Osez entreprendre !
L'esprit d'entreprise ou l'esprit d'initiative ou, plus simplement, la puissance entrepreneuriale (dans tous les domaines économiques, scientifiques, techniques ou culturels - quels que soient leur âge et leur condition) est l'expression la plus précieuse et la plus rare de l'élan vital.
Il est tellement plus reposant, plus douillet, plus bourgeois de ne surtout pas prendre la moindre initiative et de laisser les autres - c'est-à-dire l'Etat et les gogos - s'occuper de tout …
Décidément, l'humanité est bien asymétriquement coupée en deux avec les entrepreneurs d'un côté (moins de 15% des humains) et les parasites de l'autre (plus de 85% des humains) : une petite locomotive pour traîner des kyrielles de wagons vides de courage, mais pleins de lourdes revendications.
Cette disproportion est catastrophique en soi, puisque le monde s'enlise du poids de tout ces gens qui refusent de prendre leur vie en main et fuient l'autonomie comme la peste. Mais comme si cela ne suffisait pas : les élites démagogiques qui mendient leur pouvoir et ses privilèges auprès des parasites, ne cessent de conspuer et calomnier, par syndicalistes interposés, les entrepreneurs en leur imputant leurs propres tendances à la cupidité, à l'exploitation, au mensonge, à la manipulation, à l'assujettissement, à l'orgueil, à la vanité, au bling-bling …
Je connais bien le monde des entrepreneurs (des vrais, pas des héritiers fainéants ; des vrais, pas des gestionnaires mercenaires à la solde des Bourses) et ce portrait est faux de la tête au pied : je rencontre plutôt des hommes et des femmes cultivant une forte passion pour le projet et leur équipe, pour l'aventure humaine et ses surprises ; l'argent n'est presque jamais un mobile ou une ambition (même s'il en faut parfois beaucoup pour faire tourner la boutique).
Je voudrais terminer en citant Warren Bennis :
"Essentiellement, le manager administre et le leader innove. L’un est la copie ; l’autre l’original. Le manager entretient la machine ; le leader la développe. Le manager accepte le statu quo ; le leader ne prend jamais rien pour parole d’évangile. Le manager se concentre sur les systèmes et les structures ; le leader se focalise sur les gens. Le manager s’appuie sur le contrôle ; le leader instaure la confiance. Le manager a une vision à court terme ; le leader a une vision d’avenir. Le manager imite ; le leader crée. Le manager demande «comment» et «quand» et le leader demande «quoi» et «pourquoi». Les bons leaders ne disent pas à leurs collaborateurs comment faire. Ils tentent plutôt de susciter la volonté de faire - un entrecroisement de volontés. "
Pourquoi ne pas renoncer à ces anglicismes désuets ? Pour manager : gestionnaire. Pour leader : entrepreneur.
Les écoles de management sont bien des écoles de gestion.
Et il n'existe pas d'école pour apprendre à entreprendre …
L'ECHO, chronique de Marc Halévy, 28/11/2016.