac rapporte presque autant, j'en éprouve une certaine humiliation, et je me dis : est-ce que nous serions moins intelligents que les Français ? »

Avec un programme d'économies reposant, selon le Haut Conseil des finances publiques, à 70 % sur des hausses de prélèvements obligatoires et seulement à 30 % sur des réductions de dépenses, le projet de budget pour 2025 témoigne de la passion sans limite de nos gouvernants pour l'impôt, qui se traduit aujourd'hui par un niveau de pression fiscale record dans le monde (48 % du PIB).

 

Trop d'impôt tue l'impôt

 

C'est en décembre 1974, lors d'un dîner – dans un restaurant français ! – de Washington avec plusieurs hauts responsables de la Maison-Blanche et un éditorialiste du Wall Street Journal que le jeune économiste Arthur Laffer avait griffonné sur une nappe en papier une courbe en forme de cloche représentant le niveau de recettes fiscales en fonction du taux d'imposition.

 

Quand ce dernier est nul, les recettes sont par définition nulles, mais elles le sont aussi quand le taux atteint 100 %, puisque les gens n'ont plus alors aucun intérêt à travailler. Entre ces deux cas extrêmes, la courbe des rentrées fiscales monte d'abord puis redescend à partir d'un certain niveau de prélèvements. D'où la formule « trop d'impôt tue l'impôt », qui inspira, durant les années 1980, toute la politique économique de Ronald Reagan, avec l'abaissement du taux marginal d'imposition sur le revenu de 70 % à 28 %.

 

La courbe de Laffer vaut aussi pour les entreprises, qui, trop taxées, perdent en compétitivité, dégagent moins de profits et génèrent finalement moins de recettes pour le Trésor public. Sans compter que les excès d'impôts se traduisent de façon peu citoyenne mais empirique et universelle par l'essor du travail au noir et la hausse de l'émigration fiscale.

 

La dette d'aujourd'hui est l'impôt de demain

 

Comme cela s'était produit lors du quinquennat de François Hollande, au cours duquel, selon un rapport parlementaire, plus de 18 000 contribuables fortunés, déclarant un revenu supérieur à 100 000 euros, quittèrent la France, tandis que le nombre de départs des redevables de l'ISF bondit, quant à lui, de 530 en 2011 à 1 150 en 2014.

 

L'économiste écossais Adam Smith avait déjà au XVIIIe siècle lancé cet avertissement : « Il ne fait pas de doute qu'un impôt exorbitant, équivalant par exemple en temps de paix comme en temps de guerre à la moitié ou même au cinquième de la richesse de la nation, justifierait, comme tout abus caractérisé de pouvoir, la résistance du peuple. »

L'impact récessif du choc fiscal s'annonce l'année prochaine d'autant plus fort qu'avec un budget bâti dans l'urgence et dépourvu de toute mesure structurelle, le problème du désendettement futur de la France va rester entier. D'où le risque dans ce contexte anxiogène de voir les Français épargner par précaution plutôt que consommer sans modération, avec pour conséquence de plomber la croissance et d'empêcher la réduction du déficit.

 

Cet arbitrage a été analysé sous toutes les coutures par Robert Barro, professeur à Harvard, pour qui les agents économiques sont rationnels et savent que la dette d'aujourd'hui est l'impôt de demain. À toute chose malheur est bon. Grâce à la crise de nos finances publiques, les Français sont en train de découvrir les travaux des grands théoriciens de l'impôt et de combler leurs lacunes en culture économique."

 

Derrière le procès de la dette publique, c'est tout le procès de l'étatisme qui doit encore se faire.

A quoi sert vraiment l'Etat ? L'étatisme est la négation et même la haine de l'autonomisme. L'infantilisation du citoyen. L'institutionnalisation de sa dépendance forcée au nom de la soi-disant solidarité nationale et du soutien indispensable aux indigents (moyennant ce gouffre financier que sont les administrations publiques et les pléiades de fonctionnaires qui y font carrière sans la moindre efficience).

L'humanisme (c'est-à-dire le gauchisme) a bon dos car il refuse de faire la différence entre les véritables miséreux qui doivent être momentanément aidés, et les cohortes de fainéants experts en parasitismes et en assistanats de tous poils. Et tout cela, au service d'un électoralisme politicien à court terme et à haut prix.

 

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(En commentaire sur un article du "Point" intitulé : "L'IA est-elle en train de tuer Dieu" de Joseph Le Corre) …

 

Que de confusion dans les propos !!!

Croire en Dieu, pratiquer une religion et développer une spiritualité sont trois cheminements presque totalement étrangers les uns aux autres.

Les religions - surtout les plus dogmatiques - sont moribondes depuis le 19ème siècle. Dieu, en tant que "personnification d'un autre monde", est mort comme l'a bien exprimé et explicité Nietzsche.

En revanche, la spiritualité (personnelle, intérieure, tant en dedans qu'en dehors d'une tradition quelconque comme le yoga ou le zazen) ne s'est jamais aussi bien portée. Et heureusement puisqu'elle est la quête interminable du sens de la vie et de la joie de vivre dans la communion avec le grand Tout qui est Un, qui est le Divin et qui se manifeste en nous et autour de nous dans chaque détail du monde.

Alors, de grâce, ne mélangeons pas tout et ne mêlons pas ce gadget nommé IA à tout et à n'importe quoi. L'IA (l'Intelligence humaine Amplifiée ou l'Invasion Algorithmique, comme on voudra) n'est qu'une technologie, neutre par essence. Comme le marteau, le moulin à vent, le moteur à explosion ou la synthèse de l'acide sulfurique.

 

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De Daniel-Salvatore Schiffer à Bernard Kouchner :

 

"Mais non, Bernard, ne me dis pas que, toi aussi, comme tu l'as (honteusement) déclaré ce dimanche 20 octobre sur les ondes de Radio J, tu puisses à présent justifier, plus encore que simplement l'expliquer ou même le comprendre, l'antisémitisme sévissant aujourd'hui, à travers le monde, à l'encontre des Juifs en raison de l'actuelle politique menée par Israël dans la bande de Gaza, restée trop longtemps sous la tyrannique férule de ces tortionnaires d'un autre âge, fanatiques sans foi ni loi, que sont les sanguinaires terroristes du Hamas !"

 

Les crapules du Hamas, à la solde de l'Iran, l'ont bien compris depuis le jour "un". Ils feraient tout ce qu'ils voudraient à deux conditions : primo, fournir tous les jours aux médias du "sensationnel larmoyant" avec des enfants maquillés de sang, des linceuls vides, des hurlements de femmes hystériques, … ; et secundo, en attisant la haine antisémitique qui ne faisait que somnoler un peu partout dans le monde occidental. Grâce à ces subterfuges, ils peuvent massacrer autant d'opposant musulmans non islamistes qu'ils veulent, et détourner, autant qu'il le veuille vers leurs poches, l'argent des bien-pensants "humanitaires" avec la bénédiction des traîtres anti-occidentaux de l'ONU et de ses pseudopodes.

 

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Toute privatisation est toujours un bienfait inestimable.

L’État est nécessaire pour arbitrer, par pour gérer ou entreprendre.

Un fonctionnaire et/ou un politicien est, par essence, un handicapé de l'entrepreneuriat économique ; surtout qu'ils ne s'en occupent pas.

 

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Le stoïcisme, de philosophique qu'il était à Athènes (dont il disparut au 3ème s. avant l'ère vulgaire) devint éthique en renaissant à Rome vers 150 avant l'ère vulgaire. Il fut le socle de toute la "pensée" latine durant tout le paradigme de la Romanité (de -150 à +400). Il fut ensuite remplacé par le christianisme paulinien qui hérita de son moralisme.

 

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Il y eut, tout à leur début, trois christianismes parallèles :

 

  • le judéo-christianisme de Jacques, frère de sang de Jésus, à Jérusalem (et qui disparut lors de la destruction de la Judée par les Romains en 70 et de la diaspora forcée des Juifs) ;
  • l'helléno-christianisme d'Alexandrie (à qui l'on doit les Evangiles dits apocryphes) qui fut absorbé progressivement pendant le 2ème siècle de l'ère vulgaire ;
  • le latino-christianisme de Paul (qui ne connut pas Jésus et s'opposa très vite à Jacques) avec Rome pour centre de gravité avant de devenir religion d'empire, suite au concile de Nicée de 325 instigué par l'empereur Constantin, et promulgué tel par l'empereur Théodose, petit-fils de Constantin.

 

Ce paulinisme incarna seul le tout du christianisme unitaire jusqu'à la fin du paradigme de la Christianité (de 400 à 950), donc jusqu'à la fin de l'empire carolorégien et du grand schisme qui sépara catholicité et orthodoxie.

 

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Le 26/10/2024

 

Pour un Français, faire l'apologie de Napoléon, c'est, pour un Allemand, faire celle de Hitler.

Quant à la "révolution française", outre les phrases creuses, les émeutes parisiennes contre la faim, et les débiles slogans rousseauistes, elle se résume à la Terreur, à la guillotine et à Robespierre … à mi-chemin entre Kafka et Amin Dada en passant par les Talibans, les Mollahs, le Hezbollah et le Hamas.

 

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La scolastique enseignée à l'Université pendant toute la période médiévale se fondait sur la fusion entre l'aristotélisme et le christianisme. Une fusion sans raison. Une fusion contre nature. Une fusion absurde : le monisme péripatéticien et le dualisme chrétien sont inconciliables car, ou bien le Divin est le centre du Tout-Un dont il est l'Esprit et l'Âme, le Fondement et l'Unité, ou bien Dieu est étranger et extérieur, créateur et maître face au monde de la Matière et de la Nature. Aucun compromis n'est possible entre ces deux positions.

D'aucuns (on l'a vu avec Giordano Bruno ou Galileo Galilei) ont tenté d'esquisser un genre de compromis entre monisme et dualisme, et s'y sont cassé les dents ou en ont perdu la vie : le platonisme et le présocratisme sont incompatibles, résolument. Le Réel ne peut, en même temps, être Un et Deux.

Descartes trouvera une solution, bancale et boiteuse, mais logiquement défendable : ce n'est ni le Réel, ni le Divin qu'il casse en deux, mais l'humain en tant que conjonction d'un corps naturel et matériel, et d'une âme divine et spirituelle.

 

N'oublions jamais que Descartes est le contemporain de Galilée et qu'il suit de près les mésaventures inquisitoriales de celui-ci. Il se méfie de l'Eglise et construit son système aussi près que possible du dogme catholique en ce qui concerne la théologie. Il en va autrement pour sa physique et sa philosophie.

 

Epoque époustouflante que celle de Descartes (1596-1650) avec Hobbes (1588-1679), Pascal (1623-1662), Spinoza (1632-1677), Galilée (1564-1642), Locke (1632-1704), Leibniz (1646-1716), Kepler (1571-1630), Huygens (1629-1695), Newton (1642-1727) … et tout ça juste avant l'explosion du "philosophisme" du 18ème siècle ("Ausklärung" en Allemagne, "Enlightenment" en Grande-Bretagne et "Lumières" en France).

Ce 17ème siècle européen est celui de la belle croissance du paradigme de la Modernité ; il suit les renaissances de l'humanisme au 16ème siècle et précède la maturité prétentieuse du 18ème (et en attendant le déclin du 19ème avec le positivisme, le scientisme, l'industrialisme et les idéologismes, et l'effondrement du 20ème avec le nihilisme, le bellicisme et le financiarisme).

Le magnifique 17ème siècle est le grand siècle du rationalisme, entre humanisme et philosophisme. Le siècle où, comme une rose jusqu'alors en bouton, la rationalité s'ouvre et s'épanouit selon les deux grands axes profonds de la pensée humaine : la Science et la Spiritualité, et elle s'ouvre en combat, plus ou moins larvé ou plus ou moins ouvert selon les lieux et les moments, respectivement contre le crétinisme superstitieux et contre le dogmatisme religieux.

Le mot central de ce siècle faramineux, constellé des plus grands noms de la philosophie et de la cosmologie européenne, fut "Rationalisme". Mais il faut prendre garde à ce mot et surtout ne jamais le confondre avec le petit rationalisme étroit, étriqué, athéisant, gauchisant, antireligieux et anticlérical de la fin du 19ème siècle.

Le Rationalisme (avec majuscule) que pratique le 17ème siècle, est celui d'un culte ouvert à la rationalité du Réel. Qu'est-ce que cela signifie ?

Que le Réel (en ce compris le Divin, l'Univers et le Cosmos) est pourvu d'une Logicité profonde qui en exprime l'Esprit, comme la Matière en exprime la Chair, comme la Vie en exprime le Cœur et, surtout, comme l'Evolution en exprime l'Âme (du latin anima : "ce qui anime").

La Rationalité du Réel, son Esprit, sa Logicité, fonde l'Univers (le Tout-Un-Divin) comme Cosmos au sens antique (Kosmos signifie "ordre, harmonie, beauté" en grec).

Tout ce qui existe, a une bonne raison d'exister.

Tout ce qui évolue, a une bonne raison d'évoluer.

Tout ce qui arrive, a une bonne raison d'arriver.

C'est cela la rationalité cosmique et le Rationalisme du 17ème siècle : chercher et trouver "la bonne raison" qui fait que le Réel soit et devienne ce qu'il est et devient. Et que ceux qui veulent appeler cela "Dieu", grand bien leur fasse ; c'est si peu important !

Ce qui importe, c'est que derrière l'apparent chaos de l'univers, existe une rationalité à l'œuvre (qui n'empêche nullement ni hasard, ni erreur). C'est la quête de cette rationalité qu'il faut appeler le Rationalisme du 17ème siècle en butte aux dogmatismes religieux et aux absolutismes politiques.

 

Lorsqu'avec Newton, la science promulgue la loi de la gravitation universelle : c'est de la rationalité.

Lorsqu'avec Spinoza, la spiritualité associe la Joie au Conatus, c'est-à-dire à l'accomplissement de soi et de l'autour de soi : c'est de la rationalité.

Lorsqu'avec Pascal, la religiosité passe par la vérité éternelle : c'est de la rationalité.

Lorsqu'avec Descartes, la philosophie édicte les quatre règles pour bien conduire sa pensée : c'est de la rationalité.

 

Le rationalisme de la fin du 19ème siècle est un appauvrissement et un dessèchement du Rationalisme du 17ème siècle car, plutôt que de faire de la raison raisonnante un outil d'excellence pour progresser et approfondir, il fait de la raison le seul chemin acceptable et respectable de la "vérité", tous les autres chemins étant bannis pour cause de subjectivité, d'émotivité, d'affectivité, de sensualité, d'intuition, de ressenti, etc …. Il faudrait parler de la Grande Raison et de la petite raison (c'est malheureusement cette dernière que tout le 20ème siècle et même notre époque, encore, ont retenue).

 

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Le discours de la méthode : les quatre règles pour bien conduire sa raison …

 

Le "Discours" est un opuscule de Descartes paru en 1637.

Quatre mots en synthèse : dubitativité, analycité, logicité et exhaustivité.

 

Dubitativité …

Descartes hérite du scepticisme, notamment du grand Michel Eyquem de Montaigne … Il en fera un des piliers de sa "méthode" sous le nom de "doute méthodique" : douter de tout, non pour tout rejeter, mais pour n'accepter que ce qui est rationnel et rationnellement acceptable, observable, expérimentable.

 

Analycité …

C'est un des points faibles de la méthode puisqu'elle ne s'applique alors qu'aux systèmes démontables (analysables) en faisant l'hypothèse fausse que tout ce qui existe, est un assemblage de "briques" élémentaires, reliées entre elles par des forces élémentaires, soumises à des lois élémentaires (c'est d'ailleurs le principe fondamental de toute la physique classique dite mécaniciste pour cette raison). On sait, aujourd'hui, que tous les systèmes et processus complexes ne sont pas la somme de leurs "parties" puisqu'ils forment des unités unitives et unitaires que l'analyse assassine et qu'il faut nécessairement aborder de manière organique et holistique. Découper un corps en morceaux (ce que fit beaucoup Descartes) ne montre que des constituants morts, mais rend le fonctionnement vital complètement opaque : un corps vivant est beaucoup plus que la simple juxtaposition sommatoire de ses organes.

 

Logicité …

Partir des objets les plus élémentaires (qui ne sont pas forcément les plus simples comme le montre facilement la physique quantique) et monter ensuite dans l'échelle des grandeurs jusqu'aux objets les plus composés (qui sont sans doute plus compliqués que leurs constituants élémentaires, mais guère plus ou moins complexes pour autant).

En fait, on retrouve chez Descartes deux confusions classiques et toujours très actives aujourd'hui entre le simple et l'élémentaire, d'une part, et le complexe et le compliqué, d'autre part. La méthode cartésienne (ou, plus généralement, les méthodes analytiques) s'appliquent bien à ce qui est élémentaire et compliqué, mais ne s'applique pas du tout à ce qui est simple et complexe.

 

Exhaustivité …

L'idée est parfaite : il faut tout regarder, tout démonter, tout inventorier, tout observer, tout mesurer, etc … mais, malheureusement, dans la réalité pratique, ce "tout" est tellement immense qu'il est impossible d'être exhaustif, quel que soit le sujet ou la méthode. Toute approche humaine du Réel est forcément, par manque de temps et d'énergie, partielle et partiale. Il faut donc tâcher d'être le moins partiel et le moins partial possible … mais l'humain reste et restera "humain, trop humain".

 

On le comprend bien : la méthode cartésienne ne peut s'appliquer qu'aux systèmes mécaniques ou quasi-mécaniques. Elle donne alors d'assez bons résultats qui ont permis les immenses progrès technologiques (au travers des machines inventées et montées par des humains), depuis la Renaissance jusques à nous. Mais des "objets" aussi "simples" que des atomes élémentaires, sont déjà beaucoup trop complexes pour se plier au modèle "planétaire" qu'en fit Rutherford vers 1911.

 

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Le "Discours de la Méthode" s'oppose carrément à la méthode scholastique héritée de l'ère médiévale.

Descartes écrit :

 

"Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature."

 

Le dernier membre de phrase que j'ai souligné, a fait coulé beaucoup d'encre en nos temps d'idéologie écologiste. L'humain peut-il ou doit-il se rendre "maître et possesseur de la Nature" ? N'est-il, ne doit-il pas plutôt être à son service, au service de son accomplissement en plénitude puisque l'on sait, à présent, que l'accomplissement d'une partie est impossible sans l'accomplissement du Tout que la porte, la nourrit et l'englobe.

C'est là que s'exprime, à plein, le dualisme cartésien : l'humain est un "corps" et une "âme" disjoints, de natures différentes, appartenant à des mondes différents : la Nature n'est pas le "monde" essentiel de l'humain qui, par son âme divine, appartient au monde divin, extérieur à la Nature qui lui est inféodée. Nous reviendrons plus loin sur ce point crucial …

 

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Le 28/10/2024

 

De Claude Alphandéry :

 

"C’est l’ancien résistant que je suis qui vous parle. Que ce soit en Ukraine en Palestine et en Israël aujourd’hui, que ce soit demain lors des élections américaines et européennes, et après-demain lors des élections françaises, partout, l’arrivée au pouvoir de régimes autoritaires et populistes sont une menace vitale pour l’Etat de droit, pour les libertés publiques, pour la paix, et nous entraînent vers une nouvelle nuit tragique contre laquelle j’ai tant lutté. Mon tout dernier appel, avec les forces qui me restent, c’est de vous inciter à tout mettre en œuvre pour que ce qui a motivé ma vie, le combat contre le fascisme, contre la barbarie et pour les droits humains, soit à nouveau mobilisé dans une grande alliance humaniste des forces de vie.

Agissez comme si vous ne pouviez pas échouer."

 

On ne peut d'adhérer à cette détestation de la barbarie et de l'autoritarisme, à cette promulgation des droits et mérites personnels des humains … Le mot et l'idée du "fascisme" sont évidemment détestables … et leur principe doit être combattu, coûte que coûte … mais à condition que soit clairement reconnu que le fascisme italien comme le nazisme allemand étaient deux mouvements socialistes qui voulaient, comme toutes ces mouvances détestables, de gauche comme de droite(et c'est à cela qu'on les reconnaît), placer la collectivité avant et au-dessus de la personne.

Ainsi de l'islamisme, aussi du néo-tsarisme, aussi du néo-maoïsme ainsi de LFI, du NFP, de RN, du trumpisme, et de tant d'autres, aujourd'hui …

 

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L'ancien militaire, l'ancien commando, l'ancien de Kippour que je suis, sait une chose : la violence est toujours une mauvaise solution.

 

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Descartes décrit comme suit les principes de la philosophie :

 

"Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale, j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n’est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu’on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu’on ne peut apprendre que les dernières."

 

Les six méditations métaphysiques ….

 

Première. Le doute méthodique …

Notre seul contact avec le Réel passe par les sens. Donc ce qui n'est ni validé, ni validable par l'expérience physique, n'est que conjecture.

Il est donc crucial, sous peine de sombrer dans la croyance, c'est-à-dire dans l'affabulation, que toute connaissance prenne racine dans l'expérience. N'est véritable que ce qui est validé, directement ou indirectement par l'expérience sensible (donc par les cinq sens classique … mais qu'en est-il de l'intuition, ce fameux sixième sens holistique qui inspire tout sans rien prouver ?).

 

Deuxième. L'esprit humain …

L'esprit a le droit et le devoir de supposer que toutes les choses qu'il croit, n'existe en fait  que dans son imagination. Il n'est qu'une seule chose  dont il ne peut douter, c'est de sa propre existence. L'Esprit, sinon son propre esprit, existe puisqu'il pense à sa propre existence ou non-existence, puisqu'il doute, puisqu'il s'étonne et s'interroge. Et l'esprit, dit Descartes mais me semble discutable, reconnait assez vite ce qui vient de lui et ce qui lui est extérieur.

Ce "dedans" indiscutable et évident qui meut l'esprit et lui donne vie, Descartes le nomme "âme". Autant le monde matériel extérieur est divisible quasiment à l'infini, autant l'âme et l'esprit qui l'exprime, ne se sont pas : l'âme est une. De la radicalité de la différence entre l'âme et le monde, de la corruptibilité et de la mortalité de la moindre parcelle du monde matériel et naturel, Descartes conclut, par symétrie, que l'âme, à l'opposé du monde, est incorruptible et immortelle. Tout ce qui existe dans le monde matériel est composé ; or, ce qui est composé, finit par se décomposer. A l'opposé du mode naturel, l'âme est "une", non composée, donc non décomposable, donc immortelle.

 

Troisième. L'existence de Dieu …

Les idées de l'esprit contiennent tant de racines véridiques qui échappent aux sens et aux expériences naturelles, qu'elles doivent avoir leur source hors du monde matériel et naturel, au cœur duquel vit la Perfection qui irradie et illumine les esprits de ses rayons de la vérité ?

Cette source centrale de la Perfection est Dieu dont, en chaque humain, l'âme – donc l'esprit – est une sorte de pseudopode très fin, lointain, à peine perceptible.

Le monde corporel et naturel est une "machine" dont l'idée, la conception, le plan, … se sont élaborés dans un Esprit de haute perfection dont la machine n'est que la réalisation concrète. Cet Esprit de haute perfection, c'est Dieu – qui vit en dehors de ladite "machine" – et qui se manifeste, près de la "machine", voire aux commandes de cette machine, par l'âme et l'esprit humain, légats de Dieu dans ce monde-ci.

 

Quatrième. La vérité

Descartes distingue clairement les vérités de foi d'avec les vérités spéculatives. Les vérités de foi sont reçues alors que les vérités spéculatives sont construites, à partir des vérités de foi et de l'expérience vécue dans la monde matériel et naturel.

Notre cher René en vient à se détacher totalement des vérités spéculatives qui concernent le monde matériel pour ne plus consacrer son esprit qu'aux vérités de foi, innées, héritées directement de Dieu sans plus passer par le canal des sensitivités corporelles. On commence, là, à retrouver l'indéfectible séparation radicale et étanche entre le monde spirituel de Dieu et des âmes, et le monde matériel de la Nature et des corps. Le dualisme cartésien émerge …

Descartes opère déjà son "reniement" de la Matière et son désintérêt pour la Nature qui l'amusa, certes naguère, mais qui perd, aujourd'hui, de sa pertinence et de son attrait.

 

Cinquième. Les idées

Les idées sont en fait, ici, les vérités spéculatives concernant la Nature. Mais une Nature qui est, an quelque sorte, la projection de l'Esprit de Dieu sur l'écran de l'âme humaine, par l'entremise du corps humain.

L'existence de la Nature et de ses lois et principes de fonctionnement procurent à Descartes des chemins solides pour prouver l'existence de Dieu. Pourquoi la Nature existerait-elle si elle n'était voulue et pensée par un Esprit qui doit lui être extérieur ? Descartes après avoir convenu que l'existence du monde naturel pourrait être un pur fruit de l'imagination humaine, ne retient pas cette hypothèse. La Nature existe vraiment. Mais que peut-on en dire de vrai ? L'évidence impose la réalité des distances, des nombres, des quantités, des volumes, des grandeurs, des déplacements et de vitesses (bref de la cinématique des corps et la mathématique qu'elle sous-tend et qui est au cœur des intérêt intellectuels de Descartes) ; il n'aborde en rien cette autre évidence que les corps naturels ont des influences les unes sues l'autres et que leur cinématiques est induites par une dynamique, par des forces d'attraction et de répulsion. Cette idée semble étrangère à Descartes … mais elle sera centrale chez Newton qui en sera, en quelque sorte, le père spirituel avec la gravitation universelle.

 

Sixième. L'âme et le corps

Cette sixième méditation touche au cœur de la spiritualité cartésienne que nous allons aborder pour terminer ce chapitre …

 

Sa spiritualité …

 

Descartes ne fonde pas, mais radicalise avec force et vigueur un dualisme ontologique pour lui indiscutable. Il y a l'âme qui relève exclusivement du monde divin de l'Esprit et il y a le corps qui, lui, relève exclusivement du monde naturel de la Matière. Seul l'humain possède une âme ; tous les autres vivants ne sont, pour lui, que des "machines". Le Divin est totalement étranger à la Nature qui "fonctionne" comme une machine, selon sa propre mécanique sans âme. Quant à la spiritualité et, derrière elle, la religion, elles ne s'occupent et ne se préoccupent que de la relation entre l'âme personnelle de chaque humain et le Divin. Le corps, la Matière et la Nature n'ont absolument rien ni à y faire, ni à y voir.

Le dualisme ontologique est radical chez Descartes. Science et Spiritualité sont totalement et fondamentalement disjoints.

 

Cette position dualiste extrême pose évidemment questions …

Commençons par dire que Locke, Hobbes, Pascal, Spinoza et Leibniz, tous à peu près ses contemporains, s'opposèrent, parfois virulemment, à cette ontologie dualiste de Descartes. Et il y a de quoi …

Cette opposition profonde entre dualisme et monisme, oppose quasiment, encore actuellement, toutes les spiritualités orientales (hindouisme, bouddhisme, taoïsme, …) et la spiritualité chrétienne, quelle que soit la religion (catholique, orthodoxe ou protestante) qui l'exprime.

Le Tout est Un, d'un côté ; le Tout est Deux, de l'autre …

Le "Un" est plus "complexe" puisqu'il concilie et unit ce qui semble inconciliable et différent ; mais le "Deux", sous son apparente facilité, devient très vite l'Autre c'est-à-dire le fourre-tout de tout ce que l'on n'aime pas, de ce qui fait peur, de ce que l'on ne comprend pas, de ce qui rebute, de ce qui fait souffrir, de ce qui apporte plaisir, joie et bonheur, de ce que l'on espère, …. En fait, le Deux est beaucoup plus compliqué que le Un car il pose les questions de la relation et des influences de l'Un sur l'Autre, de leurs précédences, de leurs préséances, …

Et l'humain, dans tout cela, de quel côté est-il ? est-il, lui aussi, comme le prétend Descartes, intrinsèquement et ontologiquement duel et dual ?

Au fond, la question est : le Divin et la Nature forment-ils un seul monde uni dont chacun n'est qu'un mode d'expression ou de manifestation ? ou sont-ils deux mondes séparés, de natures ontologiques différentes et inconciliables, mais entretenant des relations diverses entre eux (lesquelles et pour-quoi ?) ?

 

Jusqu'au 17ème siècle, la culture européenne, surtout depuis Platon, était fondamentalement dualiste (et, en ce sens, Descartes appartenait à l'ancien paradigme) … mais après une logue parenthèse d'hésitation de type agnostique, elle commence, aujourd'hui (et après quelques fameux précurseurs), à virer au monisme (avec des influences orientales bien palpables et visibles).

 

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Quelques citations de René Descartes  …

 

Et d'abord, la pensée sans doute la plus connue de René Descartes :

 

"Cogito ergo sum."

 

En français : "Je pense, donc j'existe", pensée à laquelle j'ai coutume de rétorquer : "Il y a pensée, donc il y a existence" car le "je" n'existe pas.

Ce Cogito cartésien fonde un subjectivisme radical : c'est le "je" qui pense le monde ! Combat titanesque entre le "je" et le "il y a" …

Mais de quel "je" s'agit-il : de celui qui pense et parle au moment où il pense et parle ? ou d'un "je" plus durable et plus profond, d'une personne unique qui se développe autour d'un noyau immuable qui est précisément ce "je" et que l'occident a l'habitude de nommer "âme personnelle" ?

Chaque humain est-il un être en soi, possédant, en propre, une existence à lui avec des caractéristiques personnelles bien à lui ? Ou chaque humain n'est-il qu'une vague unique, superficielle et momentanée qui manifeste l'océan du Réel dont il émerge et où il s'effondre après avoir vécu une vie qu'il a cru "personnelle" ?

 

"La philosophie que je cultive n'est pas si barbare ni si farouche qu'elle rejette l'usage des passions ; au contraire, c'est en lui seul que je mets toute la douceur et la félicité de cette vie."

 

L'usage des passions, selon l'expression de Descartes, englobe tout ce qui se passe en nous-mêmes et qui ne relève ni de l'intellectualité, ni de la rationalité. La passion, c'est ce que l'on ressent sans nécessairement le penser ou le raisonner. Ce que l'on ressent sans le "réfléchie" est, nous dit Descartes, la source de "toute la douceur et la félicité de cette vie". La félicité de la supposée vie éternel de l'âme personnelle dans "l'autre monde", dans "l'au-delà"  n'y a plus rien à voir. Les passions sont produites par le monde matériel sur la part matérielle qui forme l'humain vivant. Elles n'ont rien à voir avec l'âme qui, elle, hors sa relation à Dieu et à sa Lumière, ne ressent rien.

Descartes ne rejette pas les passions, mais il ne parle, ici, que des passions positives (douceur et félicité), alors que d'autres passions, négatives, sont également ressenties (peur, angoisse, souffrance, …). Derrière ce silence se cache peut-être un stoïcisme qui s'ignore, un choix entre les passions qui me touchent et celles qui ne me touchent pas, qui m'indiffèrent.

 

"Lorsqu'on emploie trop de temps à voyager,

on devient enfin étranger en son pays."

 

"Devenir enfin étranger en son pays" … Viser le déracinement hors de toutes les appartenances et de tous attachements terrestres donc. N'appartenir plus qu'au seul Tout-Un qui est Dieu, selon la métaphysique cartésienne. Devenir cosmopolite, au sens grec du terme : "citoyen du cosmos" … "citoyen de l'ordre, de l'harmonie et de la beauté". Quitter son humanité, en somme et ne plus devenir que manifestation divine ou, pour reprendre les catégories de Descartes, quitter le corps afin que l'âme seule vive et rayonne. Il ne s'agit évidemment pas de suicide, mais bien de plus considérer le corps que comme le véhicule personnel de l'âme personnelle, pour voyager, pour nomadiser, un peu partout de par le monde naturel et matériel, sans y attacher la moindre affection ou appartenance, mais en en acceptant toutes les passions positives.

Selon ce regard, l'humain (et lui seul puisque, rappelons-le, selon Descartes, seuls les humains possèdent une âme) est fondamentalement étranger au monde matériel et naturel ; il est une âme, parcelle ou manifestation divines,

transportée dans un corps, qui nomadise en "touriste" dans cet autre monde. Cette idée de "touriste" est sans doute la meilleure pour traduire l'idée, car un touriste se ballade dans un monde étranger au sien, s'y intéresse, l'observe et peut s'y extasier, l'étudier même, parfois, en se passionnant pour tel ou tel type de détails ; mais il ne lui appartient pas. Ses racines sont ailleurs. Ce qui ne signifie nullement qu'il ne puisse prendre un joli plaisir à nomadiser de la sorte, en "touriste".

 

"Je suis comme un milieu entre Dieu et le Néant."

 

On notera le "Je" … mais n'épiloguons plus. Ce "je" est entre Dieu et Néant.

Est-il au milieu d'un pont matériel jeté entre le Dieu et ce Néant. Cela signifierait, alors, l'existence de trois mondes, au sens ontologique : Dieu (le continent réel et parfait, le Néant qui est un vide absolu … et la Nature qui pourrait être pont entre ces deux …

Ou bien Descartes ne se place pas sur le plan ontologique, mais plus concrètement sur le plan psychologique humain. Se placer entre Dieu et Néant, c'est concevoir deux philosophies opposées : celle de Descartes (sa "philosophie première") qui concentre toute la réalité du Réel sur Dieu et sur rien d'autre (la Nature et le corps n'en étant, en somme, que des faire-valoir, voire des illusions) ou celle des fous qui, refusant Dieu, n'ont plus que du Néant face à eux. En ce cas, la Nature reste un pis-aller, une illusion, comme un masque ou un déguisement qui couvre le Néant du vrai Réel.

Descartes ne donne le choix qu'entre théisme (Dieu) ou athéisme (Néant) ; il élimine d'emblée, ou ne conçoit même pas, les autres spiritualités, monistes quant à elles, où le Réel n'est ni Dieu extérieur, ni Néant vide, où le Réel dépasse, à la fois, Dieu et le Néant, où le Réel est à la fois Divin dans ses manifestations que sont la Matière, la Vie et l'Esprit, et à la fois (comme le supposait Démocrite) une vaste étendue de Néant non pas "vide", mais grosse de toutes les émergence à venir, de toutes les autres manifestation du Divin, ailleurs, autrement.

 

"Toute science est une connaissance certaine et évidente."

 

Il faut relire cette même phrase, mais à l'envers : toute connaissance qui n'est pas certaine et évidente n'est pas de la science. Quatre mots, donc, qui nécessitent explicitations : connaissance, science, évidence et certitude.

 

  • Connaissance : toute connaissance est une représentation la plus exacte, la plus complète et la plus précise des phénomènes se passant dans le monde naturel et des relations qu'ils peuvent avoir entre eux ; par phénomène, il faut entendre tout objet ou tout processus observable par les sens humains et/ou leur amplificateurs technologiques. Cette représentation que l'humain se fait de tout ou partie du monde réel (tant extérieur qu'intérieur à lui-même), s'accumule dans la mémoire (personnelle ou collective) aux autres connaissances déjà acquises par le passé dans l'histoire culturelle de l'humanité.
  • Science : tout science est un sous-ensemble de la connaissance humaine tel que les connaissances qui y sont accumulées sont reliées, les unes avec les autres, par des relations logiques de cohérence globale ; une science est un ensemble cognitif modélisé où chaque détail est relié à tous les autres et où l'ensemble constitue un monolithe fondé sur un ensemble minimal d'hypothèses cohérentes dont tout peut être déduit, moyennant le recours à un langage rigoureux comme les mathématiques, mais pas forcément. Ce qui fait le caractère scientifique d'une connaissance, c'est son côté expérimentable et vérifiable concrètement. Une science doit être fiable et utile, elle doit aussi être transmissible à d'autres humains qui peuvent se l'intégrer et l'utiliser à d'autres applications que celles déjà réalisées jusque là.
  • Evidence : l'évidence est une connaissance qui ne souffre aucune contradiction possible et qui ne nécessite aucune preuve extérieure à elle-même.
  • Certitude : une certitude est une connaissance qui a fait ses preuves et qui, donc, est utile et fiable telle quelle, jusqu'à, éventuellement, preuve du contraire.

 

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Le 29/10/2024

Tout le monde sait - ou devrait savoir - que l'UNRWA est totalement à la botte du Hamas (comme la grande majorité des "journalistes" autorisés à couvrir les "drames" locaux, relayés ensuite par des "envoyés spéciaux qui restent planqués dans leur hôtel, et qui diffusent des images et des "chiffres" - dont il faut commencer par ôter un zéro - de victimes palestiniennes utilisées par le Hamas et le Hezbollah comme "bouclier humain"). Il en va exactement de même au Liban sous la botte du Hezbollah. Le tout cautionné par Gutierrez et l'ensemble des pays anti-occidentaux (ou des dépendants du pétrole) qui composent l'ONU. Et si l'on cessait toutes ces hypocrisies. Cela dit, un enfant tué est toujours un mort de trop !

 

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Aidons les Iraniens (et surtout les Iraniennes ...) à retrouver leur spiritualité musulmane enracinée dans la tradition persane et débarrassons-les, une bonne fois pour toutes, des mollahs et de leur islamisme sanguinaire et idéologique.

De la même façon, aidons les Afghans et Afghanes, … et les Palestiniens et Palestiniennes, … et tant d'autres peuples victimes de l'islamisme idéologique.

 

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De Sara Webb

 

"Quelles sont les limites de l'Univers ?

L'Univers a-t-il une fin ou un bord ? Les scientifiques ne peuvent pas trancher cette fascinante question mais ont des idées, des théories et des mesures pour discuter. Cette question sur les limites de l'Univers fait partie des interrogations que les humains continueront, sans doute, à se poser jusqu'à la fin des temps. Nous ne sommes pas sûrs, mais nous pouvons essayer d'imaginer ce que pourrait être la limite de l'Univers, s'il y en a une."

 

Le problème ne se pose plus du tout en ces termes dès lors qu'on affirme, comme je le fais que l'univers est un sphéroïde fini et fermé dans un espace à quatre dimensions.

Sa surface "externe" est l'univers actuel et sont "intérieur" est constitué de l'accumulation, par couches successives, de tous les univers passés (comme les cernes du tronc d'un arbre dont la seule "couche" vivante est le cambium externe qui entoure tous le bous intérieur).

Ainsi, le problème des "limites" de l'univers ne se pose plus qu'en termes temporels : tout son passé accumulé reste réel et à l'intérieur, et sa surface ultime et externe (la "peau" vivante" de l'univers) en est le présent. A l'extérieur de cette "peau", il n'y a rien puisque le futur n'existe pas encore : il est un néant absolu (moins encore qu'un vide, il est inexistant).

Ainsi, l'univers est un sphéroïde fermé (dont la surface possède trois dimensions et qui est plongé dans un espace à quatre dimensions) dont le rayon croît selon une courbe dont l'allure de type exponentiel (avec des zones plus calmes et des zones plus explosives comme lors de l'émergence de la matière lors du "big-bang") qui est nul à moins l'infini (donc l'univers n'a pas de commencement) et qui possède une valeur finie à chaque instant (dont ses dimensions actuelles à l'instant présent).

La seule grande inconnue est : comment le rayon de l'univers va-t-il continuer d'évoluer : vers l'infini ? vers une limite ? ou décroître et terminer à zéro ?

Aujourd'hui, en tous cas, l'exponentielle de croissance est confirmée et s'accélère, même. Quand à l'avenir …

 

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De Pascal Bruckner :

 

" Le malheur juif a rattrapé Israël, censé en prémunir tous ses citoyens. De terre d'accueil et de refuge, il est devenu aujourd'hui terre d'exil et de danger, soumise aux attaques terroristes des supplétifs de l'Iran et à la réprobation des élites du monde occidental. L'État protecteur et démiurge est à son tour un ghetto assiégé. De cette anormalité constitutive, Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Open University of Israel à Ra'anana et partisan de la réconciliation israélo-palestinienne, détaille la généalogie complexe.

Le but des Pères fondateurs, dont Theodor Herzl, était double : sortir les Juifs de la vallée de larmes dans laquelle ils baignaient depuis des siècles en Occident et en Orient et surtout réconcilier le peuple mosaïque avec l'Histoire. Porté sur les fonts baptismaux par la déclaration Balfour en 1917, soucieuse de créer un foyer national juif en Palestine alors sous tutelle anglaise, Israël est mal parti puisque dès le début, en 1948, les armées arabes s'acharnent à le détruire par une série de guerres.

Par « normalité impossible », Denis Charbit entend non pas une excentricité de nature, mais plutôt une absence de normes comme on en trouve dans les autres démocraties parlementaires. Israël est d'abord un territoire sans frontières puisque celles-ci ne cessent de varier au gré des conflits et opposent les partisans d'une juste paix avec les Palestiniens aux militants expansionnistes qui veulent annexer les terres et en chasser leurs occupants arabes, en Jordanie à l'est, en Égypte au sud. Fixer une frontière internationalement reconnue aurait une vertu thérapeutique pour les deux peuples, mais cela reste pour le moment une chimère."

 

Toujours ces mêmes archétypes : la victime éternelle et le bouc-émissaire perpétuel.

Victimologie de l'éternel colonisé et judéophobie perpétuelle.

 

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L'Univers est une fontaine d'énergie noire …

 

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Le 30/10/2024

 

De Jacques Rueff, dès 1958 :

 

L'idée que la France seule dans le monde serait marquée d'une sorte d'impuissance congénitale à gagner par son travail son pain quotidien est simplement absurde."

 

Une "absurdité" qui est pourtant une réalité profonde.

 

Et de FOG :

 

"La France, qui a toujours eu tendance, sauf pendant l'ère gaulliste, à dépenser plus qu'elle ne produisait, est un pays si riche de son peuple, de ses paysages, de son patrimoine qu'elle devrait croire en son avenir. Mais non, depuis le siècle dernier, sa croissance n'étant plus ce qu'elle était, notre pays a éprouvé le besoin de se claquemurer dans un monde de fantaisie où tout va pour le mieux et dont elle refuse de sortir en se racontant des histoires et en attendant les chèques, les subventions."

 

Rueff s'est bien trompé ! La majorité des Français a une mentalité de parasite et d'assisté (congénitalement socialo-syndicaliste). Et ceux qui ne l'ont pas, vont créer des entreprises ailleurs. Et les non-Français qui ne savent pas, créent des entreprises en France (un beau pays pour y passer des vacances mais surtout pas pour y travailler sauf si on est immigré, démuni, venant d'un pays pauvre et sans avenir) … et le regrettent amèrement face à des bureaucraties fonctionnaires et obtuses qui ne voient, en un entrepreneur, qu'un pigeon à plumer.

 

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Ex nihilo, nihil fit.

 

"Du néant, rien ne (se) fit".

Cette formule latine est traduite de Parménide ("Rien ne sort de rien") et signifie que ce qui est (le Réel), soit fut créé "ex nihilo" par un Dieu extérieur au néant, soit existe depuis toujours.

Seule cette dernière hypothèse tient, en bonne logique, car comment concevoir un "néant" contenant un "Dieu" ?

 

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Si l'on veut bien penser en termes non de béatitude éternelle après la mort, mais, plus simplement, de joie de vivre avant la mort (qui n'est que la fin d'un "je" illusoire et transitoire sans beaucoup d'intérêt), le message janséniste et pascalien est clair : cette joie dépend du travail intérieur de chacun (Spinoza ne dira pas autre chose) et l'hérédité et l'éducation y jouent un rôle de "prédestination" (certains humains naissent plus "aptes" à la joie que d'autres).

De plus, même si le "je" est mortel et disparaît complètement avec sa mort, les conséquences de ses actes et paroles se perpétueront longtemps encore, après cette mort. Cette perpétuation de chacun qui n'est pas une immortalité (paradisiaque ou infernale) suit les œuvres de chacun et chacun en porte la responsabilité non après l'existence, mais pendant celle-ci. Chaque acte que l'on pose – comme chaque enfant que l'on fait – est à l'origine d'une descendance infinie, d'une arborescence qui va interférer avec toutes les autres arborescences de tous les autres humains, passés, présent et à venir, pour former un tissu vivant (une noosphère, dirait Pierre Teilhard de Chardin) qui transcende chacun et enveloppe la biosphère des œuvres humaines et de leurs conséquences.

 

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Le christianisme de Pascal est incontestable, même s'il ne reconnaît que bien peu d'autorité à l'Eglise et s'il ne se lassera pas de la critiquer. En revanche, il insiste sur deux points cruciaux que j'aimerais commenter un peu avant de terminer par quelques citations de lui :

 

  • L'autorité incontestable des textes bibliques et évangéliques.
  • La position supérieure de la Spiritualité sur la Rationalité.

 

Ces deux points n'en sont qu'un, en fait.

Pascal a étudié la Bible hébraïque et le Témoignage chrétien toute sa vie durant. Lui le scientifique, lui le mathématicien, lui le physicien et inventeur hors pair, comment pouvait-il "croire" en ces vieilles légendes si historiquement contestables (et contestées) ? Exactement pour la même raison qu'il plaça la Spiritualité au-dessus de la Rationalité (lui, le mathématicien rationnel, logique et rigoureux).

Tout simplement parce que la spiritualité et la rationalité ne cherchent pas à répondre à la même question : celle du "pour quoi" pour la première et celle du "comment" pour la seconde. La spiritualité chercher à donner du sens au Réel alors que la rationalité cherche à découvrir la logique du Réel.

Et il est évident que donner du sens à la réalité, à l'existence, à sa propre existence est plus essentiel et vital que d'en décrire les linéaments et les règles du jeu. Ceci ne signifie nullement que ces règles sont sans intérêt ; tout au contraire, mieux on les comprend et connaît, mieux on pourra accomplir ce qui doit l'être. Mais il est impossible de comprendre les règles d'un processus si l'on ne comprend rien à la finalité dudit processus … puisque ces règles sont au service de ce projet.

 

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Le 31/10/2024

 

De Blaise Pascal :

 

"La dernière démarche de la Raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la dépassent. Elle est bien faible si elle ne va pas jusque là."

 

L'idée centrale est que la raison humaine a ses limites et que chacun doit les connaître. La raison humaine (qui n'est qu'un "sous-produit" local de la rationalité cosmique et divine) n'est au fond qu'une méthode de résolution des problèmes, qui vise la plus grande rigueur possible c'est-à-dire la meilleure efficacité accessible grâce à une série de règles logiques qui régissent surtout les déductions, mais aussi certaines inductions. Si l'on peut peut-être prétendre qu'au niveau cosmique et divin, tout est rationnel (donc soumis à des règles implicites tant quantitatives que qualitatives, tant logiques qu'esthétiques, tant créatives qu'éthiques), il est difficile de ne pas observer que tout, chez l'humain, n'est pas toujours raisonnable … tant s'en faut.

Une belle réflexion reste à faire entre le raisonnable, le rationnel, le raisonné, le rationalisé, le ratiociné, etc … et entre la rationalité (qui est une quête) et le rationalisme (qui est un dogmatisme).

 

"Ce sont deux excès également dangereux,

d'exclure la raison, de n'admettre que la raison"

 

Dans le Réel, qu'on le regarde comme étant le Cosmos ou comme étant le Divin (ce sont deux synonymes, pour moi), tout n'est pas rationnel au sens humain du terme. Il n'y a là pourtant rien d'irrationnel. La rationalité, répétons-le, n'est qu'une méthode et une méthode n'est adaptée qu'à un certain type de problématique, mais jamais à toutes les problématiques.

Ainsi, le thème central de ce livre souligne la bipolarité entre Science et Spiritualité. Et cette bipolarité ne signifie nullement dualité antagonique, mais bien complémentarité unitive.

La logique elle-même (pourtant parangon de la rationalité) connaît plusieurs modalités selon, par exemple, que l'on accepte ou non le fameux principe du "tiers-exclu" : un proposition peut être vraie ou fausse, mais elle peut aussi parfois être à la fois vraie et fausse – selon un type de regard –, ou ni vraie, ni fausse – selon un autre type de regard).

Il semble que la Sagesse conseille d'être rationnel autant que faire se peut, le plus loin possible, mais sans obsession rationaliste ; tout n'est pas causal et linéaire car tout est complexe et intriqué. Tout est cause et effet de tout. Le Réel est à la fois poussé par son passé et attiré par son avenir, avec toutes les contradictions et toutes les opportunités et dangers que cela fait émerger.

Dans tous les cas, la rationalité est une bonne voie d'accès à ces difficultés réelles du Réel, mais elle ne peut jamais tomber, comme elle le fit aux 18ème et  19ème siècle, dans le simplisme et le réductionnisme.

 

"La vérité subsiste éternellement."

 

Qu'est-ce que la Vérité ? Qu'est-ce que l'Eternité ?

Ces deux questions peuvent recevoir mille réponses, c'est-à-dire qu'elles n'en ont en fait aucune …

Je préfèrerais, pour éviter les vaines polémiques et arguties, proposer une autre formulation : "Le Réel est intemporel".

Le Réel est ce qui existe, qu'il y ait, ou non, de l'humain pour le constater ; il est ineffable comme le nom du Divin en hébreu : YHWH … ("Il deviendra devenant", double dérivé du verbe HYH : "devenir").

Et ce Réel qui existe tel qu'il existe et qui devient ce qu'il devient, est intemporel c'est-à-dire non réductible à des durées mesurables par les instruments humains.

Car qu'on ne s'y trompe pas : le temps n'existe pas réellement, il n'est que la mesure de certains changements avec des moyens artificiels inventés par l'humain et que l'on appelle des "horloges", instruments imprécis et marquant des "temps" différents selon leurs lieux, leurs mouvements, leurs températures, leurs accélérations, etc ….

Le temps est relatif quoique l'humain fasse, parce que le temps est une invention artificielle qui lui est propre.

Le Réel, lui, est intemporel puisqu'il existe et évolue au-delà de toutes les horloges humaines.

 

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De Blaise Pascal aussi :

 

"Il est dangereux de dire au peuple que les lois ne sont pas justes, car il n'y obéit qu'à cause qu'il les croit justes."

 

C'est tout le principe démocratique que Pascal met ici – à raison – en cause : le peuple (c'est-à-dire la masse, la grosse majorité des humains, la populace) est incapable de penser par elle-même ; elle est sous-cultivée, voire inculte, ignorante, voire ignare, inapte à la complexité réelle du monde réel. Elle fonctionne à la croyance c'est-à-dire à l'idéologie, c'est-à-dire, encore, en phase avec un modèle pensé par d'autres (pas toujours bien intentionnés et souvent en quête d'avantages pour eux-mêmes : pouvoir, fortune, honneur, prestige, succès, apparat, renommée, vedettariat, …).

Or, un modèle idéologique n'est pas fait pour exprimer la vérité, mais bien pour drainer, artificiellement, la confiance des masses. De Paul de Tarse à Karl Marx, d'Adolf Hitler à Mao Tsé-toung, de Néron aux Mollahs ou aux Talibans, le problème n'est pas "scientifique" (une quête infinie et fragile du fond de la vérité sur la réalité sociale des humains), mais politique. Et la politique n'est que l'art d'imposer des réponses à des questions qui ne se posent pas, mais qui allument de fausses espérances, de fausses joies, de fausses valeurs, et de vrais fantasmes : croyez en moi et en ma parole, et vous serez tous des dieux !

Et lorsque la croyance que l'on a allumée, s'éteint ou est éteinte, le pire est à la porte et la violence se met en armes.

 

"On doit avoir pitié des uns et des autres ; mais on doit avoir pour les uns une pitié qui naît de tendresse et, pour les autres, une pitié qui naît de mépris."

 

Qu'est-ce qu'avoir pitié ? C'est compatir (du latin cum patior : "je souffre avec"), c'est voir et comprendre la souffrance de l'autre, c'est le contraire de l'indifférence ou, pire, de la jouissance sadique qui est plaisir de voir l'autre souffrir.

Mais la pitié, la compassion ne sont pas forcément le chemin de l'affection, de l'affliction ou de la commisération. Ce peut l'être, bien sûr, et enclencher une forme de fraternité active, une solidarité vécue et ressentie, une tendresse.

Mais pas nécessairement nous dit Pascal, avec sagacité : la pitié peut aussi enclencher ou exprimer un mépris pour l'autre. Ne pas se réjouir de sa souffrance, mais comprendre que les causes de cette souffrance sont nauséabondes.

Par exemple, le vaniteux orgueilleux, fort en gueule qui écrase les autres sur son passage, peut très bien souffrir réellement, dans son for intérieur, de se voir un jour hué, rejeté, exclu, raillé … La vertu, alors, selon Pascal, n'est pas de se réjouir de cette infortune disons justifiée, mais d'avoir pitié, au second degré, de ce pauvre type qui a tant besoin d'être un "m'as-tu-vu", ce qui ne mérite que mépris.

 

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De Catherine Clément :

 

"En bon intellectuel, tu n'aimes pas le petit écran …"

 

Exact !!!

 

*

 

La Haskalah fut au judaïsme  au 18ème siècle, ce que le "philosophisme" (Aufklärung, Enlightenment et Lumières) fut au monde chrétien au même siècle.

La Haskalah fut en somme le pôle opposé à la 'Halakhah (l'orthodoxie un tantinet obscurantiste), mais aussi, moins frontalement, de la 'Aggadah (l'approche symbolique, initiatique, ésotérique, mystique, kabbalistique).

 

Dans toutes les traditions spirituelles on retrouve cet éternel ternaire : le dogmatique, le philosophique et le mystique.

Ce sont les trois fonctions principales de l'esprit qui sont ainsi activées : la mémoire, la raison et l'intuition.

 

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De Jean Calvin :

 

"La puissance de Dieu reluit en la création du monde et au gouvernement continuel. (…) La droite voie de chercher Dieu est de contempler en ses œuvres par lesquelles il se rend prochain et familier à nous. (…) Ceux qui sont entendus et experts en science (…) sont avancés pour comprendre de plus près les secrets de Dieu".

 

C'est ici que s'enclenche la vocation scientifique d'Isaac Newton …

 

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[1] Si l'on intègre dans le temps les positions successives d'une planète sur son orbite elliptique autour d'une étoile (évolution dynamique), on obtient un anneau fixe autour d'une centre fixe (perpétuation immobile).

[2] Le mot "logique" doit ici être pris dans son sens le plus large et pas seulement dans le sens restreint de la logique aristotélicienne marquée par les quatre axiomes de permanence (ce qui est vrai reste vrai, ce qui est faux reste faux), de non-contradiction (ce qui est vrai n'est pas faux ; ce qui est faux, n'est pas vrai), du tiers-exclu (rien ne peut être à la fois vrai et faux) et de déduction (syllogisme). La logique au sens plus général exprime seulement qu'il existe des règles universelles de relation entre les éléments et les événements du Réel (j'emploie plus volontiers le mot "logicité" en ce sens).

[3] C'est l'équation bien connue : 1+2+3+4=10.

[4] Et ce malgré les opposition internes marqués par les noms prestigieux de Eckhart de Hochheim et des mystiques rhénans, de Hildegarde de Bingen, de Français d'Assis dont les mystiques plus naturalistes, plus monistes, plus "terrestres" étaient d'une essence bien plus aristotélicienne que platonicienne.

[5] Ces concepts ont été examinés lors de notre discussion à propos de Démocrite.

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