Propos sur les arts
Je n'ai décidément aucun attrait pour les œuvres humaines, pour ce que l'on a coutume de nommer "les arts" ; ces arts qu'il ne faut surtout pas confondre avec l'Art suprême et mystique, qui est l'art de vivre dans la joie en harmonie avec le Tout de l'Un, qui est aussi l'art de penser pour comprendre et connaître ce Tout de l'Un. Tout le reste n'est qu'enjolivement de l'utile ou égarement dans l'inutile.
La Beauté ? Elle est déjà toute entière dans le réel, ici et maintenant, et n'a rien à voir ni à faire avec les piètres bricolages humains qui n'amusent que les distraits. Il y a infiniment plus de beauté, de sagesse, d'intelligence et de miracle dans la coquille d'un escargot ou dans une feuille de fougère, que dans toutes les villes, que dans toutes les expositions, que dans tous les musées, que dans tous les spectacles qui jonchent le monde des hommes.
Au mieux, l'art des véritables artistes, comme la science des authentiques savants, est un langage qui, parfois, permet d'accéder un peu (au moins pour le créateur) à ce contact espéré avec le Tout de l'Un dans sa magnificence.
Mais souvent, aujourd'hui, en nos temps de psychologisme sournois et ignare (qui fait la nouvelle superstition, la nouvelle magie, la nouvelle sorcellerie), l'art ne sert qu'à épancher l'âme et à exprimer le cœur de ces hommes et femmes qui se prennent pour le centre du Tout en ignorant qu'ils ne sont rien et que leurs états d'âme ou de cœur ne sont que dérisoires et sans intérêts. Les plus grandes souffrances humaines ne sont qu'anecdotiques dans le regard du Tout de l'Un. L'homme est inintéressant. Au mieux, pour cette infime minorité qui ne se contente pas de piller et de saccager la Vie, peut-il y avoir comme une étincelle d'Esprit, une étincelle d'expression du Tout de l'Un à lui-même, un supplément d'âme ou de conscience, donc. Et cela participe de l'Art bien au-delà de tous les arts.
Les arts - au moins dans leur expression la plus sacrée, loin des mercantilismes et des modes - sont une tentative désespérée pour exprimer l'inexprimable, pour exprimer ce qui ne s'exprime jamais mais peut se vivre toujours. Communiquer l'incommunicable : voilà l'impasse. La Vie authentique et véritable est au-delà de tous les arts et totalement hors de portée d'eux.
Tout artiste authentique se devrait d'être absolument désespéré puisque son chemin est une impasse radicale. La seule issue ? Abandonner les orgueils de l'art qui croit pouvoir dire, et entrer dans le vivre de la non représentation, de la non communication, dans le Silence, donc.
Marc Halévy, le 25/02/2010