Le problème n'est pas le capitalisme
Le problème n'est pas le capitalisme. Le problème est le mercantilisme au sens de la marchandisation et de la commercialisation généralisées et universelles. Le mercantilisme est un dévoiement matérialiste du capitalisme, comme le financiarisme en est le dévoiement court-termiste.
Répétons-le : le problème n'est pas le capitalisme - et encore moins le libéralisme qui, au contraire, est la seule voie de salut -, mais ses dévoiements mercantiliste et financiariste.
De Pierre-Joseph Proudhon : " Les mercantilistes savaient aussi bien que nous que l'or et l'argent ne sont pas la richesse, mais l'instrument tout-puissant des échanges."
Voilà le fin mot de l'affaire : la monnaie (qu'elle soit métallique ou fiduciaire) ne mesure pas une richesse réelle, mais seulement la mesure, le signe ou le symbole d'une richesse réelle qui n'est pas elle.
Il ne suffit pas d'augmenter le volume ou l'étalon monétaires pour augmenter le richesse ; c'est pourtant ce que font, à tours de bras, la FED et la BCE, portées par les théories monétaristes suicidaires de l'école de Chicago.
L'étiquette sur la bouteille n'est pas le vin dans la bouteille !
Agrandir ou enjoliver l'étiquette ou la bouteille ne change rien à la mauvaise qualité du vin.
Mais au fait : de quelle richesse parle-t-on ? Voilà la vraie question.
La richesse d'une entité est sa capacité à produire de la valeur d'usage.
L'argent en soi n'a pas cette capacité ; il est une non-richesse.
Cette définition de la richesse s'applique universellement, à chaque individu, à chaque entreprise, à chaque région.
Reste alors à définir ce que l'on entend par "valeur d'usage" : la satisfaction réelle d'un besoin réel dans la durée.
Ainsi surgissent les trois questions de fond de toute économie :
- Qu'est-ce qu'un besoin réel par rapport à un caprice ?
- Qu'est-ce qu'une satisfaction réelle par rapport à une réplétion ?
- Qu'est-ce qu'une durée réelle par rapport à l'éphémère ?
Par essence, le socialisme et ses succédanés ou succursales voudront imposer une réponse universelle à ces trois questions, ce que, par essence aussi, se refusera de faire le libéralisme. Celui-ci, cependant, définira un champ des possibles et des souhaitables où la masse des demandes exprimées devra être ajustée à la capacité de ressources disponibles.
Le libéralisme n'est pas la théologie des caprices individuels ; il doit être le garant de la pérennité humaine, sur le long terme, et, pour cela, user du seul levier disponible : la taxation des ressources en fonction de leur rareté et non en fonction des prix sur les marchés.
Marc Halévy, 20 novembre 2014.